Viktor

Viktor est librement adapté de L’Étoile de bois, une des dernières nouvelles de Marcel Schwob.
Adaptations de romans en BD La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Noir et blanc
Dans cette très vieille forêt, les arbres sont trop hauts, trop larges, trop touffus pour laisser voir le ciel. C’est à peine s’ils s’écartent autour de la cabane où Viktor vit avec sa grand-mère. Aussi, une nuit où une violente tempête a fait s’effondrer les grands chênes, Viktor découvre, médusé, les étoiles qui scintillent dans le ciel. Saisi d’émotion, il discute avec elles, cherche à les attraper, en tombe littéralement amoureux. Quand la forêt a de nouveau obscurci le ciel, il décide de quitter la forêt pour partir en quête de sa propre étoile, au bord de la mer, dans les villes, dans les tours… Il a promis à sa grand-mère de rentrer à temps pour le goûter, mais chaque nouvelle rencontre l’incite à découvrir un monde nouveau… Viktor est librement adapté de L’Étoile de bois, une des dernières nouvelles de Marcel Schwob. Si la trame du récit est conservée, Tommy Redolfi l’a transposée dans son propre imaginaire et lui a composé une nouvelle fin, plus optimiste. Texte : Editeur
Scénario | |
Oeuvre originale | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 15 Novembre 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis


Le conte est un genre littéraire que j'apprécie beaucoup. Tommy Redolfi, avec son Viktor, adapte un récit du trop méconnu marcel Schwob. Après avoir lu son excellent Holy Wood - Portrait fantasmé de Marilyn Monroe je ne suis pas surpris que Redolfi ait été touché par une telle oeuvre. Dans un univers très poétique, romantique (au sens littéraire) et tourmenté l'initiation du petit Viktor ne m'a pas laissé indifférent. Un récit pour les enfants ? Pas si sûr tellement on peut y trouver des niveaux de lecture différents. Après l'insouciance de l'enfance cocoonée à l'intérieur par sa grand-mère et à l'extérieur par sa forêt, le petit Viktor vit une tempête que l'on pourrait voir comme la puberté et le début de l'adolescence. Période de rêve de grandeur, de révolte (contre Dieu et sa famille) et d'affirmation de soi, mais aussi Viktor va l'expérimenter c'est souvent une période de solitude et de dangers. Je trouve donc normal que le personnage de Viktor ne soit pas si cool et un peu tête à claque comme beaucoup d'ados. Ce qui frappe dès les premières pages de lecture est le soin apporté par Redolfi à la qualité littéraire de son texte. L'auteur nous propose presque un poème en prose qui nous berce et nous envoute. Le texte n'est absolument pas trop lourd ce qui rend la lecture aisée pour un large public. Le style graphique de Redolfi est bien particulier. Son trait tourmenté et hachuré convient à merveille à ce type de récit à la frontière du fantastique. L'auteur a le don de nous proposer des ambiances entre rêves et cauchemars. Cela peut être déstabilisant mais c'est vraiment créatif et original. La mise en couleur à base de violets et de bruns ajoute à l'atmosphère un peu occulte du récit. Je la trouve pile dans l'esprit de l'oeuvre. Pour finir je ne trouve pas du tout la fin ridicule mais je le lis plutôt comme une morale à passer du rêve au pragmatisme mais en gardant soin de faire vivre ses désirs d'enfance. Ainsi Tommy Redolfi nous propose un oeuvre très intéressante et bien plus profonde qu'une lecture rapide peut laisser paraître.


Le conte, au travers de sa perspective poétique, propose souvent (avec plus ou moins de réussite) une thématique multidimensionnelle débouchant sur un plaisir pluriel. Aux premières émotions d’une lecture classique et candide, s’ajoute, pour les plus ambitieux, un bonheur intellectuel consistant à débusquer les sous entendus et à tenter de décrypter les paraboles (chacun n’y trouvant, dans la majorité des cas, que son propre message) pour créer ainsi une connivence jubilatoire (et illusoire ?) avec l’auteur. Viktor présente certainement toutes ces caractéristiques. Cependant, je me suis régalé à seulement demeurer « naïf ». Dédaignant les aspects allusifs et les éventuelles réflexions sur l’espoir ou la quête identitaire, je me suis abandonné à l’onirisme de cette ballade mélancolique, bercé par le rythme d’une délicieuse linéarité narrative. Magie d’un texte délicat transcendé par l’esthétisme d’une ligne contrastée et nerveuse, scénographie torturée et oppressante d’un univers graphique en noir & blanc (ou plutôt gris, d’un si beau gris) dans lequel les faciès lunaires ou funèbres de personnages Burtoniens reflètent une douce et inquiétante tristesse. Une ambiance somptueuse et sombre éclairée de quelques instants plus lumineux, où, tour à tour, les mots, rares et précieux, se noient ou émergent pour mieux scintiller et nous envoûter. Les réfractaires à la poésie passeront probablement leur chemin, les autres s’offriront une petite parenthèse de rêve, simple et pourtant magnifique.


Que c’est beau ! Graphiquement, tout d’abord. Le dessin est certes sobre (en noir et blanc) mais d’un esthétisme remarquable. Les paysages forestiers et campagnards sont somptueux et m’ont vraiment fait rêver. L’histoire est belle, tout simplement. Elle est remplie de poésie et de mélancolie, et se termine sur une note touchante et optimiste. La quête initiatique du petit Viktor est vraiment poignante, à la limite de l’onirisme, mais jamais confuse ou pompeuse. On reste dans le domaine du conte, sans jamais s’égarer dans des délires incompréhensibles. La simplicité et la beauté du message que fait passer cette BD m’ont énormément touché, et j’ai passé un excellent moment de lecture. Encore une bien belle réussite au catalogue de la boite à bulles.


Ah, le voilà, l'un des gros coups de coeur du moment ! "Viktor" est une réussite quasi-totale. Dès les premières pages le lecteur se fait happer par l'ambiance, par les mots hypnotisants de Tommy Redolfi. On se retrouve dans l'atmosphère oppressante de la forêt, grâce à sa technique graphique proprement incroyable. Alors bien sûr, quelqu'un qui feuilletterait rapidement l'album trouverait le style moche, imprécis, avec un sens des proportions aléatoire. Mais celui qui prend le pari de lire depuis le début intègrera ces torsions et ce style particulier au charme de l'oeuvre elle-même, qui est un tout indivisible. La grande poésie de la plupart des passages en fait sans doute un futur classique. Je pense que n'importe quel éditeur aimerait éditer "Viktor". Bravo et merci à la Boîte à Bulles de l'avoir fait.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2025 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site