Jeremy Brood (Jeremy Brood, Relativity)
Paradoxe temporel
Richard Corben
Dans l'espace vogue le vaisseau de Jeremy Brood. Le commandement de la Terre lui enovie un ordre de mission. Brood doit se rendre sur la planète Eden qui est en pleine crise sociale... Malheureusement, la sitation presse et il faudra tout de même 200 ans à Brood avant d'atteindre Eden. A son arrivé sur Eden, les habitants prennent Jeremy Brood pour l'élu d'une vieille prophétie...
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Date de parution | Avril 1984 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Héros malgré lui, jusqu'au bout - Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, indépendante de toute autre. le scénario est de Jan Strnad (attention, l'association des orthophonistes vous déconseille de prononcer son nom à haute voix), les illustrations et les couleurs de Richard Corben. Cette histoire a été publiée pour la première fois en 1982/1983. Quelque part dans le vide de l'espace, à bord d'un petit vaisseau isolé, Charlene et Jeremy Brood essaye d'avoir un rapport sexuel en attendant que leur soit confiée une mission. Leur tentative est interrompue par un message codé requérant leur aide sur Eden, une planète éloignée, mais la fin du message qui explique la situation et la solution est indéchiffrable. Charlene et Jeremy se rendent compte que leur voyage durera 2 mois, mais que sur la planète 200 ans se seront écoulés. Sur place, Finchley, un étrange meneur religieux, rend visite à Brynne (une jeune vierge en âge de procréer détenue dans une tour). Cette dernière lui dit avoir vu arriver une étoile filante, en plein jour. Finchley comprend que le sauveur annoncé par la prophétie vient d'arriver. Il est urgent de prendre contact avec lui. Strnad et Corben invite le lecteur à suivre le parcours de Jeremy Brood sur cette planète étrange. le scénario expose à grands traits la situation : le peuple habitant la cité où se trouve Finchley est oppressé par un mystérieux Holobar qui n'apparaît qu'une seule fois dans le récit. Brood est décrit comme un militaire compétent avec un entraînement qui lui confère une grande science du combat à main nue, et armé. Il a pour équipière une femme noire magnifique à la forte personnalité, et tout aussi compétente que lui. Brood plonge au cœur du mystère que représente cet appel de détresse auquel il manque la fin. Mais bien vite il est dépassé par les événements et il se retrouve au milieu d'une mise en scène qui le prend de court. Au-delà de ses capacités physiques et tactiques, Strnad le décrit comme un individu normal n'ayant pas la science infuse et se sentant moyennement concerné par le sort des indigènes. Dans une interview, Strnad a expliqué que la série n'avait pas rencontré le succès escompté et que c'est la raison pour laquelle la fin est aussi abrupte. À la lecture, la fin ressemble à une chute qui prend les attentes du lecteur à contrepied, de manière magnifique. Non seulement elle s'accorde parfaitement avec le personnage faillible de Jeremy Brood, mais en plus elle met en perspective le récit comme une histoire choisissant le chemin le moins emprunté. Strnad répond à une question aussi basique que rarement abordée, propre à tous les récits mettant en scène un héros valeureux et courageux, avec une chute aussi évidente qu'ironique. En quelques cases et quelques répliques, Strnad sait doter chaque personnage de particularités psychologiques crédibles. Jeremy Brood n'est pas un simple militaire capable de terrasser tout le monde en combat singulier et d'inventer des stratégies brillantes. Il apparaît également qu'il a des doutes sur ses capacités, et sur la nature de la mission qu'il doit effectuer. Dès la première scène, Charlene dispose d'une forte personnalité, éloignée de tout stéréotype, et cohérente avec sa fonction militaire. Strnad dresse un portrait aux petits oignons de Finchley, en sage retors, pas dupe, et agissant selon un plan d'actions mûrement réfléchi. le lecteur familier de Corben sent poindre toute la rouerie attribuée aux vieux dans ses histoires (en moins pervers que d'habitude). Ce récit est également unique du fait des illustrations de Richard Corben. Il s'agit donc d'un récit où il assure lui-même la mise en couleurs principalement à l'aérographe, mais également avec tout ce qui lui semble pertinent. Cette technique sophistiquée (à une époque où l'infographie n'existait pas) lui permet de donner un relief unique à chaque forme, et de le contraster avec les surfaces colorées par un ton plein. S'il peut être difficile pour de jeunes lecteurs de se rendre compte de la prouesse technique pour l'époque, la maîtrise des couleurs reste évidente après toutes ces années et elle n'a rien à envier aux meilleurs metteurs en couleurs actuels. Les tons sont aussi riches, intenses et chauds. de plus Corben a l'art et la manière de gérer sa palette pour créer des ambiances de couleurs spécifiques à chaque scène, sans s'éparpiller dans une démonstration stérile. Lors de la deuxième scène, le lecteur découvre une zone boisée sur la planète Eden, avec une flore délicieusement extraterrestre, dans des tons vert-bleu succulents. le lecteur peut aussi apprécier l'aspect visuel du monstre qui se délecte d'une sorte de rongeur. Cette scène oppose 2 esclaves à leur maître et le sang coule. Là encore la maîtrise de Corben éclate : il évite les litres d'hémoglobine pour avoir un écoulement de sang normal dont le rouge tranche avec encore plus d'intensité sur le reste des couleurs. Richard Corben utilise un style qui marie des éléments photoréalistes, avec d'autres plus esquissés, afin de donner encore plus de substance aux premiers. Les 3 premières cases représentent le petit vaisseau spatial vu depuis l'espace. Corben a conçu une forme biscornue qui a tout son sens dans la mesure où le frottement est négligeable dans le vide spatial. Il utilise un rendu très travaillé pour les jeux de lumière sur le métal. le lecteur pénètre ensuite dans l'habitacle et contemple Charlene et Jeremy dans le plus simple appareil (nudité frontale au dessus de la ceinture) et leur corps d'athlètes musculeux. Par contraste, le panneau de contrôle de la radio est rendu de manière plus grossière, intensifiant ainsi la présence des 2 humains. Il faut dire que les illustrations de Corben traduise une fascination pour la plasticité de la chair et pour le corps humain (ou extraterrestre de forme humanoïde). Avec ce mode représentation, les personnages s'incarnent avec intensité dans chaque case. Une autre scène très intense correspond au sacrifice de la vierge qui a dénudé son corps pour la cérémonie (nudité frontale totale). Corben joue avec le voyeurisme du lecteur dans une mise en scène époustouflante mêlant la tension générée par le sacrifice, la position moralement inconfortable de Brood et les bizarreries de la cérémonie. Corben marie horreur, érotisme et humour de façon magistrale. À rajouter à son crédit, il y a encore sa capacité à créer des apparences visuelles chargée d'ironie pour les monstres. Une fois le vaisseau posé sur Eden, Jeremy Brood effectue une sortie et se retrouve face à 2 créatures mutantes agressives qui se battent pour essayer de récupérer une sorte de ver fouisseur. Il leur donne une apparence dégingandée de dégénérés pourvus de 2 neurones, aux instincts les plus bas. À la fois leur apparence et leur langage corporel sont un délice d'ironie et de moquerie, tout en leur conférant un comportement hautement dangereux. L'histoire de Jeremy Brood n'a rien de banal. Elle suit le parcours atypique d'un héros malgré lui. Elle mélange harmonieusement science-fiction, horreur et quelques scènes érotiques, avec un grand sens de la dérision et du second degré. Elle bénéficie des illustrations sophistiquées de Richard Corben, à l'esthétisme exubérant et second degré.
On retrouve dans cet album un peu tout ce qui fait le style Corben : de la SF, des ambiances stressantes et quelques scènes de fesse. Mais ici rien n’est réellement développé, ne prend le dessus sur les autres aspects. Le dessin, assez daté (les couleurs encore plus d’ailleurs) est assez typique de l’auteur, du moins dans sa version colorisée. Son trait hyper réaliste est toujours surprenant. Je note toutefois une nette baisse de niveau dans le dernier tiers, avec des passages presque flous, nettement moins jolis ou même lisibles. Quant à l’histoire, elle démarre comme un space opera, de la SF pure, jusqu’à l’arrivée sur la planète, qui est l’occasion pour Corben de dessiner toutes sortes de créatures et d’espèces extra-terrestres. Le scénario de Strnad (qui a beaucoup collaboré avec Corben) se laisse lire, même s’il n’est pas inoubliable. Pas de happy end en tout cas, on reste dans une ambiance assez noire. Achat réservé aux fans de Corben je pense. Note réelle 2,5/5.
Le début accuse son côté science-fiction, mais dès que Brood arrive sur cette planète à l'aspect barbare, on retrouve les prédispositions de Corben pour son génie graphique qui constitue son style unique. On y retrouve ses exubérances chromatiques dans un gros délire de monstres et de créatures extraterrestres, sur une planète de cauchemar, avec un délicieux côté bestial. Il laisse exploser ses couleurs flashantes et ses modelés voluptueux, les déformations physiques étant plus rares ici. Son fameux traitement à la fois hyperréaliste et fantasmatique au service de l'horreur, de l'érotisme et du rire lugubre est bien utilisé dans ce récit qui ne fait certes pas partie de ses meilleures oeuvres, mais qui offre suffisamment d'intérêt pour ne pas avoir la négligence de s'en priver. Je crois avoir déjà dit dans un autre avis, que même un petit Corben vaut le coup d'être lu. Ben là, c'est entre les deux, donc c'est à lire. A condition de trouver cet album en occase, ce qui s'avère assez difficile malgré une cote plutôt raisonnable pour un Corben (30 euros)..
Ce livre offre un récit complet, les aventures de Jeremy Brood et sa compagne Charlène. Le thème utilisé est un paradoxe temporel. Traité de façon originale, le scénario tient la route. Jeremy Brood est une bonne histoire de science-fiction à la fin assez dramatique. Certains élément "Cobenniens" sont présents, sans être une oeuvre de pure exploitation, il y a le lot habituel de sexe et de gore que l'on retrouve souvent dans les oeuvres de l'auteur, pourtant l'ensemble semble très sage, presque mesuré. Si j'ai tendance à préférer quand Richard Corben encre ses dessins, j'apprécie aussi ses peintures. Ici il s'agit de peintures. Lors de scènes que je qualifierai de "charnelles", le rendu est très bon, un peu moins bon lors des scènes d'actions. Les dessins ne déçoivent pas, mais ce n'est pas ce que Corben a fait de mieux. C'est loin d'atteindre les qualités d'un Rolf, d'un Den ou d'un Bigfoot par exemple. Jeremy Brood est un album agréable à lire, cependant loin d'égaler les chefs-d'oeuvres qu'a accompli l'auteur. JJJ
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