La Vie secrète des jeunes

Note: 2.69/5
(2.69/5 pour 13 avis)

Recueil de strips publiés dans Charlie Hebdo. Sattouf brosse un portrait de ses amis les jeunes au travers de situations tragi-comiques surprises au hasard.


BD adaptées en séries télévisées live Charlie Hebdo Ciboulette Ecole Pivaut, Nantes Gobelins, l'École de l'Image Les petits éditeurs indépendants

Petit, Riad Sattouf lisait les livres animaliers de la collection "La Vie secrète des bêtes". C'est dans l'esprit documentaire cher à cette série qu'il nous propose aujourd'hui de découvrir le quotidien d'un animal nuisible qui parasite notre civilisation : le jeune. Les premières questions qui reviennent dans la bouche de ceux qui l'interrogent sur ce strip qui paraît toutes les semaines depuis 3 ans dans Charlie Hebdo, c'est "Vous inventez, n'est-ce pas ? Ce n'est pas vraiment vrai, si ?" (et autres variations sur ce thème). Mais Sattouf l'assure, il n'invente rien, n'en rajoute pas. Aussi incroyable qu'elles puissent paraître, les conversations et situations vues dans La Vie secrète des jeunes sont des retranscriptions fidèles de faits réels dont il est témoin. Si vous n'êtes pas trop vieux et que vous avez pour habitude de parler trop fort dans votre portable, de morigéner vos enfants en public, de maltraiter votre copine, de promener votre carcasse boutonneuse sous une casquette de sous-rappeur et dans un survête sale à la jambe relevée, de raconter votre vie sexuelle scabreuse dans les cafés ou les transports en commun, vous serez peut-être un jour vous aussi le sujet d'un épisode de "La Vie secrète des jeunes".

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 19 Octobre 2007
Statut histoire Strips - gags 3 tomes parus

Couverture de la série La Vie secrète des jeunes © L'Association 2007
Les notes
Note: 2.69/5
(2.69/5 pour 13 avis)
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19/12/2007 | Cassidy
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Par jul
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Excellent ! Cynique à souhait. Satouf tire sur tout ce qui bouge, les jeunes de banlieue, les bobos, les noirs, les arabes, les blancs, les bourgeois, les ados mais aussi les jeunes parents. En fait sur toutes les personnes abruties et dieu sait qu'elles sont nombreuses sur cette planète. Bon là on est concentré sur Paris principalement et en plus je connais bien les lieux visités (métro, parcs, Chatelet les halles, supermarché ...). C'est à mourir de rire quoique un peu trop cynique car, quitte à être aussi cynique, Satouf devrait rire aussi de lui même. Et puis ses cibles ne liront jamais sa bd donc c'est un peu leur tirer dans le dos. C'est lâche. D'ailleurs il met en scène une jeune femme se faisant agresser (une gifle sans raison sur un escalator) et pointe le doigt sur l'immobilisme des passants. Mais si il a vu cette scène, c'est qu'il n'a lui même pas réagi. Donc ce Satouf est plutôt antipathique. Il n'empêche que ce travail d'observation méticuleux sur la bêtise humaine en milieu urbain est jubilatoire. Les trognes et expressions sont criantes de vérité (et tout cela avec 3 traits ). Ce n'est pas à proprement parler de la grande bd, c'est plus de l'ethnologie des jeunes de classes moyenne. On évalue l'étendue des dégats qui nous attendent en 2020 ( je ne suis pas raciste !!! ) Dans un certain sens je pourrais mettre 5 tellement c'est drôle mais j'ai des valeurs. Ce n'est pas ce que j'appelle de la bd avec un grand B. C'est plus du charlie hebdo. Se moquer des autres à longueur de temps ( les riches comme les pauvres ) ça rend petit. Mais c'est quand même très drôle niark niark niark ...

13/02/2013 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

Une vraie mine d’or pour sociologues cette « vie des jeunes » !… D’ailleurs à mon avis, ce ne sont pas tant les jeunes que l’auteur a voulu représenter ici, car le titre est plutôt ironique, mais bien plutôt une certaine immaturité ou un certain crétinisme affectant sans distinction toutes les couches sociales… et puis de secret jamais il n’est question puisque la plupart du temps, dans les scènes décrites, les personnages parlent fort et semblent en représentation comme des acteurs face à leur public, jamais limités par un quelconque début de pudeur… L’ouvrage est basé sur les observations de l’auteur dans la rue, le métro, etc. Les yeux et oreilles « indiscrètes » de Sattouf se sont alliés à ses mains pour produire quelque chose de décalé, inattendu, parfois incongru, souvent drôle, même si on ne sait pas toujours s’il faut rire ou pleurer… Rien n’est inventé, et ça se sent, on se dit qu’on aurait pu nous-mêmes assister à de telles scènes, les « dialogues » sonnent vrais et c’est par son seul trait minimaliste que l’auteur exprime ce qu’il ressent… et il le fait très bien… j’adore sa façon de traduire les expressions, chaque visage tout en étant stylisé semble vraiment unique, souvent grotesque ou hilarant. Certaines scènes paraissent proprement incroyables et pourtant…ça colle parfaitement à l’époque, une époque qui tend à encourager la bêtise et à disqualifier la réflexion (pour ses dialogues, Sattouf n’hésite d’ailleurs pas à recourir au langage SMS, ce cancer moderne de la pensée). Je ne dis pas qu’on rit forcément aux éclats, car souvent c’est plutôt un rire jaune, acide ou horrifié, mais cela sera inévitablement un rire (ou un sourire) de complicité avec l’auteur. Donc un ovni, qui échappera complètement à certains sans aucun doute. Cette BD trouve son équivalent filmique avec le documentaire « Striptease », diffusé avec plus ou moins de régularité sur une chaîne du service public. Et quiconque a été fan appréciera forcément ces vies secrètes…

08/02/2012 (modifier)
Par Cassidy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Autant le dire tout de suite, je mets 4/5 en sachant que c'est une note qui ne paraîtra sans doute justifiée qu'aux inconditionnels de Sattouf ; ceux qui n'aiment pas trop ou apprécient mais sans plus cet auteur ne seront vraisemblablement pas plus conquis par ce titre, et ceux qui ne connaissent pas du tout devraient commencer par autre chose. Mais pour un fan comme moi, ben, c'est d'la bonne. Suite de strips sans rapport les uns aux autres et sans "chute", la série aurait pu s'appeler "La Vie secrète des cons" voire "La Vie secrète des gros connards incurables", non seulement parce qu'il n'y a pas que des jeunes dedans, mais aussi parce qu'à 2 ou 3 exceptions près, Sattouf n'a choisi de représenter que les moins reluisants de ses contemporains. Et si vous n'êtes pas particulièrement friand d'humour noir et méchant, vous n'apprécierez pas forcément cet enfilage de situations qui, pour reprendre une citation de John Waters, sont "tragiquement risibles et risiblement tragiques" ; bien qu'ils prêtent involontairement à rire, les personnages dépeints ici sont quand même un échantillon d'humanité assez désespérant et je conçois que certains lecteurs trouveront un peu vain de traquer ainsi les conversations les plus débiles et les individus les plus imbéciles comme si le seul but de l'auteur était de prouver que décidément, les jeunes d'aujourd'hui sont un ramassis de minables dégénérés irrécupérables. On pourra aussi reprocher à Sattouf de continuer un règlement de comptes entamé après avoir quitté la BD "sérieuse", sur le thème "Pour me venger de tous ces connards qui m'ont bien pourri ma scolarité, et de toutes les filles qui n'ont pas voulu coucher avec moi, je vais en mettre plein la gueule des jeunes de cité qui sont tous des barbares tarés et des femmes qui sont toutes des pouffiasses décérébrées", et trouver qu'il se répète un peu, après Pascal Brutal ou Les pauvres aventures de Jérémie. Et aussi que, faute d'une véritable histoire et d'authentiques gags, il est assez difficile de se plonger avec passion dans un album qui de toutes façons, n'a pas été écrit en tant qu'album de bandes dessinées, mais comme une succession de strips hebdomadaires. Oui je sais, ça fait beaucoup tout ça. Mais derrière ce qui peut apparaître comme de la méchanceté gratuite, de la basse vengeance, voire du déballage stérile de platitudes, je trouve personnellement que La Vie secrète des jeunes, que j'avais déjà apprécié en strips dans Charlie et que j'ai été content de retrouver en recueil, est un exercice finalement assez salutaire de dénonciation de la connerie ambiante, d'autant plus réjouissant que la misanthropie de Sattouf n'est pas seulement portée par un évident besoin de revanche, mais par un grand sens de l'observation, un trait simple mais incisif, et surtout un talent certain pour la mise en scène et le dialogue, retranscrit avec une habileté "goossenssienne" dans sa traduction écrite de sons, d'intonations, de tics verbaux, et grâce auquel chaque strip semble plus "vivant", plus vrai que n'importe quelle BD à vocation réaliste voire documentaire (il faut l'honnête crudité d'un gars comme Sattouf pour résister à la tentation de mettre des phrases trop belles pour être vraies dans la bouche de ses anti-héros). Bref, en cette période de Noël, un bien beau cadeau à mettre sous le sapin d'un fan de Sattouf.

19/12/2007 (MAJ le 19/12/2007) (modifier)