Heavy Liquid

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Une histoire urbaine à l'accent futuriste.


Anticipation Cyberpunk DC Comics Les drogues Vertigo

D'abord il y a "S", le Stooge, un détective un peu en marge. Et puis le Heavy Liquid, un matériau étrange, semblable à du chrome, inconnu de la plupart des gens. Matériau qui s'avère être également une drogue, à laquelle S est accroc. Un collectionneur d'art charge S d'une mission bien particulière : amasser la plus grande quantité de Heavy Liquid possible et convaincre une artiste disparue de réaliser une sculpture avec. Sauf que l'artiste fait partie du passé de S et qu'une bande de tueurs est bien décidée à récupérer tout le Heavy Liquid accumulé.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 26 Octobre 2007
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Heavy Liquid © Dargaud 2007
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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10/11/2007 | Basile
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Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Et bien moi tout m’a plu dans cet album. J’ai beaucoup aimé le background riche, l’ambiance noire et désespérée du monde dystopique décrit, les personnages attachants, et l’intrigue, certes classique et assez linéaire, mais rondement menée et parfaitement construite. La narration est parfaite, j’ai avalé les 250 page d’une traite, et j’en ai pris plein les mirettes : le dessin est magnifique et très stylisé, et les scènes d’action sont dynamiques et réalistes. La toute fin n’est pas très claire (ou en tout cas ouverte à interprétation), mais c’est bien le seul (petit) reproche que je ferai à ce pavé, recommandable aux amateurs de polars d’anticipation un peu noirs.

12/06/2022 (modifier)
Par Basile
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

HL est une oeuvre emblématique du travail de Pope. Un futur plutôt sombre, assez sale, cohérent et (hélas) pas si éloigné que ça de notre présent, un héros beau gosse en marge de la société, des filles fragiles en apparence qui se révèlent être des tigresses, l'ombre planante du gouvernement, des gangsters et puis la création, l'Art. Le cadre est solide et maintes fois éprouvé, c'est l'histoire d'un homme contre les autres, de la recherche d'un passé, de la fuite. Le voyage est l'occasion pour S, le héros, de se poser des questions. Pope a l'intelligence de semer ça et là des idées qu'il se garde bien de développer. Idées fantastiques pour la plupart, ce qui confirme définitivement son statut d'auteur de science-fiction, elles sont en général sa réinterprétation de classiques du genre (pouvoir psychique, robots, etc...). Réinterprétation inventive et élégante bien sûr. Cette dissémination entretient une ambiance mystérieuse, une brume à travers laquelle on distingue des silhouettes familières. Pope met en pratique son amour pour la magie et le cirque jusque dans la composition de ses récits, les transformant en jeu de miroirs et de fumée. Les non-dits sont utilisés avec malice, surtout lorsque le récit touche à sa fin, afin de relever un peu la sauce. On a dès lors le choix de pardonner le relatif manque d'inventivité du scénario au profit de ce background assez riche. Il reste tout de même regrettable (voire frustrant) que Pope n'exploite pas davantage son extraordinaire pouvoir créatif faute d'un canevas plus élaboré structurellement parlant. La composition graphique est en revanche au dessus de tout reproche. Le trait est affiné, précis et dynamique. L'ensemble bouge diaboliquement vite, sans jamais trembler ou trébucher. Pope manie le crayon comme un pinceau scalpel : il sait où aller et souligne son mouvement avec assurance et sensualité. Le résultat est souple, fluide, sans manquer de mordant. Il ménage ses effets avec précaution pour assurer le maximum d'efficacité sur les scènes d'action (poursuite en vélo ou attaque de robots), évite le tape à l'oeil tout en insufflant dans chaque case une ambiance électrique. La colorisation en gris et rose amène une touche funky et charnelle. On a devant les yeux un travail abouti, un vrai régal pour les yeux pour peu que l'on adhère au style particulier de Pope. Sa singularité reste une véritable bouffée d'air frais bien appréciable dans l'univers de la bande dessinée. A ce sujet, on ne peut s'empêcher de demander si Pope n'a pas fait du Heavy Liquid une métaphore (inconsciente ou pas) de la BD : un matériau étrange peu connu du grand public, une drogue pour marginaux initiés, et la matière première destinée à devenir la plus grande oeuvre d'art moderne, c'est tout de même troublant... Quoiqu'il en soit, Heavy Liquid, parmi les autres albums de Paul Pope, mérite que l'on s'y attarde, que l'on fasse l'effort de le décrypter. C'est un excellent ticket d'entrée dans la galaxie Pope, accessible sans être aseptisé.

10/11/2007 (modifier)