Intrigues au Pays du Matin Calme

Note: 2/5
(2/5 pour 1 avis)

Les aventures de l’Inspecteur Secret du Roi, au service du roi de Corée.


Corée Josei ou Redikomi Kadokawa Shoten Séries avec un unique avis

Les Intrigues au Pays du Matin Calme nous narrent, en plusieurs nouvelles, les aventures de l’inspecteur secret du roi, fonctionnaire chargé de traquer la corruption au sein du royaume de Corée, durant la dynastie Choson (1368-1910). Mais, parmi ses diverses missions, il nous sera aussi dévoilé quel prix Yun Sugi, le fictif inspecteur secret de ce recueil, dut payer pour accéder à sa très convoitée fonction. Un ensemble de nouvelles aux tonalités plutôt tragiques.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 22 Novembre 2007
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Intrigues au Pays du Matin Calme © Delcourt 2007
Les notes
Note: 2/5
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30/01/2008 | Katz
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Par Katz
Note: 2/5

Ainsi donc il existait un « inspecteur secret du roi » sous la dynastie Choson, ou Yi (du nom de son fondateur, Yi Songgye, un général coréen), qui occupa le trône de 1392 à 1910, époque à laquelle le dernier roi Yi fut renversé par les Japonais. L’occupation japonaise, qui dura de 1905 à 1945, fut particulièrement rude, et explique encore l’animosité entre les deux pays à l’heure actuelle. Bien que cette animosité ait tendance à s’estomper chez les jeunes générations (en témoigne le succès d’un drama coréen au Japon), il demeure cependant remarquable de voir une mangaka s’intéresser à la Corée. Notons cependant qu’il s’agit de Natsuki Sumeragi, qui éprouve une profonde attirance pour la Chine, ce qui est aussi fort peu commun chez les Japonais, ceux-ci s’intéressant en général à la Chine plus pour ses légendes ou ce qu’elle est actuellement (une menace et un gigantesque marché). Plus étonnant encore est l’aveu de Natsuki Sumeragi, qui écrit, en postface, avoir appris l’existence de l’inspecteur secret du roi dans un film nord-coréen projeté au Japon, lors d’un festival. Avouez que voilà qui est peu ordinaire, non ? De ce film, donc, naquit l’envie d’en apprendre sur cet « inspecteur secret du roi », au titre trop romantique pour être oublié par une créatrice. Et, in fine, le recueil Intrigues au Pays du Matin Calme en représente l’aboutissement. En tout, quatre nouvelles qui forment, presque, une histoire continue, tant il semble qu’elles s’enchaînent chronologiquement (bien que rien ne permette de l’affirmer). A priori, donc, au-delà de l’aspect un peu trop « romantique » de cet inspecteur secret du roi, aux attributions presque trop belles pour sembler vraies (traquer la corruption des fonctionnaires), Intrigues au Pays du Matin Calme semble tout avoir pour lui : un sujet pratiquement méconnu, ainsi qu’un contexte qui, lui-aussi, sort des sentiers battus (la Corée ancienne). Malheureusement, les forces et faiblesses de Natsuki Sumeragi, qui transparaissaient dans La Voix des fleurs, semblent s’être répondues pour, de forces devenir faiblesses, et de faiblesses demeurer faiblesses. Il en va ainsi de ses défauts : bien que le dessin soit fort agréable et maîtrisé, les jeunes hommes semblent tous se ressembler, et ne se distinguer que par le costume. Il en va de même pour les jeunes femmes, qu’on parvient difficilement à distinguer les unes des autres. Et pire encore est-ce lorsqu’une jeune femme, homonyme de l’épouse de l’inspecteur secret du roi, rapelle celle-ci au « héros ». Au début, vu que les deux jeunes femmes portent le même nom, c’est la confusion la plus totale. A contrario, ce qui semblait une faiblesse dans La Voix des Fleurs : la brièveté des nouvelles, ne devient pas une force. En ce sens qu’ici la faiblesse c’est que les quatre histoires concernent le même personnage, alors que cela ne se justifiait absolument pas. Il me semble que les nouvelles auraient gagné à reposer sur quatre protagonistes différents. Je pense que l’équilibre qui s’opérait entre les nouvelles de La Voix des Fleurs aurait de nouveau joué, malgré l’aspect parfois fade des histoires de Natsuki Sumeragi. Ainsi la nouvelle Vent violent dans région frontalière sino-coréenne aurait certainement eu plus de force si elle n’avait été rattachée, plutôt artificiellement, aux autres nouvelles. Car, ici, franchement, le rôle de l’inspecteur secret du roi est inexistant (il n’est même pas le personnage principal du récit), dans cette nouvelle qui est la plus intéressante et la plus forte des quatre... C’est tout dire, en fait. Et la seule nouvelle qui justifie la présence de l’inspecteur secret du roi, puisqu’il y lutte contre un fonctionnaire corrompu (il s’agit de la nouvelle d’ouverture), ne me l’a d’ailleurs guère rendu sympathique. Pourquoi ? Parce que, tel un Robin des Bois inversé, il va « reprendre » aux riches, pour redonner aux anciens riches. Qu’on m’excuse, mais quand je vois ce « pauvre » fonctionnaire dont la famille a été spoliée d’une partie de ses terres, mais qui semble encore vivre très correctement, je pense surtout aux paysans sans qui, ni lui ni celui qui lui a « volé » ces terres, ne pourraient vivre sur un tel pied. Paysans dont on ne verra pas l’ombre d’une épaule miséreuse... Non, ici il nous est demandé de compatir gravement pour des jeunes gens beaux et plus très riches, qui ne souhaitent que redevenir riches comme il faut pour tenir leur rang de fonctionnaires. Quant aux paysans miséreux, on n’en verra qu’un seul, et ce sera à la fin du recueil. À lui ne sera pas assuré la justice, mais une sorte de vengeance sous forme de mascarade rendue par « l’inspecteur secret du roi », qui signifie par là-même qu’il peut tout pour les riches fonctionnaires, mais rien pour les pauvres paysans. Sympathique et exaltante morale... Enfin, la nouvelle consacrée tout à la fois à l’épouse de l’inspecteur secret du roi, et à son homonyme, ne pourra guère le rendre plus sympathique, bien au contraire. La compassion, franchement, possède ses limites. De plus, et cela est franchement ennuyant, l’aspect « historique » du titre est assez faible. Certains indices nous signalent que l’action de place entre 1500 et 1640 (environ), mais elle aurait bien pu se dérouler en Chine à la même époque, voire sous les Song, ou au Japon avec quelques modifications de circonstances, que cela n’aurait pas changé grand chose. L’auteure avoue d’ailleurs qu’elle n’a réussi à réunir qu’une très faible documentation sur l’inspecteur secret du roi, ne sachant en fait comment il était nommé, comment il exerçait concrètement son pouvoir, et encore moins à obtenir des anecdotes sur des inspecteurs secrets historiques. Voilà qui se ressent dans ce titre, car en le refermant, j’avais la sensation de ne pas avoir appris grand chose sur cet inspecteur secret du roi, hormis son existence.

30/01/2008 (MAJ le 31/01/2008) (modifier)