Silence

Note: 4.07/5
(4.07/5 pour 46 avis)

Angoulême 1981 : Alfred du meilleur album ex æquo Muet et simple d'esprit, Silence habite et travaille chez un fermier dominateur dans un petit village des Ardennes. Ignorant les rapports de force omniprésents dans la société, son destin sera tragiquement bouleversé par sa rencontre avec Sara. Ami des bêtes et naturellement bon, il apprendra à découvrir l'amour et la haine.


Angoulême : récapitulatif des séries primées Best of 1980-1989 Casterman Comès Handicap Les années (A SUIVRE) Noir et blanc One-shots, le best-of Petits villages perdus Sorcières Wallonie

En 1941, Silence est né des amours de Violante Renard, fille célibataire d'un fermier belge des Ardennes, et de Gorgio, un tzigane marié, dans le petit village de Beausonge. Contrainte de se marier à Abel Mauvy, qui avait tué sournoisement Georgio, Violante meurt immédiatement après l'accouchement. Muet et simple d'esprit, Silence est ridiculisé et frappé par les enfants de son âge. Il est aussi régulièrement battu, méprisé, humilié et exploité par son beau-père. Dans les années 1970, alors qu'il est dans la trentaine, soit au moment où se déroule le récit, Silence est à nouveau ridiculisé et exploité par les gens du village. Il est l'ami des bêtes et naturellement bon. Un jour il entrouvre la porte d'une grange dont l'accès est interdit. Il y rencontre Sara, une sorcière. Grâce à la magie, celle-ci va lui faire connaître l'histoire de ses parents. Il rencontrera de nouveau Sara chez elle, et elle lui fera découvrir la sorcellerie, la haine et l'amour. Humilié par Sara qui repousse ses avances, Abel Mauvy la saigne à mort, puis la viole. Il fait porter son crime crapuleux sur Silence qui est rapidement arrêté. En captivité, Silence se lie d'amitié avec son camarade de cellule. Ensemble, ils réussissent à s'évader et se réfugient au sein d'un cirque ambulant. Silence retourne à la maison de la sorcière, il apprend comment Abel Mauvy a tué Sara. Sur les entrefaites, le meurtrier fait irruption... Abel Mauvy le tue et le décapite... En fin de récit, la mort de Silence est sublimée. Face à mer, l'objet de son plus grand désir, Silence est rejoint par Sara. Survolés par des goélands, main dans la main, ils s'immergent tout doucement. Bientôt, seuls les traces de leurs pas dans le sable restent visibles… Collection de récompenses : o Grand-Prix Saint-Michel, 1980. o Yellow Kid du meilleur dessinateur étranger à Lucca. o Grand-Prix de la BD 1981, le journal de la presse et du livre / RTL

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1980
Statut histoire One shot (Edition en 2 tomes couleurs dispo.) 1 tome paru

Couverture de la série Silence © Casterman 1980
Les notes
Note: 4.07/5
(4.07/5 pour 46 avis)
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06/04/2002 | Eusèbe
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L'avatar du posteur bamiléké

J'ai vraiment beaucoup aimé ce récit de Comès que je classe perso comme une de mes lectures préférées. "Silence est un être qu’on n’oublie pas” écrivait le poète Henri Gougaud dans sa préface de l'oeuvre de Comès. Modestement j'ajouterais que le personnage d'Abel Mauvy restera pour moi l'une des personnifications du Mal les plus abouties du monde de la BD. À la croisée du conte mystique et ésotérique, du récit philosophique ou symbolique j'ai découvert une grande richesse dans ce scénario si singulier. J'ai immédiatement été séduit par la personne de Silence. Sa force animale, son rapport confiant à la nature et aux autres ainsi que son parler simpliste de type "pidgin" me l'a immédiatement et symboliquement placé dans l'état de l'homme naturel intrinsèquement bon (question philosophique ?) asservi en esclavage par le massif et vénal Mauvy. Comès a-t-il voulu y faire une critique du colonialisme européen ? Perso cela a été ma grille de lecture dès les premières pages. Mais les antagonismes sont nombreux tout au long du récit : richesse du coeur vs vénalité, spiritualité et "folie" vs rationalisme destructeur, courage de la sorcière vs lâcheté du village. Ce dernier antagonisme renvoie lui, à un Mauvy colabo et profiteur, image renforcée par les uniformes noirs des gendarmes, presque tirés de la garde-robe des Waffen-SS. On pourrait se dire que Comès tombe dans un manichéisme facile opposant le Bien et le Mal d'une façon simpliste et partiale. Mais Comès introduit beaucoup d'intelligence dans son scénario. Il y va par petites marches qui représentent bien nos renoncements. Ainsi Mauvy est d'autant plus préoccupant qu'il est l'image de l'inhumanité qui a grandi au fond de nous-même depuis des siècles. La fin résonne comme à un retour à une autre logique puisque le justice des hommes n'est pas pour "Silence". J'ai beaucoup aimé le final lucide sur les rapports de force mais optimiste dans sa pensée onirique. Quel plaisir de découvrir le trait de Comès qui porte le récit de façon très efficace. Tous les visages sont aussi tourmentés que l'ambiance pesante de Beausonge. Les détails sont rares mais les éclairages et les contrastes suffisent à créer cet univers de secrets et de monde clos. De plus j'ai apprécié de retrouver un graphisme qui sort de l'uniformité lassante de trop de dessinateurs. Une lecture qui m'a fait vibrer comme une sonate au clair de lune. Excellent.

08/06/2023 (modifier)
Par Charly
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Charly

"Silence" est une véritable pépite de la bande dessinée. Cette oeuvre magistrale m'a captivé et émerveillé avec son mélange unique de chronique paysanne, d'onirisme et de fantastique. L'histoire nous transporte dans le village fictif de Beausonge, immergé dans l'atmosphère envoûtante de l'Ardenne. Au coeur de cette aventure se trouve Silence, un jeune homme muet au cœur pur, qui devient l'homme à tout faire de l'odieux Abel Mauvy. Mais à travers sa rencontre avec une sorcière aveugle, Silence découvre ses origines et les raisons de se venger de son maître tyrannique. Ce qui rend "Silence" si exceptionnel, c'est le talent artistique de Comès. Son trait graphique en noir et blanc est d'une beauté saisissante, utilisant habilement les contrastes et les jeux d'ombre pour créer une ambiance sombre et mystérieuse. Chaque page est une véritable œuvre d'art, avec des détails minutieux et des expressions émotionnelles qui transpercent l'âme des personnages. Les personnages de "Silence" sont profondément complexes et nuancés. Silence lui-même est un protagoniste attachant et vulnérable, dont la force réside dans sa pureté et son innocence face à la cruauté du monde. Abel Mauvy, en tant qu'antagoniste, incarne la brutalité et la méchanceté, créant un contraste saisissant avec Silence. Les autres personnages, tels que la sorcière aveugle Sara et le mystérieux Blanche-neige, ajoutent des dimensions fascinantes à l'histoire, apportant des éléments de destinée, de vengeance et de quête d'identité. Au-delà de l'histoire captivante, "Silence" explore des thèmes profonds tels que l'intégration sociale, la superstition et les relations familiales. Comès nous invite à réfléchir sur la nature humaine, la dualité entre le bien et le mal, et les chemins tortueux de la destinée. Tout en étant ancrée dans la réalité paysanne, l'histoire bascule dans le fantastique, offrant une dimension onirique qui transcende les limites de la bande dessinée.

21/05/2023 (modifier)
Par jul
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Silence ... Que dire de plus sur cette oeuvre culte de la bd franco-belge période à suivre ? Rien. Tout a été dit. J'ai été bercé par cette oeuvre magistrale depuis tout petit et sa relecture est toujours un plaisir où l'on se laisse porter par l'ambiance envoûtante de sorcellerie campagnarde. Les jeunes lecteurs pourraient être rebutés par le graphisme très particulier de Comes, ses visages étranges statiques et froids (tel un mélange de serpents et de chats) assez datés c'est vrai, mais ça serait passer à côté de la superbe magie triste qui imprègne cette oeuvre. Certaines pages sont sublimes (en particulier celles avec le sorcier " la mouche" et celles du crapaud).

01/05/2013 (modifier)