Assis debout
A la suite d'un homme désoeuvré, de sa sortie d'usine au petit bar des Buttes-Chaumont...
Des Ronds dans L’O Les petits éditeurs indépendants
« J'avais quitté ma vie d'avant. Une nouvelle fois, j'avais quitté ma vie. Ça je sais faire. Même si c'est douloureux. » Ainsi démarre le récit d'un homme laissant l'usine derrière lui, partant vers un but encore inconnu, que ses pas vont emmener de café en service militaire, du métropolitain au petit bar des buttes Chaumont, jusqu'à trouver un chemin, son chemin, au cours duquel il nous fera partager ses multiples rencontres, y compris les plus intimes. Petite histoire d'une reconstruction. (texte : des Ronds dans l'O)
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Date de parution | Avril 2008 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C’est un petit album en Noir et Blanc, mais dans lequel le Noir domine franchement ! En effet, après avoir lu les deux premiers chapitres, je me demandais si Vincent de Raeve allait me fournir un petit espace pour respirer, tant le « no futur » était omniprésent, oppressant. Mais par la suite, si l’on reste dans une dominante assez noire, les éclaircies abondent et de Raeve – qui doit mettre pas mal de détails autobiographiques dans cette histoire, introduit l’amour, et donc l’espoir dans une vie qui semblait sans issue. La fin – la plus avare de paroles d’ailleurs, semble confirmer ce regain de croyance en des hommes ou des femmes, à défaut de croire en l’humanité. La narration est toujours « en regard » (action commentée à postériori par le personnage principal, discours et ou dialogues à la forme indirecte), au point qu’on a parfois la sensation – surtout au début il est vrai, dans la partie la plus noire, qu’on a là le récit d’un mort, l’enquête menée après un suicide ou quelque chose comme ça. Le dessin de Stephan Plottès est vraiment bon je trouve, en tout cas très en phase avec histoire et textes. Et ce d’autant plus qu’il use de plusieurs styles. Une sorte de carte à gratter au début, puis un dessin plus classique ensuite, très réaliste, avec parfois mêlés des détails volontairement traités différemment (genre photo, dessin « brouillon »). Au final, une bonne découverte, et un album qui mérite le coup d’œil. Peut-être pas dans une période de gros blues toutefois. Ou sinon, il faut tenir jusqu’au bout pour apercevoir la lumière, au bout du tunnel.
Parce qu’il a décidé de ne plus subir, Vincent De Raeve s’est engagé… Engagé dans ses idées, engagé dans ses paroles, engagé dans son rêve qui était de devenir écrivain, engagé dans sa vie… Il nous livre ici l’écriture de sa première bande dessinée. Assis Debout est également le premier album de Stephan Plottès, le dessinateur. Par petites touches, le livre est découpé en sept chapitres, les auteurs nous dépeignent l’itinéraire - semi autobiographique – d’un individu un peu démoralisé par la société (son travail en usine, son service militaire, le climat social et politique actuel, etc.), qui tente et réussit petit à petit à se reconstruire et à aimer une femme tout en étant aimé d’elle, à être aimable… « Et s’il suffisait de se sentir aimable… ». Nous suivons les pas, les étapes, de cette reconstruction salvatrice. Par des phrases concises et directes, Vincent De Raeve le scénariste nous décrit un environnement pas toujours rose dont il dénonce les travers… ; il dénonce également l’IMAGE vernie, policée, de nos sociétés. Une fois que l’on a ouvert les yeux en effet, on ne peut plus y croire ! Comme à l’exemple de ces sièges « Assis Debout » qui ont l’apparence de sièges mais qui ne reposent pas les jambes… « Ces sièges n’étaient pas des sièges. », écrit-il. « C’étaient des instruments de tortures. Ca s’appelle des sièges « Assis Debout ». Tu peux pas t’asseoir. Tu peux juste poser ton cul. Mais les jambes elles continuent à te porter. Maintenant que je sais, j’en vois partout des sièges comme ça. On est d’accord avec ces sièges ou pas ? ». C’est là un des points essentiels… La réalité de la société n’est pas l’apparence que l’on essaie de nous faire croire (voir l’image, à la page 32 du livre, de la carte postale de Paris déchirée…)… Le personnage principal du récit n’y croit évidemment pas. Il croit par contre en l’amour, l’amour de sa compagne qui le rend « aimable » pour être aimée d’elle… Par son dessin en noir et blanc, dont nous imaginons des influences du côté de Thomas Ott dans le premier chapitre (avec des hachures blanches sur fond noir, comme sur une carte à gratter) ou encore de José Muñoz dans les chapitres suivants, Stephan Plottès arrive à nous communiquer la force du propos de Vincent De Raeve, son image non lisse de la réalité, son espoir. Il nous amène aussi d’un dessin sombre et brouillé (hachures) vers plus de netteté et de lumière - la scène d’amour physique entre le personnage et son amie par exemple est très belle et très pure -, toujours pour suivre et refléter l’évolution du personnage ! A eux deux, ils nous offrent un album tout à fait solide, militant, noir mais sensible, et surtout humain. La réalité est noire mais il y a de l’espoir ! Cet album souple s’inscrit dans la collection Un roman graphique de l’éditeur, qui avait accueilli déjà le très beau Un air de paradis de Arnaud Quéré. Comme pour ce précédent, Assit Debout ne possède quasiment aucune bulles : le texte off, introspectif, à la première personne, du narrateur ne nécessite en effet pas de dialogues. Nous sommes ainsi amenés à nous identifier davantage au personnage. Graphiquement, le texte se fond dans l’image et se fait oublier… Il nous semble plutôt entendre le narrateur que de le lire réellement… Pour un premier album, c’est un coup de maîtres. Gageons que Stephan Plottès et Vincent De Raeve iront loin dans la BD ; ils en ont tout le potentiel !
Pfff... Les premiers chapitres de cet album minent le moral. Tout y est noir, pas d'horizon. Ce serait une dénonciation, un cri d'alerte ou un témoignage utile, je comprendrais. Mais là, je ne comprends pas. Aucune explication n'est donnée à la déchéance de cet homme. Pourquoi se mine-t-il la tête à l'alcool ? Pourquoi se pourrit-il la vie durant son service plutôt que de laisser courir ? Pourquoi ses envies suicidaires ? Pourquoi sa vie de clochard en sortant de l'armée ? Et pourquoi, pourquoi ne voit-il que de la merde autour de lui, des villages prisons, tout le monde contre lui et contre le monde entier, un univers plombé de noir là où d'autres verraient l'espoir ou le simple bien-être insouciant ? J'ai trouvé ça gonflant à vrai dire... Puis vient la lumière avec l'arrivée de la nouvelle amoureuse de cet homme qu'on croyait ne jamais pouvoir attirer qui que ce soit tant il semblait attirer la poisse et la déchéance. Le ton change alors abruptement, toujours assez noir mais teinté de plus en plus de moments de joie. J'ai malgré tout trouvé pénible les soudaines dénonciations politiques assenées ça et là, comme des cheveux sur la soupe. La faute à Sarko, à la télé, au conflit du proche orient, "la merde c'est eux, la solution c'est nous", vive le petit peuple multi-ethnique, solidaire et fraternel. Comment faire des perles avec ses blessures ? Avec plus de subtilité, peut-être... Seul le message de conclusion m'a plu : "ne plus penser qu'on est les lésés de l'histoire". Car je vois la vie sous un autre angle que les auteurs visiblement. Mais je dois faire partie d'un autre monde.
Contrairement à Spooky et Alix, je n’ai pas accroché à l’album. La faute surtout à la construction de ce récit scindé en chapitres relativement décousus (des bribes de la vie d’un paumé) qui, parfois, dévient vers des considérations sans aucun rapport. De plus le personnage principal n’attire pas spécialement de la sympathie ni même de la compassion. C’est un type qui a touché le fond plusieurs fois. Il a cependant le mérite de vouloir sortir de sa condition et sa rencontre avec une femme va l’y aider. La narration est forte. L’emploi de la première personne n’est pas un choix anodin. Cela ajoute du poids et rend le récit plus engagé. Mais cela ne me convainc pas vraiment. De plus, je n’ai aucune accroche particulière avec le dessin. Les premières planches dans le style "carte à gratter" cèdent la place à un encrage plus conventionnel. Je n’ai pas compris ce changement de style. Mais qu’importe finalement, cet album n’est pas fait pour moi tout simplement . . .
J’ai adoré suivre le chemin parcouru par le personnage… de la misère et détresse des premières pages, à la découverte du bonheur dans les dernières pages. Chaque chapitre est un épisode précis dans sa vie, un polaroïd d’une époque, d’un état d’esprit, tantôt doux et heureux, tantôt dur et cruel. Bref, une BD sur la vie, ou plutôt sur UNE vie, sur sa dureté, mais aussi sur sa beauté, qui n’en fait pas trop, ni dans le noir, ni dans le bonheur dégoulinant de bons sentiments. Bref, une BD « juste » comme on dit. Je suis un peu moins fan du dessin de Stephan Plottès, que je trouve un peu trop dépouillé et approximatif, mais il faut avouer que certaines planches sont belles, et que le style est original et sert bien l’histoire. Une belle découverte, que tout amateur d’histoires autobiographiques devrait apprécier.
J'ai voulu aborder cet album vierge de tout préjugé, de tout a priori. C'est pourquoi, mis à part son genre et sa couverture, je n'ai rien voulu savoir avant de le lire. Vincent de Raeve et Stephan Plottès, dont c'est la première bande dessinée, nous proposent de suivre un homme un peu désoeuvré, de sa sortie d'usine au bonheur d'être à deux, en passant par le service militaire et les bas-fonds de la toxicomanie. Il y a plusieurs écueils dans ce type de récit. L'aigreur, la haine que l'on souhaite cracher à une société qui vous rejette. L'attendrissement, qui peut mener au cul-cul la praline dû peut-être au fait d'avoir trouvé une vie réglée, ronronnante. Il y en a d'autres, mais je n'aurai pas l'outrecuidance de les citer, n'ayant finalement pas assez vécu pour ça. Vincent de Raeve parvient à éviter tout cela. Son récit est découpé en chapitres, chacun représentant un moment particulier de ce tronçon de vie. Il nous propose des moments noirs, mais ne s'attarde pas dessus. Finalement le récit se veut une formidable ode à la vie, laquelle est personnifiée par sa compagne, avec laquelle il vit une osmose stupéfiante, mais tout à fait réaliste. Je dois avouer qu'au-delà des scènes, les mots m'ont touché aussi. Simples, mais recherchés. Poétiques, mais fortement évocateurs. Côté dessin, Stephan Plottès est un nouveau venu, mais je ne doute pas qu'il va bientôt se faire un nom chez les éditeurs indépendants. Il a un style très fort, surtout en noir et blanc, et est capable de retranscrire de nombreuses émotions, mais aussi de dessiner des paysages et des architectures urbaines avec beaucoup de talent. Ma note hésite entre 3,5 et 4/5, mais vu que c'est un coup de coeur, c'est le 4 qui l'emporte.
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