Nos âmes sauvages
2008 : Prix Artémisia. Après le remarqué Née quelque part, Johanna arrive chez Futuropolis avec un nouvel album autobiographique qui confronte son expérience du chamanisme Jivaro à notre quotidien occidental et aux clichés (toujours bien vivants) du « bon sauvage ».
Autobiographie Grand Prix Artemisia La BD au féminin Les Roux !
Une nuit dans la forêt amazonienne. Nina, la Parisienne, demande à un chaman shuar (du peuple Jivaro) de l’aider à guérir d’un chagrin d’amour. Elle arrive devant lui après avoir à peu près tout essayé : les stages de développement personnel comme les rencontres d’une nuit. Elle attend de ce soin chamanique quelque chose de transcendantal qui pourrait alléger son coeur... Mais l’homme-médecine choque Nina par sa réponse très terre à terre… Cette expérience la déroute et le doute s’insinue en elle : mais comment tout cela a-t-il commencé ? Au cours d’une longue balade dans les rues de Paris, Nina revient sur les événements qui ont précédé son voyage : ses désillusions sentimentales et son engagement militant auprès des peuples premiers. Le récit met en parallèle les cérémonies chamaniques sous ayahuasca avec une balade dans Paris où « l’image de l’Indien sert encore et toujours à vendre des illusions de paradis ». On y suit Nina qui s’interroge et nous interroge sur notre rapport à l’autre, qu’il soit amant ou étranger. L’enseignement des chamans shuars et de la médecine sacrée ne sera finalement pas celui qu’elle attendait ! À la fois plus complexe et plus simple, Nina réapprendra surtout à accepter la vie telle qu’elle est et à se réapproprier ses rêves.
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Date de parution | Novembre 2007 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le sujet m’intéresse a priori, le dessin, malgré des maladresses est plutôt joli, et l’auteure tient un discours qui interpelle et est d’actualité. Malgré tout cela je suis ressorti avec un avis mitigé de cette lecture. La faute en grande partie à une narration un peu hachée (l’alternance entre passages avec les shamans en Amazonie et déambulations avec des amis dans les rues de Paris donne un aspect décousu au récit). Surtout, j’ai trouvé que Johanna – qui raconte ici son histoire personnelle, l’album étant à mi-chemin du roman graphique et du documentaire – ne parvenait pas complètement à nous transmettre son enthousiasme et sa passion. Reste que les réflexions (nombreuses citations hors texte, paroles des shamans, réflexions de Johanna) sont intéressantes, ce qui fait que, malgré une narration qui manque de « peps », on s’accroche sans difficulté pour cette lecture. Car c’est aussi en creux une critique de nos sociétés de consommations, la publicité, la futilité d’une partie de nos existences, sur lesquelles on est appelé à porter un regard neuf ou plus distancié.
Il ne faut pas se laisser effrayer par la couverture hideuse de cette BD. Le propos de l'histoire est intéressant voie captivant. Hélas la mise en image n'est pas réussie et le scénario est très mal monté. Je pense que Johanna aurait mieux réussi un livre (éventuellement illustré) plutôt qu'une bande dessinée. Cela lui aurait permis de développer ses descriptions et son argumentation autour du chamanisme et de la confrontation de cette religion à notre point de vue occidental.
On a presque tous des causes qui nous tiennent à coeur. Pour les uns, cela sera la lutte contre les discriminations, pour les autres cela sera contre les OGM, d'autres encore seront touchés par la lutte contre le SIDA ou le cancer. Oui, il y a toujours un thème qui retient notre attention pour une raison ou une autre ... Nos âmes sauvages s’intéressent particulièrement à la lutte contre la déforestation de la jungle amazonienne. Je dois bien avouer que c'est un thème qui me touche quelque part car cela me parle. Je pense à ces millions d'arbres arrachés qui amputent le poumon de notre planète. Il reste encore des tribus indiennes dans cette jungle qu'il faut préserver car c'est toute une culture qui est menacée. Ce sont les derniers représentants de la vie sauvage avec la nature. Nos âmes sauvages évoquent également le parcours un peu mystique d'une jeune fille parisienne grâce au chamanisme des indiens de la forêt. C'est parfois un peu bizarre graphiquement car on se retrouve de la ville à la jungle en une case par une espèce de délire mystique liée à l'absorption de plantes interdites. J'aime le message engagé de cette jeune auteur. Pour autant, la lisibilité n'est pas parfaite. Il y a de bonnes idées mais qu'il faut travailler pour les rendre accessibles au plus grand nombres pour peu qu'on le veut bien. Cette expérience onirique à partager ne trouvera peut-être pas un grand public. Cela est presque certain. Un trois étoiles d'encouragement !
Sans que cette BD soit foncièrement mauvaise, le fond n'est pas dénué d'intérêt. Dommage que la partie graphique soit aussi faible. Cela doit expliquer pourquoi je ne suis jamais réellement rentré dans le récit. Du coup je n'ai rien retenu de cette lecture ! Je crois que c'est la première fois que je suis réellement déçu par une BD Futuropolis. Il s'agit peut-être d'une affaire de goût. Je me demande si la BD est adaptée aux messages que voulait transmettre Johanna tant ils sont virtuels et personnels.
Si je n'avais pas vu un reportage traitant justement de ces rites et des "pèlerinages" que certains occidentaux entreprennent pour bénéficier de ces rites chamanistes cette bd m'aurait parue un peu farfelue. Mais elle retranscrit bien la réalité de ces voyages et des expériences faites sur place, c'est d'ailleurs ce qui me dérange car je n'accorde que peu voire pas du tout de crédit à ce genre d'expérience. Évidemment il s'agit d'autosuggestion et certaines personnes y sont très sensibles, mais vu le traitement que les chamans leur font subir, et le mot n'est pas exagéré, car ils subissent physiquement un traitement de choc ; avalant des breuvages, dans un but purificateur et purgatif qui les rendent malades à mourir, vivant dans des conditions d'extrême précarité, sans confort et avec une nourriture réduite au minimum, tout cela pour les rapprocher le plus possible de la nature et leur faire oublier la société de consommation dans laquelle ils sont nés. Le corps ainsi très amoindri, ce révèle encore plus sensible aux produits hallucinogènes et ce n'est pas une bonne expérience pour tous, certains repartent dans un état pire qu'auparavant ; sans compter les dangers que l'usage de ce type de produit peut provoquer sur la santé. Cela dit, Johanna nous raconte ici sa propre expérience, très joliment dessinée avec de belles couleurs vives et au trait gras, les deux en parfait accord. Les planches amazoniennes sont très belles et ses hallucinations très bien rendues, on y serait presque. Graphiquement c'est une vraie réussite. Comme vous l'avez compris le sujet ne me plaît guère, mais Johanna y est très attachante, on aurait presque envie de la prendre dans nos bras pour la consoler et la rassurer. L'habituel discours sur la défense des peuples malmenés par les sociétés industrialisées m'agace un peu. Bien que je sois d'accord pour que des mesures soient prises contre la pollution et certaines dérives des pays dits "riches", sans progrès l'humanité ne va nulle part et ne peut être vouée qu'à une disparition certaine. Alors oui respectons tous les peuples, mais non ne les laissons pas dans l'ignorance.
Note finale : 3,5/5. Après Une par une, un petit album érotique remarquable, et "Née quelque part", que je n'ai pas lu mais qui relate le retour à ses racines, Johanna/Nina nous propose, chez l'excellente maison Futuropolis, un nouvel album quasi-autobiographique à tendance réaliste. Ici c'est son expérience du chamanisme en terre amazonienne qu'elle nous conte, d'une façon assez inclassable, à mi-chemin entre le roman graphique et l'album militant. Pourtant Johanna se défend de ce militantisme, elle ne veut pas se faire la porte-parole de gens dont elle ne partage pas les valeurs ni le quotidien. C'est simplement son interprétation du phénomène chamanique, en accord avec son rapport à la nature qui est présentée. Nina, double de papier de Johanna, est écologiste sur les bords, mais elle cherche avant tout à trouver une harmonie, un remède à ses soucis sentimentaux. C'est donc une préoccupation toute égoïste qui la guide au départ. Mais l'expérience est tellement forte qu'elle décide d'en faire un livre. Mais la forme de cet ouvrage est difficile à décider. Les media permettent d'en savoir beaucoup sur les peuples premiers, et un récit de voyage serait sans doute redondant, voire inutile dans notre société de l'information. Cette hésitation se ressent dans la construction de "Nos Âmes sauvages", qui souffre d'un problème de narration. Johanna fait des allers-retours, des flashes-backs, des intermèdes avec tous les éléments qu'elle souhaite mettre dans son livre. C’est un peu déroutant, mais on ne peut nier l'honnêteté et la spontanéité de l'ensemble, même si graphiquement c'est très abouti. J'aime beaucoup le style de Johanna, ce semi-réalisme très lumineux, rehaussé par de jolies couleurs. J'ai eu du plaisir à lire cet album, d'autant plus que l'auteur a glissé à sa fin quelques notes explicatives sur le processus chamaniques et quelques éléments sur la situation des peuples que l'on appelle "Jivaros". Sans prosélytisme, sans volonté d'embrigadement, elle invite le lecteur qui souhaite en savoir plus quelles peuvent être les directions à suivre, en tous les cas celles qu'elle a suivies. Un album très agréable, intéressant, militant sans être extrême dans son propos, mais qui manque de construction.
C’est une histoire à la fois simple et complexe que nous propose Johanna. « Nos âmes sauvages » nous conte la rencontre de Nina, une jeune femme en manque de confiance, avec des chamans Jivaro lors de son séjour dans la forêt amazonienne. De cette aventure, Nina racontera ses péripéties et ses impressions à une de ses amies… Je dois vous avouer que je suis ressorti à la fois intéressé et dérangé par cette lecture. Intéressé parce que l’expérience de Nina n’est franchement pas commune. Je ne connaissais rien de rien des chamans et puis, ça ne m’intéressait vraiment pas tout de connaître toutes ces « séances » de spiritualité où les gens fument des herbes pour se guérir de leurs stress… bref, c’était du vrai cinéma pour moi. Mais, là, Johanna a réussi à m’accrocher à son histoire car elle y introduit une vraie réflexion sur la vie de ces derniers hommes d’Amazonie appelés également et naïvement les « bons sauvages » par les occidentaux. Les séquences dans Paris où Nina partage son aventure avec une amie me sont également apparues captivantes parce qu’elles montrent à quel point ce périple l’a énormément marqué et lui a permis de prendre du recul dans sa vie. Le livre comporte un mini-dossier très intéressant en fin d’album sur les chamans et les associations plus ou moins honnêtes qui œuvrent dans la forêt amazonienne. Dérangé parce que je trouve que la narration est loin d’être parfaite, l’auteur parsème son récit de nombreux basculements entre les séquences de Nina à Paris et celles où elle est en présence des indiens amazoniens. L’histoire m’est donc apparue trop vivante alors que j’avais souvent envie moi-aussi de partager avec l’auteur et calmement ses moments de silence ou de réflexion. Le dessin de Johanna est agréable à contempler. Cependant, sa mise en couleurs m’est apparue souvent trop chatoyante par rapport au ton de certaines séquences. « Nos âmes sauvages » est une bd intéressante et assez instructive sur les chamans amazoniens où la vision des occidentaux sur ces hommes est parfois très stéréotypée. De plus, Nina, le personnage principal de cet album, m’est apparue souvent touchante par ses réflexions et ses errements. Malheureusement, je trouve que la narration est gâchée par les multiples changements de séquences où Nina est à Paris avec son amie et celles où le lecteur l’aperçoit en compagnie des chamans. Finalement, « Nos âmes sauvages » est tout de même une bonne bd qu’il faut lire rien que pour se faire une idée plus précise sur les « derniers bons sauvages de notre bonne vieille planète »… Note finale : 3,5/5
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