Pour toi Sandra

Note: 3.17/5
(3.17/5 pour 6 avis)

1998 : Prix du jury œcuménique de la bande dessinée. Jo, réalisé en 1991 par Derib pour l'association « Fondation pour la vie » a atteint son but : l'album s'est bien répandu dans tous les établissements secondaires de France. Il a réussi à toucher un public jeune et a donc rempli son rôle préventif. Cinq ans plus tard, une autre association, le « Mouvement du Nid », fait appel à Derib pour oeuvrer sur un autre thème : la prostitution. A échelle locale, Pour toi Sandra est distribué par les directions départementales des Affaires Sanitaires et Sociales. Même si l'album connaît un retentissement moins important que Jo, il se diffuse bien. En 1997, un an seulement après la sortie de Pour toi Sandra, la bande-dessinée est déjà diffusée à plus de 140 000 exemplaires, ce qui en fait un succès d’édition incontestable : elle compte parmi les 10 bandes-dessinées les plus demandées cette année-là. Dans ce même laps de temps, plus de 120 articles de presse et un vingtaine d’émissions de radio et de télévision ont salué la qualité de Pour toi Sandra.


Auteurs suisses Les petits éditeurs indépendants Les sociétés à finalité sociale Maisons closes et prostitution Prix oecuménique

Sandra est une jeune fille paumée. Alors qu'elle tente de voler un lecteur CD dans une grande surface, elle fait la rencontre de Doris, femme mûre au passé très douloureux... Pour toi Sandra donne vie à une adolescente traquée par un réseau de prostitution. Sandra, adolescente un peu paumée, fuit une mère peureuse et sans autorité, à qui elle n’a jamais su se confier. Elle pense découvrir en la personne du séduisant Michaël l’homme en qui elle pourra enfin placer toute sa confiance, tout son besoin d’amour.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Novembre 1996
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Pour toi Sandra © Mouvement du nid 1996
Les notes
Note: 3.17/5
(3.17/5 pour 6 avis)
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01/11/2007 | Erik
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L'avatar du posteur bamiléké

Pour avoir croisé la route de personnes du NID dans mes activités passées, je peux affirmer qu'il est difficile de trouver plus compétentes et plus dévouées en France dans le domaine de la prostitution. Le Nid travaille main dans la main avec de nombreux services sociaux et leur téléphone est dans tous les agendas des Services d'Action Sociale de France. Remettre en cause leur expertise sans argumentation me semble léger. Derib prête son talent à mettre en garde un public qui pourrait tomber dans le piège de la prostitution. Il abandonne les grands espaces pour les chambres closes dont on ne sort pas facilement et jamais sans blessures profondes qu'elles soient physiques ou/et psychiatriques. Certains regrettent l'absence de moments chauds pour illustrer le sujet. N'est-ce pas une réaction masculine alors que l'œuvre par son choix de scénario est avant tout destinée à un lectorat de jeunes femmes ? De plus je trouve que l'évocation implicite a beaucoup plus de puissance qu'une démonstration explicite. Je me permet tout de même quelques bémols. Le choix d'une prostitution quasi romanesque à l'ancienne un peu comme dans L'Egorgeoir de La Java des Gaspards. La fille qui saute le pas par amour pour son mac me semble une vision marginale par rapport aux filles de pays pauvres brutalisées, achetées, trompées sur leur destination et piégées. Ensuite la conclusion me laisse perplexe. Un, contrairement à Doris je ne laisserai jamais mon gamin seul avec une personne que je devine être dangereuse. Deux, cette personne se révèle être une ordure finie qui commet plusieurs crimes et délits valant une bonne dizaine d'années à l'ombre et qui s'en tire avec un " C'est pas bien, la prochaine fois puni !". Ces petites remarques n'enlèvent rien à la portée du message .

22/09/2021 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Tout d'abord, ça fait un peu bizarre de voir le graphisme de Derib dans du contemporain urbain, sans Indiens ni trappeurs ni chevaux, bien qu'il avait déjà abordé ce type de décor avant cet album. C'est une chronique du quotidien sensible et parfois touchante sur un malaise très actuel : l'enfer de la prostitution, et comment en sortir ; à cela s'ajoutent d'autres éléments comme la mauvaise pente que pourrait prendre la jeune héroïne Sandra, et aussi le fossé des générations qui creuse l'incompréhension entre parents et enfants, d'où l'errance qui peut conduire à la prostitution. Tout ça est conté subtilement, en douceur, avec pudeur et l'habileté graphique de Derib qui ajoute un plus ; son découpage, ses cases larges, son dessin aéré et sa progression narrative sont remarquables. Le dossier informatif en fin d'album est un peu rébarbatif par son ton moralisateur et sa lourdeur, ça gâche un peu le plaisir, mais ça reste un bel album (qu'il n'est pas utile toutefois de posséder), avec des personnages attachants, même si je préfère Derib dans le western.

22/02/2014 (modifier)
Par gruizzli
Note: 2/5
L'avatar du posteur gruizzli

Dans la même veine que Jo du même auteur, Derib fait ici une autre BD sur la prostitution et les façons de tomber dedans. Le récit est plus intelligent que dans Jo, et un peu moins prévisible. Cependant il reste très simple et peu profond. Dans l'ensemble, le message passe à nouveau, mais il passe de façon un peu grossière. La BD n'est pas franchement mauvaise, mais plus réservé aux CDI et bibliothèques éducatives qu'aux bibliothèques privées. Lisez à la rigueur si vous êtes adolescent(e) et que vous tombez dessus. Sinon c'est clairement dispensable.

06/01/2013 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

La démarche à l’origine de cet album est des plus louables, et si cette œuvre a réussi à faire éviter le pire à ne fusse qu’une seule personne, alors elle doit être qualifiée d’indispensable. Réalisé dans le but d’expliquer les mécanismes qui peuvent conduire une personne dans le piège de la prostitution, cet album bénéficie de deux gros atouts. Tout d’abord, il peut s’appuyer sur l’expérience d’une association qui, depuis longtemps, « traine » dans ce milieu. Le mouvement du nid a contribué à la réalisation de ce scénario, qui y gagne en crédibilité. Habitué, de par mon cadre de travail, à côtoyer divers mouvements sociaux, j’ai pu vérifier l’exactitude de certains des engrenages décrits mais aussi des séquelles (souvent irrémédiables) dont souffrent les ex-prostitués. J’ai, depuis longtemps, cessé de me voiler la face et j’ai bien conscience qu’il y a autant de prostitué(e)s qui font ce métier par envie qu’il y avait de soldats qui se réjouissaient d’être dans les tranchées de Verdun. Ensuite, l’album bénéficie de la lisibilité et de l’élégance du trait de Derib. Si je le préfère dans ses grands espaces (Buddy Longway), je dois reconnaître que ses personnages sont toujours aussi attachants (graphiquement parlant). Bien sûr, l’album n’est pas parfait, et son ton très moralisateur irritera le lecteur lambda. De plus, sa conclusion, très optimiste, voire utopique, cadre mal avec la réalité du terrain. Mais je veux croire que certaines personnes concernées par ce problème seront touchées par l’album, et que d’autres éviteront de tomber dans cette spirale qui se révèle trop souvent (pour ne pas dire toujours) destructrice. D’un strict point de vue artistique, c’est pas mal, sans plus … Mais c’est franchement bien d’effectuer ce genre de démarche, raison de ma cote généreuse (et, je le répète, l’album n’est pas raté). A lire, mais pas à posséder sinon par tous les centres jeunes et les bibliothèques scolaires. PS : cet album s’adresse avant tout à un public féminin et adolescent, et je serais curieux de connaître le point de vue d’une de ces lectrices au sujet de cet album.

28/09/2009 (modifier)
Par Jugurtha
Note: 2/5

Un album assez décevant, où l'auteur se laisse dépasser par la générosité de son entreprise. La dénonciation de la prostitution est en effet une noble cause, et Derib s'est fait un spécialiste dans l'exploitation de sujets de société "chauds", mais il rate ici en partie son but par un excès de bons sentiments. Bien sûr, les qualités sont là, les deux personnages principaux, Sandra et sa protectrice, sont attachantes et bien cernées, tout comme le contexte social. La narration est fluide et bien menée, en accord avec une mise en page inspirée et un dessin très maîtrisé et détaillé. Mais à la différence de Jo, où Derib exploitait le sujet du sida, l'optimisme est de mise, et l'évocation de la prostitution manque trop d'originalité (mais la réalité est-elle originale ?) et n'est ainsi pas convaincante. Certains personnages restent trop schématiques pour apporter de la profondeur au sujet, et au final, nous n'avons pas l'impression d'une plongée en enfer, mais simplement d'avoir effleuré le thème de cette BD. Si Derib s'était montré plus noir, et avait laissé son héroïne sombrer dans la prostitution à la différence de son aînée, l'auteur aurait présenté deux cas, l'un positif, l'autres négatif, et ainsi exploiter à fond les possibilités de son scénario. Le ton reste trop naïf pour être convaincant, et même si le résultat est loin d'être désagréable à lire, on peut penser que l'auteur pouvait arriver à un résultat bien meilleur, notamment en créant des situations plus extrêmes. Dommage...

03/03/2008 (modifier)
Par Erik
Note: 3/5
L'avatar du posteur Erik

Quand j'ai commencé à lire cet album, j'ai tout de suite reconnu le style très moralisateur de Derib (voir No limits). Très bien dessiné mais une action totalement orientée pour dénoncer cette fois-ci les méfaits de la prostitution. Nous avons là le dessinateur des grandes causes! Cette bd veut faire passer le message suivant: à bas les métiers du sexe. "Pour toi Sandra" montre que la prostitution est plus qu'un délit car c'est une maladie sociale qui conduit à la perte de la dignité tout en s'exposant aux violences, et à la déchéance de l'alcool et de la drogue. Si Derib effectue un véritable travail de prévention avec ses 80 pages de bandes dessinées, dénonçant les dangers possibles de la prostitution, l'association « Mouvement du Nid », dans l'appendice, donne dans la propagande de ses idées, que certains ne manqueront pas de qualifier de réactionnaires, voire régressistes. Il aurait été plus judicieux de se limiter à un rôle préventif et informatif. L'auteur avoue lui-même qu'il se sert de la bd comme d'un moyen de toucher les adolescents pour un travail en profondeur sur les sujets graves. Cela me fait un peu froid dans le dos même si le but est louable... L'auteur réalise une Bd tout en pudeur: aucune scène "chaude" malgré le sujet. Point de voyeurisme! Il réussira même le pari à ne pas montrer la prostitution dans la première partie de l'album. Elle n'apparaîtra qu'avec la prise de conscience de l'adolescente un peu paumée qui va rencontrer une charmante mère de famille ayant vécu dans le passé l'enfer de la prostitution. Vous l'avez compris, le scénario est exagéré pour les besoins de la cause. Pour moi, ce récit emprunte à la démagogie d'une société bien pieuse. Même la clientèle des prostituées est diabolisée sans parler du proxénète qui est quand même celui qui profite le plus de la situation. C'est une lecture qui peut nous faire ouvrir les yeux et réfléchir mais c'est une lecture également dangereuse car orientée vers des idées toutes faites. Or, je pense que la disparition de la prostitution pourrait entraîner des situations bien pires que celle que nous connaissons et qu'il ne faut pas avaler tout cela en diabolisant... Le Jury œcuménique de la bande dessinée récompense un album paru dans l'année pour l'ensemble de ses valeurs humaines et esthétiques. En 1998, cet album a été lauréat de ce prix.

01/11/2007 (MAJ le 01/11/2007) (modifier)