La Chute de la Maison Usher (Corben) (The Fall of the House of Usher)
Richard Corben adapte trois nouvelles d'Edgar Allan Poe : La Chute de la maison usher - Le Corbeau - Ombre
Adaptations de romans en BD Edgar Allan Poe L'horreur en bande dessinée Richard Corben
Un homme, Edgar Arnold, arrive à la porte d'une impressionnante maison baignant dans une étrange atmosphère : la Maison Usher. Le climat de désolation et de tristesse entourant cette demeure est angoissant. L'homme vient car son ami le propriétaire des lieux, Roderick Usher lui a envoyé une lettre. Roderick vit dans sa demeure avec sa sœur Madeline qu'il considère atteinte d'une maladie incurable et étrange. Dans une ambiance irréelle, Arnold va assister impuissant à la chute de la maison Usher et ses derniers habitants. -Le Corbeau : Un homme pleure son aimée Lenore, un Corbeau lui rend visite -Ombre : Sept Guerriers festoient après la victoire et rendent hommage à leur ami mort. Frappé d'un mal mystérieux, il git sur une table devant ses amis.
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Date de parution | Janvier 1986 |
Statut histoire | Histoires courtes 1 tome paru |
Les avis
Une excellente adaptation, pleine de caractère - En 1986, Richard Corben réalise une adaptation de La chute de la Maison Usher, d'Edgar Allan Poe (nouvelle publiée en 1839), contenue dans ce tome, avec deux autres histoires courtes, à savoir une adaptation de The raven (un poème de Poe, paru en 1845, l'adaptation de Corben date de 1974) et Shadow - a parable (un court texte de Poe daté de 1850, l'adaptation de Corben date de 1975). Toutes les histoires sont en couleurs. La chute de la Maison Usher (26 pages) - Il s'agit d'une adaptation, dans la mesure où Corben a réarrangé plusieurs séquences. Edgar Arnold, un gentilhomme à cheval, traverse une zone naturelle désolée, où la végétation a dépéri. Il remarque le squelette d'un cheval dans le sol. Il arrive en vue d'une imposante demeure isolée de tout et son cheval chute et se noie dans une étendue d'eau. Il arrive trempé dans le hall de la maison des Usher où il s'évanouit à la vue de cercueils vermoulus et de cadavres décomposés. Lorsqu'il reprend connaissance, il est allongé sur un divan, et Roderick Usher (son hôte) est en train de lui parler. Tout au long de sa carrière, Richard Corben aura adapté des histoires d'Edgar Allan Poe (parfois plusieurs fois la même, c'est le cas pour le poème Le corbeau). Dans les années 2000, il a consacré un recueil à une nouvelle série d'adaptation : Haunt of horror - Edgar Allan Poe (en français L'antre de l'horreur). Ici il s'agit d'une adaptation réalisée entièrement par ses soins (sans l'aide d'un scénariste comme Chris Margopoulos), et en couleurs. Corben a transposé l'histoire de Poe en y incorporant ses propres obsessions. Le premier signe d'une adaptation est qu'il donne un nom au narrateur (Edgar Arnold), alors que dans la nouvelle il reste anonyme. Le deuxième signe d'une adaptation est le rôle plus important de Madeline, la sœur de Roderick, avec des scènes déshabillées (nudité frontale, sauf pour le sexe de la dame, avec hypertrophie mammaire chère à Corben). L'avantage de ce mode de transposition est que le lecteur a l'impression de lire une histoire en bandes dessinées, plutôt qu'un charcutage du texte originel illustré par des images accolées pour une narration séquentielle plus ou moins heurtée. La contrepartie est bien sûr que le lecteur ne retrouvera pas exactement l'atmosphère de la nouvelle, encore moins les saveurs de l'écriture d'Edgar Allan Poe. Si l'histoire ne présente que peu de surprises pour quelqu'un connaissant déjà l'original de Poe, elle est très savoureuse, car il est visible que Corben a passé du temps sur ses planches et s'est bien amusé. Dès la première page, il est possible de reconnaître son style caractéristique (un mélange de réalisme pour les personnages et les vêtements, et d'exagération simplifiée pour une partie des décors) dans le contraste entre la végétation désolée et le regard affolé de la monture d'Arnold. Les pages 2 & 3 offrent une composition conçue à l'échelle de la double page, où il est possible de suivre le déplacement du personnage d'une page à l'autre, ainsi que la première vue de la Maison Usher (une photographie retouchée à la main), puis dans la case du bas s'étalant sur les deux pages, la distance séparant le cavalier de son but. La page d'après est constituée d'un premier plan fixe en quatre cases montrant Arnold s'approchant de la Maison, puis d'un traveling avant en cinq cases de la largeur de la page vers la Maison, pendant que les onomatopées du bruitage laissent deviner la chute du cheval dans l'étendue d'eau. Tout au long de cette histoire, Corben va jouer avec la mise en page à l'échelle de chaque planche, pour des découpages de séquence aussi rigoureux qu'intelligents et efficaces. Corben travaille également sur la composition de plusieurs cases pour qu'elles offrent un spectacle saisissant. Au fil des pages, le lecteur pourra se régaler du premier degré (et parfois du second degré) d'un visage à la chair putréfiée suite à son séjour sous terre puis dans l'eau putride, d'un brouillard épais pourpre se déversant par l'interstice de la porte ouverte dans la chambre d'Arnold, d'Usher et Arnold s'ennuyant ferme le soir à la veillée, des murs suintant une humeur fétide dans les sous-sols de la Maison, d'une vue du ciel de la Maison entourée d'eau, etc. En fait chaque page recèle plusieurs trouvailles graphiques aussi bien en termes de mise en page, que de dessins suscitant l'effroi ou un sourire soit jaune, soit moqueur. Richard Corben s'approprie l'histoire d'Edgar Allan Poe pour y greffer ses obsessions (humour noir et macabre, et sensualité déviante), avec des visuels inventifs et maitrisés. Il réalise lui-même ses couleurs un peu moins exubérantes que d'habitude, mais très efficaces pour installer l'ambiance de chaque scène. Il s'agit d'une histoire à placer parmi les réussites exceptionnelles de Richard Corben. - The Raven (Le corbeau, 8 pages) - Un homme est assis dans son fauteuil, dans une maison isolée. Il est en train de lire quand il entend du bruit à la porte, mais il n'y a personne. Peu de temps après, il entend du bruit à la fenêtre qu'il ouvre, et un corbeau en profite pour pénétrer dans la pièce et se percher sur un buste de Pallas. Alors que l'homme se met à parler à haute voix, le corbeau répond à chaque fois : Plus jamais (Nevermore). Il s'agit d'un poème de dix-huit strophes de cinq vers chacune, qui a rendu Poe célèbre et qui a bénéficié de nombreuses adaptations y compris au cinéma (une version de Roger Corman). À moins de reprendre les vers du poème, il est impossible de transcrire l'effet qu'ils produisent sur le lecteur. Corben se lance donc dans une adaptation de l'histoire mettant en scène de manière littérale le narrateur, sa confrontation avec le corbeau et l'image de sa défunte bien-aimée. Si vous n'avez jamais lu ce poème, cela vous donnera une idée de son argument, mais pas de l'intensité de la confrontation de sentiments contradictoires dans la psyché du narrateur. Si vous avez déjà lu ce poème, il apparaîtra que cette transposition souffre de sa forme littérale et qu'elle n'apporte rien à l'original. Même Corben semble être en mal d'inspiration pour transcrire les tourments intérieurs du narrateur sous forme visuelle, et son déchirement entre faire son deuil et garder le souvenir d'Elenore. J'ai de loin préféré la deuxième adaptation qu'il en a faite dans Haunt of horror. - The shadow (L'ombre, 8 pages) - Dans la Grèce antique, un groupe de sept personnes est en train de s'adonner à des libations, dans une pièce barricadée, où repose un mort. Bientôt une ombre s'insinue dans la pièce, et dans l'esprit des convives. Corben adapte cette fois-ci un court texte (soixante-cinq lignes, 981 mots) et il en tire la substantifique moelle pour transcrire l'ambiance mortifère qui s'en dégage. Au travers d'images assez simples, le lecteur se sent envahi par cette atmosphère délétère et cet état d'esprit accablé par l'horreur de la situation à l'extérieur de la pièce. Même si les sept convives sont bodybuildés, le jeu des acteurs et les images conçues par Corben transmettent au lecteur le caractère débilitant et morbide de la situation.
D'un côté, je ne suis pas fan du tout du style graphique de Richard Corben. Et d'un autre côté, j'aime la plupart des nouvelles d'Edgar Poe mais la Chute de la Maison Usher est celle, parmi les plus célèbres, que je connais le moins bien. J'étais donc curieux de la redécouvrir en espérant qu'une adaptation en BD la rendrait claire et facilement assimilable. Et en même temps, j'espérais que malgré mes appréhensions, Corben saurait lui apporter une originalité et une personnalité graphique pour accentuer son impact à la lecture. Mais ça n'a pas du tout marché pour moi. Graphiquement, ça ne m'a pas plu. Le graphisme manque de finesse et est parfois assez illisible. Les effets de narration de l'auteur n'arrangent rien et parfois j'ai vraiment eu du mal à comprendre ce qu'il se passait. Et comme l'histoire elle-même mélange le rêve, les hallucinations et la réalité, j'ai été perdu et je n'ai absolument pas accroché. J'ai trouvé l'histoire juste médiocre telle que racontée ici. Puis viennent deux autres adaptations plus courtes. Celle d'un poème visiblement, et franchement une suite d'images illustrant un poème un peu abscons, ça ne marche vraiment pas en BD pour moi. Puis celle d'une histoire courte se terminant en queue de poisson et qui ne m'a pas plus convaincu. Non vraiment, cet auteur n'est pas pour moi et cet album encore moins.
Trois nouvelles d'Edgar Poe librement et respectueusement adaptées par Richard Corben. L'histoire principale, La Chute de la Maison Usher est la meilleure du lot, tant mieux, c'est aussi la plus importante en nombre de pages. Corben prend quelques libertés, car si Poe faisait basculer petit à petit son histoire de la réalité au fantastique, Corben la dépeint autrement et plante dès les premières cases un cadre particulier. On ressent immédiatement une atmosphère irréelle, pesante qui nous plonge dans le vif du sujet. L'histoire suit son fil, les derniers membres décadents de la famille Usher vivent parmi les fantômes et leurs ancêtres morts, ils chutent irrémédiablement vers la fin et la folie, en même temps que la maison Usher, vestige symbolique de la grandeur passée des Usher, tombera. Richard Corben illustre cette histoire avec talent et fantaisie, n'oubliant pas de doter la souffreteuse Madeline d'énormes protubérances mammaires, il s'amuse à faire ressembler le personnage spectateur Edgar Arnold à Edgar Poe... Quelques originalités qui ne nuisent en rien à la force du récit, Richard Corben nous fait profiter de sa maîtrise graphique et nous gratifie de magnifiques planches. Certains effets graphiques sont vraiment spéciaux, que ce soit une apparition fantomatique de Madeline ou la rencontre brutale avec un cadavre. Cette histoire est un pur régal jusqu'à la dernière planche. Le Corbeau met en image un autre récit de Poe avec autant de talent, le travail sur les couleurs est différent, les couleurs sont saturées. Cette histoire est poétique, triste. Une femme, Lenore, est représentée de façon aussi sobre que dotée de beaux traits, très sage d'aspect. Rare pour Corben mais néanmoins magnifique. Ombre n'est pas une mauvaise histoire mais elle semble anecdotique comparée aux deux autres. Un peu plus légère mais très axée fantastique elle clôt le recueil avec cohérence. A noter que les histoires Ombre et Le Corbeau sont parues en noir et blanc dans des magazines dédiés au fantastique comme "Fantastik" et Creepy... Cet album les propose en couleurs, globalement c'est un bon album de Corben hélas difficile à trouver comme pas mal d'autres oeuvres de cet immense dessinateur. Il serait d’ailleurs temps qu'un éditeur s'intéresse à Corben, car ses oeuvres le méritent et les gens qui veulent les lire le pourraient sans être obligés de se procurer de vieux albums à prix d'or… JJJ
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