Valérian
Angoulême 1992 : Alph-Art jeunesse mention spéciale pour le HS Les Habitants du Ciel. 1997 : Prix Tournesol pour le tome 16. La référence en BD de Science-Fiction... Bien avant Aquablue et les autres. Valérian rencontre Laureline en 1967 ! On sussure que Lucas s'est inspiré de la série pour Star Wars.
Angoulême : récapitulatif des séries primées BDs adaptées en film Best of 1960-1969 Dargaud Ecole Duperré Les Arts Appliqués de Paris Pierre Christin Pilote Prix Tournesol Science-Fiction, le best-of Space Opera Voyages dans le temps
Raconter l'histoire des deux plus célèbre agents spatio-temporels de l'histoire à des mordus de BD, c'est raconter l'histoire de Tintin au capitaine Haddock... Valérian et Laureline (les deux agents spatio-temporels pré-cités) sont des "régulateurs" du temps, ils sont employés par Galaxity afin de remettre un peu d'ordre dans la galaxie. Leurs aventures sont faites de multiples rencontres (bestiaire intergalactique impressionant) et ce dans de multiples mondes. L'imagination graphique de Mézières au service de scénarios d'un Christin qui livre le meilleur de lui-même au cours des 12 premiers albums (les tomes 11 et 12 sont à mourir). petite période transitoire de 3 /4 albums et retour en forme dans le dernier opus (18) qui laisse présager une relance de la série ; de plus Mézières nous gratifie d'une double page finale en couleurs directes... Bref, on en redemande...
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Date de parution | 1967 |
Statut histoire | Une histoire par tome (série finie en 21 tomes + 5 hors-série) 26 tomes parus |
Les avis
Valérian entraîne chez moi un étrange effet de schizophrénie... Pour moi, cette saga est aussi bonne qu'elle est mauvaise, je l'aime et la déteste en même temps. N'ayant pu découvrir cette saga à l'époque où elle est sortie, et où elle était novatrice, je ne peux pas jouer la carte de la nostalgie, mais d'un côté, ça vaut peut-être mieux pour essayer d'être le plus neutre possible dans mon avis. Alors, que vaut Valérian 50 ans après ? Déjà, force est de reconnaître que ça a pris un sacré coup de vieux... Là où (selon moi), les vrais classiques de la bande dessinée sont totalement intemporels, se lisent toujours aussi bien aujourd'hui et se liront toujours aussi bien dans 50 ans qu'à leur époque de parution (je pense aux Astérix, Lucky Luke, Achille Talon, ou plus récent, De Cape et de Crocs...), Valérian ne peut s'apprécier qu'avec une bonne contextualisation pour remettre les choses en place. Déjà, dans la narration et l'univers, on voit qu'on est dans un univers très marqué 70's, sans doute assez différent du futur qu'on pourrait imaginer aujourd'hui. La manière de raconter, de mettre en scène, d'écrire les personnages, a un côté désuet renforcé par le fait que c'est censé se passer dans le futur, et donc qu'on en mesure davantage l'écart avec notre époque contemporaine. L'autre gros problème, et là, je vais m'attaquer à un pilier essentiel de la saga - qu'on m'en excuse -, c'est le discours des auteurs. Qu'on soit d'accord avec eux ou non n'est pas vraiment la question, même si, évidemment, ça joue. Mais indépendamment de ça, la manière d'aborder les questions d'actualité (celles des années 70, donc) me paraît souvent à côté de la plaque. J'en veux pour preuve l'album que j'apprécie le moins : Bienvenue sur Alflolol. Pierre Christin et Jean-Claude Mézières y tiennent un discours pas forcément moins respectable qu'un autre, contre la colonisation. Le problème, c'est que dès le début, les auteurs cherchent tout de suite faire passer les Terriens pour d'odieux égoïstes, qui exploitent injustement les terres des autres. Sérieusement ??? Ça fait 4000 ans que les Terriens sont là, ils ignorent absolument qu'il existe une race extraterrestre qui vit 300 000 ans et ils croyaient que la planète était déserte, c'est pas une excuse valable, ça ? Le seul fait que j'ai utilisé dans ma phrase précédente le mot "race" illustre parfaitement pourquoi le propos de Christin et Mézières est inepte : les deux groupes n'appartiennent pas à la même espèce ! Donc bon, le parallèle avec la colonisation ne tient pas un seul instant debout, puisque chaque groupe de personnage vit selon des normes non seulement intellectuelles, mais surtout biologiques totalement différentes, et est donc fondamentalement incompatible avec l'autre. Pour faire porter le discours, il aurait au moins fallu mettre en scène deux groupes d'hommes ou de créatures ayant suffisamment de caractéristiques communes pour montrer que le scandale est justifié... Moi, tout ce qui me choque, c'est le racisme (certes involontaire et non maîtrisé, du moins, je l'espère) des deux auteurs. Bref, c'est un exemple parmi d'autres, mais sans doute le plus criant, celui qui révèle le mieux ce pour quoi j'ai du mal à adhérer totalement à cette saga. Les thèmes abordés ne sont pas spécialement bêtes en eux-mêmes, mais la manière de les mettre en oeuvre l'est bien souvent, ou est en tous cas bien trop simpliste par rapport à ce que voudraient dire les auteurs. Néanmoins, cela ne signifie pas que je n'aime pas Valérian du tout pour autant. Etant donné la richesse indéniable de l'univers, difficile de ne pas être embarqué à un moment ou à un autre ! Si je ne suis pas plus friand que ça du style graphique de Mézières, il faut avouer que sa patte donne parfois du caractère à l'histoire, et qu'il est capable de créer des planches magnifiques (les plus belles figurant sans doute dans le très simpliste mais très somptueux Les Héros de l'équinoxe). D'ailleurs, je dois dire que je préfère largement les épisodes de la saga se déroulant dans l'espace ou sur des planètes étrangères. L'exotisme dont il font alors preuve, l'inventivité à toute épreuve de Pierre Christin et les images grandioses de Mézières fonctionnent parfaitement, on s'évade, et c'est souvent charmant (sauf quand ça devient vraiment politisé, ça me sort trop du récit). Pour moi, le tome qui résume le mieux la magie sans failles de Valérian, c'est L'Empire des mille planètes, qui synthétise tout ce que j'aime dans le space opera et nous dépayse complètement. Viennent ensuite des récits aussi éclectiques que Sur les Terres truquées, La Cité des eaux mouvantes, Les Oiseaux du maître ou encore Les Armes vivantes : tous ceux-ci ont des imperfections narratives (le plus souvent, une fin trop rapide), mais réussissent à faire vivre leur univers avec brio et à nous embarquer dans un voyage ébouriffant, qu'on prend un immense plaisir à lire. Dommage que la deuxième moitié de la série nous ramène sur Terre, dans des scénarios souvent indigents, quelconques et peu impressionnants. De ce côté, donc, Valérian réussit amplement sa tâche, et si elle ne mérite pas à mes yeux son statut d'œuvre culte, la saga de Christin et Mézières mérite tout-à-fait d'être reconnue comme un jalon important de la bande dessinée de science-fiction. Mais malheureusement, l'évolution en dents de scie de cette saga m'empêche d'y être pleinement attaché. Finalement, pour moi, ce qui caractérise Valérian, c'est vraiment cette capacité à m'émerveiller... pour me décevoir l'instant d'après. Un énorme potentiel, de très belles histoires, un univers mal exploité, des discours massacrés. Et le fait que j'apprécie beaucoup le film que Luc Besson tirera de cet univers m'empêchera à jamais, je le pense, de me considérer comme un fan de Valérian. C'est une saga éminemment sympathique par certains aspects et pénibles par d'autres. En tous cas, rien qui égalera jamais à mon sens la fabuleuse série de mon enfance : Yoko Tsuno, supérieure en tous points à son cousin plus ou moins proche...
Je suis les aventures de Valerian et Laureline depuis la fin des années 1970 à 2010. Effectivement tous les albums ne sont pas des chefs-d'œuvre mais cette épopée vaut la peine d'être découverte. 1967, naissance de la série, elle a, à l'époque, révolutionné la bd franco/belge. De la science fiction avec tout un monde extraordinaire qui gravite autour de nos deux héros. Elle a inspiré le cinéma, le faucon millénium et Han Solo prisonnier dans un bloc de carbonite dans Star Wars, le cinquième élément de Luc Besson. Oui Valerian est une référence de la science fiction avec son univers constellé de vaisseaux spéciaux, son architecture éblouissante, et tous ses peuples extraterrestres. Une série qui a résisté aux affres du temps. Des scénarios faisant échos aux faits de l'actualité et de la société. Forcément ça a un peu vieilli, surtout les premiers albums mais je prends toujours autant de plaisir à les relire. J'aime beaucoup le dessin de Mézières, il a évolué au fil des années, il a gagné en maturité. Une créativité hors norme. Que Laureline est belle sous son trait fluide et précis. Dans ce couple on se demande qui porte la culotte. Non, on ne se le demande pas. Valerian héros quelques fois maladroit, gaffeur et charmeur. Laureline le cerveau de ce duo. Déjà une petite révolution dans ce monde de "mâle". Je ne peux que conseiller la découverte ou la redécouverte de ce space opéra.
L'année 2019 s'est conclue, pour moi, par l'un des plus importants achats que j'avais en tête : l'intégrale des albums deValérian (en occasion, parce que faut pas déconner vu le prix), et la lecture de cette BD rangée à chaque fois dans les immanquables des collections de Science-fiction a constitué un bon point d'orgue à toute les découvertes BD de cette année maintenant révolue. Quand j'entends parler deValérian et Laureline, c'est toujours pour mentionner l'importance de cette série dans le paysage de la bande-dessinée, et souligner à quel point elle influença la science-fiction dans le monde entier (sans exagérer du tout, en plus). Autant dire que j'en avais quelques attentes pour le coup, surtout que les seuls échos que j'en avais eus étaient la lecture de deux albums au lycée (dans ces fameux CDI qui jugent malin de prendre un album au début, un à la fin et de ne jamais compléter ces séries, mais passons). Je suis donc venue à cette série avec un œil presque neuf et une attente à un certain niveau tout de même. Et la lecture fut ... dépaysante, rafraîchissante, enrichissante et merveilleuse. Surtout merveilleuse. Je comprends maintenant pourquoi tant de gens s'extasient sur cette série, qui est effectivement une perle, un immanquable et une série fondatrice de bien des choses, probablement l'une des plus inspirantes pour la science-fiction actuelle (et on ne reparlera pas des repompages sans vergogne qu'on peut repérer avec le temps). J'ai eu l'énorme chance d'avoir la collection récente, dans laquelle Christin et Mézières reviennent sur tous leurs albums avec des commentaires en fin d'album, ainsi que des petites précisions ou des remarques sur ce qu'ils ont fait. Et l'ensemble donne encore une autre dimension à cette série qui est définitivement culte. Essayer d'en parler sans en faire des caisses sera difficile, et je m'en excuse donc d'avance auprès des malheureux qui essayent encore de lire mes avis à rallonge. Le premier point sur lequel je veux immédiatement donner mon avis, avant que les personnes ne soient saoulées des pavés de texte, est le commentaire que j'ai souvent lu : les premiers albums sont mieux que les suivants (avec un tournant marqué pour certains aux alentours de l'album 12). Je m'inscris personnellement en faux contre cet avis, ayant tout autant apprécié les albums d'après. Le fait que j'ai pu lire toute la série en un bloc sans avoir d'attente ou d'imaginaire de cet univers à sans doute influé, j'en suis conscient. Mais je reconnais que la série change de ton à partir du diptyque 11-12, passant à un ton plus sombre et plus sérieux dans le fond. Mais c'est ce que j'apprécie dans la série des Valérian et Laureline : elle représente d'une très belle façon l'évolution de la mentalité de son époque, entre les premiers albums des années 70 aux derniers des années 2000, les albums reflètent l'état d'esprit de leur époque, tout autant que le point de vue de leurs auteurs sur le monde. Et j'ai adoré la façon dont ils assument les changements de ton, de registre voire même l'introduction de problématiques totalement dans l'air du temps au sein de leurs albums. Et je peux commencer à aborder la longue liste de ce qui m'a plu dans le récit. Pour commencer, le fait que les scénarios de Christin développent à chaque fois un autre thème, toujours dans l'actualité du moment (crise pétrolière, reprise des guerres, ambition politique, conflit culturels, exploitations des individus, marché des ressources rares ...) mais avec un ton assez mature et complet, ne versant pas dans le manichéisme primaire pas plus que dans le traité politique. On navigue avec nos personnages dans des réalités parfois complexes à aborder mais toujours vues d'un point de vue humain. Et c'est agréable de voir des auteurs autant parler de politique (et caricaturer les propos politiques avec une certaine justesse d'ailleurs) mais sans jamais verser dans le discours idéologique et rester dans une volonté narrative pure. Christin ne se prive pas de caricaturer les idéaux de la guerre froide, les pensées émergentes dans les années 90 ou les courants économiques se développant, mais sans jamais prendre parti pour un camp. Et c'est appréciable, car à l'image de ce que Peyo faisait dans certains albums des Schtroumpfs, on se contente de regarder d'un œil extérieur les milles et une façons dont le monde peut mal se dérouler, sans pour autant devenir moralisateur ou prétendre apporter une vérité universelle. Quand on parle de politique de cette façon, j'aime beaucoup ! Puisqu'on est sur les scénarios, je suis aussi ravi de la façon dont l'auteur mène ceux-ci d'une façon toujours classique, presque convenue, mais avec des surprises, des moments de tensions, du drame et également des moments de beauté, de l'amour et du sentiment. Bien sûr, le couple Laureline/Valérian est au centre de tout ceci, mais les personnages annexes ne sont pas en reste, et je trouve que Christin réussit plus d'une fois à rendre des émotions palpable au fur et à mesure des albums. Et puisqu'il faut bien en parler ... Les personnages. Valérian et Laureline, ce sont deux protagonistes que je range maintenant dans mon panthéon personnel de personnages de BD (oui, j'ai un panthéon personnel de personnage de BD), tant l'auteur à su les rendre attachants, humains et tangibles. Ce sont deux personnages amoureux, aventureux et droits, toujours au cœur de l'action mais sachant être également avoir de vrais personnalités. Bien sûr, je ne peux pas être insensible à Laureline, véritable héroïne de la BD (prenant souvent le pas sur Valérian d'ailleurs, ce que les auteurs reconnaissent), rejoignant ces fameuses héroïnes de SF qui peuplent l'imaginaire des nouvelles générations. Laureline c'est la femme qui s'assume, qui agit et dotée d'un sale caractère mais d'une frimousse adorable. Elle est le moteur de la plupart des histoires, mais présente bien des facettes tout au long des albums. Je crois que si elle marque autant les esprits après lecture, c'est que les auteurs ont réellement réussi leur travail de rendre les personnages réels et attachants. Mais sans dire plus que nécessaire sur ce personnage déjà bien étudié, je dois aussi dire queValérian est un protagoniste que j'apprécie beaucoup dans sa construction. Et le genre de personnage masculin qui fait plaisir à lire à l'heure des remises en causes des clichés de genre. Valérian, c'est un homme d'action, l'agent spatio-temporel beau gosse qui aime l'action et avoue ne pas savoir faire autre chose. Et ce personnage est attachant par bien des côtés : l'épisode dépressif où il se retrouve à trahir son couple, mais aussi les moments après l'épisode 12 où Valérian se retrouve sans but dans sa vie sont magnifiques. Aujourd'hui commencent à sortir les concepts de masculinité toxique et de héros trop virils que l'on sert aux petits garçons. Et Valérian est le genre qui va à l'encontre de tout ces clichés virilistes : faillible et parfois à la ramasse, sans but dès lors qu'il ne peut plus être l'agent qu'il était, parfois réduit à faire des actions moralement discutable par sens du devoir, il met également à mal le cliché de l'homme support du couple (en même temps avec Laureline il a de quoi rivaliser). A cet égard, l'album "Les armes vivantes" m'a enchanté par le fait queValérian se croit obligé d'être celui qui gagne de l'argent et leur permet de survivre, allant jusqu'à faire de la contrebande -contre ses principes- au lieu d'avouer son impuissance et de dialoguer. Le personnage est d'une justesse touchante plus d'une fois, surtout lorsqu'on aime les héros qui sortent des sentiers battus. Et là où l'auteur fait fort, c'est que cette image est toujours associé au héros bourrin, sautant dans le tas et agissant parce qu'il est trop fort dans l'action. Ça c'est ce que j'appelle de la caractérisation de personnage ! Je parle de Christin et de son magnifique travail depuis tout à l'heure, mais si je commence à parler de Mézières, j'en aurais pour encore plus long. Comment, comment résumer l'immense travail du dessinateur deValérian à quelques mots ! Comment parler de ces paysages, ces personnages, ces visuels, ces vaisseaux, ces décors sans aller chercher les adjectifs les plus élogieux dans un dictionnaire des synonymes ? Je ne peux vraiment pas dire à quel point, alors que j'ai découvert cette BD en 2019 à l'âge de 27 ans, j'ai été émerveillé de l'inventivité de ce dessinateur. La multiplicité des personnages extra-terrestre à de quoi faire rougir n'importe quel Star Wars, les décors sont d'une richesse et d'une variété qui étonne à chaque volume, et je ne parle pas de tout ce qui fait 'Science-fiction', tel les vaisseaux, les structures, les armes ... Et bien sûr, les caricatures ! Je suis encore à rire de la façon dont il a représenté les protagonistes de l'album "Les héros de l'équinoxe" qui est d'une inventivité magistrale alors qu'on reconnait sans peine les caricatures que l'auteur voulait. Bien sûr, lorsque l'on pense aux visuels, on peut noter que bon nombre de leurs idées furent reprises dans des films (hein, Georges Lucas ?) et que c'est encore une source d'inspirations d’œuvres qui sortent récemment (sans aller à crier au plagiat, je suis pratiquement certain que Cameron à lu la BD avant de faire son Avatar. Pratiquement !). Mézières a réussi à faire, de plus, une œuvre cohérente avec des albums étalés sur près de quarante ans, foisonnant de détails et d'idées géniales. D'un album à l'autre, l'on reconnait les personnages, les extra-terrestres, les lieux ou les décors. Si vraiment il fallait le dire, Mézières est un auteur au talent certain. Tout ceci étant dit, je n'ai pas souligné un point négatif à mes yeux, mais que je comprends et qui ne rentre pas en ligne de compte pour moi : les derniers albums sont un gros cran en-dessous du reste. L'Ordre des pierres et L'Ouvretemps sont bien dispensables, avec un scénario qui s'éloigne de ce qui avait été fait et une conclusion facile et loin de la finesse à laquelle les auteurs nous avaient habitués. Mais alors pourquoi dis-je que ce défaut est négligeable ? C'est tout simplement parce que je comprends la volonté des auteurs avec ces deux albums : clôturer de manière définitive la série, en empêchant toute récupération future des personnages ou de l'univers, refaire un tour d'horizon des personnages et lieux marquants de la série, mais aussi apporter un final à cette série. Et c'est un point que je comprends, surtout pour une série aussi étalé dans le temps : les auteurs ont tenus à finir leur série, la conclure réellement, sans possibilité de retour en arrière. Ce n'est pas la meilleure fin, mais je comprends que les auteurs en avaient envie. Le tome 21 fermé, il n'est plus possible de revenir en arrière, la saga deValérian et Laureline est maintenant finie. Qu'on soit d'accord ou pas avec, on ne peut le nier. J'en suis à bien trop de lignes, et je n'ai pas dit la moitié de ce que j'aurais à dire sur cette BD. De la découvrir si tard, de pouvoir apprécier tout les messages sous-entendus ou explicites de l’ouvre, de découvrir les précisions que les auteurs ont ajoutés aux albums m'a permis de pleinement apprécier cette saga qui est un monstre sacré de la Bande-dessinée. En la lisant, je me suis rendu compte à quel point ce fut marquant dans le paysage de la SF, rien que par le nombre d'emprunt que d'autres œuvres ont fait à Valérian et Laureline. Avec moins de trente albums étalés sur plus de quarante ans, le duo d'auteurs aura définitivement marqué le monde de la SF, et m'aura fait rêver encore aujourd'hui. Et la quantité de personnes avec qui j'en parle me confirme que cette BD n'est pas à ranger dans la série des "BD a papa", mais bel et bien dans le très fermé cercle des "BD intemporelles". Mon avis a été bien trop long pour simplement dire que cette BD est à mon humble avis un immanquable, mais lorsque c'est à ce point, je dois laisser aller ma logorrhée et tout balancer. Parce que c'est le genre de BD que j'estime plus qu'importante : indispensable.
Une série SF culte essentiellement pour sa première moitié. Les huit premiers tomes forment un ensemble d'aventures futuristes à l'imagination débordante et à l'enthousiasme communicatif, où les univers colorés alternent avec des milieux plus sombres. 'Les Héros de l'équinoxe', 'Les Oiseaux du Maître' ou encore 'L'Empire des Mille Planètes' sont des exemples de créativité. Le tome 0 paru en 2000, qui raconte la rencontre entre les deux héros, est dans la même veine même si moins bien ficelé. Arrive ensuite au début des années 80 le diptyque Métro Chatelet/Brooklyn Station qui bien que très réussi va subtilement changer l'orientation de la série. C'est à partir du diptyque suivant, Inverloch/Hypsis, que les choses vont commencer à se gâter. Le tome 11 est l'une des BD les plus barbantes qu'il m'ait été donné de lire et survient dans le tome 12 un paradoxe temporel que les auteurs vont se traîner comme un boulet jusqu'à la fin de la série sans jamais trop savoir comment s'en dépatouiller, le pire étant sans doute le dernier cycle composé des tomes 19 à 21 qui est proprement foutraque. Dans cette seconde moitié de la série, seuls les tomes 14 à 16, qui constituent un retour à la formule SF débridée des huit premiers tomes, tirent leur épingle du jeu, mais sans toutefois retrouver la magie de ces tomes 1 à 8, à l'exception d''Otages de l'Ultralum'. 'Valérian et Laureline' constitue donc une série hétéroclite pour laquelle je conseille l'achat uniquement pour les huit à dix premiers tomes, ainsi que le tome 0. Pour la suite, c'est à vous de voir, mais attendez-vous à être déçu. Les notes détaillées des albums : 0 - Les Mauvais Rêves **** 1 - La Cité des Eaux Mouvantes ***** 2 - L'Empire des Mille Planètes ***** 3 - Le Pays sans Etoile ***** 4 - Bienvenue sur Alflolol **** 5 - Les Oiseaux du Maître ***** 6 - L'Ambassadeur des Ombres ***** 7 - Sur les Terres Truquées **** 8 - Les Héros de l'Equinoxe ***** 9 - Métro Chatelet Direction Cassiopée ***** 10 - Brooklyn Station Terminus Cosmos **** 11 - Les Spectres d'Inverloch * 12 - Les Foudres d'Hypsis ** 13 - Sur les Frontières *** 14 - Les Armes Vivantes **** 15 - Les Cercles du Pouvoir **** 16 - Otages de l'Ultralum ***** 17 - L'Orphelin des Astres ** 18 - Par des Temps incertains ** 19 - Au Bord du Grand Rien ** 20 - L'Ordre des Pierres ** 21 - L'Ouvretemps **
J’ai découvert Valérian il y a quelques mois en empruntant l’intégrale des albums. J’avais un peu peur d’être déçu en me lançant si tardivement dans une série, certes culte, mais assez ancienne. Il faut bien reconnaitre que Valérian fait un peu daté au regard de productions SF récentes, notamment lors de ses premiers opus. Mais la magie opère toujours tant la saga regorge de qualités. Valérian, c’est d’abord un univers incroyablement riche et créatif, un space opera foisonnant et immersif qui semble sans limite. Les auteurs ont laissé libre court à leur imagination débordante qui dépoussière joyeusement des thématiques pourtant éculées de la science-fiction, tout en dénonçant avec beaucoup d’humour certains maux de notre époque. Le ton souvent léger et complètement décalé participe aussi à la très grande singularité de l’œuvre. Les deux héros sont particulièrement attachants ; notamment Laureline qui au fil des albums prend largement le pas sur compagnon. Au final, Valérian tient bien le choc de son âge et demeure un incontournable de la SF.
"Avant nous, personne n'avais jamais raconté des aventures comme celles-là. Dans cette série, tout est possible. Chaque nouvel album peut nous conduire où nous voulons" dixit Jean-Claude Mézières. Valérian et Laureline est le prototype même de la BD expérimentale. Lorsqu'il est publié pour la première fois en 1967 dans Pilote, ce space opéra fait l'effet d'une bombe : Cette liberté totale, cette explosion de créativité visuelle, c'est du jamais vu en France à l'époque. On y retrouve aussi ce qui caractérise la BD française des années 70 : anticonformisme, prise de risque, empreinte SF très marquée et rejetant crânement le style "Gros-Nez" d'un 9ème art encore inféodé aux codes esthétiques belges. Porté par des noms illustres et quelques séries et magazines phares ( Enki Bilal, Gotlib, Mézières et Christin, Métal Hurlant, Phillippe Druillet, Valérian, Mandryka, etc) cet "aggiornamento" artistique lancé par la France va s'avérer être très influent dans le développement de la science fiction mondiale qui va suivre , en particulier la SF américaine (Star Wars, Avatar, Independance Day, Alien, Blade Runner, et d'autres ont tous une dette envers cette période de la BD francophone). Valérian et Laureline, c'est l'histoire d'un âge futur ou les hommes se sont essaimés dans l'espace, constituant un empire vaste dirigé depuis Galaxity, la capitale terrienne. Le SST (pour Service Spatio-Temporel) est un organisme dépendant de Galaxity qui emploie des agents spéciaux, véritables baroudeurs de l'espace chargés de préserver les intérêts de Galaxity dans le temps et dans le cosmos. Valérian et Laureline font justement partie de ces agents spatio-temporels et la BD nous raconte la série de missions diverses et variées qu'ils doivent accomplir dans l'infini et au-delà, tout en vivant leur joyeuse idylle .L'un est un James Bond de l'espace étourdi et souvent sot, un héros au grand coeur un peu mal dégrossi. L'autre, sa James Bond Girl, est une héroïne flamboyante et intrépide, toujours divinement sexy dans sa combinaison moulante. Elle n'est pas qu'un simple faire-valoir et elle le montre, à plusieurs reprises c'est d'ailleurs elle qui sauve la situation lorsque son partenaire s'emmêle un peu les pinceaux. Au fil des tomes on découvre, médusés, un univers fantasmagorique peuplé de créatures complètement loufoques : des jaunes, des verts, des petits, des grands, des intelligents, des moins intelligents...on visite des planètes lointaines aux noms exotiques, on repasse le fil entier de l'histoire humaine...l'estampille "space opéra" ne peut être plus méritée. Oeuvre oscillant entre Star Trek et la Patrouille du Temps, elle est un vibrant éloge à l'aventure et à la beauté de l'espace, cet insondable voile sans fin. Elle brasse un large éventail de thèmes, du voyage spatio-temporel à la critique sociale, dans une palette tonale allant du sombre au baroque et au comique. Cet éclectisme assumé peut déstabiliser, car ça donne à la série une allure tarabiscotée et non-monolithique, comme si les auteurs se laissaient aller au gré de leur imagination sans se soucier de cohérence. Comme toutes les oeuvres pionnières, elle n'est pas parfaite. Je conseille à tout bédéphile de la lire au moins pour prendre conscience par ses propre yeux de l'influence qu'elle a eu dans l'histoire de la science-fiction d'après guerre( "elle est pleine d'idées géniales à voler" aurait fameusement dit l'artiste américain Frank Kelly). Avec ces 23 albums parus c'est une portion significative de notre culture populaire qui s'ouvre à nous. Luc Besson a acquis les droits d'adaptation de cette BD malheureusement tombée dans l'oubli. Tenter de la remettre au goût du jour par le biais du cinéma ? Je reste circonspect. Tout simplement parce que son univers visuel est devenu trop commun au 7ème art pour que le film puisse espérer se démarquer. Besson a quelques wagons de retard, c'était dans les années 70 que le cinéma français aurait dû avoir l'audace et les moyens de l'adapter, pas en 2017 avec des spectateurs blasés pour qui ce sera du vu et revu. Mais bon, we'll see...
Si j’avais vaguement feuilleté et beaucoup entendu parler de cette série depuis très longtemps, ce n’est qu’assez tardivement finalement que je me suis plongé dans l’intégrale, empruntée à ma bibliothèque municipale. C’est en fait la « relecture » qu’en a fait il y a quelques années Larcenet qui m’a fait réellement entrer dans cette série, qui a clairement influencé bien des réalisateurs (pas mal de choses reprises – ou est-ce seulement du hasard ? dans « Star Wars » [bestiaire, certaines scènes ou décors…], puis « Le cinquième élément » par exemple). C’est aussi une série qui s’est nourrie d’influences multiples (Asimov par exemple). Les premiers albums ont un peu vieilli et sont un peu simplistes je trouve (il faut passer outre certaines facilités, comme l’acceptation de Laureline par Galaxity – et son extraordinaire et rapide adaptation pour une « moyen-âgeuse » !), même s’ils se laissent lire (je n’ai par contre pas du tout aimé l’intrigue du « Pays sans étoile », malgré un riche bestiaire). Mais l’idée de départ avait un énorme potentiel, puisqu’elle permettait aux auteurs d’utiliser leurs deux héros dans le passé ou le futur plus ou moins lointains, un peu partout dans l’espace, et donc de multiplier les possibilités scénaristiques et les décors. Dessin et scénario vont ensuite s’améliorer, à partir de « L’ambassadeur des ombres », pour atteindre un point d’orgue avec les deux diptyques Métro Châtelet / Brooklyn Station et Les spectres d’Inverloch/ Les foudres d’Hypsis, clairement les albums les plus riches de la série (avec des pointes d’humour de plus en plus prononcés, comme les apparitions récurrentes des très vénaux Shingouz). Les albums suivants (je n’ai lu que les 16 premiers albums) sont un peu en dessous de ces quatre albums, mais restent quand même sympas à lire. Bref, ces aventures (d’ailleurs de plus en plus « spatiales » et de moins en moins « temporelles », au fur et à mesure que la série s’avance) procurent d’agréables moments de lecture. Elles permettent aussi de découvrir, avec Laureline (la série aurait aussi bien pu s’intituler « Les aventures de Laureline et Valérian », tant celle-ci semble plus mature et décidée : c’est elle qui « mène la barque », prend les décisions lorsque la situation l’exige), une des plus belles héroïnes (dans tous les sens du terme !) de la Science-Fiction avec la Cyann de Bourgeon. C’est clairement une série qui peut postuler au titre de « culte », même si je ne lui attribue pas les cinq étoiles. En tout cas, il serait dommage de ne pas en lire quelques albums. Note réelle 3,5/5.
Valérian, à mes yeux, c’est la preuve même que donner du temps à une série est parfois nécessaire si l’on veut obtenir une œuvre résolument novatrice. Car il ne faut pas se leurrer, les deux premiers tomes sont plus que moyens. Construits sur le principe du voyage dans le temps (sans quitter notre bonne vieille terre), dessinés avec un enthousiasme maladroit (mais communicatif), ces deux albums ne laissent en rien présager ce qui va suivre. Ce n’est qu’au fil des tomes que la série va développer des thèmes qui la différencieront de toutes les séries de science-fiction de l’époque. Il ne faut pas oublier que nous sommes alors à la fin des années ’60. Le héros de science-fiction de l’époque, c’est un grand castard qui maîtrise une technologie futuriste de pointe. Ses rencontres avec d’autres civilisations se résument à des bourres pifs face aux représentants de civilisations perfides barbares et/ou primitives. Valérian va balayer tout ça, avec un personnage principal à l’opposé du héros traditionnel, un agent spatio-temporel touchant de maladresse, un charmeur parfois suffisant qui ne serait rien sans sa compagne d’aventure, la troublante Laureline. Les civilisations qu’ils vont croiser ne sont pas primaires ni construites sur un modèle unique. La nature même des formes de vie est diversifiée et démontre d’une véritable quête de fantaisie, d’une réelle volonté de sortir des lieux communs. Grâce à ces aventures, Christin ne va pas seulement renouveler le style en divertissant ses lecteurs. Il va leur permettre de réfléchir à la société dans laquelle ils vivent. Je demeure convaincu à ce jour que Valérian a été une des étincelles qui, chez les jeunes lecteurs de l’époque, a éveillé leur conscience politique. Mais sans faire montre de démagogie ! Simplement, insidieusement serais-je tenté de dire, en montrant différentes formes de société, en parlant sans avoir l’air d’y toucher de féminisme, de racisme, de la société des loisirs, de vie en communauté. Et cela sans jamais oublier le caractère distrayant de la bande dessinée ! Car Valérian, ça reste avant toutes choses, des albums amusants, prenants, vivants ! Le dessin de Mezières va, à l’image de la série, suivre une courbe ascendante. Son découpage audacieux n’est pas toujours logique (le nombre de fois où j’ai lu certaines cases dans le désordre !!!) mais permet de composer des planches très visuelles, très immersives. Le trait, lui, va s’affiner au fil des planches. La grande force de l’artiste restera cependant dans sa facilité à enrichir son univers grâce à des personnages et à des décors originaux, différents, intrigants. La série est actuellement rééditée sous forme d’intégrale en surfant sur la vague de curiosité suscitée par l’adaptation que veut en faire Luc Besson. Je ne suis pas convaincu qu’un jeune lecteur y trouvera son compte, l’époque n’est plus la même, et je dois bien avouer craindre un peu ce film, mais cette intégrale, soignée et enrichie d’entretiens avec les auteurs (et avec Luc Besson), est une belle occasion d’acquérir la série complète à moindre frais. Et relire ces albums permet de constater combien cette série a influencé les auteurs de sf d’aujourd’hui (« Orbital » et « Le Cycle de Cyann » sont pour moi deux exemples de séries où l’influence de Valérian est manifeste).
Ben oui, celle là je l'avais bêtement zappé et pourtant les dieux savent si je l'ai lu et relu cette série. Mon avis sera donc celui d'un lecteur des origines et donc forcément partial. La lecture de cette série s'inscrit chez moi en parallèle de la découverte de la science fiction en romans avec les grands auteurs J. Vance, R. Silverberg, I. Asimov, F. Herbert j'en passe et non des moindres. Joie et bonheur donc de voir à cette époque que des auteurs pouvaient mettre en images ce que je lisais par ailleurs. En BD il y avait P. Druillet plus torturé, Caza, très mystique et ce duo Christin et Mézière qui proposait des images dans un autre style, fort réjouissantes. Voir New York sous les eaux! je dois avouer que cette image m'a profondément marqué. Tout a été dit sur le couple Valérian Laureline et sans avoir été amoureux de la belle je regrettais toutefois qu'il manque un peu de sel dans leur relation. Série divertissante, bien foutue, des univers riches et foisonnants qui comme toute longue série reste inégale et a tendance à s'essouffler, elle reste un must de la BD, c'est peu de dire que j'attends son adaptation cinématographique avec impatience.
Les aventures de Valérian, agent spatio-temporel font partie de ces rares séries du répertoire classique que l'on peut lire, et relire, et re-relire à différents âges en y prenant un plaisir toujours renouvelé. Il n'est pas si commun, en effet, de rencontrer des personnages qui proposent plusieurs niveaux de lecture, suscitent des sentiments si changeants et ne dévoilent leur complexité qu'au fil du temps. Adolescent, je me souviens que j'étais fasciné par l'univers de la série, alors intitulée Valérian, agent spatio-temporel, mais souvent agacé par ce héros souvent maladroit et lourdaud, qui n'assumait pas son statut de super-agent macho et se laissait ridiculiser et rabrouer par sa compagne… Devenu adulte, j'ai appris à apprécier le couple constitué par Valérian et Laureline, deux personnages traités à égalité par leurs auteurs, ce qui était rarissime à l'époque… et je suis tombé amoureux de la jolie rousse, plus mature que son compagnon un peu primaire. Ayant atteint un âge (un peu) plus avancé, elle me paraît finalement bien rigoureuse et souvent casse-pieds, face à un Valérian plus fantaisiste et finalement attachant malgré (ou à cause) des ses défauts… J'espère que, dans un lointain futur, arborant une longue barbe blanche et enfin enfin touché par la grâce de la sagesse, j'aurai encore une autre vision de cette série ! L'autre attrait de Valérian réside dans l'incroyable richesse des univers créés par Christin et Mézières. Ils ont inventé la trame du plus grand space opera jamais créé, souvent copié, mais jamais égalé. Le septième art leur doit énormément. Tous les Star wars et Star Trek du monde peuvent se rhabiller ; ils n'arrivent pas à la hauteur de l'imaginaire débordant des deux auteurs, de leur bestiaire fantastique, ni de leur cosmographie délirante. Il n'existe que peu de scénaristes pour reconnaître à quel point ils se sont inspirés de cette BD débordante d'inventivité. Seul Besson semble l'assumer honnêtement avec son Cinquième Élément ; ce n'est d'ailleurs pas un hasard s'il prépare une adaptation de Valérian pour 2017 (et j'espère qu'il ne foirera pas ce coup là !). Mais il est incontestable que beaucoup – pour ne pas dire tous (sauf peut-être Terry Gilliam) – n'ont pas l'imagination assez fertile pour s'en tirer seuls et qu'ils y ont puisé nombre d'idées. Objectivement, je reconnais que série souffre ici et là de menus défauts, lesquels expliquent que je me contente de ne lui attribuer que 4 étoiles (allez : 4+ !) : quelques albums sont plus faibles, certains ayant mal vieilli, surtout les premiers, d'autres se bornent à recycler des lieux déjà explorés… Le point d'orgue est atteint avec les deux diptyques “Métro Châtelet – direction Cassiopée” / “Brooklyn station, Terminus Cosmos” et “Les Spectres d'Inverloch” / “Les Foudres d'Hypsis”, aventure trépidante qui devient une réflexion eschatologique et métaphysique, dans laquelle Dieu revêt l'aspect de Hank Quinlan, le flic adipeux et corrompu joué par Orson Welles dans La soif du mal. Mais cet acmé scénaristique ne prend du sens que parce qu'il est précédé par une série d'histoires courtes fourmillant d'idées inventives, surprenantes, géniales et saugrenues qui posent les bases de l'univers de Valérian et Laureline. Personnellement, je voue un culte particulier à “Bienvenue sur Alflolol”, fable écolo hilarante, et au tome 8, “Sur Les Terres Truquées”, qui nous fait douter des réalités spatio-temporelles de Galaxity. Si le soufflé semble retomber après le tome 12, c'est juste parce que les auteurs savent enfin où ils vont et sont déjà en train d'envisager la fin de la série. Ils s'en donnent à cœur joie et leur imagination explose. Le ton est plus humoristique, la peinture en filigrane des travers de nos sociétés plus cinglante, les rebondissements plus tordus et la perception du multivers plus vertigineuse. À partir du tome 18, “Par des temps incertains”, le fil conducteur de la série se précise et s'achemine tranquillement vers son point final, lequel donne une cohérence époustouflante à une série d'albums dont la rédaction s'échelonne sur presque quatre décennies. Chapeau ! Pour moi, Valérian s'impose comme une référence incontournable, digne de figurer au panthéon de la science fiction aux côtés des plus grandes œuvres.
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