Tiger Joe

Note: 3/5
(3/5 pour 6 avis)

Un chasseur guide des caravanes dans les jungles perdues...


Charlier Greg Institut Saint-Luc, Liège Les petits éditeurs indépendants

Tiger Joe ?... c'est un fameux chasseur pour qui les mille et une traîtrises des jungles perdues n'ont aucun secret... C'est aussi un baroudeur. Guidant caravanes et explorateurs c'est lui qui -surtout- s'occupera et règlera les problèmes qui -forcément- vont survenir dans ce genre d'aventures... Les jungles ?... il connaît. Et leurs dangers aussi. Que ce soit à la recherche du mythique cimétière des éléphants, des féroces rencontres avec les hommes-léopards, les bandits et trafiquants de toutes natures. Heureusement, Tiger pourra compter sur l'assistance de ses deux amis et équipiers Mouton et Gin, deux gars qui -s'ils n'ont pas l'aura de leur "chef"- sont inséparables de ce dernier dans tous les coups durs...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Janvier 1951
Statut histoire Une histoire par tome 8 tomes parus

Couverture de la série Tiger Joe © Libre Belgique/Michel Deligne/Pan Pan 1951
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 6 avis)
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12/11/2007 | L'Ymagier
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Par greg
Note: 3/5

Tiger Joe est une oeuvre qui s'inscrit dans un genre très en vogue des années 30 au début des années 60, ce que j'appellerais la "bd de brousse". Le postulat de départ est simple, des héros blancs vont partir en expédition et/ou en safari dans la brousse africaine. Aidé par quelques noirs, et confrontés à des antagonistes blancs également et/ou noirs. Inutile de dire que l'ensemble a méchamment vieilli, le gros problème de Tiger Joe, c'est que les histoires étaient déjà anachroniques et dépassées à l'époque. Les trois premiers tomes sont scénarisés par Jean-Michel Charlier, et datent du début des années 50 : les tomes 1 et 2 sont un diptyque qui n'est qu'une chasse au trésor amenant les héros vers un cimetière secret d'éléphants, le troisième est un safari "perturbé" par les légendaires hommes-léopards. On découvre un continent africain très peu "civilisé", pas de routes, des noirs toujours dans leur cases sans une quelconque technologie moderne, parfois même mangeurs d'hommes, et des villages tenus par un brave missionnaire (et n'ayant aucune femme-->oui il faut noter que presque tous les villages africains sont constitués uniquement d'hommes). Très caricatural. Et comme indiqué déjà dépassé à l'époque. Le plus étrange demeurant l'absence des colonisateurs blancs. A noter que Charlier fera un mélange des trois premiers tomes dans un album de la patrouille des castors, le secret des monts tabous. Greg et Forton reprendront la série jusqu'en 1960, en gardant les mêmes poncifs, voire en les accentuant. Dans une histoire datant pourtant de 1958, Tiger Joe va porter son aide à un Maharadja, dans la province fictive du Gopal (emprunt évident au "Bopal" de Hergé), alors que l'indépendance de l'Inde en 1947 avait mis fin à tous ces petits régimes monarchiques. Pire, dans la dernière histoire de 1960, on retrouve des noirs apeurés obéissante à une "déesse blanche", et collectant pour elle des diamants sans connaître leur valeur.... Cependant, je tiens à préciser que la BD n'est pas pour autant raciste. Malgré le parlé "petit nègre", les noirs ne sont jamais présentés comme de parfaits idiots (ce qui était le cas chez Hergé), mais ignorants. C'est juste que cette ignorance n'était plus crédible à l'époque. Tiger Joe est donc à voir comme une capsule temporelle sortie trop tard.

15/03/2022 (modifier)
Par Josq
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Josq

Je pensais m'attaquer à une saga mineure de Charlier, mais je me trompais du tout au tout. Tiger Joe est du très grand Charlier, au même titre que Barbe-Rouge, Buck Danny ou encore Tanguy et Laverdure, une énorme surprise pour ma part ! C'est donc à la trilogie originale que je consacre cet avis, car je ne sais pas quand j'aurais l'occasion de me plonger dans sa continuation par Greg. En attendant, Tiger Joe période Charlier synthétise tout ce qui fait que j'aime la bande dessinée en général, et Charlier en particulier. Malgré mon amour pour ces sagas qui ont bercé mon enfance, j'avoue avoir été un peu lassé au bout d'un moment par les sagas d'aviation de l'auteur, alors c'est avec un immense plaisir que je le vois partir en des terres exotiques, ici, dans l'Afrique coloniale des années 50. Le dépaysement est garanti, et renforcé par le charme à toute épreuve de ces récits d'antan, dont j'ai parfois l'impression qu'on a perdu la recette. Il faut dire que Charlier n'a pas son pareil pour mettre en scène l'Afrique coloniale, aidé par un Hubinon en immense forme. Le trait toujours rigoureux du dessinateur, et les couleurs chaudes du studio Leonardo recréent une Afrique de carte postale absolument fascinante, où on n'échappera certes à aucun cliché du genre, et qui, pourtant, résiste bien aux attaques du temps. Quand je parle des clichés, j'évoque surtout les clichés narratifs, car j'ai été très agréablement surpris par la tonalité du récit et ses innombrables nuances, très loin du racisme qu'on veut à tout prix attribuer aux récits coloniaux de cette époque. Et de fait, si Tiger Joe propage évidemment une vision très colonialiste de l'Afrique (en même temps, vu le contexte, comme le lui reprocher ?), jamais Charlier ne fait jamais preuve de racisme, grâce à son talent incroyable pour l'écriture des personnages. Déjà, chaque tome est d'une densité narrative impressionnante, on en a clairement pour son argent. C'est ce qui permet à l'auteur de multiplier les péripéties, toutes plus captivantes les unes que les autres, et d'apporter à sa vision des choses une nuance très anti-manichéenne, à laquelle on ne s'attend pas. Ainsi, jamais les auteurs ne cherchent à mettre les Blancs en situation de supériorité par rapport aux Noirs. Si on a droit aux traditionnelles images de caravanes de chasseurs blancs suivis d'une cohorte de porteurs noirs, Tiger Joe et ses acolytes les traitent toujours d'égal à égal. Si certaines tribus reculées parlent le langage petit-nègre, d'autres parlent un Français tout-à-fait correct sans fautes grammaticales. Si certains Noirs veulent la mort des Blancs à tout prix, d'autres sont amis avec eux et d'autres y sont tout simplement indifférents. Si la plupart des Blancs colonisateurs semblent des humanistes en puissance, les scénarios successifs n'oublient pas non plus de montrer la cruauté ou la corruption de certains autres Blancs. Bref, Tiger Joe donne une vision étonnamment complète de l'Afrique colonialiste et ça fait plutôt plaisir, même s'il subsiste parfois quelques saillies plus désagréables, heureusement très rares et nuancées par tout ce que je viens de résumer. Colonialiste, oui, Tiger Joe l'est et on en pensera ce qu'on voudra, raciste, non, et c'est très bien comme ça. Maintenant, si j'ai autant adoré Tiger Joe, c'est avant tout pour la qualité extrême des scénarios. Toujours prenants, les récits de chaque tome donnent à voir un aspect différent de l'Afrique profonde, et jouent agréablement de la mythologie typique des aventures africaines de ce genre. On aura ainsi droit au cimetière d'éléphant, aux sectes sanguinaires, aux animaux sauvages en tous genres, aux lacs meurtriers, etc. Tout cela donne un parfum vintage absolument charmant à cette saga, qui traverse bien les âges, car Charlier n'oublie jamais de donner une dimension humaine importante à ses différentes histoires. Ainsi, le premier tome nous propose une approche des personnages très originale, car on les découvre à travers les yeux d'une femme qui n'a jamais mis le pied en Afrique et qui se heurte à la rudesse de Tiger Joe et de son acolyte. Cela la précipite évidemment dans les bras du méchant, et pendant une bonne partie du premier tome, Tiger Joe n'a pas le bon rôle, ce qui permet de mieux nous faire entrer dans la tête des personnages et de comprendre la méfiance de l'héroïne. A cette image, Charlier donne beaucoup de sentiments à ses différents personnages, ce qui permet de les rendre toujours attachants. Cela permet au lecteur de mieux s'immiscer dans l'atmosphère fascinante d'une Afrique où le danger rôde à chaque seconde, et dont on n'est jamais sûr de sortir vivant. Bref, Tiger Joe est clairement un gros coup de cœur, qui prouve une nouvelle fois que Charlier et son fidèle dessinateur Hubinon n'ont pas leur pareil pour mettre en scène l'Aventure dans la plus grande tradition de l'Art. On en ressort nostalgique et enthousiaste, comme au terme d'un voyage dont on aurait vécu les moindres détails. Et ça, c'est fort.

25/02/2022 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Oups!! Voilà une ancienne série des années 50 qui fâche ! Ce qui fâche encore plus c'est qu'une maison d'édition en 1985 le propose comme pilier d'une collection "Aventure et mystère". A mon goût, voici un triste exemple de "la BD d'aventure décompléxée des années 50". En fait par décompléxée, je lis raciste et colonialiste. Quand j'ouvre mon exemplaire du "Cimetière des Eléphants", j'ai l'impression de lire une copie de strip américains des années 40. A la fois dans le graphisme et le manichéisme c'est très daté de cette période. Mais c'est presqu'un détail. Voyons ce que nous propose les auteurs. En page 4, Double Gin, un héros gentil, nomme un marin Congolais "moricxxd" ! Quant à notre Chevalier Blanc, défenseur de la belle orpheline américaine qui va s'approprier et piller la richesse locale, il se permet d'insulter le chef de la tribu de "gros plein de soupe" p45. Voler un costume traditionnel pour ridiculiser une danse coutumière ne pose pas de gros problèmes de conscience à notre beau gosse. Le must de l'image colonialiste étant de dépouiller le chef de ses attributs de pouvoir et de le chasser nu sous les quolibets. J'ai choisi quelques exemples mais les scènes de cette nature fourmillent. J'ai du mal à avaler ce type d'ouvrage.

23/02/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Avec cette série créée en 1950 dans la Libre Belgique, on a à faire à un archétype des récits d'aventure de jungle qui sera très imité par la suite, et par Charlier lui-même qui créera 3 ans plus tard un héros très similaire avec Kim Devil. La formule jungle va même entrainer des imitations en Italie dont quelques bandes se retrouveront traduites en pockets dans les années 70. Rien que l'épisode "la Piste de l'ivoire" en 1951 donne le ton de cette bande typique des Bd d'aventure des années 50, c'est ultra classique, avec toutes les péripéties attendues dans ce genre de bande, et le ton palpitant qui s'impose, bref c'est du Charlier pur jus, où il retrouve son complice Victor Hubinon, au dessin réaliste dynamique et au trait épais. J'aimais bien parce qu'à l'époque où je la lisais, j'étais encore peu regardant, mais aujourd'hui, elle a pris un petit coup de vieux et s'adresse plutôt aux collectionneurs. D'ailleurs, je ne sais dire pourquoi, mais je lui préférais Kim Devil ; cependant, je préfère de loin des Bd de ce style où je suis plus à l'aise que dans les bandes de SF. L'ensemble des 3 épisodes est repris dans Pistolin, puis dans Pilote en 1964, c'est là que je découvre la Bd lors de mes achats d'anciens numéros, puis plus tard dans les albums édités par Claude Lefrancq. Au début, Eddy Paape a collaboré à la bande, et d'autres auteurs s'en sont occupé, comme Greg et Forton, ainsi que Pleyers alors assistant de Forton. Une vraie Bd reflet d'une certaine époque très marquée par l'aventure.

25/11/2015 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

Une vieille série se passant en Afrique coloniale et qui utilise tous les clichés de ce genre dans les trois tomes que j’ai lus. Les deux premiers racontent une expédition vers un cimetière d’éléphant et dans le troisième il y a des hommes-léopards ! De plus, on peut dire que l’esprit des années 50 a très mal vieilli, Si quelqu’un faisait ce genre d’histoire aujourd’hui, il se ferait sans aucun doute traité de colonialiste et de raciste. Malgré tout, j’avoue que j’ai pris du plaisir à lire cette série. C’est rempli de clichés, mais la narration est vraiment très bien et on voit pourquoi Charlier est considéré comme un grand scénariste. Il a réussi à me captiver alors qu’habituellement les histoires de chasseurs qui se promènent dans des jungles m’ennuient. Toutefois, je n’ai pas aimé l’humour qu’apporte le personnage Mouton, véritable caricature du fonctionnaire mou qui essaie de devenir un grand chasseur. Ce n’est pas drôle et pathétique.

27/09/2010 (modifier)
Par L'Ymagier
Note: 4/5

Une série oubliée, et c'est bien dommage... Aux commandes ?... deux très grosses pointure de la BD franco-belge : Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon (Buck Danny, Barbe-Rouge). Vieille série aussi car elle débute en 1950 dans le quotidien belge "La Libre Belgique" (qui existe toujours), se poursuivant dans "La Libre Junior" à partir du n° 1 de 1951. Elle passera par "Pistolin" dès 1955 avant d'arriver dans l'hebdo "Pilote" en 1964. "Tiger Joe" est une série qui aura bénéficié de très grands noms de la BD. On y trouve -au départ- Charlier et Hubinon comme créateurs. Eddy Paape (Marc Dacier, Luc Orient) réalise les encrages. Greg s'occupe de la continuité scénaristique à la suite de Charlier. Gérald Forton reprendra le dessin. André-Paul Duchâteau imaginera et scénarisera la troisième histoire, laquelle sera dessinée -à l'âge de 14 ans !...- par Jean Pleyers (Jhen, Keos, Giovani). Quand je relis ces noms : Charlier, Hubinon, Paape, Greg, Forton, Duchâteau et Pleyers, je ne connais aucune autre BD qui aura eu de tels "parrains" !... Et pourtant, cette série ne durera que le temps de 3 histoires. Et bien que celles-ci relatent des aventures d'une sorte de Jim la Jungle, qu'elles soient très plaisantes de lecture, elles ne renouvelleront pas le style "explorateur baroudeur" que l'on trouvait dans de nombreuses autres parutions. Dommage parce que "Tiger Joe" est vraiment une chouette série au beau graphisme d'ensemble, bénéficie de scénarios solides, sans failles, et retient tout au long l'attention du lecteur. "Tiger Joe" ?... un héros malheureusement oublié bien malgré lui. Peut-être hante-t-il encore ces jungles perdues... car pas mal "d'anciens", dont votre serviteur, s'en souviennent encore... J'aime beaucoup. Les albums. Le 1er tome est paru en 1951. Il faudra attendre 1977 pour voir l'édition des deux autres histoires chez Deligne. A noter : de nombreuses rééditions des histoires avec changements de titres et de couvertures. Difficile pour le "non-initié" de s'y retrouver. Ah oui : une belle intégrale éditée en 1995.

12/11/2007 (modifier)