La Course du rat
Un soir, Jérome Ozendron rencontre Christian, un vieil ami acteur. Face à la vie de celui-ci, nocturne et mouvementée, sa petite existence bourgeoise parait bien pale.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Pilote
Jérome décide alors qu'il en a assez de son travail de cadre en entreprise. Il plaque son boulot, son statut, et renoue avec ses rêves d'écrivain. L'ennui, c'est que dans sa course, il perdra aussi sa femme, ses enfants et, ce qui est plus grave, ses illusions et son identité.
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Date de parution | Janvier 1978 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le premier commentaire que j'ai eu à la lecture de cette BD, c'est "Ahh ! C'est moche !" Et effectivement, cette BD n'a pas beaucoup pour elle visuellement parlant : le dessin est franchement passable, à la limite du moche souvent, les couleurs sont atroces, les yeux souffrent dans la lecture. Pour autant, il faut souligner que les cases sont bien faites, autant dans la composition que dans les cadrages ou les expressions. Mais c'est moche ! Ajouté à cela une narration qui privilégie énormément les textes, faisant des bulles énormes, souvent mélangées, ce qui ralentit considérablement la lecture, alors que l'on recherche l'ordre des textes, et surtout, qu'est-ce qu'il faut lire ! Et pourtant, j'ai adoré cette BD ! Aussi incroyable que cela puisse paraitre, je l'ai trouvée extraordinaire. Déjà, il faut souligner que Lauzier est un auteur qui est passé par Philosophie, ce qui se ressent pas mal d'ailleurs. Car cette BD, c'est philosophie et réflexion à la clé ! La grande force de Lauzier, c'est d'avoir su distiller tout au long du récit un humour très fin et souvent inattendu, ce qui permet d'éviter la satire sociale lourde et pesante. Ici la finesse du propos est admirable. Car l'allègement du propos est nécessaire ! En faisant une sorte de chronique de société sur cet homme qui fait sa crise de la trentaine, Lauzier passe la société au vitriol, et c'est pas joli. Le résumé le plus simple serait : "Tous pourris". Car ici, tout le monde en prend pour son grade, chacun a ses côtés sombres, ses lâchetés et ses faiblesses, et surtout avec ses envies, ses aspirations. Le monde est rempli d'ambitieux, et pour y arriver, chacun est prêt à bouffer l'autre. Une jungle, où l'homme redevient animal. Ce qui est frappant, c'est le côté non-héroïque du protagoniste : entre le discours moralisateurs à deux sous qu'il nous sert dans les premières pages, ses considérations dans les suivantes et son ego démesuré qui transparait dans toutes les pages, il n'est pas fait pour paraitre gentil. Et que dire des relations avec sa femme (en fait, avec LES femmes !). Et pourtant, plus le récit avance, et plus on se prend de pitié pour ce garçon qui finalement est juste "banal", pas bon ni mauvais, juste "banal", comme le dit si bien Natacha. On le plaint, on se rend compte qu'il est rentré dans un monde qu'il ne connaissait pas et qu'il allait se faire bouffer. Je trouve que cette BD est acide à tout les étages. D'aucuns y voient une critique du monde Show-biz, personnellement j'y vois une critique des cadres moyens également, ainsi que des artistes. Après tout, le protagoniste n'est qu'une victime au début. Un choc au moment où il se remet en question, le dérapage est amorcé. Cette BD est vraiment intéressante à plus d'un niveau. Car si l'humour prédomine, on sent aussi la volonté de faire une histoire plus humaine, et les moments de tendresse sont assez beaux (notamment cette superbe scène où le héros demande à sa fille si il est méchant. Sublime). De même, certains passages semblent cruels, très poussés dans la méchanceté, mais toujours avec un humour grince-dent par dessus. Un cocktail que j'ai trouvé détonnant. Et surtout, quelle morale ! Sublime ! Ces pages finales, réunissant tous les protagonistes (ou presque) dans une débauche de sourires faux-cul, de paillettes et de mondanités, dans une foule anonyme et pourtant tellement présente, envahissante. Un final en beauté pour une oeuvre qui le méritait. En somme, j'ai été conquis par cette BD. Une réflexion et une dénonciation très efficace, qui n'a pas tellement vieilli quand on considère son âge canonique de 34 ans ! Toujours autant d'actualité, ce passage à vide alors qu'un monde merveilleux semble être au bout de nos doigts. Mais le paradis n'existe pas ici-bas ! Le monde est crapuleux et mauvais, partout où nous sommes. Seulement on le masque des fois plus qu'on ne le croit. Une œuvre qui mérite un 4/5 largement, mais je ne mettrais pas un 5/5 pour les raisons évoquées au début, qui gâchent franchement le tout. Lisez-le, je pense qu'elle en vaut largement la peine ! En tout cas, elle a su me combler.
Ne vous fiez pas au mauvais film avec Clavier, et lisez donc cette génialissime bd. Le graphisme minimal de Lauzier, on aime ou pas mais il décrit parfaitement bien les ambiances, les sentiments et caractères des personnages, c'est très parlant, on voit très bien à qui on a affaire. J'ai eu un vrai coup de coeur pour La course du rat quand j'avais 15 ans, je pouvais lire les aventures de ce pauvre cadre déphasé dix fois de suite en étant toujours écroulée de rire; je n'ai plus 15 ans depuis longtemps et ça fonctionne toujours parfaitement bien. Le monde de l'entreprise est le même, le monde de la nuit à peu près aussi car seul le décor et la coupe des costumes ont changé, les petits-bourgeois qui n'ont pas la carrure nécessaire pour devenir les aventuriers de leurs rêves itou. Plutôt que de rêver de cinéma, notre héros aurait dû se contenter d'y aller. Cette histoire acide et cynique est indémodable.
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