Tif et Tondu
A la frontière entre le policier et le fantastique, Tif et Tondu sont prêts à tout pour combattre le crime, et particulièrement pour venir à bout de leur ennemi tout-puissant, le terrible Monsieur Choc. De l’espace jusqu’au territoire des rêves, de New York jusqu’à la jungle malaisienne, les deux amis sillonnent la planète et plus encore pour protéger l’humanité des ambitions folles et destructrices de ceux qui se mettent en travers de leur chemin.
Best of 1950-1959 Denis Lapière Journal Spirou Les BDs à papa
Apparu dans le Journal de Spirou en 1938, ce duo de détectives hors du commun va y enquêter pendant plus de 50 ans sous la plume des plus grands noms de la bande dessinée : Rosy, Tillieux, Desberg, Lapière, Will et Sikorski laisseront ainsi leur empreinte sur le parcours de ces deux personnages initialement créés par Fernand Dineur.
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Date de parution | Octobre 1954 |
Statut histoire | Une histoire par tome 45 tomes parus |
Les avis
Ayant relu les intégrales parues chez Dupuis (la première, qui avait la mauvaise habitude de sortir les histoires dans un certain désordre au début) deux-trois fois depuis que j'ai posté ce très vieil avis, j'ai décidé d'écrire un avis plus profond. Tif et Tondu a la particularité d'appartenir, comme Spirou, à l'éditeur, ce qui explique pourquoi il y a eu autant d'auteurs différents. Le peu que j'ai lu de la période de Will avant que Rosy ne devienne son scénariste et les extraits du Tif et Tondu de Dineur que j'ai vus sur internet ne me donnent pas envie de mieux connaitre les premières années du duo. C'est de la bande dessinée qui a mal vieilli. L'arrivée de Rosy au scénario et la création du grand Choc marque le début où la série devient intéressante, sauf que je trouve que les récits des années 50 ont aussi mal vieilli. En dehors de l'album 'Le retour de Choc' qui se laisse lire, je trouve la qualité moyenne et même mauvaise. C'est du feuilleton écrit à la petite semaine où il y a plein de péripéties et c'est parfois décousu. Le dessin de Will est pas mal, mais il a pas encore son style personnel que j'aime tant. Heureusement, lorsque Will revient à la série au milieu des années 60 après quelques années d'absence, son dessin a évolué et il a ce style si particulier qui le place parmi les plus grands des dessinateurs de Spirou de l'âge d'or. Les scénarios de Rosy se sont améliorés et les albums avec Choc sont très bons. Vient ensuite Tillieux au scénario qui donne la plupart du temps un très bon scénario. Même les albums que j'aime le moins de lui sont pas mal à mes yeux. Le dessin de Will est toujours excellent et il sait comment créer d'excellentes atmosphères aux récits. Vient ensuite Desberg qui était un scénariste débutant à l'époque et ça se voit. Ses premiers albums sont moyens voire même mauvais. Il n'y a que 'Métamorphoses' que j'aime bien pour son atmosphère étrange. Il y aussi le fait qu'à l'époque Desberg semble avoir de la difficulté à écrire un scénario de 44 pages et le dernier tiers de l'album est souvent différent du reste. Il ne devient vraiment bon selon moi que lorsque Choc revient et les 3 derniers albums de ce duo sont les meilleurs de leurs collaborations. Puis Will abandonne la série et de nouveaux auteurs prennent le relais et... ça ne marche pas pour moi. La série devient plus réaliste et les histoires sont toutes du polar. Le résultat est pas mal, mais ce n'est plus le Tif et Tondu que j'aime. Une des qualités de la série est qu'il y avait un mélange de genres. Si un album était du polar, le suivant pouvait être de l'aventure pure ou même être de la science-fiction. Là il y a un genre et c'est tout. Ce sont des polars bien ciselés qui se laissent lire, mais la série devient banale. Il n'y a plus la fantaisie qui se dégageait parfois du trait de Will. Donc voilà pour moi la série est un peu inégale sur la qualité, mais globalement c'est bon. La période Will-Tillieux est ma préférée, Rosy et Desberg ayant commis des albums que je n'aime pas tout en ayant aussi écrit des albums qui font partie des meilleurs de la série selon moi. La période de Will est à découvrir si on est fan de vieilles séries franco-belges.
Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis toujours attaché à cette série indémodable, je l'ai découverte dans un recueil Spirou (alors que je n'étais qu'un lecteur occasionnel de ce journal) avec l'épisode "l'Ombre sans corps", et depuis, je ne l'ai plus lachée, je possède toute la série depuis l'album n°4 jusqu'au dernier scénario de Desberg (les périodes Rosy, Tillieux, Desberg étant les meilleures). Cette bande créée en 1938 par Dineur n'a cessé qu'en 1997, c'est dire si elle a marqué le journal Spirou en résistant aux années, aux modes et aux transformations sans prendre une ride pendant plus de 60 ans. Au début, il n'y avait que Tif, Tondu n'apparaissant que plus tard, et le ton était vraiment fantaisiste; de plus, le dessin n'était pas joli, plutôt grossier comme c'était courant chez les dessinateurs d'avant-guerre. En 1949, le dessin est confié au jeune Will, élève de Jijé, qui en rajeunit et en modernise l'aspect, même si son graphisme ne cherche pas les effets, mais il est efficace et convient parfaitement à ce type de bande semi-réaliste. Ce lifting est bénéfique, car les lecteurs apprécient déja ce sympathique duo de détectives amateurs, dont l'intérêt réside dans l'opposition des 2 héros : d'abord par le fait que Tondu soit le chevelu hirsute et barbu, et Tif le chauve; ensuite Tondu est plutôt actif, c'est le sérieux, celui qui décide, tandis que Tif est le jovial gaffeur, râleur parfois insupportable, attiré par les femmes, bref, le comique de service, mais qui peut s'avérer fonceur dans Tif et Tondu à New York ; pourtant, il n'est pas le faire-valoir de son acolyte, tous deux sont complémentaires, un peu comme Astérix et Obélix ou Tintin et Haddock. La période Dineur, il faut donc l'oublier, c'est à partir de 1955 que la bande va vivre ses plus belles années lorsque Maurice Rosy crée le redoutable Monsieur Choc, sorte de Fantômas moderne, élégamment vêtu d'un smoking et de gants blancs, le visage dissimulé par un heaume, c'est le plus implacable ennemi qu'ait eu à combattre le duo de détectives. En même temps, quand on y pense, il y a un côté théâtral et ridicule dans ce personnage, totalement invraisemblable aujourd'hui, mais à l'époque, les méchants étaient comme ça et on l'acceptait. En 1968, c'est Maurice Tillieux qui prend le relais de Rosy ; la série est encore dans une grande période. Comme il le fit dans Gil Jourdan, Tillieux accentue le caractère policier des histoires, et frôle le fantastique où le mystère et l'angoisse dominent ; les titres des albums sont explicites (l'Ombre sans corps, Contre le Cobra, le Roc maudit, Sorti des abîmes, les Ressuscités, le Scaphandrier mort, un Plan démoniaque, le Retour de la Bête), l'esprit des récits apparaît sans ambiguïté, le lecteur devine où les auteurs vont l'emmener. Nos deux héros deviennent dans cette période des détectives traditionnels et côtoient parfois leur ami Ficshussett de Scotland Yard. En même temps, ce sont deux vieux garçons, et la série contient peu de femmes, Tillieux leur adjoint parfois une blonde compagne, la délicieuse comtesse Amélie d'Yeu dite Kiki. Après la mort de Tillieux, son assistant Stephen Desberg intervient en 1978 avec le Gouffre interdit, apportant un ton nouveau, fantastique mais aussi plus en phase avec l'actualité (voir les épisodes Swastika ou les Phalanges de Jeanne d'Arc) ; pour ses grands débuts, Desberg tentait des choses nouvelles, c'était encore bien. En 1991, Will passe la main à Sikorski au graphisme plus moderne et à des scénarios de Lapière peu inspirés, beaucoup de lecteurs se sont alors détournés de la série, moi le premier. Le charme est rompu. Mais les aventures palpitantes de ces deux héros, qui peuvent être cataloguées pour la jeunesse, sont plus subtiles qu'il n'y paraît, ça plaît aussi aux adultes, et je prend encore beaucoup de plaisir à les relire. Un classique incontournable de la BD franco-belge.
Si on excepte les trois premiers tomes, encore immatures, et si on digère le style graphique de Sikorski, bon mais éloigné de celui de Will, la série n’est pas loin d’être culte à mes yeux. Elle combine en effet plusieurs éléments de qualité. Tout d’abord, un duo charismatique et « photogénique ». Tif et Tondu sont identifiables au premier coup d’œil, leur image reste en mémoire de tout bédéphile. Ensuite, un ennemi récurent lui aussi inoubliable : Mr Choc. Encore : des histoires très variées mais offrant constamment suspense, humour, fantaisie. C’est un pur produit Dupuis, respectueux de la ligne directrice de l’époque (des époques, pour être plus exact, et au vu de la longévité de la série). L’humour dédramatise le caractère policier ou fantastique des scénarios. Le suspense, toujours présent, retient l’attention du lecteur et lui donne envie de connaître le fin mot de l’histoire. Enfin, le dessin de Will atteint rapidement un niveau d’une grande qualité. Dès « la Villa du Long-Cri », le trait de l’artiste est arrivé à maturité. Ce qui n’empêchera pas Will de continuer à peaufiner son art. La lisibilité, le dynamisme, la rondeur, la richesse en profondeur sont des constantes que j’apprécie on ne peut plus. Chaque scénariste aura apporté quelque chose à la série. Certains sont plus réalistes, d’autres plus fantaisistes. Tous, hormis Dineur (au style trop daté pour moi) m’ont plu à plusieurs occasions. Du tome 8 au tome 39, rares sont les albums que je n’ai pas apprécié. Et même ensuite, malgré mon problème avec le dessin de Sikorski (pour lequel je mettrai trois tomes avant de l’accepter), les scénarios de Lapière m’auront agréablement surpris même s’ils offrent une version plus traditionnellement policière à la série. Quasi-culte ! Un achat chaudement recommandé pour les amateurs de bandes dessinées franco-belge.
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