Batman - The Dark Knight returns
Une vague de crime sans précédent à Gotham City conduit Bruce Wayne, 55 ans, à endosser à nouveau le costume de Batman après une retraite de 10 ans...
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La criminalité croît sans cesse à Gotham City, où les délinquants sont toujours plus nombreux, jeunes, violents et mieux armés. Le commissaire Gordon, qui est sur le point de partir à la retraite, en veut à son ami Bruce Wayne d'avoir renoncé à sa croisade contre le crime. Voilà en effet 10 ans que Wayne a remisé sa cape et son masque à la Batcave... Il faut dire qu'il est désormais quinquagénaire, et pas forcément en état de jouer au justicier toutes les nuits ! Mais la bête qui sommeille en lui, et le poussait à devenir Batman, ne demande qu'à se réveiller. Et quand Harvey Dent alias Double-Face, l'un des pires ennemis de Batman, est autorisé à quitter l'asile d'Arkham, prétendument guéri, Batman se libère lui-aussi ! Il reprend sa lutte nocturne. Mais les ennemis ne sont-ils pas trop nombreux et trop puissants, cette fois ? Il y a les criminels, d'abord. Harvey Dent, qui a repris le mauvais chemin à peine sorti d'Arkham. Il veut mourir, et est prêt à commettre le pire pour forcer Batman à le tuer. Idem pour le Joker, qui est parvenu à s'évader d'Arkham une fois de plus. Batman pourra-t-il déjouer les plans fous imaginés par ces deux esprits tortueux, et mettre fin à leurs agissements sans avoir à faire ce qu'il ne veut plus jamais faire : tuer ? Il y a aussi le gang des Mutants. Ils sont nombreux, surarmés, et surtout, ils sont jeunes ! Le vieux Batman a-t-il encore assez d'énergie pour vaincre la brute épaisse qui leur sert de chef ? Mais Batman doit faire face à bien d'autres ennemis... Son âge, pour commencer. Courir sur les toits, se balancer au bout d'un grappin, affronter des gangs à mains nues, toutes les nuits, quand on a 55 ans, n'est pas particulièrement indiqué... Et si son cœur lâchait ? Son retour suscite des polémiques. Si certains s'en réjouissent, d'autres considèrent qu'il n'est qu'un fasciste dont les agissements illégaux doivent être stoppés et sanctionnés. Si le peuple ne veut plus de lui comme champion, sa présence et son combat sont-ils vraiment légitimes ? Son allié Gordon part à la retraite et sa remplaçante, Ellen Yindel, est bien décidée à capturer Batman. Peut-il encore être vraiment efficace dans sa lutte contre le crime si même la police est contre lui ? Et puis, pour finir... Le Président des États-Unis en personne ne veut plus entendre parler de lui. Et le Président a, à sa botte, un être contre lequel même Batman ne peut pas gagner : Superman !!
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Date de parution | Janvier 1987 |
Statut histoire | Série terminée (Uniquement disponible en intégrale.) 1 tome paru |
Les avis
Le système de valeurs morales de l’Amérique s’est effondré, la légende de Batman perdure. - Cela fait 10 ans que Bruce Wayne a raccroché la cape de Batman pour mener uniquement une vie civile. Il a même renoncé à son voeu d'abstinence pour goûter les plaisirs gustatifs de l'alcool. Mais cet été là, la convergence de plusieurs circonstances le fait revenir sur sa décision : il ne peut plus rester les bras ballants devant une société du "moi d'abord" dont les dirigeants élus guident la ville de Gotham et les États Unis sur la base de sondages de popularité. À 50 ans passés, Batman reprend du service et cette fois chaque intervention est définitive. C'est ce que vont apprendre à leurs dépends Harvey Dent, le Mutant Leader, le Joker et même Superman. Lorsque ce comics parait en 1986, c'est une révolution. Aujourd'hui encore, il reste une des 10 meilleures histoires de Batman et un récit qui prend aux tripes de la première à la dernière page. Frank Miller ne se contente pas d'une projection dans l'avenir du personnage pour mettre un point final à son histoire avec Joker. Il fait le constat d'une ville meurtrière où chaque individu est une victime potentielle qui viendra grossir les statistiques de la criminalité (dans une ambiance paranoïaque qui rappelle les passages les plus désespérés des romans de Patricia Cornwell). Il utilise l'hégémonie de la société du spectacle pour tourner en ridicule l'utilisation des plus bas instincts de l'homme pour faire de l'audience. Dans ce contexte, la résurgence de Batman s'apparente à un retour à des valeurs traditionnelles à l'opposé des paillettes et du mercantilisme outrancier d'un capitalisme impitoyable. Les illustrations sont également viscérales et très travaillées. de prime abord, le lecteur peut être rebuté par des dessins peu plaisants à l'oeil, voire laids dans certaines cases (l'apparence du Mutant Leader par exemple). Mais rapidement, il apparaît que Miller a mis au service de l'histoire toute l'expérience qu'il a acquise sur Daredevil et Ronin. Ce tome comprend quelques pleines pages superbes (par exemple Batman tenant le corps d'un général qui vient de se suicider avec le drapeau américain comme linceul) et beaucoup de pages comprenant de 10 à 16 cases. Là encore la forme est indissociable du fond. Les pleines pages donnent à fond dans une iconographie de superhéros déconnectée de tout réalisme : Miller s'en sert pour mettre en image la légende, le coté plus grand que nature du Batman. Les pages divisées en une multitude de cases servent à donner un rythme rapide, une sensation d'instantanéité consubstantielle de la télé en insérant des fragments de dialogues de talk-show. L'utilisation des ces talk-shows est magistrale. le lecteur assiste en direct à la récupération des actions de Batman par l'industrie de la télévision. Non seulement ce dispositif narratif permet au lecteur de mesurer l'impact du Batman dans la société américaine, mais aussi les différentes valeurs morales qui vont se cristalliser face à cette légende urbaine. Encore une fois, Frank Miller ne vise pas le réalisme ; il se conforme aux codes des récits de superhéros qui exigent une suspension consentie de l'incrédulité (suspension of disbelief) pour croire à ces gugusses costumés. le fan de superhéros retrouvera tous les points de passage obligés du genre : échange de coups de poings, démonstration de superpouvoirs, résistance hors du commun du héros (Miller y va vraiment fort sur cet aspect là), etc. Il retrouvera également tout l'univers de Batman dans des versions plus ou moins déformées : la Batcave, Alfred Pennyworth (avec un humour toujours aussi sarcastique), Robin (Carrie Kelly), James Gordon, Selina Kyle, Green Arrow, etc. Attention, ce Batman n'est pas pour les enfants. À son âge, chaque coup doit compter et il ne fait pas dans la demi-mesure : il est violent, cruel, sadique, déterminé, obsédé même par sa soif de justice et de vengeance. Là encore, à l'aide de visuels savamment pensés, Frank Miller donne une nouvelle interprétation de la chauve-souris comme animal totémique sans tomber dans le ridicule. L'encrage de Klaus Janson est parfaitement à l'unisson des dessins de Miller. le lecteur ne perçoit aucun hiatus entre l'illustration et son rendu encré. La fusion entre les 2 est parfaite. Et ces illustrations bénéficient de la mise en couleur de Lynn Varley qui elle aussi fait preuve d'une inventivité et d'une sensibilité adulte. Elle opte pour une palette moins agressive que les comics habituels tout en distillant quelques touches de couleurs vives qui n'en ressortent que plus. J'ai déjà lu une bonne dizaine de fois cette histoire et je ne m'en lasse pas. À chaque fois la force du récit me prend aux tripes et m'emmène dans cette vision noire de la vie urbaine, dans cette force de la nature qu'est Bruce Wayne, dans cette critique d'une société dédiée à la poursuite du divertissement, dans ce grand défouloir ou le bon triomphe des méchants, dans cette cruauté qui imprègne chaque relation humaine (même si je ne suis pas forcément d'accord avec les prises de position de l'auteur). Frank Miller a donné une suite à cette histoire dans The dark knight strikes again.
S’attaquer à Batman vieillissant est une idée d’emblée intéressante. Il n’est plus seulement question de son passé, de ses traumatismes d’enfance, de ses ennemis qu’il fait enfermer à Arkham, il est question ici de son présent, de ce qu’il est devenu depuis qu’il s’est retiré des affaires, il y a pas mal d’années déjà. Pas facile d’être un vieux super-héros !! Le combat intérieur que se livre Batman, le regard que son majordome porte sur lui et la place de justicier que la société n’a plus envie de lui donner sont autant de questionnements difficiles qui font la grande réussite de cet album. Le dessin de Miller avec ses séries de petites cases est brut et efficace. Personnellement, je n’ai pas totalement adhéré et ça m’a lassé assez vite. A l’inverse, j’ai trouvé excellente l’idée de placer de manière récurrente des débats à la télé qui amènent un niveau de lecture décalé, beaucoup aimé aussi l’ancrage du scénario dans les années 80, sous la présidence de Reagan, avec la guerre froide en arrière-plan. Sur fond de menace de troisième guerre mondiale, Batman a décidé de reprendre son combat contre ses ennemis. Mais cette fois, il veut les détruire. Batman serait-il devenu un criminel ? On retrouve ici Miller poussant jusqu’au bout la logique du scénario qui ne fait plus dans la demi-mesure… La psychologie de Batman est analysée finement, de même que la société, ses dérives et ses névroses. Un album d’une très grande maturité. C’est du sérieux…
Dans son contexte historique cette œuvre est encore plus appréciable, d’autres ici l’on bien explique. Le scénario de Batman vieillissant était une idée de génie et les pages retranscrivent à merveille le combat d’un Homme faisant face à l’âge et qui refuse de s’avouer vaincu. Et le dessin puissant et dur ne laissera pas indifférent, j’aime infiniment ce qu’il apporte à Batman même si parfois je le trouve moche, souvent je le trouve emblématique et incomparable. Inégal, sans doute mais excellent. Bref. Un monument.
Une BD culte, tout simplement ! Je remercie BD-thèque pour ses avis sur cette bande dessinée, qui m'ont poussé à la lire, sans quoi le graphisme froid et figé m'aurait bloqué avant même d'attaquer. Et puis finalement, une fois lancé, quand on accroche, le graphisme passe au second plan. L'énorme qualité de cette série, plus que son intrigue, c'est ses dialogues. Je n'étais pas à courir pour apprendre la suite, mais plutôt à déguster au fur et à mesure la prose de Miller, qui est diablement efficace. Sans oublier que l'on en a pour son argent, ces BD prenant du temps à lire. Je n'en avais jamais lu de lui, mais là ça va me motiver à tout dévorer (même Sin City, qui ne me tentait pas du tout après avoir vu le film). Le graphisme ayant une place importante dans mes critères pour juger une bande dessinée, j'en suis encore étonné d'avoir autant adoré cette série. Je le conseille sans réserve !!!
Après être resté dans l’ombre une douzaine d’années, Bruce Wayne réendosse le costume de Batman alors que Gotham City est sous l’emprise des mutants, rebelles barbares qui veulent s’approprier la ville par la violence. Plusieurs pistes rendent cette bande-dessinée de Frank Miller incontournable. D’abord une réflexion sur le vieillissement des héros qui semblait inconcevable jusqu’alors. Frank Miller nous propose une ultime mission où Batman s’approchant de la cinquantaine décide de reprendre du service. Toujours hanté par son passé et le serment fait à ses parents mourants de se battre contre le crime, il est prêt à tout pour nettoyer la ville. Même si c’est au prix de quelques courbatures… car à cinquante ans on n’a pas la forme olympique de ses vingt ans ni les réflexes, ni la maîtrise de son corps en souffrance. Et puis on touche un peu à la bouteille. Alors… D’ailleurs, il en va de même pour les autres héros qu’il croise. James Gordon part en toute logique à la retraite, le Joker croupit depuis des années dans un hôpital psychiatrique, Lana Lang est devenue la directrice grassouillette du Daily Planet et Green Arrow est un vieillard manchot et revanchard. Finalement, seul Clark Kent, de par sa nature extraterrestre est resté le plus vigoureux, quoi que. Le deuxième point mis en exergue par Frank Miller est d’ordre psychologique. Les paradoxes de l’espèce humaine sont dénoncés sans caricature aucune. Effectivement, la renommée des (super-)héros, costumés ou non, est constamment vacillante. Au gré de la politique, des évènements économiques, de la hausse ou de la baisse de la criminalité etc., le héros est reconnu comme tel ou au contraire ramené au niveau des criminels qu’il poursuit. Tantôt auréolé, tantôt banni. Tantôt adulé, tantôt rejeté. Les différences que montrent les super-héros sont autant de critères pour créer jalousie, peur ou incertitude. Ainsi, quand Batman réapparaît, la population se scinde en deux, ceux qui se souviennent de ses actes héroïques et qui le soutiennent et ceux qui, dans leur peur de l’inconnu et de la différence, préfèrent le craindre et en font la cible à abattre. (Thème qu’on retrouvera plus tard dans la BD non moins remarquable d’Alan Moore, Watchmen.) De plus, qu’il s’agisse des médias, des hommes politiques ou des héros eux-mêmes, Frank Miller nous gratine son scénario d’ingrédients tel que l’humour, l’ironie et la caricature. Il y a des clins d’œil à l’Histoire des comics comme cette magnifique planche de Batman sur son splendide destrier noir qui nous rappelle qu’un certain Bill Finger (scénariste des premières aventures de Batman*) s’était entre autres choses inspiré de Douglas Fairbanks dans le film Le signe de Zorro. On sourit quand Batman s’étonne que ses vieux fumigènes marchent encore alors qu’ils sont restés durant des années dans son costume à prendre la poussière. Une erreur aussi, ou une espièglerie du Joker (j’avoue ne pas avoir bien saisi) : la désormais peu gracieuse Sélina (alias Catwoman) qui se retrouve ligotée par le Joker et affublée du costume de Wonder Woman. Serait-ce donc le super-lasso de cette dernière qui l’enlace (elle ou Catwoman)? Dans tous les cas, on reconnaîtra une forme appliquée de la réputation (de sadomasochiste) que l’intelligentsia américaine anti-comics donnait à Wonder Woman. Enfin Frank Miller révolutionne l’image de Batman en lui redonnant son statut d’être humain car Batman n’est pas un super-héros. Il n’est qu’un homme, vieillissant, démoralisé, démodé, en proie au doute, qui derrière son costume et son masque ne cache aucun pouvoir particulier, juste quelques super-gadgets de son cru et des fêlures intérieures inguérissables d’où les nombreuses introspections du personnage dans The dark knight returns. Rarement sa personnalité aura été aussi approfondie. Même les différentes adaptations cinématographiques n’ont fait que survoler ce personnage, le plus humain des héros costumés. Dommage. Ainsi donc Frank Miller et ses acolytes Klaus Janson (dessin), Lynn Varley (couleur), avec leur grand art sont restés néanmoins fidèle à l’univers des comics traditionnels notamment visuellement. Mais par tout le reste, dont je vous ai donné un avant goût plus haut, cette bande dessinée est une référence reconnue par tous qu’il faut lire absolument ! *Batman a été créé par Bob Kane (dessin) et Bill Finger (scénario). Il apparaît pour la première fois en 1939 dans Detective Comics n°27
J'ai toujours aimé Batman, qui au même titre que Spiderman est un héros proche du lecteur, car plus humain qu'un Superman immortel par exemple. Et cette bd qui nous montre le coté sombre de Batman, plus que n'importe laquelle de celles que j'avais pu lire jusqu'à présent, est un joyau. Les dessins ont certes leur style propre, mais je les trouve très réussis et le design général est excellent. Certaines cases / planches sont parfois moins travaillées, mais certaines autres sont de vraies merveilles et compensent aisément les autres. Le scénario est très bon, j'ai été emporté et n'ai pu me décrocher de l'intégrale avant de l'avoir terminée... Le début est un peu long mais le jeu en vaut largement la chandelle. Bref, que dire d'autre que "culte" pour tout amateur de super héros et de Batman ? J'avoue ne pas trouver mieux que ce qui a déjà été dit sur cet ouvrage et ne puis que vous conseiller de l'acheter au plus vite si vous aussi aimez l'homme chauve qui sourit !
Une des œuvres les plus célèbres de Frank Miller, il y a beaucoup de choses à en dire. A commencer probablement par sa célébrité parmi les fans du genre, qu'elle a en son temps (1986) révolutionné. Le Batman montré ici est vieux, il a pris sa retraite depuis dix ans déjà. Cependant ses démons hantent Bruce Wayne, et nuit après nuit, ne lui laissent guère de répit que dans un sommeil agité et dans l'alcool. Le célèbre millionnaire est présenté ici comme un psychotique, un malade dont la névrose prend l'aspect de Batman, mais qui ne se limite pas à lui. Au contraire, elle prend l'allure d'un phénomène de société, avec ses effets sur les gens, suscitant diverses réactions, entre approbation et rejet. C'est également elle qui suscite des ennemis, tels que Harvey Dent ("Double Face") ou le Joker. Ce qui n'est au départ qu'une initiative individuelle, le combat d'un homme contre des criminels, est devenu un problème de société. La chose est présentée de façon assez intéressante quoique plutôt brutale. Ici, le super héros pose problème, il n'est pas juste cette image enfantine qu'on adore, ce héros noble qui sauve et veille, mais un élément de la société, dans laquelle se pose le problème de son insertion, de son image, de sa perception. Ainsi, Batman protège les gentils et combat les méchants. Certes. Mais il se substitue de ce fait à la justice, recourt à une violence illégale, et son action est assimilable à celle d'une milice. Il se place au-delà de la loi, au-delà des hommes, et cela fait peur. C'est autour de ce thème que tourne The Dark Knight Returns, traité également (mais plus en douceur) dans Watchmen, ainsi que dans ce qui me semble être son successeur direct, Kingdom Come. Cette dernière référence n'est pas innocente, car son histoire poursuit (des années après) celle racontée ici, qui reprend elle-même de nombreuses références à des histoires passées. Le tout tisse tout simplement une véritable mythologie autour du personnage, avec sa personnalité, les grands événement marquant sa vie, mais aussi ses choix. Je dois avouer n'avoir pas l'habitude de cette façon de faire (qui me semble d'autant plus atypique que Batman a été utilisé par de nombreux scénaristes), qui est pourtant loin d'être désagréable. Même si cela me semble un peu puéril par certains côtés (autant que d'épiloguer sans fin sur la vie supposée de Néron, Phèdre ou Ulysse…), le résultat présente une force certaine, ici largement amplifiée par la violence de l'œuvre. Car Batman n'est pas tendre, et la violence est ici présente sous les formes physique, sociale et politique. Comme cela est montré, il punit brutalement. Son existence même suscite de fortes haines (celle du gang des mutants par exemple), et il ainsi accusé par le bouffon psychiatre de l'album, de créer toute cette criminalité, d'en être l'instigateur, l'origine. Cette thèse est appuyée par la réapparition (la rechute) de Harvey Dent et du Joker suite à la reprise d'activités de Batman. On peut d'ailleurs remarquer que l'ouvrage en général est traité sur le mode "téstostérone only"… Après un tome de Sin City, 300 et Bad Boy, je vais finir par croire que c'est là une marque de fabrique de Frank Miller. La réflexion en tant que telle n'y a en effet qu'assez peu de place, au contraire de l'action. Les quatre comics originaux -- formant donc ici quatre chapitres -- voient en effet chacun un affrontement (assez titanesque, disons-le), le point culminant étant incontestablement Batman contre Superman. Eh oui, carrément. La vieille lutte entre l'intelligence rusée et la force un peu stupide… Ulysse contre le cyclope, puisqu'on parlait de mythologie précédemment. Ces quatre chapitres paraissent un peu décousus entre eux, mais ils ont évidemment comme point commun l'évolution de Batman et sa perception auprès de la société et de ses instances. Miller a beaucoup fait appel à la télévision dans ses pages pour montrer cela, et représente les politiques sous la forme de bouffons, qu'il s'agisse du maire, un petit bonhomme obèse et sans opinion sauf lorsqu'un conseiller en communication se tient derrière lui, ou du président, un Ronald Reagan tout vieux à la limite du gâtisme le plus complet, parlant aux Américains comme à des enfants de trois ans. Même lorsqu'il met en scène un Batman en difficulté, malmené, rejeté, haï, on sent bien qu'il a choisi son camp et qu'il prend parti. En un sens c'est dommage, car développer plus intelligemment l'opposition à Batman aurait pu donner un résultat un poil plus intellectuel et approfondi. Ceci dit, l'ensemble est -- comme souvent avec Miller -- d'une grande efficacité, même si je me demande toujours ce que Carrie Kelley (le nouveau Robin) vient faire dans cette Batgalère. Le dessin, brièvement, n'est pas le plus beau qui soit, et on a même parfois quelques petits problèmes à comprendre le déroulement de l'action. Cependant il est lui aussi d'une grande efficacité et d'une grande force, malgré la sobriété apparente de nombreuses pages, et certaines cases donneraient presque des frissons tellement elles sont bien composées. Le script en fin d'album donne également l'occasion de voir le chemin entre scénario et réalisation, et permet de se rendre compte que celle-ci a été faite très intelligemment, avec un important travail d'adaptation. Loin de ressembler à Watchmen, nettement plus premier degré bien que remettant complètement en cause le modèle classique du super héros, The Dark Knight Returns est une œuvre sombre, violente, tourmentée, débordant d'action, qui suscite des réactions fortes, et pousse à se poser quelques questions. Lecture conseillée à sa suite : Kingdom Come.
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