Passion à Venise
Shojo Manga, by Harlequin... Vous en cauchemardiez ? Ils l'ont fait !
Adaptations de romans en BD Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis Venise
Passion à Venise Amoureuse d’Adam Werkman, le célèbre acteur dont elle est l’assistante, Suzy se garde bien de lui avouer ses sentiments, persuadée qu’il ne s’intéresse pas à elle. Aussi, quand elle accepte, le temps d’une soirée de première, de remplacer sa fiancée qui lui a fait faux bond, s’interdit-elle formellement de rêver… Le piège de la vengeance Venue supplier un richissime businessman de lui prêter l’importante somme d’argent qui lui évitera la faillite, Eve est stupéfaite de reconnaître en lui son premier amour, Luke Harmon, auquel ses parents l’ont jadis cruellement arrachée. Mais l’angoisse la gagne quand elle comprend que Luke la croit responsable de leur rupture, et ne songe qu’à se venger… Pour le reste, cette collection ne fait que transcrire des romans Harlequin en manga. Deux histoires par tome.
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Date de parution | 01 Octobre 2007 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Ô rage, ô désespoir, ô de rose ennemie... Ô grand benêt, que je fus, De qualités, croire qu’il y eut, En ce brouet, de tout dépourvu. Et les nullités infâmes, néanmoins, ô muse, inspireraient donc mon âme ? Je le confesse, j’ai acheté ce navet en toute connaissance de cause. À un large bémol, cependant, qui tient au fait que si je souhaitais depuis longtemps découvrir « pour le plaisir » un roman à l’eau de rose, pur jus de céleri, j’avais hésité à franchir le pas, et que je ne l’ai sauté qu’après avoir découvert, ici même, que les éditions Harlequin s’étaient lancées dans le « manga ». J’ai donc songé, naïf que je suis, que j’aurais certes droit à tous les clichés de l’eau de rose fadasse, mais qu’ils seraient relevés par la narration « manga », qui rendrait le tout moins indigeste, et beaucoup plus distrayant. Or, j’avais grand tort. En effet, réflexion faite, il est à craindre que la transcription en « manga » n’ait fait qu’empirer une prose d’une qualité littéraire probablement pitoyable à la base. Car, cette collection Harlequin, dont le titre que j’ai eu en main rassemble deux « œuvres » (réécrire « navets » pourrait être considéré comme une diffamation à l’égard des navets), condense en elle le pire du « shojo manga » (bien que le public visé soit probablement un peu plus adulte, mais peu importe). Le dessin, déjà, est d’un mauvais... Certes, en cherchant bien, on peut toujours trouver pire. Mais les « héros » ont des têtes de simili jeunes premiers satisfaits, mais sans aucun charisme. En langage plus châtié, on eut parlé de « jeunes fats ». Les femmes sont à peine mieux loties, qui n’ont rien de premiers prix de beauté (et pourtant, les prix de beauté ne sont point aussi exigeants qu’il y paraît, puisqu’ils ne peuvent choisir que parmi celles qui veulent bien s’y présenter). Mais, pire encore, un défaut assez récurrent des dessinateurs peu doués se retrouve dans l’absence de distinction entre l’héroïne et sa rivale (dans Passion à Venise, puisqu’il n’y a point de rivale dans le second) : pratiquement le même visage, la même silhouette, la même allure, la même coiffure. Comment les distinguer ? D’une manière générale, le dessinateur ne connaît que trois ou quatre types de coiffures, hommes et femmes confondus. Mais si ce n’était que cela... Le découpage et la narration constituent une véritable catastrophe. C’est bien simple : au début de Passion à Venise, je n’ai rien compris. Le procédé narratif semble reposer assez souvent sur l’allusion. Or la transcription des émotions est bien trop mauvaise pour qu’on puisse les saisir. Ajoutez à cela de pures idioties, du genre où l’on fait un cadrage « collier », suivi du cadrage « coude », puis d’un cadrage « genou », en pleine page, trois cases verticales disposées en pseudo-dynanisme, le tout pour rendre une scène de... euh... quoi donc ? Quelque chose de très « émotivationnel », je suppose. J’ai donc dû m’y reprendre à plusieurs fois pour saisir qu’ici tel personnage pensait tel chose, et le pourquoi, là, de tel autre événement... Et encore, même après trois ou quatre relectures, certaines énigmes demeurent... des mystères. De fait, une grosse part de l’action est structurée par les dialogues. Et là, de nouveau le bât blesse. Car, si la qualité littéraire des ouvrages Harlequin est certainement proche du néant, l’on sait bien que dans un roman, le plus difficile en terme de finesse d’écriture et de crédibilité, ce sont les dialogues. En bref, d’un ouvrage déjà faible, la transcription « manga » n’a conservé, par la force des choses, que le plus faible : les dialogues, dont certains doivent être repris texto du roman. Et de ces dialogues, je ne sais même pas si j’ai envie d’en rire. D’où mon impression finale que le texte initial devait être moins risible que son adaptation. Tout cela est si mauvais, dans tous les « compartiments » qui constituent une BD, qu’un véritable amoureux du genre risquerait fort d’avoir envie de se pendre après une telle lecture (j’avoue que je fus tenté). Le choc traumatique passé (à savoir qu’on puisse faire pire que le brouet initial, et qu’il existe des personnes aussi dépourvues d’amour-propre pour produire et éditer des trucs pareils), il devient néanmoins possible de se détacher de la triste réalité des choses, et d’apprécier ce ratage au deuxième, troisième, voire quatrième ou cinquième degré. Certaines scènes sont tellement nulles qu’elles ne peuvent, en effet, que provoquer un immense éclat de rire. Mais, cependant, même dans ce cadre, l’auteur se montre fort contrariant, car des scènes qui parviennent à toucher le paroxysme du ridicule, il n’en est point tant que cela, désolé. Néanmoins, avec un peu d’effort, on peut parier sans trop de risque que l’auteur eut réussi à nous pondre une œuvre digne de l’humour absurde des Monthy Python. Car, au final, c’est ainsi qu’il faut prendre cet « ouvrage » : une longue démonstration d’humour non sense (totalement involontaire, bien sûr, était-ce utile de le rappeler ? ;) ). Alors, si vous appréciez ce genre d’humour, vous pouvez toujours tenter. Sinon... Ne reste que l’autodafé.
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