American Splendor - Un jour comme les autres (American Splendor - Another day)

Note: 2/5
(2/5 pour 4 avis)

Pour Harvey Pekar, demain n'est pas seulement un autre jour. L'auteur explore avec une honnêteté implacable les complexités de la vie quotidienne.


BDs adaptées en film DC Comics Vertigo

Pour Harvey Pekar, demain n'est pas seulement un autre jour. L'auteur explore avec une honnêteté implacable les complexités de la vie quotidienne. D'un combat épique contre des toilettes récalcitrantes aux dangers inhérents à la recherche de lunettes perdues, en passant par les risques de la conduite sur neige et la prise de médicaments chaque matin, le talent de Pekar n'a jamais été aussi affûté que dans cet ultime volume de la fameuse série autobiographique American Splendor. Dans ce recueil égrenant les triomphes ordinaires, les frustrations et les drames de l'existence de Pekar, on retrouve certains des plus grands artistes de comics parmi lesquels Richard Corben, Eddie Campbell, Dean Haspiel, Chris Weston, Gilbert Hernandez et Ty Templeton pour ne citer qu'eux.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Décembre 2007
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série American Splendor - Un jour comme les autres © Panini 2007
Les notes
Note: 2/5
(2/5 pour 4 avis)
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29/12/2007 | Ro
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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La richesse de la banalité - Ce tome fait partie des histoires autobiographiques d'Harvey Pekar, regroupées sous le terme global d'American Splendor. Il contient les 4 épisodes parus en 2006/2007, publiés par Vertigo Comics (branche adulte de DC Comics), tous écrits par Harvey Pekar (1939-2010). Il regroupe 28 histoires allant de 1 à 20 pages, illustrées par 18 artistes différents, certains en dessinant plusieurs. Il s'agit de Ho Che Anderson, Zachary Baldus, Hilary Barta, Greg Budgett & Gary Dumm, Eddie Campbell, Richard Campbell, Richard Corben, Hunt Emerson, Bob Fingerman, Rick Geary, Dean Haspiel, Gilbert Hernandez, Leonardo Manco, Josh Neufeld, Chris Samnee, Ty Templeton, Steve Vance, Chris Weston, Chandler Wood. Vertigo Comics a publié une deuxième saison : American Splendor: un autre dollar (2007/2008). Toutes ces histoires mettent en scène un moment de la vie quotidienne et banale du narrateur. Harvey évoque ses parents : un couple juif, leur retraite, la fréquentation de la synagogue par son père, leur souhait de se rendre en Israël, la réussite de leur fils aîné, celle moins prestigieuse d'Harvey, la maladie d'Alzheimer de son père, le décès de sa mère. Dans une gare routière, assis sur un siège, Harvey observe une autre voyageuse en train d'émietter son gâteau pour le manger. Joyce Brabner, l'épouse d'Harvey, est partie pour quelques jours : il se retrouve seul avec Danielle leur fille adoptive, source perpétuelle d'angoisse. Joyce et Harvey sont dans un avion de ligne et il prend un jus d'orange : il demande à l'hôtesse de l'air s'ils distribuent encore des sachets de cacahuètes. Il se trouve qu'ils sont à vendre. Les toilettes sont bouchées : pour Harvey c'est un rite de passage dans l'âge adulte, bien plus que n'a pu l'être sa barmitsva. Il faut qu'il réussisse à les déboucher par ses propres moyens, en se servant de sa capacité à observer et à déduire. Danielle a été punie et doit rester à la maison, mais elle fait le mur à l'occasion d'Halloween. Elle demande pardon en rentrant et avoue le lendemain qu'elle a perdu ses lunettes. Harvey sort avec elle pour essayer de les retrouver. Harvey papote avec le couple qui tient la caisse dans un restaurant à emporter. Il neige à l'extérieur, et Danielle appelle Joyce pour lui indiquer qu'elle ne peut pas rentrer et qu'elle passe la nuit chez une copine. le lendemain, Harvey Pekar doit conduire sur les routes enneigées pour aller la chercher dans un quartier qu'il ne connaît pas. Harvey Pekar emmène sa voiture au contrôle technique et il faut faire réparer le pot catalytique. Joyce Brabner est en recherche d'emploi, en tant que docteur de famille. Elle offre ses services en réponse à une petite annonce, mais le médecin qui la reçoit lui semble très étrange. Pekar signe à une table dans une convention de comics. Son collègue conseille à un fan d'acheter un sac en plastique pour y mettre son comics signé. Encore enfant, Harvey s'amusait avec son cousin à se lancer des pierres dans le jardin, sans se rendre compte du risque encouru d'en recevoir une. Harvey a fini son travail du jour et il monte se reposer sur son lit, sans pouvoir s'empêcher de penser à l'avenir, en particulier à la façon dont il pourra payer la fac à sa fille adoptive. Harvey se réveille à trois heures du matin. Il commence par prendre des bouffées de bronchodilatateur pour son asthme. Un peu plus tard dans la nuit, il prend successivement son antidépresseur, sa combinaison de quatre sels d'amphétamine, son médicament pour l'hypertension et celui pour les migraines. Pekar s'implique dans un mouvement pour le régionalisme. Harvey évoque sa prochaine séance de dédicace avec la caissière du supermarché, pour son nouveau livre Ego & Hubris. Harvey donne des conseils à un auteur débutant sur la manière de gérer les observations des responsables éditoriaux. Etc. La série American Splendor a été publiée de manière épisodique de 1976 à 2008, une série autobiographique d'histoires courtes, la vie d'un individu ordinaire vivant à Cleveland, un peu dépressif par moment, un peu grincheux à d'autres. Harvey Pekar a connu un succès qui lui a valu une reconnaissance médiatique réelle d'auteur littéraire : invité sur les plateaux télé de talk-show, et même une adaptation en film American Splendor (2003) réalisé par Shari Springer Berman et Robert Pulcini, avec Paul Giamatti. Il évoque des moments ordinaires de sa vie comme déboucher des toilettes ou demander de l'aide à un voisin, comme des moments ordinaires pour lui mais plus exotiques pour le lecteur (signer des livres à une convention, rencontrer ses éditeurs). L'auteur donne accès au flux de pensées intérieures de son avatar, révélant un caractère anxieux, manquant de confiance en lui, en butte à des problèmes d'argent, à des inquiétudes quant à la valeur de ses créations, valeur surtout monétaire. Même s'il n'est pas sous traitement comme Pekar, le lecteur se reconnaît avec facilité dans ses petits problèmes du quotidien, dans ses doutes, dans ses difficultés relationnelles. Il est frappé par l'empathie de l'auteur envers les personnes avec qui il interagit : il s'inquiète constamment de les vexer ou de les mettre mal à l'aise. Il sympathise avec Harvey toujours prompt à l'autodérision et à l'autocritique, tout en compatissant à son état physiologique. A priori, tout dans Harvey Pekar en fait un individu sans intérêt, pour une vie d'une la banalité affligeante et sans relief. À la lecture, tout fait de son créateur un individu ordinaire singulier et unique, en même temps que son quotidien se révèle universel et touchant. Il est également possible que le lecteur n'ait jamais entendu parler de Pekar, mais qu'il tombe en arrêt devant la liste des artistes qui ont illustré ses histoires. Il a l'impression de lie le catalogue de l'éditeur de comics Fantagraphics, réputé pour son exigence en matière littéraire des comics que l'éditeur en chef Gary Groth choisit de publier. Il n'y a rien moins que le dessinateur de From Hell d'Alan Moore, celui d'une biographie remarquée de Martin Luther King, l'auteur d'une série sur les meurtres célèbres du dix-neuvième et du vingtième siècle, celui d'une autofiction décapante Minimum Wages, et des légendes des comics indépendants comme Gilbert Hernandez (Love and rockets), ou Richard Corben (Den). le responsable éditorial a réussi à mobiliser la crème de la crème des indépendants. Chacun de ces artistes se plie à montrer la vie ordinaire de d'Harvey Pekar, en respectant une approche réaliste, dépourvue de toute utilisation d'une licence artistique, à mille lieues des comics industriels de superhéros. Cela commence doucement avec Ty Templeton mêlant des images des parents du narrateur, avec le narrateur lui-même en train de s'adresser au lecteur, faisant très bien passer les phylactères d'exposition. Suivent deux pages par Hilary Barta, avec une touche légère d'exagération comique à la fois pour le comportement de la dame savourant son gâteau, et pour le regard indigné d'Harvey. Arrive ensuite Dean Haspiel qui illustre 5 histoires dont la plus longue dans un registre un peu plus brut dans les traits de contour, avec une direction d'acteurs un peu appuyée pour les expressions de visage et les postures. le résultat est très vivant, générant une forte empathie chez le lecteur, sans pour autant caricaturer Harvey Pekar, sans en faire un individu caractériel ou au comportement relevant d'une pathologie particulière. Greg Budgett & Gary Dumm illustrent 2 histoires dans un registre graphique plus proche de la réalité. S'il est un amateur assidu de comics indépendant, le lecteur anticipe avec une grande curiosité, ce que peut donner l'interprétation de la banalité du quotidien par des artistes réputés pour leur forte personnalité graphique. Il retrouve bien la patte de Richard Corben, avec ses personnages très charnels, et ses textures tactiles, et pourtant Corben fait en sorte de rester dans le registre biographique, se mettant vraiment au service de l'auteur, plutôt que de plaquer ses interprétations barbares ou gothiques. Eddie Campbell trouve également le bon dosage entre l'approche qu'il utilise pour ses propres comics autobiographiques (Alec) et le style propre à American Splendor. Il est à la fois possible de reconnaître son découpage de page, et la manière de parler d'Harvey. Chris Samnee réussit de très beaux effets de neige quand Harvey conduit pour aller chercher Danielle. Les dessins de Leonardo Manco sont plus proches du photoréalisme, les dialogues et les pensées d'Harvey prenant le dessus pour établir le ton narratif. Il en va de même pour les 2 pages très détaillées de Chris Weston. S'il le connaît, le lecteur sait que Rick Geary a une façon très à lui de dessiner, et là encore le mariage avec Pekar aboutit à une tonalité enrichissant l'anecdote, sans que Geary ne perde quoi que ce soit de sa personnalité graphique. le trait de Gilbert Hernandez est immédiatement reconnaissable, et à nouveau l'alliance des 2 auteurs fonctionne sans aucune difficulté, sans que l'un ne donne l'impression de dominer l'autre. Même l'approche très particulière de Bob Fingerman (avec des têtes un peu plus grosses que la normale) rend bien compte des sensations et des états d'esprit d'Harvey. Ce recueil d'histoires courtes constitue une réussite exemplaire où la concentration de grands créateurs ne nuit en rien à l'unité de la lecture, ou à la personnalité de l'auteur. le lecteur se rend compte qu'il est captivé du début jusqu'à la fin par le quotidien d'Harvey Pekar, par ses angoisses, ses doutes, son humanité. Une nuit d'insomnie révèle l'ampleur de sa médication, ce qui ne l'empêche d'être normal dans la vie de tous les jours. Il est vraisemblable que ce tome constitue une porte d'entrée accessible avant de se lancer à la découverte des histoires plus anciennes.

13/07/2024 (modifier)
Par Erik
Note: 1/5
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J'aime le roman graphique lorsqu'il évoque le quotidien de ses personnages. Encore faut 'il que ce quotidien soit intéressant ou prenant. Ici, l'ennui guette très vite le lecteur car cela reste toujours terre à terre. Le message que souhaite faire passer l'auteur n'est pas compris. Où veut-il en venir en décortiquant chaque scène de la sorte ? En tant que lecteur, je n'ai rien ressenti. C'est affreux quand même. On a droit à un remplissage sous forme de recueil dessiné à chaque fois par des dessinateurs différents. L'ensemble n'est d'ailleurs pas très homogène. Qu'importe ce détail au fond. Ce qui compte, c'est l'intérêt qu'on pourrait avoir entre la fuite d'eau de la chasse des toilettes ou encore des lunettes perdues de la fille... Moi, je n'en vois aucun !

20/09/2009 (modifier)
Par PAco
Note: 1/5
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Ouarfff... Je suis tombé par hasard sur cette BD, sans savoir ce qui m'attendait. Je ne connaissais ni l'auteur, ni le "principe" de cet opus : la mise en scène de son quotidien en scénettes courtes, dessinées par une palanquée d'auteurs plus ou moins connus et reconnus outre-Atlantique. Sauf que si l'idée peut être bonne, le rendu n'est pas du tout de mon goût. D'une, le quotidien de Harvey Pekar est aussi palpitant qu'un épisode de l'inspecteur Derrick. De deux, les dessins en noir et blanc des différents auteurs ne relèvent même pas cette sauce qui ne veut pas prendre... Malgré le talent de certains, la maigreur du contenu vire à l'aigreur pour nous proposer une vinaigrette ratée.

16/04/2009 (modifier)
Par Ro
Note: 1/5
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Je ne connaissais pas Harvey Pekar jusqu'à l'achat de cet album. Je n'ai pas lu The Quitter, je ne savais pas qu'il y avait déjà eu un film American Splendor issu de sa série comics et je ne savais pas que cet auteur était considéré actuellement aux USA comme l'un des "maîtres du récit du quotidien". On m'avait juste présenté cet album comme étant un recueil d'histoires courtes, de récits de petits soucis et triomphes du quotidien, et j'en avais déduit que la façon de les raconter devait les rendre intéressants et sans doute humoristiques ou touchants. Je me suis planté dans ma déduction ! Je me suis gravement fait... ennuyer. Réel intérêt, ces histoires courtes sont dessinées par un grand nombre de dessinateurs plutôt célèbres aux USA et leurs styles très variés, sans être jamais épatants même pour un dessinateur aussi célèbre que Richard Corben pas plus que pour un dessinateur que j'aime bien comme Gilbert Hernandez, offrent au moins des planches de belle qualité. Mais il n'y a vraiment pas de quoi crier à la prouesse graphique pour aucune de ces histoires. Quant au contenu de ces histoires... J'y ai découvert un Harvey Pekar qui se met en scène, sans doute avec sincérité, comme un psychotique, un stressé du quotidien qui envisage toujours les problèmes et qui se mine l'esprit à s'en rendre malade. Du coup, une chasse d'eau ou un téléphone qui ne marchent plus sont des épreuves importantes à surmonter pour lui, et je ne vous parle pas de sa relation avec sa fille adolescente. Mais franchement, je ne compte plus le nombre de fois où je me suis dit, en fin d'histoire, à quel point c'était vide d'intérêt. Certains récits me sont tombés des mains tant j'étais estomaqué d'y voir apposé le mot "fin" alors que j'avais eu l'impression de ne rien lire du tout, rien d'intéressant, rien... Trop souvent, j'ai lu du vide. Le récit du quotidien peut donner quelque chose de bon pour peu qu'on puisse le rendre humoristique comme sait le faire Trondheim ou quand il y a au moins un petit quelque chose à raconter, une maladie, une histoire d'amour, des amitiés, une vie professionnelle ou personnelle un peu particulière... Mais ici, hormis le maigre intérêt des légers troubles du comportement de Harvey Pekar, il n'y a rien, rien du tout à raconter. Sincèrement, je n'ai pas accroché et je suis vraiment surpris qu'un tel album ait été publié en France où je doute que The Quitter ou le film American Splendor aient suscité suffisamment d'intérêt pour que des fans de Pekar aient fondamentalement envie de découvrir sa petite vie de tous les jours quand rien ne s'y passe.

29/12/2007 (modifier)