Lucien

Note: 3.42/5
(3.42/5 pour 33 avis)

Bananes, mobs rafistolées, banlieues béton et zonards customisés gros pifs, autant d'ingrédient joyeusement distillés par Frank Margerin. Les nombreuses galères de Lucien, Ricky, Gillou et les autres sont aujourd'hui des classiques de la bande dessinée.


Les années Métal Hurlant Les Arts Appliqués de Paris Motos et motards Rigolo

Bananes, mobs rafistolées, banlieues béton et zonards customisés gros pifs, autant d'ingrédient joyeusement distillés par Frank Margerin. Les nombreuses galères de Lucien, Ricky, Gillou et les autres sont aujourd'hui des classiques de la bande dessinée.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Février 1981
Statut histoire Histoires courtes 11 tomes parus

Couverture de la série Lucien © Les Humanoïdes Associés 1981
Les notes
Note: 3.42/5
(3.42/5 pour 33 avis)
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23/03/2002 | Hô-Behnit
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Par Cinéveur
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Mon dieu que j'adore ces albums ! Pour moi le 5/5 est amplement mérité. Margerin manie l'humour à merveille, que cela soit dans le visuel ou les dialogues. C'est exquis. Son style de dessin, est compréhensible, fourmille de détails (enfin surtout quant il s'agit de gags d'arrière plans) et possède un petit coté chaleureux (même si il viendra plus avec le temps) rendant la lecture agréable. Quand on allie ça à des gags vraiment bons cela donne des sketchs cultes. Lucien est un (anti) héro vraiment attachant. En effet on s'identifie à lui, certaines des histoires nous font ressentir de la compassion pour lui. Et les personnages secondaires sont vraiment drôles et variés. Les mini histoires où Lucien et sa bande n'apparaissent pas sont tout aussi plaisantes et elles permettent une diversité et d'éviter une redondance des personnages. Ces quelques longs scénarios sont vraiment bons. Y'a très peu de temps morts (sauf peut être pour "toujours la banane"), les situations sont vraiment intéressantes à suivre et c'est très drôle. L'idée de faire vieillir son personnage est une bonne idée, cela amène son lot de bonnes idées, et en plus la qualité n'as pas baissé (peut être pour "Tel père, tel fils") ce qui est gage de qualité. Tout ça pour dire que pour moi Lucien est un personnage incontournable de la BD franco-belge au même titre que Gaston Lagaffe, et que pour passer un bon moment, décompressez ou je ne sais quoi d'autre pour se sentir bien lire un album Lucien est une bonne idée. Je recommande fortement.

09/07/2015 (modifier)
L'avatar du posteur Agecanonix

Frank Margerin dessine dans Métal Hurlant depuis le n°4 en mars 1976, des récits courts, des petites fables où évoluent des pépères et des mémères, des Français moyens, des concierges acariâtres, des ringards en peignoir ou en marcel à trous très marrants dans leurs intérieurs petit-bourgeois bien franchouillards, ainsi que des petits boutiquiers comme on n'en voit plus guère, des vieux grincheux, toute une faune populaire et passéiste qu'il confrontait parfois avec des jeunes. C'est ainsi qu'est né Lucien en 1979. Margerin a ensuite très vite fait évoluer ses personnages fétiches qui restent les loulous de banlieue et à qui il donne la vedette, introduisant de temps en temps un de ces pépères si rigolos. L'action se situe dans une banlieue intemporelle, qui paraît sixties, mais qui finalement hésite entre les années 70 et 80 ; une banlieue qui n'existe plus, celle d'avant la fracture sociale, le rap violent et les voitures incendiées, une sorte de banlieue fleurie. J'ai tout de suite été fan des frasques hilarantes de Lucien et de ses potes Ricky, Gillou et Riton, parce que je m'y identifiais, j'ai eu ma période rocker avec l'attirail perfecto, santiags à bouts pointus, mob à siège léopard, scotché au flipper à boire des mousses et à draguer les filles, en s'exprimant dans notre franc-parler de l'époque, entre les années 77 et 82. Margerin a parfaitement compris qu'il s'adressait à une catégorie de lecteurs en devenant un peu l'emblème d'un courant propre aux années 80 : la BD rock au ton adulte ; il a mis en place un univers riche, attachant, plein de bonhomie et de tendresse, où son petit monde peuplé de rockers naïfs et sensibles vit des aventures cocasses toute simples, dominées par le rire. Sa vision de la société est réaliste par son esprit, avec un sens aigu de l'observation, bien rendu surtout dans les différentes "tribus" de jeunes qu'il y avait à cette époque (punks, babas, skins, bcbg....), le tout restitué dans un style graphique en partie caricatural qui favorise les rondeurs, avec en plus des fonds de case qui fourmillent de petits détails savoureux. Les bulles bien remplies pourraient ralentir la lecture, mais elles contiennent le plus souvent des dialogues fort drôles qui éclairent le lecteur sur la vie de ces gentils loubards pas bien méchants qui, même s'ils vivent à notre époque, rêvent des années 60, des teen-agers, des Chaussettes Noires et du Golf Drouot, époque qu'ils n'ont pourtant pas connue mais dont ils sont fans pour sa mythologie. La série a ensuite élargi son public, Margerin ayant su toucher et amuser plusieurs générations depuis plus de 30 ans ; il s'en dégage une bonne humeur, un goût pour les tronches marrantes, une verve et une fraîcheur inimitables, bref, un vrai plaisir. L'achat est recommandé, surtout les premiers albums qui sont les plus spontanés dans leur drôlerie, jusqu'a Lulu s'maque ; après, il y a un net changement, le héros s'embourgeoise et vieillit, le ton est différent tout en restant amusant.

16/08/2013 (modifier)
Par Chéreau
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Il restait donc une série culte de ma jeunesse que j'avais oublié de noter ! Combien d'heures de poilade ai-je pu passer sur les planches de Margerin en général et sur les histoires de Lucien en particulier ? Lucien le looser sympathique, fan de Harley et de rockabilly mais tellement Français moyen. Lucien le roi des plans foireux et ses potes aussi fumistes que lui : Ricky le rockeur de bal musette, Gillou, le roi du tuning, Riton, le bellâtre frimeur le plus célèbre de Malakoff, Nanard le cousin hippie parti élever des chèvres dans le Larzac... Margerin est d'autant plus drôle, dans les trois premiers albums, qu'il s'en tient au format de la nouvelle, croquée en quelques pages, sans souci d'organiser une véritable série et de faire progresser ses personnages. Chaque histoire est une saynète, à la façon de pastilles télévisuelles telles que Kaamelott ou Bref, qui se commence en général par l'idée fumante d'un des membres de la bande (un cachet pour un concert au fin fond de la Bretagne, une petite annonce pour une "belle américaine" vendue une bouchée de pain dans le journal, un grand appart à louer...) et se termine immanquablement en foirade magistrale. L'esprit d'Iznogoud n'est pas loin, si l'ambiance est ici plus Gauloises-Kronenbourg. Margerin farcit chacune de ses cases de gags visuels et verbaux éparpillés sur plusieurs plans, qui font tout le sel de ses albums et que j'échange encore, régulièrement, avec d'autres afficionados, comme on se récite la scène de la cuisine des Tontons flingueurs. Dans un rassemblement de motards, un vendeur ambulant de frites douteuses répond à un client mécontent "naze, mon huile ? De la Motul de première qualité !" Dans un train pour le Castellet (le Castellet dans les Pyrénées comme on le découvrira à la dernière case), un type raide comme un parapluie, vêtu comme un croque-mort et au menton orné d'une sévère barbe en collier lit un livre. Le titre est visible : "Bouquin chiant". C'est idiot, c'est potache, mais c'est tout Margerin et j'adore y retrouver mes fous rires d'ados, lorsqu'on lisait à deux ou trois une même planche en s'esclaffant à l'unisson. A partir de Lulu s'maque, la série s'assagit, prend de la longueur, s'empâte et s'embourgeoise comme le personnage principal. Mais elle garde son charme et ses savoureux détails d'arrière-plan. Margerin a souvent été critiqué comme un auteur de seconde zone, un gribouilleur de petits mickeys rigolos en ligne claire à la papa. Digne héritier de Goscinny ou Gotlib, il a au contraire créé une sorte de genre. Et ne compte plus ses fans. J'en suis.

09/06/2013 (modifier)