Le Tribut
Il fait bleu et il pleut sur Deux Lunes, la planète marécage. Pas trace d'un habitant, seulement les hommes du lieutenant Gavirio et la spatio-écologiste Gilda Beaver. Quand tout vire au vert, Gavirio rencontre le 1er habitant de Deux Lunes.
Les années (A SUIVRE) Les petits éditeurs indépendants
Il fait bleu et il pleut sur Deux Lunes, la planète marécage. Pas trace d'un habitant, seulement les hommes du lieutenant Gavirio et la spatio-écologiste Gilda Beaver. Quand tout vire au vert, Gavirio rencontre le 1er habitant de Deux Lunes.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Septembre 1995 |
Statut histoire | Série terminée (Fin disponible uniquement dans l'intégrale) 1 tome paru |
Les avis
Avant toute chose, il peut être utile de préciser que mon avis se porte sur l'édition Cornélius de 2016 du présent ouvrage qui peut être considérée à juste titre comme une oeuvre maudite. Il s'agit donc de l'édition intégrale composée du premier tome édité par Casterman, du second uniquement prépublié par épisodes dans un mensuel et doté d'un épilogue inédit à ce jour de 16 pages. Le Tribut est une oeuvre difficile à appréhender. Son histoire est aussi hermétique que son graphisme volontairement froid aux couleurs basiques et à l'encrage épais. Pourtant pour peu qu'on puisse s'y intéresser et entamer la lecture, le voyage est passionnant... Il s'agit d'un pur récit de SF comme on pouvait en lire autrefois avec un certain charme vintage dont l'histoire se rapprocherait d'un classique "Etoiles, gardes à vous" (ou Starship Troopers) avec une armée ou plutôt de "chair à canon" sur une terre hostile et sauvage, la mystérieuse planète "Deux Lunes". A la recherche d'une arme ultime qui leur permettrait un avantage certain contre les "Autres", on y suit le quotidien de Juan, un militaire balafré sans autre ambition que la survie, dans une jungle hostile et inhospitalière à la météo incertaine. Chaque saison y est représentée par une couleur artificielle sans nuances, du bleu au vert sans oublier jaune ou rouge vif, le lecteur n'est guère ménagé et cherche quelques repères en vain à travers certains dessins volontairement flous pour mieux se perdre comme le narrateur. C'est bien la curiosité qui nous pousse à lire la suite d'une histoire simple mais décousue jusqu'à de sombres expériences qui vont unir Juan à un autochtone et le doter de fabuleux pouvoirs.... L'histoire aurait pu se tenir en un tome mais la suite va pousser le récit dans de tous autres directions avec une certaine recherche de la vérité sous une autre planète... Beaucoup auront comparé ce récit avec le film Avatar de Cameron dont le présent récit aurait inspiré ce Pocahontas interstellaire. J'y ai vu toute autre chose bien après avoir refermé les dernières pages qu'il serait difficile d'énumérer sans spoiler à tout va mais ce voyage ne devrait guère laisser quiconque indifférent, en bien comme en mal d'ailleurs. La mutation de Juan Gavirio en un être stellaire à la perception accrue (voir la couverture du livre) me rappelle certains écrits de Lovecraft et de la fameuse glande pinéale ouvrant de nombreuses portes dans un récit foutraque mais passionnant. La rupture entre les différents chapitres est peut être osée, peut également déstabiliser mais permet un récit plus riche qu'il n'y parait en apportant une réflexion sur l'absurdité de la guerre mais également les rêves et univers parallèles. La conclusion presque manichéenne est parfaite en ce sens qu'elle donne finalement une toute autre vision globale de cette épopée. Certes, on aurait surement préféré avoir un ou plusieurs autres tomes mais comme toute oeuvre maudite (je pense surtout au Réseau Bombyce que j'avais adoré), la contrainte de tout vouloir conclure rapidement va finalement apporter un souffle salvateur à toute l'histoire. Je le savais depuis le Transperceneige des mêmes auteurs, leur vision de la Science-Fiction ou plutôt de l'Anticipation n'aspire à guère d'optimisme et transpire de pessimisme. Ici il est question d'espoir, peut être même mince ou peut être même complètement erroné (voire même surement) mais le voyage est total et accompli. Il émane même une certaine poésie mélancolique avec quelques planches évoquant davantage une peinture qu'une bd. Lecture exigeante et voyage anxiogène, le Tribut n'est pas fait pour plaire à tout le monde mais le voyage en vaut largement la chandelle.
Sachant que le graphisme correspond parfaitement au scénario je trouve que cette bd (trop peu connue par le public) est superbe, laissant notre imaginaire s'immerger dans cet univers rappelant les guerres éternelles avec de la réflexion philosophique en abondance. Cette bande dessinée devrait être culte, seulement... En effet, à la fin de l'album on peut rester sur sa faim même si les auteurs nous laissent à notre imaginaire. Et il y a une raison à cela, c'est tout bêtement que le second tome de 77 planches appelé "l'aigle de lafcadio" fut bel et bien réalisé à l'époque, et même publié dans la revue "à suivre". Alors, pour quelles raisons obscures les éditions Casterman ne l'ont jamais sortie en album?
Note approximative : 2.5/5 J'ai été plus ou moins happé par la narration de cette BD que je trouve bien écrite. C'est de la SF comme je l'aime en général. L'ambiance fait effectivement penser à La Guerre Eternelle, à Starship Troopers ou à d'autres récits militaires futuristes encore plus sombres. Une histoire bien racontée avec de la science-fiction, un peu de fantastique, une planète mystérieuse et en trame de fond une guerre interplanétaire discrète où l'humanité est en déroute. En principe, une telle trame a tout pour m'accrocher. L'ennui, c'est que la BD accumule pas mal de défauts à côté de cela. D'abord, le dessin qui ne me plait pas. Le trait, directement au pinceau noir, est trop épais, sans détail, volontairement imprécis par moment. Résultat, quelques fois le dessin n'apporte rien de plus au texte. Et quand au contraire le narrateur laisse la place au dessinateur pour raconter l'histoire, les images sont difficilement déchiffrables et limpides. En outre, même si c'est un choix dicté par le récit, les couleurs uniformes des planches, parfois toutes bleues, toutes vertes, toutes jaunes, toutes grises ou toutes rouges, sont lassantes et pas agréables à l'oeil. Et surtout, la fin de ce premier tome, qui heureusement forme une histoire complète, n'est franchement pas clair, pas très compréhensible. J'avoue avoir saisi à moitié sa signification ou alors, si je l'ai bien comprise, je la trouve vaine et sans grand intérêt. Je n'aime pas le tour abstrait que prend le récit. Et la caricature des officiers militaires humains bornés, égoïstes et bêtement méchants est d'un cliché qui m'a plus agacé qu'autre chose. Bref, même si j'ai bien accroché au départ grâce à un texte bien écrit, je n'ai pas été convaincu par le dessin et par la fin de ce premier tome; je comprends que la série ait pu être abandonnée.
Le graphisme ainsi que le dessin sont très imprécis, jouant sur des teintes de couleurs au gré des humeurs du climat de cette planète inhospitalière. On se croirait presque dans un tableau impressionniste. Il y a quelque chose qui ressemble à La Guerre Eternelle dans ce récit comme la dénonciation de l'horreur des conflits qui dépasse toujours le simple combattant. L'histoire est volontairement sombre et pessimiste. Des soldats explorent une planète en tentant de trouver quelque chose pour les scientifiques qui pourrait sauver l'humanité engluée dans un conflit avec des extra-terrestres invisibles, un conflit qui est perdu d'avance. En effet, cette planète abriterait une source d'énergie extraordinaire. Le postulat de départ était intéressant mais cette histoire va dériver dans une espèce d'abstraction où l'un des soldats perdus dans le conflit va entrer en communication avec une créature habitant ce monde étrange. Sa perspective va s'en trouver modifiée. Le lecteur a-t'il envie de se plonger dans un tel univers glauque et sombre ? Les auteurs n'ont jamais pu réaliser la suite bien que cet album se suffit à lui-même dans sa conclusion.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site