Ikki Mandara
En l'an 1900, le peuple chinois subit à la fois les malversations d'un gouvernement corrompu et incompétent et une terrible sécheresse. La révolte gronde !
1900 - 1913 : Du début du XXe siècle aux prémices de la première guerre mondiale Chine Kodansha Le Japon historique Les meilleurs mangas courts Seinen Tezuka
En l'an 1900, le peuple chinois subit à la fois les malversations d'un gouvernement corrompu et incompétent et une terrible sécheresse. La révolte gronde ! Pourtant, l'impératrice Cixi réussit à rediriger la colère du peuple contre les puissances occidentales qui s'immiscent un peu trop dans les affaires intérieures chinoises. Sanniang est la fille d’un pauvre fermier de province. Elle doit fuir son village après le meurtre du percepteur des impôts. Elle se joint à la troupe de rebelles - appelés les Boxers - dirigée par une femme : Huang Lian. C'est le début d'une grande aventure pour Sanniang faite de combat, de rivalités, de déceptions mais également d'amour et d'aventure ! Ces péripéties la mèneront dans toute la Chine puis au Japon ! Voici grande fresque sur un épisode fondateur de la Chine et du Japon méconnu en Occident : "La révolte des Boxers" et les troubles qui en ont résulté dans la société de l'époque.
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Date de parution | 05 Décembre 2008 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Quel bel ouvrage ... D'une force ! Ozama Tezuka n'est pas appelé Dieu du manga pour rien. Il a un potentiel tellement énorme que c'en est presque écœurant. Il faut avouer que j'ai d'abord eu du mal avec son trait, qui mélange un peu de tout En effet, les personnages sont souvent dessinées de façon humoristique, avec des traits simples, et ils sont régulièrement en SD. Au début je tiquais dessus, mais au fil de la lecture on ne remarque plus. En revanche, les décors sont SUBLIMES ! Détaillés, plein de vie, magnifiquement représentés, on se sent presque au milieu des paysages qu'il a dépeint. Mais si le manga est à mes yeux si bon, c'est bien pour son traitement de l'histoire. Car ici, l'ouvrage est bien historique. Ozama Tezuka nous transporte dans l'orient du début du siècle et fait traverser à son personnage la Chine et le Japon, traversant aussi les événements et les personnages historiques. Ce qui est étonnant, c'est que le manga est à l'image de l'Histoire : les personnages apparaissent puis disparaissent brusquement, il n'y a pas de distinction ou de pitié. Tout le monde peut mourir, du gentil au méchant et de l'homme à la femme, comme n'importe qui. Une autre particularité, derrière l'aspect historique très bien retranscrit, c'est la violence des Hommes. L'héroïne va s'en prendre plein la figure tout au long du récit, car ici la société, qu'elle soit chinoise ou japonaise, est violente ! Mais à un point incroyable. Tezuka ne se complait pourtant pas dedans et s’ingénie à la démontrer pour avertir les gens. Et tout le monde déguste, des socialistes aux réactionnaires, pas un n'est exempt de cette violence. Même l’héroïne qui semble "Candide" est happé par celle-ci est se retrouvera très vite à tuer. Au final, un excellent manga qui est à tout point de vue attrayant : le récit est suffisamment rythmé pour qu'on puisse le lire comme n'importe quelle BD, il est suffisamment profond pour qu'on le lise en amateur d'histoire orientale, assez allégé avec ses pointes d'humour pour ne pas vous plomber une soirée, et assez gros pour vous la remplir. Je met un 4/5 car il reste un léger bémol : la fin est trop abrupte, on sent qu'il manque encore une partie que Tezuka n'a pas pu écrire. Et c'est franchement dommage, car j'aurais adoré le lire. Mais je met tout de même un coup de cœur pour ce merveilleux ouvrage. Tezuka est bel et bien un dieu de la bande-dessinée.
Délicat, très délicat que de noter ce manga... ma note est probablement injuste, mais elle traduit bien ma déception. De Tezuka, j'attendais tellement mieux ! Pourtant, sur le papier, ce "Ikki Mandara" avait tout pour me plaire, puisqu'il s'agit de l'évocation de tout un pan de l'histoire de la Chine et du Japon au tournant du 20ème siècle. Cette période charnière, méconnue chez nous, devait conditionner par la suite toute l'histoire de l'Asie du sud-est, notamment la décolonisation, la révolution chinoise et la montée du nationalisme japonais (et la fin des tentatives socialistes qui ont toute la sympathie de l'auteur). Bref, le sujet est absolument passionnant. Le point de vue est intéressant également, puisqu'il vient d'un japonais humaniste et érudit : Osamu Tezuka. Ce point de vue apporte une lecture différente de celle qu'en font les occidentaux, tout en restant globalement neutre : les japonais en prennent pour leur grade, avec notamment ce passage très drôle où un officier japonais, tenant à tout prix à se faire seppuku pour préserver son honneur, se heurte à l'incompréhension totale de ses ennemis chinois... Et même si le cœur de Tezuka bat manifestement à gauche, cela ne l'empêche pas d'être très critique envers les révolutionnaires. Un autre point intéressant dans cette histoire est qu'on voyage beaucoup... on côtoie des paysans (j'ai d'ailleurs aimé comment Tezuka montrait petit à petit que l'apparente bêtise de l'héroïne n'était due à rien d'autre qu'à son inculture, et comment elle s'affine au fur et à mesure du récit), des bourgeois, des nobles, des chinois, des japonais, des occidentaux, on va en Chine et au Japon... Tezuka n'a pas son pareil pour dépeindre les contrastes et la complexité du contexte. S'il s'agissait d'un documentaire, donc, je n'hésiterais pas à mettre 4 étoiles à cette BD. Mais il s'agit d'un récit d'aventure. Et de ce point de vue là je suis beaucoup plus circonspecte. J'ai trouvé le récit très décousu. S'il n'y avait Sanniang, on ne pourrait faire le lien entre les différents chapitres. Et la façon dont l'héroïne traverse son époque est bien souvent tirée par les cheveux. Les personnages sont dans l'ensemble peu attachants, et on ne sait jamais trop où ils vont ni quels sont leurs buts. Ils subissent les évènements et ne les provoquent presque jamais, ce qui a eu pour effet de me désintéresser souvent du récit. La présence de nombreuses scènes burlesques m'a de plus franchement dérangée. J'imagine que c'était une contrainte éditoriale pour dédramatiser un récit par ailleurs souvent atroce, mais personnellement les scènes de tortures très crues émaillées de gags, j'ai vraiment du mal. Le fait que, arrivé à la dernière page, on apprend que le récit était incomplet et qu'il n'y aura jamais de suite, a achevé de me décevoir tout à fait. Dans la veine "historique", Tezuka a été bien plus inspiré dans L'Arbre au soleil...
Osamu Tezuka + one-shot + truc historique vendu comme étant "une grande fresque sur un épisode fondateur de la Chine méconnu en Occident" = j'achète. En plus une belle couverture rose wouhou. Côté édition, c'est un gros bouquin de plus de 500 pages dans la collection Sensei, nouvelle chez Kana, avec une lecture "à la japonaise", de droite à gauche. On a parfois du mal à lire près de la reliure sans ouvrir bien grand le bouquin au risque de l'abîmer. Mais globalement, on a un très bon rapport qualité prix :-). On trouve étonnamment une petite note en fin d'ouvrage expliquant grosso modo que même si l'auteur représente certains hommes de manière caricaturale, il ne faut en aucun cas y voir une forme de racisme. Ère du politiquement correct quand tu nous tiens. Je ne m'attarde pas sur le dessin, très Tezukien, moi j'aime bien. L'histoire est structurée en 2 parties principales. Chacune d'elle est bien introduite par un petit texte explicatif. On suit les aventures d'une jeune chinoise qui se trouve embringuée dans la lutte des boxers au début du 20ème siècle. L'histoire est passionnante mais assez difficile à résumer ici. Il faut souvent s'accrocher, le contexte est quelque peu complexe et les noms des multiples personnages, à consonance chinoise forcément, ne facilitent pas la tâche du lecteur pour s'y retrouver. D'autant plus si la lecture est fractionnée sur plusieurs soirs par exemple. Pour le moins c'est un ouvrage qui ne souffrira pas d'une seconde lecture. Parmi tout ce qui a pu être publié de lui en France, on tient là assurément un des tous meilleurs ouvrages de Tezuka. Après une si plaisante lecture, il me reste à voir le très bien côté Gringo, du même auteur et dans la même collection.
Décidément, Tezuka est excellent dans les sagas historiques remplies de rebondissements. Ici, il nous raconte un épisode de l'histoire de la Chine que je ne connaissais pas et c'est tant mieux. J'adore découvrir des périodes de l'histoire asiatique en lisant des mangas. Les personnages sont intéressants et particulièrement Sanniang que je trouve très attachante et surtout originale. La narration de Tezuka est très fluide. Bien que l'histoire dure plus de 500 pages, l'intrigue est tellement intéressante que le livre se termine rapidement. La mise en scène est aussi très bonne. J'aime beaucoup les pages 189 à 191 et 514 et 515 qui utilisent des procédés que je n'avais jamais vus avant ! Dommage que l'histoire ne soit pas terminée, ça aurait pu être l'un des chefs d'œuvres de Osamu Tezuka.
Non seulement il s'agit là d'une période historique très intéressante et dont je ne savais pas grand chose, mais en plus elle est racontée avec grand talent par Tezuka. Je suis épaté par la réussite avec laquelle Tezuka parvient à nous faire découvrir par le biais de ces mangas historiques la vie d'une époque et toute une suite d'évènements cruciaux comme une vraie histoire d'aventure, d'humour et d'amour où on ne s'ennuie pas un seul instant. Le manga s'appelle Ikki Mandara. En effet, au départ, Tezuka comptait raconter les débuts d'un auteur révolutionnaire japonais du début du 20e siècle nommé Kita Ikki, qui a joué un rôle important lors d'un coup d'état manqué de l'armée japonaise en 1936. Mais pour bien expliquer le contexte qui a forgé l'état d'esprit de ce personnage, Tezuka s'est senti obligé de raconter au préalable la révolte des Boxers en 1900 en Chine et les effets qu'elle aura eu sur les pensées politiques de l'époque en Chine et au Japon. Pour cela, il a choisi pour personnage principal une jeune paysanne chinoise, Sanniang, enrôlée involontairement dans les rangs des Boxers et qui sera confrontée à tous les évènements importants de l'époque. Elle fuira le désastre de la révolte écrasée et les armées occidentales et japonaises pourchassant les survivants, retrouvera ensuite des intellectuels révolutionnaires à Shanghai puis devant fuir la Chine pour se réfugier au Japon où elle côtoiera quelques personnages politiquement engagés dont le jeune homme qui deviendra Kita Ikki. Les évènements cruciaux et souvent violents de l'époque s'accumulent devant ses yeux et elle en subira souvent les douloureuses conséquences. Pour raconter ces moments souvent traumatisants, Tezuka use de son style narratif très particulier, n'hésitant jamais à alléger des passages très graves et violents à l'aide de beaucoup d'humour. C'est une méthode assez surprenante pour qui ne connait pas cet auteur mais j'ai trouvé le résultat particulièrement réussi car il permet à la fois de faire passer le message sans jamais sombrer dans le pathos ou l'horreur. Certains pourraient se révéler allergiques aux visages déformés et humoristiques que prennent parfois les personnages, notamment l'héroïne. Mais cela ne m'a aucunement dérangé. D'autant que l'auteur compense ces déformations par de nombreux décors très détaillés et de toute beauté. Il donne vraiment vie à la Chine et au Japon de l'époque. Malgré la taille de ce one-shot, c'est une lecture d'une telle fluidité qu'elle passe sans que jamais sa longueur ne se fasse ressentir. Les évènements sont variés et on apprend énormément de choses alors même qu'on suit un personnage attachant et des évènements souvent touchants ou amusants malgré les passages traumatisants. Un petit trésor de récit historique réussi en tout point. Les amateurs d'Histoire seront ravis. Seul regret, le manga n'ayant pas eu le succès escompté lors de sa parution en 1975, Tezuka n'a pas pu aller jusqu'à la fin qu'il comptait lui donner. La conclusion de cet album se révèle donc un peu abrupte, l'auteur étant obligé d'abandonner ses personnages alors qu'ils ont encore beaucoup de potentiel et qu'il reste beaucoup de choses à raconter.
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