Je ne verrai pas Okinawa
Chenda a séjourné plusieurs fois au japon. Mais, lors de son dernier séjour dans ce pays, elle a été retenue à l'aéroport de Tokyo. A travers son récit, elle nous raconte ses déboires avec les autorités niponnes...
Ecole Jean Trubert Institut Saint-Luc, Liège La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants
Chenda se rend pour la première fois au Japon en 2004. Immédiatement séduite par Frédéric et par le pays du Soleil levant, elle y voyage à plusieurs reprises. Si l'amour qu'elle porte à son nouvel amant est réciproque, il n'en est pas de même, hélas, avec son nouveau pays d'adoption. Procédurière jusqu'à l'absurde, l'administration transforme ses séjours en calvaire bureaucratique. Derrière les déboires de Chenda avec les services d'immigration nippons, c'est aussi une histoire plus globale qui se dessine. Le Japon n'est pas le seul pays à traiter ses étrangers avec méfiance et de manière arbitraire...
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Date de parution | 17 Octobre 2008 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je ne verrai pas Okinawa : faut-il en faire tout un drame ? L'idée est assez singulière. Notre auteure est coincée dans un aéroport japonais pour une question de durée de son visa touristique. C'est une critique féroce de la bureaucratie japonaise qui accepte les immigrants au compte-goutte. A l'inverse, nous voyons déferler une horde de touristes japonais notamment dans notre pays. Les rapports du Japon avec les étrangers demeurent assez ambigus. Maintenant, notre auteure semble comparer ce qu'elle a vécu avec le 1984 de George Orwell. C'est là qu'elle exagère car il y a des Etats autrement plus difficiles d'accès que le Japon sur la planète. Que dirait-elle de vendre Fraise et Chocolat en Arabie Saoudite ou de se promener avec à l'aéroport de Riyad ? Bref, c'est simplement une anecdote personnelle montée en épingle ! Au niveau du dessin, il y a de réels progrès depuis que j'avais avisé le sensuel et troublant Angora qui fut remarqué en son temps par la critique. J'avoue bien aimer la rondeur de son trait ainsi que la tête du personnage de Chenda. On arrive à ressentir toutes les expressions du personnage. Il y a de l'humour, de la tolérance et de la légèreté. Pour les lecteurs les plus chastes qui ont été outrés par ses deux volumes de Fraise et Chocolat, il n'y aura pas ici la moindre scène de sexe traité avec crudité mais non sans candeur. Est-ce un plus ? Incroyable tout de même qu'une même personne puisse produire deux oeuvres si différentes.
Aurélia Aurita a été traumatisée par l'une de ses arrivées au Japon. Elle a eu l'idée d'en faire une BD (ou un "manga", puisqu'elle se dit "mangaka") pour dénoncer ce scandale au monde entier. C'est sûr qu'en étant éditée aux Impressions nouvelles ça va faire changer les choses... On reproche parfois aux auteurs de BD de construire une histoire sur rien, ou sur si peu de choses. Sur un fragment de leur vie. Là c'est vraiment sur un petit incident de pas grand-chose (ok, elle a passé 6 heures toute seule dans une zone sécurisée d'un aéroport japonais, mais franchement ce n'est pas méchant). Elle a ainsi découvert les difficultés que l'on fait aux ressortissants étrangers dans un pays dit "civilisé". Mais lorsque vous arrivez dans l'espace Schengen en provenance d'ailleurs, ce n'est pas mieux. Essayez d'accueillir un Indien chez vous pendant plusieurs jours, vous renoncerez très vite face à la montagne de paperasse que vous devez remplir ou fournir... Et puis notez tout de même que lors d'un précédent séjour, cette chère Chenda est restée plus longtemps que ne le permettait son visa... Et elle se demande pourquoi on lui fait des difficultés à son retour... Bref, la candeur et la bêtise de Chenda m'ont tellement énervé, en plus d'avoir fait un album sur du vent (sans parler de l'épilogue absolument inodore et sans saveur), que cette chose ne mérite que la note minimale.
Je n’ai pas lu Fraise et Chocolat, la précédente série d’Aurélia Aurita, car ses rapports intimes avec l’homme de sa vie ne m’intéressent pas ; pourtant, le coup de patte de cette auteure me plait beaucoup… Lorsque j’ai vu sa nouvelle bd dont le thème est très différent de « Fraise et chocolat », je n’ai pas hésité à la feuilleter ! « Je ne verrai pas Okinawa » nous raconte les péripéties malheureuses de Chenda (Aurélia Aurita) avec le service d’immigration à l’aéroport de Tokyo. Ce dernier a retenu Chenda pendant plusieurs heures car les autorités lui reprochaient d’être venue plusieurs fois au Japon avec des séjours de trois mois… absurde non ? Et pourtant, ce genre d’interrogatoire semble se développait dans d’autres contrées pour des raisons sécuritaires et liées à la lutte contre le terrorisme alors que ça ne fait que de développer le protectionnisme et la méfiance envers les étrangers au cœur de la population du pays concerné. Il est clair quand on est voyageur, qu’on garde d’excellents souvenirs du pays concerné et surtout qu’on y va pour rejoindre son double, ce genre de malentendu ne peut que nous marquer à vie. Personnellement, j’en raconterais à mon entourage immédiat histoire de leur faire part de mon inquiétude sur ce genre de pratiques… de là, à en faire une bd, je ne sais pas, à la rigueur quelques pages mais pas une bd complète ! Cependant, ne boudons pas notre plaisir de lecture car « Je ne verrai pas Okinawa » est une bd assez intéressante : elle nous met en garde sur ce qui peut nous arriver en allant au Japon (ou ailleurs…). En fait, c’est surtout l’excellente narration dont fait preuve Aurélia Aurita qui m’a scotché à sa bd ! En effet, il m’a été difficile de décrocher du livre d’autant plus le dessin de cette auteure m’est apparu très agréable à contempler ! Son récit est -à mon avis- assez drôle, adopte un ton sincère et est raconté d'une manière simple. Et puis, quand on voit la façon dont Aurélia Aurita s’est comportée face aux autorités, on n’a plus qu’une envie : la prendre dans ses bras et la consoler ! Bref, ceci pour vous dire que son récit m’a tout de même touché. « Je ne verrai pas Okinawa » est une bd qui m’est apparu intéressante et très plaisante à lire grâce au dessin tout en rondeur d’Aurélia Aurita et sa bonne narration. Son histoire vécue face aux autorités japonaises à l’aéroport de Tokyo est –à mon avis- assez touchante. Cependant, je ne pense pas que ce genre de récit se prêtait à un album complet… Une lecture sympa et instructive…
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