Toussaint Louverture et la révolution de Saint-Domingue (Haïti)
Retour sur un épisode important de l'histoire d'Haïti.
1789 - 1799 : La Révolution Française 1799 - 1815 : Le Premier Empire - Napoléon Bonaparte Caraïbes Esclavage
En 1791, dans un contexte de rivalités entre nations étrangères et d’idées abolitionnistes répandues par la Révolution Française, blancs, mulâtres et esclaves, s’affrontent dans le sang. Saint-Domingue est en proie au chaos. Pourtant, un esclave noir affranchi, Toussaint dit Louverture, saura fédérer autour de lui les différentes factions rebelles et nouer des alliances. Grâce à son génie militaire et son habileté politique, il réussira provisoirement à rendre la liberté aux esclaves tout en redonnant confiance aux blancs. En 1795, la Convention élève Toussaint au grade de général. Ce personnage devenu puissant, vainqueur des Anglais et des Espagnoles finira par réunifier l’île. Mais ce pouvoir et l’homme déplaisent au premier Consul Bonaparte qui envoie le Général Leclerc pour reprendre l'île et faire arrêter Toussaint Après la mort de Toussaint, en Avril 1803, ses lieutenants poursuivront victorieusement la lutte jusqu'à l'indépendance en 1804, Saint-Domingue devient alors Haïti. (texte : Orphie)
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Date de parution | Septembre 1985 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un homme exceptionnel à une époque exceptionnelle pour un enjeu exceptionnel. C'est peu dire que cet alignement de comètes ne se rencontre pas souvent dans l'Histoire. C'est peu dire aussi la frilosité de l'historiographie française sur ce sujet encore très sensible. Cela nous renvoie à une période très sombre et très ambigüe de notre histoire. Le bon y côtoie l'ignoble et l'image de plusieurs de nos grands hommes est passablement écornée. Je possède l'édition Hachette BD de 1985 et le moins que l'on puisse dire c'est quelle croule sous les défauts. Pourtant je lui mets 4 car ce livre présente un mérite au-dessus des autres: il existe. Recherchez une biographie digne de ce nom de Toussaint Louverture. Pas facile jusqu'en... 2020 par le professeur d'Oxford Sudhir Hazareesingh. Pourtant nos forêts sont décimées pour fabriquer des biographies de chanteurs, de footballeurs, d'auteurs de BD (lol) sans compter les pensées éternelles de nos hommes politiques. Revenons à notre BD. Tout d'abord je trouve la couverture grotesque. Non Toussaint n'est pas un Napoléon Noir mais bien un Black Spartacus. De plus le dessin de couverture me fait plus penser à la statue de Louis XIV du château de Versailles qu'autre chose. Un one shot pour une vie de Toussaint Louverture c'est forcément faire l'impasse sur de nombreux faits. Exit son enfance d'esclave, son apprentissage de la lecture et de l'écriture. Exit son affranchissement et son passé de propriétaire esclavagiste bien que né Noir et Esclave. Toussaint a déjà une cinquantaine d'années en 1791 quand commence le récit. C'est un Papa au sens Africain du terme. Rien que son âge et son expérience procure le respect des esclaves mais aussi des colons. Toussaint est un pragmatique qui a le sens de l'histoire. Il a changé de camp plusieurs fois mais obtiendra toujours des succès fulgurants. L'œuvre de P. Briens et N. Saint-Cyr me semble destiner surtout à des collégiens, lycéens ou aux amateurs d'histoire. Le parti pris du scénario est de suivre un récit historique sans fioriture romanesque. Il y a donc beaucoup de dates, de lieux et de nombreux d'intervenants à St Domingue ou en métropole. C'est difficile de s'y retrouver. La difficulté majeure du scénario est de faire de l'ordre dans une situation bien embrouillée et de bien poser les enjeux du moment, ils sont multiples. J'aurais aimé une introduction plus fouillée sur St Domingue alors principale possession française. Son importance économique et stratégique pour la France du XVIIIeme siècle et un pouvoir royal au bord de la banqueroute. Cette colonie est aussi au centre des routes maritimes qui convergent vers les Amériques. C'est donc une position clé qui fait la richesse de nombreux ports comme Nantes, La Rochelle ou Bordeaux mais plus, alimente les circuits financiers de Paris et procure à bas prix de nombreux produits exotiques devenus indispensables. Cette richesse est basée sur la traite et le travail de centaines de milliers d'esclaves venus d'Afrique. Cela fait deux siècles que ça dure et beaucoup y trouvent leurs comptes. Ceci posé, il y a la complexité de la position internationale France, Espagne et Angleterre, la complexité de la population Blancs, Mulâtres et Noirs, les hommes libres ou esclaves. Il y a donc des enjeux géostratégiques, économiques, philosophiques et personnels qui s'entrechoquent. Je trouve que le livre ne pose pas assez clairement les très grands intervenants. Les passages en métropole embrouillent plus qu'ils ne clarifient à mon avis. Le dessin ne facilite pas les choses et il faut l'astuce du tissu rouge sur la tête de Toussaint pour que nous puissions le reconnaître. Les auteurs mettent l'accent sur des coups plus que des batailles du type Wagram ce qui permet d'expliquer l'ascension fulgurante de Toussaint. Mais très peu de choses sur sa gestion de l'île et la rédaction d'une constitution assez contestable. Constitution dont profitera Dessalines ancien esclave de Toussaint, qui a probablement trahi Toussaint. La fin est expéditive et ne montre pas assez l'importance historique de l'action de Toussaint dans le temps. Après avoir vaincu les français un an après la mort de Toussaint il s'agit ni plus ni moins de la création du premier état Noir libre et indépendant issu de l'esclavage. C'est beaucoup plus qu'un simple épisode important de l'histoire d'Haïti. Pour des millions d'esclaves au XIXeme siècle ce sera un signe d'espoir immense et pour les abolitionnistes Blancs comme Victor Schoelcher un modèle.
J'ai lu en 1986 cet album lorsqu'il était édité par Hachette dans la collection " Histoire, Histoires ". Les auteurs racontent l'histoire de cet ancien esclave noir, François Dominique Toussaint qui démontre très tôt son intelligence. Après avoir chassé les Anglais et renvoyé le commissaire de la République, profitant de la faiblesse du Directoire, par la pression ou la violence, son ambition était de gouverner la colonie de Saint-Domingue avec une autorité sans partage. Malgré une bonne administration, son despotisme et ses méthodes arbitraires commencent à indisposer les mulâtres, et Bonaparte devenu Premier Consul, ne peut tolérer longtemps cette dictature à l'autre bout du monde, mais sur un sol français, d'autant plus que Toussaint Louverture lui écrivait avec une en-tête singulière à la fois insolente et respectueuse "le Premier des Noirs au Premier des Blancs", ce qui bien évidemment ne réussit qu'à irriter encore plus l'orgueil de Bonaparte qui ne comprenait que l'obéissance absolue. Cette Bd s'acquitte de sa mission éducative dans le sens où elle raconte tous ces événements, elle est instructive, généreuse, soignée et fort bien documentée, en dépit de quelques faiblesses. Je ne connaissais pas ces 2 auteurs, et le dessinateur Pierre Briens réussit de belles pages ; tout le monde s'accorde à dire que son dessin est trop proche de Giraud, moi je veux bien même si ce n'est pas une mauvaise référence pour un début, mais pas tant que ça en fait, ce trait me rappelle beaucoup plus un combiné de certains auteurs du journal Tintin des années 70. Toujours est-il que cet album m'a finalement intéressé, pourtant ce n'est pas une période de l'Histoire que j'affectionne particulièrement, mais j'avais visité il y a longtemps la cellule où Toussaint Louverture fut incarcéré à son retour en France, au fort de Joux près de Pontarlier, et où il est mort des suites du climat rigoureux en 1803 ; d'autres salles consacrées au personnage m'ont fait mieux connaître son rôle politique hors du commun... Au final, c'est un honnête album, mais assez peu facile à trouver.
Hé beh, je suis agréablement surpris de voir que cette BD m'a bien plu. Franchement pour une BD historique (pas mon genre d'habitude) avec comme thème un endroit et une partie de l’Histoire qui ne m'intéresse pas plus que ça d'habitude (l'esclavage sur Haïti), j’ai bien aimé. Non franchement cette BD a réussi à m'intéresser. Alors bien sûr, ça ne passe pas comme avec d'autres BDs plus faciles d'accès, mais en se forçant ça se lit très bien. Le récit est doté, j'ai l'impression, d'une bonne documentation et j'ai trouvé les péripéties de ce charismatique personnage (non exemptes de défauts) assez palpitantes (même si j'ai trouvé quelques passages confus et donc j'ai du retourner quelque fois en arrière). Au niveau du dessin je trouve ça excellent. Il y a une ressemblance avec un Blueberry et même si je pense que les albums du cow-boy (que je n’ai jamais lus) sont mieux réalisé, je suis sous le charme : j'adore ce dessin. (A noter : j’ai lu la version d’Hachette BD intitulée « Le Napoléon noir - Toussaint Louverture »).
M'intéressant à l'histoire d'Haïti, je suis tombé complètement par hasard sur cet album. Il raconte un épisode important de celle que l'on surnomma la Perle des Antilles, et qui aujourd'hui est l'Etat le plus pauvre des toutes les Amériques. Comment en est-elle arrivée là ? Cet album ne le dira bien sûr pas, puisqu'il ne trait qu'une petite partie de son histoire, de 1789 à 1805 environ. Haïti, qui fut la première des colonies à obtenir son indépendance, car les esclaves et affranchis qui composaient alors l'immense majorité de sa population, crut que la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme s'adressait également à eux... C'était sans compter sur le pouvoir en France, qui lâcha son indépendance car elle avait d'autres chats à fouetter, mais n'oublia jamais Haïti. Cette période troublée se personnifie dans le personnage de Toussaint Louverture, affranchi qui prit les armes à cause de la morgue des Français. Cet épisode est raconté, non pas de façon académique, comme on aurait pu le craindre et l'espérer, mais en essayant de faire des différents protagonistes de vrais personnages. Hélas, Nicolas Saint-Cyr n'est pas un vrai scénariste, et ce la se ressent dans le rythme. Celui-ci est confus, assez peu explicatif au final, et même curieusement parti-pris par moments. Dommage, car pour le coup la réalisation graphique est pas mal, largement inspiré de ce que faisait Jean Giraud à la grande époque de Blueberry. Bien sûr, Pierre Briens est loin du niveau de Giraud, mais ceux qui apprécient son trait auraient pu apprécier cette BD, sortie de façon confidentielle par Hachette dans les années 1980. Ce sont les Editions Orphie, spécialistes de l'Outre-Mer, qui rééditent cet album en 2003, de façon presque aussi confidentielle (3 000 exemplaires de tirage initial). Le Bicentenaire de l'indépendance d'Haïti n'a pas été fêté comme il aurait dû l'être...
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