Pinocchio (Winshluss)

Note: 3.82/5
(3.82/5 pour 33 avis)

Angoulême 2009 : Prix du meilleur album. Le conte de Pinocchio revisité à notre époque.


Adaptations de romans en BD Angoulême : récapitulatif des séries primées Auteurs complets BD à offrir Contes de fées revisités Les petits éditeurs indépendants Les prix lecteurs BDTheque 2008 One-shots, le best-of Pantins & Marionnettes Pinocchio Requins marteaux Trash

Pré-publié en partie dans la revue Ferraille Illustré de 2003 à 2005 et interrompu par Winshluss pour se consacrer avec Marjane Satrapi à la réalisation du film d'animation Persepolis (primé au festival de Cannes et au César et nominé au Oscar), Pinocchio narre les (més)aventures de la célèbre marionnette, revues et corrigées par ce bon petit diable de Winshluss. La trame y est globalement la même que dans le célèbre roman de Collodi, cependant l'intrigue y est largement modernisée : On retrouve ici un Pinocchio bien loin du gentil petit garçon de Walt Disney ! Le pantin de bois devient là un simple androïde conçu par un ingénieur en mal de reconnaissance. Tandis que le grillon qui parle (ici un cafard) connaît un sort plus enviable que celui du roman originel, puisqu'il s'agit d'un SDF qui trouve à squatter bien confortablement dans la boite cranienne du petit robot en question.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 28 Novembre 2008
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Pinocchio (Winshluss) © Les Requins Marteaux 2008
Les notes
Note: 3.82/5
(3.82/5 pour 33 avis)
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10/12/2008 | Miranda
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Par Erik
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Erik

J'avais très peur en empruntant cet ouvrage de ne pas l'aimer. J'ai été baigné dans la culture Disney et j'avais peur d'une dénaturation complète du mythe. Je suis bien servi ! Et pourtant, j'ai littéralement adoré. Le traitement graphique est d'une réussite sans nom et qui laisse sans voix. On reprend donc l'histoire de Pinocchio qui devient dans cette version un robot crée par un inventeur Geppetto dont la femme est un peu nymphomane. J'ai adoré les petites histoires de Jiminy Cafard. Que dire encore de Blanche Neige et des 7 salopards? C'est bizarre mais c'est le genre d'humour que j'aime bien car il y a un sens à travers chaque situation apparemment anodine. Oui, il y a une critique en règle du monde capitaliste, de l'armée, de la religion et même des parcs d'attraction à la Disney ! Je déteste pourtant le trash. Il y a quand même des exceptions dont celle-ci fera partie. C'est drôle et intelligent à la fois. Ce Pinocchio est-il politiquement correct? Certainement pas mais c'est pour notre plus grande réjouissance. Sur la forme, c'est visuellement une réussite. On s'aperçoit que l'auteur maîtrise différentes formes de graphisme qu'il alterne. Quant au scénario, il est d'une logique implacable tant les éléments se rejoignent. C'est fichtrement bien pensé ! Je comprends qu'on puisse considérer une telle oeuvre comme culte. En tout cas, c'est le meilleur conte moderne que j'ai pu lire jusqu'à ce jour. Grâce à bdthèque, j'ai pu acquérir cette oeuvre qui maltraite tous les codes avec une irrévérence savoureuse. Note Dessin: 4.5/5 - Note Scénario: 5/5 - Note Globale: 4.75/5

04/10/2009 (MAJ le 04/01/2015) (modifier)
Par DamBDfan
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur DamBDfan

Et bien mes cochons, quelle claque, mais quelle claque !! Tout simplement EX-CE-LL-ENT !! Certains verront ce livre comme une hérésie à l’œuvre originale de Disney, moi j’y vois du pur génie. Noir, glauque, malsain, dérangeant, ironique, immoral, pessimiste, désabusé mais aussi terriblement jouissif, poétique et réaliste d’un autre côté. Voilà les mots qui qualifient au mieux ce chef-d’œuvre. Vision cruelle du monde, critique de la société, dureté de la vie, philosophie de comptoir...tout y passe et avec maestria. On est souvent proche de la virtuosité tant au niveau graphique que de la narration quasi muette. Certains passages avec Jiminy Cafard sont à se tordre de rire et je suis parfois resté longtemps à contempler certaines planches et savourer le moindre détail, les couleurs…Quelle talent ce Winshluss ! Un album ainsi, on en lit pas tous les jours. L’année 2014 vient de commencer mais il y a beaucoup de chance pour que cette lecture reste la number one pour toute cette année. Incontournable!

15/02/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Peut-on faire du neuf avec du vieux ? Si elle s'était posée, la question ne se pose plus avec cette version de Pinocchio de l'excellent Winshluss. Cette BD a plusieurs vertus. D'abord de ne pas laisser dans mon esprit le monopole à Disney pour alimenter mon imagination concernant la petite marionnette. Pour le coup on ne peut pas confondre les deux versions ! Ensuite peut-être de permettre à l'auteur d'élargir son lectorat ? Je fais ici cette hypothèse sans bien savoir si elle est pertinente. En tout cas, entre Wizz et Buzz et d'autres séries plus underground, la palette de Winshluss s'étend aux confins de l'infini... Le livre renouvelle la vision de l'histoire et se refuse à ronronner, en multipliant les temps de respiration, les changements de rythme ou de style. C'est noir, parfois très noir, mais aussi drôle et poétique (une poésie noire là aussi évidemment): une relecture d'un classique qui a tout pour devenir elle-même classique, une très grande réussite ! Quant à l'objet livre en lui-même, Les Requins Marteaux ont fait fort: le ramage est au niveau du plumage. A lire absolument (et ce d'autant plus facilement que j'ai cru voir récemment une version en format plus petit mais surtout au prix moins élevé réédité par Les Requins)...

01/11/2012 (modifier)
Par Blue Boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue Boy

Un prix du meilleur album du Festival d'Angoulême largement mérité pour cette reprise très librement inspirée et surtout complètement déjantée du « Pinocchio » de Carlo Collodi. Ici, Pinocchio est un petit robot quasiment indestructible, le seul à ne pas mentir au milieu de personnages tout aussi abjects et méprisables les uns que les autres, y compris Geppetto son créateur, qui cherchera à vendre « son invention » aux militaires. Ces derniers finiront par le considérer comme dangereux alors que c’est davantage leur propre stupidité qui constitue la menace numéro un… Voilà en tous cas un album ô combien rafraîchissant et complètement hors normes, on en reste littéralement sur le cul ! L’auteur, issu de la BD indépendante tendance destroy, a pris quasiment toutes les libertés graphiques et scénaristiques, les seules limites étant celles imposées par les dimensions de la page… N’hésitant pas à alterner un trait sale à la Vuillemin avec des illustrations superbes, délicates et poétiques, en passant par un fusain délibérément désuet ou encore des crobards minimalistes proches de l’amateurisme, esprit punk oblige, l’auteur nous scotche littéralement tout au long de ce pavé de près de 200 pages. Ce mélange des genres ne choque même pas, tant la fascination pour cette histoire (quasiment) sans paroles joue à plein. Il s’agit bien là d’un parti pris car sous ses faux airs de bazar graphique, l’auteur sait exactement où il veut nous emmener et suit son fil rouge sans dévier d’un pouce. Quant au scénario, il est à l’image du graphisme, complètement azimuté : Blanche-Neige y fait même une apparition au milieu de sept nains maniaques sexuels, c’est dire… L’histoire avance à un rythme d’enfer, sans temps mort, un peu comme le robot incontrôlable qu’est ce « punkocchio ». Ce récit picaresque fait d’ailleurs beaucoup penser au Candide de Voltaire, avec un héros qui se finit toujours par se sortir des situations les plus périlleuses. Question textes, seuls les « intermèdes » avec Jiminy Cafard en comportent, et c’est toujours très décalé… Ce dernier, qui se contente de squatter le crâne de Pinocchio au lieu de lui faire la morale comme son double « Cricket » dans la version de Disney, débite des vérités pas toujours bonnes à dire, telle cette sentence prononcée à l’adresse de son pote lors d’une soirée alcoolisée : « Le grand projet, c’est de nous rendre débile pour mieux nous enfiler, mec ! ». Parole d’alcoolo certes mais pas moins lucide pour autant… C’est donc à la fois créatif, foisonnant, trash, drôle, poétique, et surtout sans compromission pour les âmes sensibles ou inhibées, mais cet OVNI a été conçu un peu comme un cocktail explosif jeté à la gueule du monde, en situation pré apocalyptique du fait de la bêtise, de l’égoïsme et de la rapacité de l’espèce dominante : la nôtre. C’est aussi un joli conte pour enfants qui ne veulent pas s’en laisser conter, ou pour adultes qui ont su garder leur âme d’enfant… Et comme en guise de pied de nez, l’ouvrage est présenté dans un format luxueux, ce qui en fait un objet magnifique qu’on a peur d’abîmer… Pas très punk, j’en conviens, mais si ça peut servir la cause, après tout… Comment ça, j’ai pas parlé de chef d’œuvre ? Fuck, who cares anyway ?…

05/01/2011 (modifier)
Par Ems
Note: 5/5 Coups de coeur expiré

Culte sans hésitation :) Winshluss ne s'est donné aucune limite dans l'humour, ce choix peut rebuter certains lecteurs mais cette prise de risques démarque cette BD du reste de la production. Il vaut mieux aller loin et le faire bien que l'inverse. J'ai été happé par ces aventures " anti-Disney ", on semble avancer au petit bonheur la chance, pourtant tout se recoupe et s'assemble parfaitement. C'est du grand art offrant une superbe lecture. Au dessin l'auteur a un style volontaire et maitrisé, il a su se faire aider pour la colorisation qui arrive à sublimer le dessin déjà de bon niveau. Pour parfaire ce tableau idyllique, la qualité d'édition est d'un niveau exceptionnel (c'est la plus belle BD de ma bibliothèque en temps qu'objet). On peut critiquer les choix des Prix du festival d'Angoulême, mais avec cet ouvrage ils ne se sont pas trompés. Comme dans une énorme majorité des avis glanés à droite ou gauche, je salue l'excellence de cette BD pourtant peu commerciale sur le fond, tutoyant même le trash. Ce Pinocchio on a un immanquable indispensable !!!

09/09/2010 (modifier)

Magistral ! Encore un chef d'oeuvre de narration par Winschluss, et en prime un superbe encrage sur certaines pages, et un très bel ouvrage. Un tantinet trash, un tantinet en marge, on martyrise ici un grand classique. Mais ce Pinocchio reste une leçon de vie, pour les grands cette fois, pas pour les petits. A ne pas trop prendre au sérieux tout de même.

12/01/2010 (modifier)
Par Gaston
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

J'ai découvert cette œuvre il y a quelques semaines et depuis je l'ai relue une bonne vingtaine de fois. Winshluss, que j'ai connu avec les planches de Wizz et Buzz parues dans Picsou Magazine, est au sommet de son art. Son dessin est absolument superbe, chaque case est de toute beauté et certains passages sont de véritables chef d'œuvres comme les pages 132-133 que j'ai regardées une bonne centaine de fois ! Le scénario est lui aussi excellent. La force de Winshluss est de faire un récit qui reste cohérent même si ça part dans tous les sens. Les personnages apparaissent, disparaissent et réapparaissent au fil des pages pour notre plus grand plaisir. J'aime particulièrement le flic Bob Javer et son cynisme. Les thèmes abordés sont très adultes. Toute la cruauté dont sont capables les humains est réunie dans ces pages ! Bref, cet album fait partie de mon top 10 des meilleures séries que j'ai jamais lues et je suis sûr qu'elle deviendra culte au fil du temps. Elle le mérite amplement.

26/11/2009 (modifier)
L'avatar du posteur Guillaume.M

Il était une fois, dans un pays lointain un vieux monsieur qui se sentait bien seul. Il rêvait d’avoir un fils. Il créa alors une marionnette qui miraculeusement vint à la vie. Cet évènement fabuleux rendit sa vie merveilleuse et le marionnettiste et sa marionnette vécurent heureux ensemble comme père et fils jusqu’à la fin de leurs jours... Comme c’est beau ! Comme c’est mignon ! Oui sauf que là, Pinocchio est un robot sans âme, Gepetto un inventeur avide qui souhaite vendre ses marionnettes à l’armée comme arme absolue, Monstro un poisson radioactif, et Jiminy un cafard loser vivant dans la tête de Pinocchio ! Non vous ne rêvez pas, Winschluss nous livre ici une bande dessinée trash à souhait en revisitant le récit que bon nombre d’entre nous on découvert grâce à Walt Disney. C’est une bouillie d’humour, un schmilblick de situations cocasses, un cocktail de blagues grasses, un concentré de violence gratuite, un patchouli d’hilarité... c’est tout simplement grandiose !! Winschluss a réussi un pari fou en adaptant de cette façon un conte si connu. Pas une seule fois le scénario ne tombe dans le prévisible et ce même quand vous connaissez l’histoire originale... c’est fort, très fort ! Le début peut paraître déroutant. Certains évènements nous sont présentés sans guère d’explication. Mais ce n’est que partie remise ! Winschluss a construit son one shot en différentes histoires qui se coupent et s’entrecoupent pour livrer au final un scénario d’une parfaite homogénéité malgré une complexité apparente. Du tout grand art ! Peut être même le point fort de l’œuvre. Graphiquement, c’est impressionnant. Winschluss varie les couleurs, les tons, le trait et le style à chaque nouvelle ambiance. Ainsi quand l’histoire est centrée sur Pinocchio, le dessin sera différent des passages nous montrant Jiminy ! C’est original et parfaitement amené. Le dessin est toujours en accord avec le scénario. Même si le style n’entre pas toujours dans mes canons de beauté, au fond, ça n’a pas tellement d’importance. Tel Picasso, Winschluss adapte son trait à l’ambiance qu’il a besoin de décrire. S’ajoute à cela une édition splendide à la couverture cartonnée solide et au papier bien épais. Trop cher me direz-vous ? Et bien non... La qualité a un prix, le talent n’en a pas. Jamais je n’avais vu un auteur exploiter aussi bien le support qu’offre le neuvième art. Un prix du meilleur album 2009 à Angoulême totalement mérité. Un 5/5 parfaitement justifié.

07/05/2009 (modifier)
Par Jetjet
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Jetjet

Etonnant ouvrage que ce Pinocchio rassemblant toutes les réactions les plus vives et les plus controversées ! Il n'y a pas grand chose à rajouter aux précédents et excellents autres avis (qu'ils soient positifs ou pas) car cette oeuvre rassemble et diverge mais quelle prouesse que d'avoir su raconter une histoire revisitée avec autant de brio et sans aucune parole ! Beaucoup n'aimeront pas le coté trash de Pinocchio ainsi que son caractère passif mais le découpage en multiples récits est épatant, le soin apporté aux couleurs ainsi qu'aux différents styles est réjouissant (pour peu on se croirait dans un Mutafukaz revu par un Disney sous acides) et les références sont nombreuses, du Géant de Fer, chef d'oeuvre d'animation pour l'utilisation du robot en tant qu'arme de destruction massive ou même des films muets de Charlie Chaplin avec panoplie de personnages désuets, cruels ou tout simplement attachants. Le tour de force est d'avoir su enrober le tout d'un humour à base de slapsticks, qui a su emprunter l'univers scato de Vuillemin pour nous en balancer une oeuvre pétrie de poésie absurde ! Très fort ! la page n° 129 résume à elle seule tout le bien condensé en quelques dessins de ce que j'estime de cet OVNI...

04/04/2009 (modifier)
Par herve
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur herve

Voilà le type d'ouvrage sur lequel je ne me serai même pas arrêté sans le coup de projecteur du festival d'Angoulême 2009. En effet, depuis quelques années, j'ai délaissé, par lassitude et souvent par déception, les bandes dessinées dites indépendantes, au profit des mainstreams. Pourtant, ce livre est en tout point remarquable : une couverture soignée, à la Chris Ware (d'ailleurs c'est ce même festival d'Angoulême qui m'a révélé Jimmy Corrigan), un papier de grande qualité et une pagination importante, 200 pages que j'ai lues d'une traite tant Winshluss a adapté d'une façon intelligente le roman de Carlo Collodi. Enfin, lu c'est vite dit car cette bande dessinée est quasi-muette, seules les pages consacrées à Jiminy le cafard (qui remplace le célèbre criquet) sont pourvues de dialogues. A la lecture, je ne me suis guère ennuyé, au contraire. C'est irrévérencieux (Ah ! Blanche Neige croquée par Winshluss vaut le détour !), parfois trash, quelquefois drôle mais surtout bien construit. Un scénario qui ne laisse aucune place à l'improvisation. Winshluss a bâti une mécanique parfaitement huilée qui, jusqu'à la dernière page, nous surprend et nous enchante. Mais plus que l'adaptation du roman éponyme de Callodi, c'est sans nul doute à celle de Walt Disney que Winshluss a songé lorsqu'il a écrit ce livre. Il s'agit, je pense, d'un ouvrage qui plaira à tout amateur de bd, tant le récit est fort et extrêmement bien pensé. Pour ceux qui étaient, comme moi, passés à côté de la première édition (d'ailleurs vite épuisée), profitez du nouveau tirage que les Requins Marteaux viennent de faire paraître. Un livre incontournable qui mérite d'être lu et surtout relu.

26/02/2009 (modifier)