Amère patrie
Avec son arc, Ousmane Dioum est le meilleur chasseur de toute la langue de Barbarie, cette presqu'île qui sépare l'Atlantique de la côte sénégalaise. Mais est-ce suffisant pour protéger sa soeur des cruelles lois tribales de son défunt mari ? Ne vaudrait-il pas mieux se rapprocher des fusils de l'armée française ?
1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Afrique Noire Aire Libre Auvergne-Rhône-Alpes Le Colonialisme Première Guerre mondiale
Avec son arc, Ousmane Dioum est le meilleur chasseur de toute la langue de Barbarie, cette presqu'île qui sépare l'Atlantique de la côte sénégalaise. Mais est-ce suffisant pour protéger sa soeur des cruelles lois tribales de son défunt mari ? Ne vaudrait-il pas mieux se rapprocher des fusils de l'armée française ? Avec ses collets, Jean Gadoix est le plus habile braconnier de la commune de Roche-Vialard, dans le département de la Haute-Loire. Mais est-ce suffisant pour sauver la ferme familiale après l'accident du père ? Ne vaudrait-il pas mieux que sa soeur Joséphine épouse Auxence, le normalien ? À quelques milliers de kilomètres de distance l'un de l'autre, Ousmane et Jean ne savent pas encore que le cours de l'histoire va bientôt les emporter dans son flot tumultueux : le siècle vient d'entrer dans sa quatorzième année. Mais derrière le destin de ces hommes se profile aussi celui de leurs compagnes, cadenassées par la société. Pour son travail à la mine, Joséphine doit-elle accepter d'être payée deux fois moins qu'un homme ? Ismaïlia peut-elle braver sorcellerie et tradition pour ne pas devenir l'épouse de son beau-frère ? Hubertine, l'étudiante en médecine parisienne, arrivera-t-elle à combattre les préjugés de son ingénieur de père et vivre pleinement son amour avec un paysan nommé Jean Gadoix ? En ce début de siècle rugissant, c'est aussi de l'émancipation des femmes dont il est ici question.
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Date de parution | 03 Octobre 2007 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Je n'ai pas accroché avec cette oeuvre de Lax. Superficiellement l'histoire est agréable, dépaysante avec des personnages bien fouillés dans une époque pleine d'opportunités scénaristiques. Je suis assez partagé sur le graphisme de Blier. J'aime bien ses extérieurs, ses paysages africains ou de la campagne de Haute-Loire mais je trouve son trait sur les visages et expressions moins à mon goût. Par contre je trouve les couleurs très belles surtout dans les jaunes et ocres dépeignant la savane Sénégalaise. C'est au niveau du scénario de Lax que je tique. Lax nous propose comme à son habitude un scénario bourré de dénonciations d'injustices. Je ne vais pas le lui reprocher. Mais je trouve qu'il en fait trop et de façon maladroite, avec une pensée occidentale du XXIeme siècle qui colle mal avec l'esprit de l'époque. J'y ai vu les dénonciations du mariage arrangé ou forcé, des règles de la Tradition, des inégalités sociales homme/femme, du racisme particulièrement choquant des zoos humains et évidemment des tribunaux militaires de 17. Cela fait beaucoup de thématiques importantes pas forcément traitées à leur juste valeur. Par exemple l'ignominie des zoos humains est traitée en 10 cases c'est très court et quasi insultant pour les pauvres gens dont on rappelle la mémoire (Africains, Canaques, Annamites). Mais l'axe central du livre n'est pas là. Le scénario est construit sur les relations en parallèle Hubertine/Jean et Ousmane/Ismaïla (sa soeur). Ce sont des relations que je trouve pour le moins bizarres. La relation proposée par Lax entre Ousmane et sa soeur n'a pas de sens pour moi. Elle est quasi incestueuse et va à l'encontre de la décision du père d'Ousmane et de la Tradition locale ce qui pour moi est totalement inimaginable. Cette vision très occidentale met en grand danger Ismaïla et ses enfants. En laissant mourir Nabu, Ousmane agit exactement de la même façon que Auxence plus tard dans la tranchée. Pire même, puisque Nabu a quatre autres femmes qui risquent de mourir de faim. La relation Hubertine/Jean est aussi problématique. Comment une femme de caractère (Lax les apprécie) qui fait médecine (rarissime à l'époque) peut entrevoir un avenir commun avec un paysan qui sait à peine lire et écrire, qui doit parler un patois incompréhensible, boire ses 5 litres de vin par jour et a été élevé dans la tradition de la parole de l'homme tout puissant. Cela ne cadre pas du tout avec le personnage d'Hubertine à mon avis. C'est tellement vrai que Lax rompt cette relation impossible ce qui lui donne la matière pour son tome 2. C'est finement joué mais pour moi c'est un peu une astuce bâtie sur du sable.
J'ai abordé ce diptyque sereinement, sans savoir où j'étais tombé, juste parce qu'en feuilletant le tome 1, le dessin m'a plu. Et au final, j'ai été bouleversé par cette très belle fresque historique et intimiste à travers les destins croisés de Jean l'Auvergnat et Ousmane l'Africain, et des femmes de leur entourage, telle Hubertine qui brave bien des écueils familiaux et judiciaires pour parvenir à son but. La bande brosse plein de thèmes, c'est une intéressante étude en parallèle entre une campagne française au travail rude et les dangers vécus au Sénégal par Ismaïlia, la soeur d'Ousmane ; mais s'ajoutent à cela des vues politiques, la cause des suffragettes, l'opposition d'une fille à son père qui ne comprend pas ses convictions, l'émancipation des femmes (bourgeoises comme fermières), les lois familiales en Afrique qui sont très tribales et injustes, la pénibilité du travail et la condition des paysans au début du 20ème siècle en France, le racisme haineux de cette époque parmi les soldats... et bien sûr en point d'orgue la guerre de 14-18 qui occupe les 3/4 du tome 2, qui rend le récit encore plus tragique, et où se greffent d'autres thématiques comme le combat d'une femme pour faire réhabiliter son mari fusillé à la va-vite après une parodie de procès (ces cas furent hélas véridiques), l'absurdité et le côté inique des procès sans fondement , et les sentences démentes qui en découlent, la jalousie et la rancoeur d'un officier qui se croit supérieur aux autres, la connerie des gendarmes qui appliquent le règlement à l'aveugle, le rôle des tirailleurs sénégalais, le sacrifice d'une génération et les atrocités habituelles des tranchées vues dans d'autres Bd. Bref, ce diptyque enrichi de tous ces thèmes, est d'une telle densité que la lecture se révèle des plus passionnante, malgré une fin que j'ai trouvée un peu précipitée. Le dessin contribue à faire aimer ce récit, il est maîtrisé et plaisant ; voici donc une Bd aussi réussie sur le plan graphique que narratif.
Une BD qui traite du destin de deux combattants de la première guerre mondiale que rien n'aurait du faire se rencontrer. Ousmane, l'Africain et Jean, le paysan Auvergnat. Le premier tome est un tome clairement introductif qui situe dans leurs contextes respectif les deux hommes ou plutôt les deux enfants dans leurs environnements naturels. A partir du second tome les évènements s'accélèrent, la guerre est en marche et l'on suit les deux hommes sur le théâtre des opérations. Encore une fois et c'est heureux, les auteurs mettent l'accent sur la bêtise crasse des généraux de l'époque, la bassesse des individus qui feront que Jean mourra face au peloton d'exécutions pour assouvir une basse vengeance amoureuse. Rien du chemin de croix de sa veuve pour se réhabilitation ne nous est épargné. Alors effectivement , même s'il a son rôle, le personnage d'Ousmane est un peu mis de côté mais il n'en reste pas moins que cette histoire est suffisamment forte pour retenir l'attention. Au final une belle histoire de destins croisés qui englobe la guerre, une vie dure loin des clichés campagnards habituels, un combat de femme exemplaire, bref une histoire divertissante ou en plus nous apprenons quelques chose de l'absurdité de cette grande boucherie.
J'aime bien ce genre d'histoire de destin croisé. On suit le parcours de deux hommes géographiquement assez éloignés l'un de l'autre. Jean Gadoix vit en Haute-Loire dans un petit village et va devenir paysan pour subvenir aux besoins de sa famille. Au Sénégal, on va suivre la vie de Ousmane, jeune noir qui part à la chasse. L'histoire commence en 1900 et va se poursuivre jusqu'à la première guerre mondiale où les tranchées du chemin des Dames seront malheureusement le lieu de leur rencontre. Le premier tome conte l'enfance et l'adolescence de nos deux héros afin qu'on s'empreigne de leur environnement respectif. Le second tome est bien plus tragique. J'ai bien aimé le dessin assez expressif et détaillé du dessinateur. Je conseille l'achat mais je tiens à préciser que les maniaques seront déçus car les maquettes de dos entre les deux tomes auront changé. Visiblement, certains Editeurs se foutent complètement de l'uniformité des collections même pour un diptyque ce qui témoigne de leur respect. Je mets un conseil d'achat car intrinsèquement, c'est une belle oeuvre de qualité.
A la fin de ma lecture, je me suis dit : « c’est bien… mais cela aurait pu être mieux ! ». Et la cause principale de ma légère déception vient du fait que l’originalité du concept de départ n’a finalement été que peu utilisée dans la seconde partie du récit. J’explique ! Le récit nous propose un portrait croisé de deux personnages avant, pendant et dans l’immédiat après-guerre de 14-18. L’un est un paysan français, l’autre est Sénégalais. Les deux personnages sont attachants et ne manquent pas de charisme. Malheureusement, Ousmane Dioum va être laissé de côté durant une bonne partie du récit, apparaissant de ci de là mais dans un rôle finalement secondaire, tandis que l’on se focalisera sur le sort de Jean Gadoix, victime de l’absurdité de la guerre. Je le regrette et me demande si les ambitions du scénario n’ont pas été revues à la baisse en cours d’écriture lorsque les auteurs se sont rendu compte de l’espace nécessaire pour raconter l’histoire de Jean Gadoix. Attention, il ne s’agit pas à mes yeux d’un récit tronqué. C’est bien construit et agréable à suivre. Mais, quelque part, j’ai le sentiment d’une promesse non tenue : la présentation proposait de suivre deux destins en parallèle… et on n’en suit vraiment qu’un. Les auteurs reviennent finalement sur le sort d'Ousmane Dioum pour clore le récit mais, là, les ellipses et les questions sans réponse sont trop nombreuses pour que j’adhère. Ceci dit, rien que le destin de Jean Gadoix justifie la lecture et même l’achat de ce diptyque. C’est bien mené, bien dessiné (trait expressif lisible et dynamique, décors soignés, il y a juste l’un ou l’autre personnage secondaire qui n’est pas assez typé pour que je puisse le reconnaitre du premier coup d’œil) et la fin est touchante et s’intéresse à un aspect du conflit souvent ignoré. Un beau récit, mais ç’aurait pu être mieux encore (avec un volume supplémentaire, sans doute).
Bizarre, beaucoup d’avis sur le tome 1, mais rien depuis la parution du tome 2. Moi j’ai découvert ce diptyque une fois les 2 tomes parus, et j’ai passé un excellent moment de lecture. Je traverse une période « histoire guerrière » dans mes lectures… je me gave de BDs (et films, séries télé etc.) sur la première et seconde guerre mondiale. « Amère patrie » se démarque de la myriade de BDs sur le sujet en parlant non seulement de la Grande Guerre, mais aussi de l’avant-guerre et de l’après-guerre. Le premier tome suit deux personnages qu’à priori rien ne rapproche, mais qui finiront par se retrouver dans les tranchées. Cette partie de l’histoire présente la vie en France et en Afrique (Sénégal) de l’époque, et montre la lente déstabilisation de l’Europe. Le second tome montre le conflit même, mais finalement assez succinctement, avant de s’intéresser à l’après-guerre, et en particulier au calvaire des familles de soldats exécutés pour soi-disant trahison ou lâcheté au combat (difficulté pour une femme de trouver un emploi, enfants battus à l’école etc.) On suit son long et poignant combat pour faire restaurer l’honneur du nom de sa famille. Par contre je trouve que ce 2eme tome a des petits soucis de rythme. Tout semble s’enchainer trop vite, comme si l’histoire était prévue en 3 tomes, avant d’être raccourcie… je me trompe peut-être, mais c’est vraiment l’impression que j’ai eue en lisant cet album. Bon, rien de bien grave… Un diptyque intéressant, que je conseille aux amateurs du genre.
Une BD curieuse… et attachante. Le postulat de départ est on ne peut plus imaginatif : deux destins complètement différents qui vont se croiser ; entraînant et modifiant d’autres destins avec eux . Bien aimé parce que j’ai suivi le destin de deux êtres tout à fait différents dans leur modus vivendi, leurs états d’âmes. Et ces deux destins en entraînent d’autres… comme un boulet dans un jeu de quilles. On fait aussi la connaissance de deux monde : celui de la France dite « profonde » et celui « africain » du côté de Dakar. Mais même s’ils sont différents, leur principale motivation est de savoir « comment faire pour que tout aille mieux ? »… Lax nous balade ainsi dans une sorte de chassé-croisé entre l’Afrique et l’Europe, entre deux vies isolées aussi, deux sociétés différentes en tout. Il est aidé en cela par le beau graphisme de Blier. Même si j’ai noté quelques imperfections ci et là, il faut reconnaître une belle maîtrise du dessin réaliste réalisé. Blier arrive ainsi à illustrer de déjà fort belle manière ces épisodes méconnus de l’histoire de France. Scénario inventif, graphisme de bien bonne tenue. Un excellent duo pour une histoire plaisante et… intelligente.
Une BD de plus sur cette époque troublée que fut le début du 20ème siècle, avec la fin (pas encore imminente) de la colonisation et les évènements qui feront basculer l'Europe dans le chaos... Lax nous plonge dans cette période, en nous proposant le parcours de deux jeunes hommes, l'un paysan en France métropolitaine, l'autre vivant au Sénégal, alors encore français. Pas très original tout ça, même si les récits sont bien menés, sans temps mort, et si les personnages sont assez riches. J'aime beaucoup le dessin de Fred Blier, que je trouve un peu léger, dans le premier tiers de l'album, mais qui s'améliore grandement par la suite, notamment avec un traitement des couleurs qui évolue vers plus de clarté. C'est vraiment pas mal, même s'il subsiste encore quelques soucis dans les visages ou les proportions. Une bonne petite série.
Période historique intéressante et concept original, j'aime bien l'introduction de ce récit. Il a la bonne idée de mettre en parallèle la jeunesse puis le début de la vie d'adulte d'une jeune campagnard français et d'un chasseur-pêcheur sénégalais à partir de 1906 et jusqu'aux prémices de la première guerre mondiale. Ces deux héros semblent avoir vécu des évènements non pas similaires mais proches dans l'adversité. Et c'est intéressant de redonner ainsi vie à deux contrées aussi éloignées telles qu'elles étaient au tout début du 20e siècle et de voir à quel point la vie d'un côté peut rappeler la vie de l'autre. Les deux récits abordent en outre curieusement le sujet des droits de la femme, aussi bien bafoués en Europe qu'en Afrique à l'époque. On sent évidemment que les deux héros vont se retrouver sur les champs de bataille d'Europe à partir du second tome et je suis curieux de voir la suite pour savoir où tout cela va nous mener.
Un premier tome convaincant qui plante le décor de façon réaliste. On suit donc deux jeunes hommes complètement différents, l’un Ousmane Dioum, africain et l’autre Jean Gadoix, français. Nous sommes à la veille de la première guerre mondiale et nous présageons que ces deux personnages vont faire partie intégrante de cette guerre. Difficile pour l’instant d’envisager leur relation future, mais on peut penser qu’ils seront liés et que chacun aura une incidence sur l’autre dans leur avenir proche. Dans ce premier tome, qui sert vraiment d’introduction, les auteurs décident de raconter brièvement la vie de chacun, s’attardant sur des détails ayant leur importance et surtout sur le pourquoi de l’engagement. Pour l’instant, c’est sympathique dans l’ensemble sans être non plus révolutionnaire. On pourrait définir cet album comme un classique bien mené. Côté dessin, c’est pas mal, sans plus là aussi. Certains visages sont ratés, donnant une non expression aux personnages. Sinon le trait est agréable et les couleurs vives. Sûrement que tout cela risque de s’assombrir avec l’entrée dans la guerre proprement dite. Enfin, nous verrons bien cette suite qui j’espère sera de même facture que le premier.
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