L'Héritage du Colonel
La vie du fils d'un tortionnaire de la dictature argentine (1976-1983)
Argentine Auteurs argentins Carlos Trillo Mirages
Dans les années 80, quelques années après la fin de la dictature militaire ; en Argentine, un petit fonctionnaire du nom d’Elvio Guastavino semble mener une vie bien tranquille, s’occupant, notamment, d’une mère très malade. Mais, Elvio a un lourd passé. Il est le fils d’un militaire de l’ancienne junte qui torturait les opposants politiques avec virulence. Son père est depuis mort assassiné… Elvio mène donc une existence anodine. Mais il semble souffrir de quelques troubles psychologiques. Il est tombé amoureux d’une poupée du XIXème siècle qu’il prénomme Luisita et qu’il rêve d’acheter à un antiquaire. Il passe tous les jours devant la vitrine et lui parle… Cette poupée lui rappelle celle que son père utilisait pour s’exercer à la torture…
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Date de parution | 24 Septembre 2008 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Alors ça c'est surprenant comme lecture ! Je vous déconseille franchement si vous n'êtes pas bien accroché, parce que sous son dessin mignon et ses expressions exagérées, la BD est cruelle et triste, reflet d'une société Argentine qui a connu des années de dictature sanglante. Je crois que l'auteur a un message à faire passer et ça se sent. L'histoire est horrible et bascule progressivement dans le pire. Avec un personnage aussi malade au début, on s'attendrait à un développement moins glauque et plus tragique, mais en plus d'être un personnage ridicule, Elvio est sordide. Entre son comportement envers les gens et son passé qui rejaillit par petites touches, on dresse un portait de personne transformée par la morale chrétienne, les années de dictature et la torture, mais aussi les idées sur le foyer familiale et la vision des femmes (quelle horreur !). La folie est là, étonnamment présentée comme résultat de la période dictatoriale (et non comme origine), baigne ce personnage qui semble cristalliser toutes les horreurs de la dictature. Ce qui choque surtout, c'est les contrastes : dessin et propos, image qu'il se fait de cette poupée et réalité sordide, image de sa famille et réalité là aussi sordide … Tout est fait pour être contrasté en permanence, donnant un lugubre tableau qui semble joyeux et rigolo, alors que tout est dur et violent. Je pense que la BD a de quoi faire réfléchir et pose un constat horrible sur ce que fut la dictature argentine. Et le résultat de tout ceci semble d'une tristesse immense lorsqu'on constate l'impact que cela a eut. Elvio est pathétique, tout en lui respire la frustration et le dégout. Je ressors de la BD marquée par ce qu'elle contient et dérangé par ce qu'elle dit. C'est glauque mais c'est fort, sans doute un des meilleurs moyens pour prendre conscience de ce que fut cette dictature. C'est une belle réussite.
Buenos Aires – années 80. Elvio Guastavino travaille dans un quelconque ministère argentin. Il est le fil du colonel Aaron Guastavino, triste personnage, puisqu’il a participé activement à la torture lorsque le sinistre Jorge Rafel Videla était au pouvoir. Le fiston est marqué psychologiquement par cette période. Vous vous rendez compte, que pendant une décennie, ce pays a été soumis à la terreur. Cependant la folie d’Elvio ne pourra éveiller en vous la moindre pitié. Ce récit de Carlos Trillo est une fiction bien évidemment, mais il s’est inspiré des événements monstrueux qui se sont déroulés en Argentine à cette époque. Il y a malheureusement de la matière. Je ne savais pas trop à quoi je devais m’attendre avec cet album. Mais les avis des lecteurs de BDthèque m’ont incité à me le procurer. Et j’ai bien fait ! L’album est sombre et violent. La torture et le viol ont une place privilégiée. Vous allez à tous les coups, prendre une bonne claque avec cette BD dérangeante. Ne vous fiez pas au graphisme presque puéril de Lucas Varela. Vous voilà plongés dans l’histoire la plus abominable de l’Argentine. Dans une société dans laquelle un dictateur à la tête de la junte militaire mènera une guerre sans relâche pour faire appliquer ses idéaux en contrant toute forme d’opposition. Voilà donc une BD originale avec des dessins presque anodins qui va vous endurcir la couenne ! Un récit intéressant pour mieux appréhender cette époque bien noire mais que c’est dur !
Encore un très bon scénario signé Trillo ! Les auteurs montrent les monstruosités de la dictature argentine de 1976-1983 et aussi les séquelles (vu que cela se passe après la dictature) à travers le personnage d'un petit fonctionnaire qui se prive pour acheter une poupée. Au début, je me demandais où les auteurs voulaient en venir, mais au fur et à mesure ils montrent la folie d'Elviro et les événements passés qui expliquent son état psychologie et pourquoi ce qui se passe dans le présent va le faire sombrer peu à peu dans la folie. Le scénario est totalement maîtrisé et prenant. Je l'ai trouvé prenant du début jusqu'à la fin et les auteurs dénoncent les horreurs de la dictature de manière originale. Le dessin est mignon alors que plusieurs scènes sont très glauques. C'est un très bon décalage je trouve et cela va assez bien avec la personnalité d'Elviro qui semble être normal, mais qui cache un coté malsain.
Une fois dépassé le cap du dessin qui possède un côté très enfantin, il faut en venir à l'essentiel, au fond de cette histoire de folie sur fond de dictature militaire. Fortement traumatisé par l'éducation de son père, "heureux tortionnaire ", qui ramène du travail à la maison, notre brave Elvio Guastavino en gardera des séquelles psychiques tout au long de sa vie d'adulte. On se doute donc qu'à cet âge le brave Elvio a développé une psychose carabinée et le seul moyen qui dans un premier temps lui permet de survivre est de reporter un amour qui lui a manqué sur une poupée de porcelaine qui lui donne l'occasion de sublimer la petitesse de sa vie. Plus le temps passe, plus les gardes fous tombent et la folie se révèle. Au delà de ce personnage c'est bien la description clinique d'une dictature, une allégorie qui nous est proposée et la force des auteurs est de nous montrer à travers ce récit glauque, noir, malsain, tous les méfaits, et le mot est faible, qu'un tel système politique organise. Une lecture salutaire et presque obligatoire qui décrit un moment assez récent de l'histoire de l'Amérique du Sud. Sachons nous rappeler par qui était téléguidée cette dictature et d'autres aussi peu reluisantes par l'entremise de la sinistre opération Condor.
Mes précédentes lectures d’albums de Trillo avaient abouti à des impressions très mitigées. Aussi disparates que ses productions : j’avais plutôt aimé Histoires sans paroles, et moins accroché à La Grande Arnaque. L’Héritage du Colonel ne ressemble à aucun des deux ! Mais, après un petit temps d’adaptation – au récit et au dessin, j’avoue avoir apprécié cet album. Le dessin m’a surpris au début. A mi chemin entre un dessin pour enfants et les comics, il y a un petit décalage avec le propos. Au début tout au moins. Car rapidement, je les trouve en symbiose, même si alors ils entretiennent un certain malaise. En effet, cet album est dérangeant. Construit autour de la souffrance, des frustrations, des cauchemars post traumatiques du personnage principal, mais aussi de la société argentine, il traite des effets de la dictature de Videla comme le ferait une analyse mêlant psys et historiens. La lecture de l’introduction est d’ailleurs recommandée pour bien comprendre l’album. Le livre et le documentaire de Robin auxquels il est fait référence sont à lire/voir aussi. Pour la torture dans les dictatures sud-américaines, mais aussi pour le rôle qu’y ont joué certains spécialistes français de la chose après leurs expérimentations algériennes (expérience qui a fortement intéressé certains "humanistes" de Guantanamo…). Elvio, le personnage principal, est traumatisé par ce qu’il a vécu, même si c’est de manière différente des victimes survivantes des tortures de son père. Le transfert qu’il effectue sur les poupées et la torture qu’il inflige involontairement et symboliquement à sa mère, qu’il affame, sont assez dures à suivre – et dans tous les sens du terme ! Les poupées, d’ailleurs, et les sévices qu’elles subissent, ainsi que la manière de les représenter, parfois, m’ont fait songer à Blanquet. Une même ambiance dérangeante les rapproche aussi. Au final, c’est vraiment un album original, dont je recommande vraiment la lecture. Mais pas forcément dans un moment de déprime…
D’un coup de crayon plaisant qui évoque vaguement le style des comics américains mais dans des teintes autrement plus vénéneuses, l’auteur nous assène l’histoire terrifiante et malsaine d’un Monsieur tout le monde obnubilé par les fantômes de son passé, notamment celui de son père, colonel sous la dictature argentine, et qui avait tenté de son vivant de lui enseigner la torture… Ici, il n’est plus question de psychologie mais bien de folie glaciale et macabre, une folie qui contamine le récit et parvient à déstabiliser le lecteur. Comment concevoir l’inconcevable ? C’est bien de ça dont il est question, car même en sachant que l’histoire est tirée d’un témoignage, l’esprit se cabre devant une telle atrocité, même si le trait caricatural permet de prendre de la distance et d’en atténuer l’horreur… Je ne peux pas dire si j’ai vraiment aimé, même si je reconnais la difficulté de l’exercice. Je me suis demandé si en fait ces personnages aux faces comico-grimaçantes, qui pourraient presque sortir de Mickey magazine, ne m’ont pas mis encore plus mal à l’aise que si elles avaient été plus réalistes… C’est en tout cas une expérience âpre et peu commune, et qui interroge sur les limites de l’être humain en matière de barbarie et la manière dont il peut s'auto-justifier… A lire quoi qu’il en soit, tout au moins si vous pensez avoir les nerfs suffisamment bien accrochés…
Quelle force !!!! J'ai eu du mal à comprendre où je mettais les pieds mais au fur et à mesure de la lecture, le récit s'est dévoilé et m'a entrainé dans un tourbillon de folie. Le personnage principal, Elvio Guastavino, est complexe. Sa vie actuelle est gangrénée par les actes de son père, ancien général lors de la dictature militaire en Argentine. Ce dernier l'a entrainé dans ses délires et sa violence sans se rendre compte de la corruption que cela a entrainé sur l'intégrité psychique de son fils. Le récit s'avère bien plus adulte et dramatique que le dessin voudrait nous le faire croire. Le décalage entre la forme et le fond renforce ce dernier. La folie assumée du père est devenue une folie refoulée et névrosée chez le fils. Les rares autres personnages ne sont pas à la fête dans cet espèce de huis clos violent dans tous les sens du terme. Les auteurs arrivent par ces personnages à résumer les abus d'un système révolu mais encore proche dans le temps. Il ne s'agit pas d'une rédemption ni d'un jugement mais juste d'un rappel au souvenir d'un passé noir qui aura marqué physiquement une franche de la population argentine sans oublier de marquer psychologiquement l'autre partie. Il faut être près à lire ce genre de récit sans compromis car il ne se laisse pas digérer facilement.
C'est une bd très forte pour dénoncer la torture qui s'est pratiquée en Argentine durant la dictature militaire. Il y eu des milliers de disparitions et ce pays n'en n'est toujours pas ressorti indemne malgré la démocratie. L'héritage du colonel, c'est ces années noires qui restent dans tous les esprits. L'auteur s'est volontairement axé sur "l'après" ce qui constitue en soi une très bonne démarche. On est embarqué dans un récit très glauque où un homme va jusqu'à sacrifier sa pauvre mère en la laissant mourir de faim pour satisfaire ses perversions avec une poupée. Il est question de bourreau et de victime. Il est également question de vengeance dans une "douce" atmosphère de réalisme cruel. La noirceur extrême n'a jamais fait recette avec moi. C'est comme ça dans mon caractère. Je trouve cette oeuvre quand même bien utile pour expliquer aux générations futures tout ce qu'a été cette dictature qui niait l'humanité. Il faut s'accrocher et ne pas être dégouté. Perturbant, c'est certain.
Je ne sais pas où Trillo est allé chercher ce scénario, mais il est inintéressant au possible. Un homme amoureux d'une poupée qu'il ne peut acheter, il va alors économiser et se priver de tout pour l'obtenir. Tout cela sur fond de maltraitance psychologique de l'époque où il était enfant grâce à une mère castratrice, et les difficultés qui s'ensuivent pour assumer sa vie d'adulte. Ah oui j'ai son bourreau de père, encore un dingue, c'est dire si cette bd m'a marquée. L'histoire d'un pauvre type, traitée sans humour ni dialogues mordants, comme on est habitué avec Trillo. C'est surtout mignon au niveau du graphisme. Avec Trillo j'ai remarqué que ses séries sont fonction de ses dessinateurs. Par exemple j'ai trouvé presque toutes celles dessinées par Mandrafina, Bernet ou Risso excellentes, alors que celles de Breccia, Altuna ou Varela ne m'ont pas plu. Le dessinateur doit donc mettre son grain de sable - voire même un bon tas de sable - et c'est ce qui fait toute la différence entre une bonne série de ce scénariste et d'autres nettement en dessous. D'ailleurs ça se sent tout de suite au niveau des dialogues qui sont très différents en fonction des dits dessinateurs.
Attention, ce livre c’est de la dynamite !!! Ne vous fiez pas au dessin qui semble tout droit sorti d’un album au trait cartoonesque et pourrait nous laisser penser qu’on va avoir affaire à une histoire bien gentillette. Ce n’est pas le cas du tout. Carlos Trillo, scénariste, entre autre de Spaghettis brothers, se penche sur la dictature militaire en Argentine qui sévit de 1976 à 1983, du moins, plus précisément, sur l’après dictature. Son personnage principal Elvio est un austère fonctionnaire qui vit seul avec sa maman. Mais voilà, Elvio est aussi le fils du colonel Guastavino, un des pires criminels de la junte qui torturait avec violence tous les opposants. Sa femme et son fils ont même été les témoins voire les complices d’actes particulièrement sadiques et cruels commis au sein même de leur appartement. Cela semble avoir quelque peu perturbé Elvio qui, dès qu’il a fini le travail, se rend chez un antiquaire, où il parle à une poupée dont il est tombé éperdument amoureux !!! Cette poupée lui rappelle celle que son père utilisait pour expérimenter de nouveaux sévices !!! Cette histoire décrit la longue déchéance d’Elvio qui sombre peu à peu dans la folie, mélangeant le passé et le présent, revoyant son père torturer de jeunes militantes communistes ou s’acharnant sur des poupées. Mais, les démons du passé reviennent hanter Elvio en la personne d’une ancienne victime de son père. Cet ouvrage met en lumière l’inhumanité et sa transmission et ne se contente nullement de suggérer la torture. Varela, avec un graphisme qui semble destiner aux enfants dessine des scènes horribles et insoutenables. On voit Elvio devenir de plus en plus inquiétant et sombrer dans une folie dangereuse et perverse… Ce livre est vraiment dur, mais c’est une vraie œuvre engagée et qui pose une question fondamentale : qu’est-ce qui sépare l’être humain du bourreau ?
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