Metal Heart
Shonen d’apparence classique, sur fond de mélange entre jeux vidéo et réalité, avec son lot de superbes filles, d’héroïnes kawai. Une histoire néanmoins plus fine et subtile qu’il n’y paraît de prime abord, et une plongée hilarante dans le monde des « otakus ».
Adolescence Haksan Jeux vidéo Les petits éditeurs indépendants Manhwa Otaku Pantsu ou Shonen Harem Séries avec un unique avis Shonen
Hyun Min Woo est un « fanatique » du jeu vidéo, avec tout ce que cela peut comporter de grandeur (la joie de la victoire), mais aussi de misères (absence dramatique de vie affective). Sur ce dernier point, néanmoins, il se compense avec toutes ces passionnantes et édifiantes activités annexes que sont l’amour des figurines, la collectionnite, ainsi que le redoutable cosplay (déguisement en personnage de jeu vidéo ou d’anime). Activités qui, de même et cependant, semblent avoir pour effet de faire encore plus fuir la gente féminine... Ah, que le monde est injuste ! Cependant, voici que le noble Min Woo est sélectionné par la Megatech pour tester le nouvel opus de Metal Heart. Ouah, trop super ! Enfin, la vie se montre reconnaissante envers le petit soldat du jeu vidéo et de ses dérivés ! Trop de bonheur, et larmes de joie. Mais... mais... Mais ! À la suite d’une erreur de manipulation voici que Min Sia, personnage principal de Metal Heart 2 prend vie ! Ce serait chouette si Min Sia n’était aussi un androïde de combat ultra-perfectionnée (par la grâce d’une astuce du scénario qu’on ne jugera pas : on est là pour s’amuser ; de plus, l’astuce n’est pas si invraisemblable que cela, fermons la parenthèse...). Et tuile des tuiles... Si Min Sia se croit toujours un jeu, celui-ci n’est plus un jeu de combat, mais un jeu d’amour ! Ah, bah ! Me direz-vous, où est le problème ? Tant de mieux, non ? Yes, yes, yes... Sauf que c’est l’heureux et infortuné Min Woo qui se retrouve chargé de conclure avec la top canon Min Sia. Or, le pauvre Min Woo, du fait de son infortune affective est nul en amour, et n’y connaît rien en « jeux de dragues ». Et si Min Woo échoue, l’androïde sur-armée qu’est Min Sia risque fort de se réveiller...
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Date de parution | 15 Mars 2006 |
Statut histoire | Série terminée 15 tomes parus |
Les avis
De toute la production shonen manga, mon coup de cœur, et probablement le seul shonen que j’ai pu apprécier (même si les puristes vous expliqueraient qu’il ne s’agit pas réellement d’un shonen, ce titre étant coréen). Certes, avec Metal Heart, nous sommes a priori dans l’univers très balisé du harem manga, à savoir un idiot entouré de bombes plus sexy les unes que les autres. D’autre part, le titre pourrait être comparé (et a été comparé) à Ai non stop, du spécialiste du genre : Ken Akamatsu. Sur les deux points, cependant, l’on fait erreur. D’une part, Hyun Min Woo n’est pas un idiot, loin de là. S’il est parfois mal à l’aise avec les sentiments (défaut adolescent par excellence, et encore...), et si l’auteur tente désespérément de le présenter comme un fanatique du jeu vidéo, ostracisé et vilipendé comme tel... Il n’empêche qu’il est assez fin (il ne correspond guère à l’idée standard de l’otaku pervers, moche, malpropre, etc.), et que pour la génération élevée dans le culte des jeux vidéos, un type qui y fait des scores canons n’est pas un loser, mais un demi-dieu. Ajoutez à cela que, uniforme scolaire oblige, notre « fanatique des jeux vidéos » est toujours habillé d’un complet veston qui évoque le smoking monégasque, et il devient plus que difficile de voir en lui le loser type. D’autre part, l’aspect « harem » ressort finalement assez peu du titre. Bien sûr, on est dans le shonen, les filles sont jolies (Min Sia est une des plus jolies héroïnes qui m’ait été donné de voir, bien qu’elle soit un peu mièvre), mais il n’y a que trois personnages féminins récurrents autour du héros, dont l’une est sa sœur. Certes, voilà qui fait beaucoup pour un personnage jusqu’alors habitué à faire fuir la gente féminine. Mais comparé aux productions récentes d’Akamatsu, voilà qui semble sage, voire vide... Enfin, Metal Heart développe une galerie de personnages masculins qui n’ont rien de potiches version mâle, bien que parfois stéréotypés à dessein (le capitaine de l’équipe de judo et ses émois sentimentaux sont à mourir de rire, quant à l’ami de Min Woo, il ressemble au prototype du bishonen version shojo). Quant à l’aspect « Ai Non Stop » du titre, il ne se justifie guère. Les registres sont différents et, surtout, le jeu vidéo qui sert d’arrière-plan aux aventures d’Hyun Min Woo n’a rien d’un prétexte, au contraire. C’est une trame qui se tisse habilement entre l’un et l’autre. Une trame qui, par-delà l’aspect fantastique et l’humour, pose les classiques questions du roman d’initiation : qu’est-ce que l’humanité ? Que sont les sentiments ? Qu’est-ce que le destin ? Ne sommes-nous que des pions dans un scénario écrit ailleurs et depuis longtemps ? On pourrait juger qu’il n’y a là rien de bien original, ni de transcendant, et c’est vrai. Mais ce n’est non plus le but de ce titre qui se positionne d’abord sur le divertissement. Divertir n’empêche cependant point l’intelligence, ni la finesse. En un mot : l’humanisme. Voilà la définition qui m’est venu à l’esprit alors que je m’interrogeais pour savoir pourquoi ce titre, apparemment mineur, et formellement très « shonen manga », me plaisait autant. Ainsi que le dit l’auteur, par la bouche de son personnage principal : « Quel est le secret de la réussite ? Il faut aimer ses personnages. » Yoon Jae Ho aime ses personnages, qu’il n’utilise pas comme pure potiches destinées à être humiliées pour le plaisir imbécile du lecteur, ni à le faire baver sur leur seule plastique. Il les aime et les respecte, et les dote, employons les grands mots, d’une « âme », et c’est par cette grâce que son manhwa s’en trouve à son tour doté, lui conférant ainsi cet humanisme qui emporte ma conviction, et fait mon ravissement.
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