Tous les albums de Topffer (Monsieur Jabot et autres histoires)
Les prémices de la BD.
Auteurs suisses Les petits éditeurs indépendants Les Pionniers de la BD
La progression des ventes en librairie des BD, confirme une fois de plus la place de la "narration graphique" dans la littérature moderne. A l'origine de cette révolution, un maître de pensionnat genevois, peintre manqué, et écrivain à ses heures : Rodolphe Töpffer. Par un étonnant coup d'audace, presque de génie, il fait le saut, au milieu du XIXe siècle, en pleine époque romantique, des images d'Epinal à la "littérature graphique", du texte illustré de dessins au dessin illustré de textes. Il invente un genre nouveau et crée des œuvres de qualité. Goethe et Sainte-Beuve s'en divertissent. La "littérature en estampes" est lancée. La BD suivra. Töpffer, lui, ne passe pas à la postérité. Il n'avait sans doute pas "le profil". Ses personnages, Messieurs Vieux Bois, Jabot, Crépin, Cryptogame et le Dr Festus tombent dans l'oubli. Et pourtant, dès "Monsieur Vieux Bois", son premier essai, Töpffer semble avoir tout découvert ou presque. Son dessin est une esquisse à la limite de la caricature, un graphisme qui court sur la planche. Son texte, ramené à quelques phrases très concises, presque en style télégraphique, n'est plus qu'un contrepoint. Pas de psychologie subtile, pas d'intrigues compliquées. Juste un personnage central poursuivant toujours un objectif apparemment simple, mais qui se dérobe sans cesse en provoquant des catastrophes. Les personnages secondaires ne sont que des silhouettes ou des caricatures. Le héros n'est qu'un pantin. Et Töpffer le marionnettiste utilise volontairement de la grosse ficelle pour faire du lecteur un complice. Texte de Janick Jossin (l'Express du 19 janvier 1976)
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Date de parution | 1833 |
Statut histoire | Histoires courtes 8 tomes parus |
Les avis
Je suis conscient que ma note est assez bancale. Mais pour cette série – qui pourrait évidemment prétendre à être culte, j’ai opté pour cette côte mal taillée. Comme pour beaucoup de séries pionnières du neuvième art, c’est par le biais d’un bel album des éditions Horay (qui agrémentent l’album d’une longue et instructive préface, la contextualisant et présentant le travail et la vie de Töpffer) que j’ai découvert l’œuvre de celui qui pourrait bien être l’inventeur, tout du moins le grand défricheur du médium Bande Dessinée. Car si au départ on peut hésiter à classer cela dans la catégorie BD, rapidement le doute s’estompe. Ce n’est pas que la succession d’images, mais bien une bande dessinée, pour le coup très moderne pour certains trucs (comme le mouvement saccadé d’un personnage sur une même « case » marqué par ses contours répétés comme des cercles concentriques, ou alors le découpage d’une « case », déconstruite comme on le fera à partir des années 1970). Si bien sûr on ne peut attendre d’un auteur du XIXème siècle d’être en phase avec un lectorat du XXIème, je dois dire que j’ai plutôt aimé la première histoire, celle de Monsieur Jabot, avec quelques passages bien vus et drôles (et surtout qui ne font pas du tout leur âge !). Sii cette histoire est ma préférée, plusieurs choses m’ont plu dans les suivantes, en particulier un humour de répétition dans l’histoire de Monsieur Crépin (dans laquelle au passage effleurent les idées pédagogiques de l’auteur, assez influencées par Rousseau). Pour les autres histoires, c’est un peu plus laborieux, et sans doute moins captivant (mais tout de même rudement moderne pour son époque !). Le dessin de Töpffer se rapproche des dessins de presse de l’époque, avec un trait fin et hésitant, proche aussi des gravures populaires en vogue dès la Révolution française. Mais cela passe plutôt bien. Par contre, le texte (jamais de bulles bien évidemment, mais un texte en appoint, en bas de « case », commentant l’action au style indirect le plus souvent) est très – trop ? – abondant. Et surtout, manuscrit et très petit (avec une reproduction parfois juste, un encrage léger : c’est parfois difficile à déchiffrer. Reste que l’œuvre de Töpffer est au moins à connaître pour tous ceux qui se passionnent pour le médium BD, son histoire. Et en plus, c’est tout à fait lisible, contrairement à ce que l’on pourrait craindre, pour des histoires qui vont bientôt avoir deux siècles ! Note réelle 3,5/5
Quelle excellente idée, les éditions Seuil ont eue, quand elles ont réuni la quasi-intégralité des histoires de Rodolphe Töpffer, en 3 volumes. Rodolphe Töpffer ? Vous voyez pas ! Bien avant "Spirou", "Tintin", Zig et Puce, "Superman" ou encore "Little Nemo" et Bécassine, il y eu 8 (si mes souvenirs sont bons) histoires, la première parue en 1833, sous la plume d'un grand monsieur : Rodolphe Töpffer, considéré comme l'inventeur de la Bande dessinée. Et rien que pour ça, moi, en tant que grand fan de cet art, je respecte et j'avais envie de lire ces œuvres. Et dans les 8 histoires écrites et dessinées par Töpffer, deux seulement ne sont pas reprises dans ces 3 volumes, et c'est dommage, je ne serais pas contre la sortie d'une autre 'intégrale Topffer". Bon et bien, pour les premières vraies BD, c'est loin d'être mauvais. Le graphisme, même si souvent maladroit, nerveux, grossier et tremblotant (à mes yeux modernes de lecteur), est dans un genre fouillé, détaillé et assez drôle, qui, en tenant compte de son âge est assez bon, drôle et intéressant à regarder. Il ne faut pas trop en demander, c'est sûr, mais dès l'histoire de Monsieur Vieux-Bois, on a droit régulièrement à de beaux décors. Même si les visages ne sont pas beaux, c'est détaillé et lisible. Et on retrouve déjà quelques codes de la BD plus moderne. La deuxième histoire du dernier album (l'histoire de monsieur Cryptogame) est en fait inachevée : c'est le 1er jet de l'histoire (l'équivalent du crayonné chez les auteurs actuels) que l'on peut lire et cela se voit bien. En plus des ratures dans le texte, le dessin à partir de la moitié de l'histoire est moins lisible, plus simple, moins travaillé, encore plus grossier, etc... De plus, et dès la première histoire, les travaux de Topffer sont bien des BDs au sens elliptique de la narration du terme, on est loin d'être en présence d'un texte illustré, et y dissocier les deux vous ferait perdre un bon pourcentage de gags... Car oui, aussi étonnant que cela puisse paraître, les gags font encore mouche : les scénarios sont bons. Ils peuvent paraître linéaires, mais il y a pleins d'idées de bons gags. Töpffer utilise avant tout le comique de répétition (qui fait effet), les satires de la société de l'époque, mais aussi le comique de mot ou de geste (évidemment là c'est moins subtil). Mais dans ces longues histoires, il y a aussi plein de rebondissements ce qui donne aussi de bonnes BDs d'aventure. On ne s'ennuie vraiment pas. La meilleur histoire de ces 3 albums est "Le docteur Festus", où l'auteur utilise au maximum tous ses procédés comiques (il y a pleins de procédés : comique de répétition, quiproquo, comique de situation, caricature de la société, l'absurde et même de l'humour s'éloignant des bonnes mœurs) ; j'ai vraiment beaucoup ri lors de ma lecture. L'histoire est incroyablement drôle (je me souviendrai longtemps de la représentation de la force armée suivant l'uniforme que fait l'auteur), et va mettre un bazar monstre dans l'univers créé : Une perle ! Bref, on passe un bon moment et on s'instruit devant cette bonne œuvre d'un autre âge, c'est étonnant comment elle foisonne de qualité en comparaison avec son âge. Grâce aux éditions Seuil, je sais maintenant que dès l'invention de la BD, il y avait d'excellentes BDs qui ont aujourd’hui peu vieilli. De toute manière, l'œuvre qui a crée l'une de mes plus grandes passions, et dont, grâce à elle, a découlé toutes ces heures de bonheurs que j'ai eues avec d'autres livres, ne peut mériter moins que la note que je lui aie mise ; c'est à dire 5/5. Je conseille ces livres à tous les amateurs de BDs qui s'intéressent aux origines du support (je comprendrai parfaitement le contraire, comme je comprends le non cinéphile, qui se fout de voir des films des frères Lumière), c'est-à-dire, à tous les inscrits de ce site.
J'ai eu la chance de pouvoir lire "L'Histoire de Monsieur Jabot", telle que parue en exemplaire relié et autographié en 1860 (l'édition originale datant de 1833). Il s'agit d'une unique histoire alors que je vois que le Seuil en a réédité 6 regroupées en 3 albums. Mais cette histoire m'a étonné, séduit et vraiment fait rire. J'ai été très surpris de voir à quel point il s'agit vraiment d'une BD et absolument pas d'un livre illustré ou d'une suite d'images accompagnées d'un texte narratif trop décousu. A l'exception près d'une répétition un peu malheureuse des mots "Monsieur Jabot" en entame de presque chaque phrase en début d'album, la narration est fluide et ne parait pas avoir vieilli malgré ses presque 200 ans d'âge. Le dessin est caricatural et s'épargne le plus souvent les décors mais il est agréable et le héros, Mr Jabot, est amusant par sa seule représentation. Il s'agit d'un homme riche et un peu vantard qui souhaite ardemment plaire en société et fait tout pour cela, quitte à prendre des poses ridicules et à agir de manière totalement artificielle. Après un début un peu laborieux le temps de se faire à l'écriture manuscrite à l'ancienne, le récit se révèle drôle, vraiment drôle. On dirait un vaudeville très réussi, avec des gags burlesques mais qui tombent juste et trouvent dans la narration un rythme excellent. Cela aurait été publié dans les années 2000, à la manière de ces BD indépendantes volontairement rétro d'aspect, cela aurait été tout aussi amusant à mes yeux. A cela s'ajoute en outre le grand intérêt instructif de découvrir par le biais de ce récit la société de l'époque, ses moeurs et son humour vraiment proche du nôtre. Cela ne fait pour moi plus aucun doute : dans la première moitié du 19e siècle, par le biais de Rodolphe Töpffer, existait déjà de la vraie et bonne bande dessinée.
A côté de Monsieur Jabot et ses acolytes (M. Pencil, M. Crepin ou M. Vieux Bois), Bécassine fait figure de petite nouvelle venue dans le monde de la bd. En effet, beaucoup s’accordent pour dire que Rodolphe Töpffer (1799-1846) est celui par qui la BD est née. Oh, évidemment, on ne parlait pas alors de "bande dessinée". Ce compatriote de Zep parlait plus volontiers de "littérature d’estampes" pour décrire ses histoires formées de successions de scènes représentées graphiquement. Point encore de bulle, le texte figurait en dessous de chaque vignette. Cette idée de génie de créer des histoires à partir d’images commentées a notamment été saluée par Goethe. Son trait tient davantage de la caricature. D’ailleurs le comportement de ses personnages n’est qu’une belle farce grimant le milieu bourgeois, ce qui fait ressortir le côté burlesque de ces récits vaudevillesques. Les situations virent souvent à l'absurde à la suite d’une succession de gags, quiproquos et de retournements de situation qui jalonnent la course au paraître du personnage central. Les histoires se terminent souvent par un mariage mais cela n’est pas pour autant systématiquement synonyme de "fin heureuse". Finalement, Töpffer est bien plus que l’inventeur de la BD, c’est le père d’un nouveau mode d’expression auquel il a également défini des codes. Cette BD est difficile à noter car il ne correspond plus aux standards actuels. Mais pour un tel monument de la bd et ce qu'il représente, c’est un 5 étoiles bien mérité !
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