Putain de guerre !

Will Eisner Award 2014 : Best U.S. Edition of Foreign Material En cette année de commémoration du 90e anniversaire de la fin de la Grande Guerre, et alors que le dernier poilu vient de disparaître, Tardi renoue avec la mémoire de 14-18 à travers son nouveau projet : une évocation en bande dessinée du premier conflit mondial, et de la place qu'y ont occupée, au quotidien, les hommes qui s'y sont affrontés et entretués.
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En cette année de commémoration du 90e anniversaire de la fin de la Grande Guerre, et alors que le dernier poilu vient de disparaître, Tardi renoue avec la mémoire de 14-18 à travers son nouveau projet : une évocation en bande dessinée du premier conflit mondial, et de la place qu'y ont occupée, au quotidien, les hommes qui s'y sont affrontés et entretués.
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Date de parution | 07 Novembre 2008 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis


Si certains ne doutaient encore de l'antimilitarisme de Tardi cette série aura vite fait de l'éclairer. Tardi positionne son récit à hauteur d'un simple fantassin parigot du XXème transbahuté sans logique d'un point à un autre du conflit. C'est une excellente mise en image de la synthèse très fine de l'historien Verney et grand spécialiste qui accompagne et guide cet ouvrage. Pour moi les deux récits se répondent pour apporter une intelligence globale sur les événements. Les explications de Verney prennent de la hauteur pour donner une vue d'ensemble politique, militaire, industrielle ou sociale du conflit. Le détails des opérations militaires est survolé mais donne du sens aux différents ordres donnés par les belligérants en fonctions d'informations inaccessibles à la troupe. Tardi lui colle son soldat à la boue ou la poussière des tranchées dans un maelstrom d'hommes et de bêtes en mouvements et de contre mouvements qui confinent à une absurdité mortelle. Pas ou peu de dialogue puisque l'on a pas le temps d'établir une relation que le camarade se retrouve les tripes à l'air. Il ne reste alors que cette voix off obsédante par sa lucidité muette. Les deux récits se rejoignent sur le nombre de morts, cette saignée de toute une génération que les pays mettront des décennies à panser. Un "massacre des innocents" de tous les pays que les auteurs attribuent avec lucidité à des vieillards peu avare du sang de leurs jeunes compatriotes/sujets. Force sénile bien nommée chez Verney, invisible chez Tardi dont l'empreinte s'est fait sentir une bonne partie du XXème siècle. C'est l'originalité de la lecture qui propose une synthèse historique globale qui va marquer le futur et une analyse pertinente du ressenti des hommes qui va influencer leurs comportements ultérieurs. Une approche différente sur le conflit très intéressante si on connait déjà le déroulement des opérations.


Une autre plongée brutale dans l’enfer de la Première Guerre mondiale, avec un ton tout aussi direct que dans "C’était la guerre des tranchées". Ce qui ressort d’abord, c’est cette façon unique qu’a Tardi de rendre palpable l’absurdité de la guerre. Dès les premières pages, on est pris dans cette chronologie linéaire, de 1914 à 1919, et l’on suit l’évolution progressive du conflit à travers les yeux d’un soldat anonyme. L’approche est différente de "C’était la guerre des tranchées" : ici, le récit est plus structuré, chronologique. On suit ce soldat anonyme à travers l’enlisement progressif du conflit, la désillusion des premières années, et l’absurdité totale qui gagne les esprits. Le choix de la voix off est une réussite, car il renforce le sentiment d’isolement et de détachement face aux événements. Le vocabulaire est cru, direct, comme si l’on écoutait le monologue intérieur d’un homme qui ne comprend plus rien à ce qui se passe autour de lui. Graphiquement, l’usage de la couleur est une nouveauté pour Tardi sur ce sujet. Le début du conflit est marqué par des teintes vives, mais au fil des pages, ces couleurs s’assombrissent pour virer au gris et au brun, épousant parfaitement l’évolution morale et physique des soldats. Ce procédé visuel accentue l’effondrement progressif des illusions des premiers jours de guerre, et renforce l’atmosphère pesante des tranchées. Le scénario est volontairement minimaliste, sans grande intrigue ou rebondissements. On suit simplement l’écoulement du temps, les faits marquants, les assauts, les périodes de répit et les ordres absurdes qui conduisent les hommes à la mort. Ce qui rend cet album marquant, c’est son réalisme cru, loin de tout glamour. C’est un hommage à tous ces soldats, des anonymes, sacrifiés sur l’autel d’une guerre incompréhensible pour eux. Un témoignage poignant et sans artifices de ce que fut la Grande Guerre. Plus qu’une simple BD, c’est un récit documentaire qui montre l’absurdité du conflit à travers les yeux d’un soldat ordinaire. Un album à la fois dur et nécessaire, qui vient enrichir l’œuvre déjà impressionnante de Tardi sur ce sujet.


Au moins le titre de ce diptyque est clair quant à l’antimilitarisme de Tardi, déjà visible dans ses autres productions tournant autour de la Première guerre mondiale surtout – mais aussi de la suivante (voir sa série en cours autour de son père) ou de la Commune. C’est la troisième fois que Tardi revient sur cette guerre qui était censée être la « Der des Der », après Varlot soldat et C'était la guerre des tranchées. Et pourtant pas de réelle redite, les trois sont complémentaires, et tous ces albums sont recommandables. Le dessin de Tardi est bon, et très adapté à cet univers en voie de décomposition qu’étaient les tranchées. A noter que la couleur disparait presque au fur et à mesure que les uniformes français se « camouflent » et cette « décolorisation » de l’album ne fait en réalité qu’adopter, ton sur ton, l’uniformité marron –grisâtre des tranchées, mais aussi le passage de l’euphorie des premiers jours – où la propagande faisait partir les soldats la fleur au fusil – à l’horreur et la boucherie de la guerre de position. Pas de réels dialogues, mais un commentaire en voix off d’un poilu, cynique et désenchanté, sorte de porte-parole de l’auteur, qui use ici du langage argotique et populaire qu’il affectionne. A lire !

Une BD qui aborde la première guerre mondiale de manière assez atypique puisqu'elle ne développe pas vraiment de réel scénario, on se contente de nous présenter certains faits année après année (de 1914 à l'armistice) vus par les yeux d'un soldats français enrolé comme tant d'autres dans une guerre qui va le changer à tout jamais. Ainsi l'histoire ne comporte aucun dialogue mais seulement la voix off du "héros" qui utilise le jargon du troufion de base de l'époque. On met l'accent sur ses impressions, son ressenti en décrivant avec minutie certaines horreurs de cette guerre, la bétise des hauts gradés, le désespoir des combattants et leurs sacrifices inutiles, les conditions de vie déplorables dans les tranchées, la boucherie des grandes offensives, mais aussi les avancées technologiques, la vie des populations civiles de l'arrière. Le récit se termine sur le destin croisé de plusieurs personnages de tous camps qui ont vécu de près ou de loin ce terrible conflit. Quant aux dessins, ceux qui connaissent les oeuvres de Tardi (comme le très célèbre Nestor Burma) reconnaitront son style propre qui se marie très bien avec toutes ces scènes de combats et d'horreurs. La colorisation, au début, comprend une palette diverse et lumineuse mais s'estompe progressivement pour en arriver sur une dominante de gris comme pour mieux coller au moral du soldat ou au paysage du front d'une uniformité cataclismique. La dernière partie est une sorte de document, avec photos d'archives à l'appui, qui dépeind le conflit de a à z avec toutes les répercutions géopolitiques qui en découleront. En une vingtaine de pages l'essentiel est résumé pour les années 1914 à 1919 et on peut dire que cette analyse est tellement complète qu'elle n'a rien à envier à certains livres d'histoire. Bref, cette BD comprend tous les attributs d'un pamphlet anti militariste poignant traitant des affres de cette guerre qui, aux égards d'une telle cruauté, aurait vraiment dû être la der des ders. A lire pour tous les amateurs d'histoire ou ceux qui veulent découvrir un des conflits les plus sanglants de l'humanité.

Etant enfant, je me souviens avoir été effrayé par le style de Tardi. Je me rappelle de l'histoire d'un Brindavoine errant dans les tranchées boueuses de 14-18, jonchées de corps atrocement mutilés. Vous l'aurez compris : Putain de guerre n'est pas à lire tout jeune, mieux vaut attendre les quatorze, quinze ans pour l'apprécier pleinement et être un peu moins impressionné par la qualité des dessins de Tardi. Le récit vous propulsera en pleine Première Guerre Mondiale, que vous parcourerez de A à Z avec une narration semblable à une voix-off dans un film. Le premier tome m'a déjà bien ravi, même si parfois les dessins manquent un peu de détails. Mais franchement c'est LA série incontournable sur 14-18.


Avec cette putain de guerre, Tardi revient sur le premier conflit mondial, dont il avait exploité toute l’horreur dans le déjà très réussi « C'était la guerre des tranchées ». Un tel retour après une réussite aussi manifeste se justifiait-il ? L’auteur aurait-il de nouveaux éléments à nous faire partager ? Au deux questions, je réponds « oui ! » Tout d’abord, et contrairement à l’album précité, Putain de guerre n’a qu’un et un seul narrateur, qui nous fait partager son quotidien, ses informations et ses réflexions sur cette boucherie. La narration est donc plus évidente, plus naturelle, et Tardi évite le piège de voir ses lecteurs se désintéresser du sort de ses personnages faute de développement psychologique. Pourtant, le personnage central reste conforme à mes attentes et ressemble aux personnages évoqués dans « C’était la guerre des Tranchées », à savoir un conscrit pas vraiment enthousiaste à l’idée de partir au combat, et que les horribles épreuves vécues ne feront pas changer d’avis, et pour cause ! Ensuite, contrairement à « C’était la guerre des tranchées », qui se centrait plus sur de multiples anecdotes sans réelle chronologie, « Putain de guerre ! » nous livre une analyse historique du conflit. Nous suivons années après années la progression et l’enlisement de cette boucherie. Le lecteur est également promené d’un bout à l’autre de la ligne de front et, via leur narrateur, les auteurs évoquent aussi bien les plaines inondées de Passendaele (la bataille de l’Yser, en Belgique) que les Alpes autrichiennes et italiennes (un front qui m’était totalement inconnu), et ce même si leur personnage reste finalement toujours sur le territoire français. L’aspect historique est donc très présent, clairement détaillé et instructif. D’autre part, j’ai bien aimé l’utilisation de la couleur par Tardi. En effet, le récit, au début colorié dans des teintes pastelles assez fraîches, perd de sa couleur au fil des pages pour ne plus sortir des tons grisâtres et ternes. Le contraste entre ces époques est très réussi et confère à l’album une ambiance de circonstance. Enfin, il est bon de souligner que le diptyque est dense car chaque tome se clôt sur un épais dossier aussi bien écrit que richement illustré. La lecture de la bande dessinée se prolonge donc dans l’analyse de ces dossiers et la mise en parallèle des illustrations de Tardi et des photographies d’époque. A cette occasion, j’ai, une fois de plus, pu admirer toute la maîtrise graphique de l’auteur, qui parvient à concilier dessin « d’ambiance » et reproduction réaliste. En peu de trait et au travers de son épais encrage, l’artiste parvient à représenter un uniforme, un lieu ou un véhicule avec suffisamment de précision pour qu’aucune confusion ne soit possible. Du grand art, tout simplement ! Une nouvelle réussite pour un album qui, en définitive, se révèle être le complément idéal de « c’était la guerre des tranchées ». A lire, et à posséder si ce genre de récit humaniste et historique vous attire.


Un très bon documentaire qui nous montre les horreurs d'une guerre totalement inutile (pléonasme ?). Le sujet est traité de manière passionnante et je le conseille vivement à ceux qui voudront en apprendre plus sur la première guerre mondiale car on traite de tout. Le dessin de Tardi illustre bien les horreurs de cette boucherie, mais j'aurais préféré qu'il n'y ait pas de couleur. Le noir et blanc irait à merveille pour montrer la détresse des soldats. Le texte qui sert de complément à la BD est lui aussi intéressant et instructif. Grâce à lui, j'ai mieux compris le déclenchement de la guerre (tout ce que je savais avant c'est qu'un archiduc avait été assassiné).

Verney et Tardi ont décidé de relater des épisodes de la première guerre mondiale, années après années. On suit donc dans ce premier tome les années 1914 -1915 et 1916. Ils dénoncent l’absurdité de la guerre, la folie des hommes et la barbarie. Ce récit est noir, aucun aspect révoltant n’est épargné. Comme à l’habitude avec Tardi, ce sont les faits qui importent, son propos étant prétexte à dénonciation. Les auteurs placent l’humain au centre du récit, donnant au soldat de "base" une reconnaissance, une vérité que révèlent les écrits depuis plusieurs années. Ces soldats ont souffert, des deux côtés, sans trop savoir pourquoi. Chair à canon, main-d’œuvre bassement utilisé, bref la vision du soldat dépassé par une guerre qui ne lui correspond plus. Une bande dessinée quasi documentaire, à l’image de C'était la guerre des tranchées, mais en couleur cette fois. Et puis j’ai adoré les passages historiques en fin d’album, où Verney retrace rapidement, mais avec précision, le déroulement des opérations des 3 années. Il reprend donc les épisodes passés du point de vue des différents belligérants, tout en faisant un focus sur le cas français. Ces textes apportent plus de consistance historique et permettent de s’immerger encore davantage dans ce bourbier que fut cette première guerre mondial. La guerre dans toute son horreur.

Etant donné que j'adore tous les ouvrages traitant de l'Histoire, j'ai acheté ce tome lorsque je suis passé chez mon libraire, je n'avais aucun avis à son propos, juste une envie impulsive d'achat. J'ai donc lu cette BD et je dois dire que je suis assez déçu, pour moi elle avait un énorme potentiel, mais on survole juste l'histoire du personnage qui est en elle-même est plutôt légère. Le problème c'est que l'histoire au sens "global" baisse aussi en intensité, j'ai l'impression que l'auteur s'est un peu perdu en essayant de "toucher à tout", on survole tous les domaines sans jamais vraiment approfondir, c'est dommage puisque le dessin est vraiment adapté à ce genre d'oeuvre Il faut aussi noté qu'une grosse partie de la BD est constituée de photos et de rappels historiques, je ne commenterai pas cette partie de la BD puisque c'est vraiment variable, j'ai pour ma part adoré mais bon, cela va varier en fonction des personnes (Cette partie est à la fin de l'album, pas pendant ce qui est plutôt dommage, on aurait eu le droit à un tome vraiment dans le style Le Photographe). 3.5 / 5 (4 étoiles car j'ai apprécié les rappels)


Tardi nous livre encore, telle une véritable obsession, un récit sur la Première Guerre Mondiale d'une très grande qualité graphique et narrative. On voit qu'il maîtrise le sujet d'autant qu'il s'est adjoint au scénario les services d'un écrivain historien Jean-Pierre Verney. L'absurdité d'un tel carnage entraîne une réflexion sur les causes... On ne peut pas parler véritablement d'un scénario avec une histoire comme par exemple celle d'un Mattéo. On suit surtout les faits marquants du début de ce conflit c'est à dire d'Août 1914 à la fin de l'année 1916 avec un souci constant de la réalité. La démonstration est particulièrement pertinente avec son aspect social et économique, voire géopolitique. Nous commençons donc le récit avec ces hommes qui partent à la guerre avec l'esprit revanchard de la cuisante défaite de 1870. Ces jeunes soldats vont vite déchanter devant l'enlisement du conflit et deviendront des poilus... Parallèlement, les couleurs s'affadissent progressivement à mesure que la guerre se transforme en ligne de tranchées. Tardi parvient au sommet de sa maîtrise graphique. Le choix a été fait également de dépeindre l'horreur de cette boucherie dans les moindres détails. C'est à la fois bouleversant et instructif. Par la narration, on suit le parcours d'un jeune soldat qui a quitté sa dulcinée. Il n'y a point de dialogues. Seulement des faits. Cela peut paraître glacial entre cruauté et bêtise humaine; cependant l'effet escompté est bien là. On ressent un véritable malaise salutaire. J'aime cette non-complaisance qui restitue la pure vérité historique. Ces hommes qui se sont battus pour notre liberté méritent bien un tel hommage. C'est bel et bien une putain de guerre !
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