Le Journal
Histoire du journal Métal Hurlant racontée à sa manière par Serge Clerc.
Profession : bédéiste Style Atome
Un soir glacial de 1974, derrière un pilier de Notre-Dame, la voix du Seigneur (impénétrable, comme on le sait) ordonne à Jean-Pierre d'écrire de grands romans chrétiens et à un certain François Mauriac de fonder le plus beau journal de bande dessinée de tous les temps. Pour le bonheur des générations futures, les deux hommes échangent leurs missions… La suite, c'est une décennie d'épopée éditoriale et un demi-siècle de culture pop (des pulps aux punks) racontés par un artiste qui dévore son sujet et le restitue dans cet alliage néomoderne entre Ligne Claire et Style Atome, qui fit sa gloire dans les pages du mythique Métal Hurlant – dont il fut le Mozart. Serge Clerc est de retour après une longue période de silence et de maturation, avec un sujet fantastique qu'il aborde comme s'il l'avait vécu, ce qui est le cas, puisqu'il s'agit de sa vie. Graphiquement, narrativement, celui qu'on nommait le dessinateur-espion, le créateur de La Légende du Rock & Roll, de La Nuit du Mocambo et de Meurtre dans le phare, qui donna ses lettres d'élégance à la BD rock, est dans une forme éblouissante. En 230 pages sidérantes, il fait revivre une époque qui fut le levain de la nôtre, marquée par le génie ombrageux des Moebius, Swarte, Chaland, Clash, Sex Pistols et J.-P. Manchette, que l'on retrouve dans cet ouvrage majeur, aussi frais, dispos et vivants que si on les avait quittés hier au bar du Rose Bonbon. Texte : Editeur.
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Date de parution | 10 Janvier 2008 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le feuilletage de l'album ne m'avait pas donné envie de le lire. Planches trop embrouillées et narration peu évidente. Finalement, le sujet a attisé ma curiosité. Il s'agit en effet du récit de la vie du journal Métal Hurlant, de sa création au milieu des années 70 jusqu'à la perte de son "âme" quand J-P Dionnet fut obligé d'en lâcher les rênes au début des années 80. Ne sachant presque rien de ce célèbre magazine de bande dessinée, j'étais très intéressé à l'idée de découvrir ses origines, ses membres fondateurs, les auteurs et tous ceux qui y avaient participé. De grands noms comme Moebius, Druillet, Corben, Yves Chaland et bien d'autres qui ont partagé le même esprit. D'"esprit", il est justement question d'un bout à l'autre de ce gros album bien dense. Serge Clerc parsème ses planches d'innombrables couvertures de magazines, de BD, de pochettes de disque, imaginaires ou réelles, pour bien montrer l'ambiance dans laquelle évoluent les personnages. Une ambiance rock, gavée de pulps américains, de science-fiction, de musique rock, puis par la suite de punk mais aussi de renouveau de la ligne claire. Anarchie underground et désir de faire bouger le monde sclérosé de la BD de l'époque. Tout cela m'aurait vraiment intéressé si seulement je n'avais pas capitulé devant la narration trop exubérante et ébourrigée de Serge Clerc. Ca part dans tous les sens. Trop difficile, pour qui ne connait pas véritablement les évènements, de cerner le vrai du faux, le délire total du simple clin d'oeil entre happy-few. Les pages s'alignant les unes après les autres, en cinq épais chapitres et un épilogue, j'ai décroché plusieurs fois. Ce fut assez pénible à lire et je n'ai réussi à capter que peu d'infos nouvelles. Seule l'atmosphère de cet âge d'or de Métal Hurlant a réussi un petit peu à m'être transmise, mais je n'ai pas pris de plaisir à lire cette BD et elle m'a peu appris.
Je n’ai jamais été attiré par le graphisme de Clerc. Pourquoi ?… A vrai dire, je n’en sais trop rien… Trop innovant pour l’époque, pour moi qui suis déjà un « vieux de la vieille » ?… possible. Mais le personnage, lui, c’est quand même quelqu’un. Et ici, il m’a intéressé. Il y a eu « Spirou », « Tintin » et « Pilote » comme principaux périodiques que je collectionnais. Et puis, un jour, bardaf : « Métal Hurlant ». Un vrai coup de canon dans le ciel de la BD. Des auteurs qui se lâchent, qui font reculer, exploser les cases, un ton nouveau, mordant, agressif souvent ; une sorte de « Canal + » du papier. Et c’est ce « Métal » que j’ai acheté (pendant quelques dizaines de numéros, car il est ensuite devenu une sorte de « fourre tout du n’importe quoi ») qui m’est ici –d’une certaine façon- remis en mémoire par Clerc. Et, rontudjuuu, c’est pas mal. Clerc –un pilier du journal- donne ici sa version de l’histoire de « Métal », sa version d’une époque aussi où tout semblait (plus ou moins) permis. J’ai retrouvé, avec une joie certaine, mes 20 et quelques années, des références de groupes musicaux de l’époque, de films aussi. Nostalgie, nostalgie… j’ai vraiment apprécié ce « journal », réalisé par un mec qui –je m’en rends compte maintenant- était vraiment en phase avec l’époque traversée. Désolé, Clerc, de ne pas trop t’avoir compris en ce temps-là. Et même si je ne suis toujours pas un fan de ton style « ligne claire façon Hergé », tu fus vraiment un moteur de ce « goût étrange venu d’ailleurs » qu’était cet hebdo.
Ce livre m’a fait penser à celui de Florence Cestac qui faisait le point sur la maison d’éditions Futuropolis et qui était sorti il y a quelques mois chez Dargaud. Ici, c’est Serge Clerc un auteur emblématique de la génération Métal Hurlant qui fait cette longue monographie. Serge Clerc, en grand adepte de la ligne claire, fait partie de cette génération d’auteurs influencée par le rock, la SF, les comics américains qui ont bouleversé le monde de la bd dans les années 80 et qui ont un peu disparu la décennie suivante. Ce livre est donc un vrai témoignage de l’ambiance Métal, on y retrouve Dionnet, Manœuvre, Moebius, Chaland et d’autres. Rien n’est passé sous silence : la drogue, les dérives nocturnes, les problèmes financiers… Mais je dois admettre que n’ayant pas été un familier de l’époque du journal (j’avais 12 ans quand Métal Hurlant s’est « suicidé »), j’ai eu du mal à saisir toutes les références et private jokes qui jalonnent l’ouvrage. Deuxième problème : le dessin de Clerc, très précis certes, mais qui fourmille d’une quantité de détails qui peuvent nuire à la lisibilité. Ma note peut sembler un peu basse, mais je gage qu’un « amateur éclairé » de Métal Hurlant saura faire monter la moyenne de cet ouvrage qui a presque valeur de testament.
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