Insomnie et autres histoires

J'aime beaucoup Tomine. Son dessin est banal, ses histoires ne semblent pas beaucoup mieux et pourtant il y a une forte maturité chez ce jeune auteur. Ces petits récits sont d'ailleurs ses premiers travaux publiés. Il y a certainement une partie de vécu personnel. Ces histoires ne font pas fiction, elles ressemblent à des témoignage. On est dans du pur roman graphique où les récits tiennent sur peu de choses mais où les interprétations sont le fruit de développements structurés. Il faut une certaine dose d'empathie pour trouver de l'intérêt à ces scenarii. Je conseillerai la lecture des BD plus récentes de Tomine, plus abouties, avant de se plonger dans celle-ci qui reste d'un niveau plus qu'honorable.

20/04/2010 (modifier)

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Le recueil Insomnie condense pas moins de seize nouvelles écrites entre 1994 et 2007 par Adrian Tomine (auteur entre autres de "Loin d'être parfait"), publiées dans les quatre premiers numéros d’Optic nerve, son comic-book. Seize historiettes variables dans leur longueur et dans leur propos, mais qui ont toutes un point commun: un regard désabusé, neutre tout en étant paradoxalement féroce, sur les mœurs et les contradictions de la classe moyenne américaine. Tout d'abord, le graphisme -non uniforme, signe de l'évolution de l'auteur- met tout de suite dans l'ambiance: un noir et blanc subtilement parsemé de dégradés gris, un trait souvent épuré, des décors factices qui donnent l'impression que tout se joue dans une grande pièce de théâtre. Signe peut-être que le destin des personnages n'est pas entre leurs mains. Ensuite, les situations abordées sont à la fois variées et convergentes: des atermoiements sentimentaux (un homme qui tente de reconquérir son ex-petite amie, une femme qui croit qu'un mystérieux soupirant lui donne rendez-vous par petites annonces interposées,...), de la méchanceté et de la lâcheté (une agression gratuite, des gamins qui terrorisent les passagers d'un bus,...), des relations familiales difficiles (un enfant qui supporte mal les disputes de ses parents,...), voire de l'absurde tragique. Vous l'aurez compris: le regard de l'auteur sur ses contemporains est loin d'être tendre. Au contraire, sa vision est sombre, voire désespérée, à la manière d'un Ivan Brun et de son No comment. Mais là où ce dernier voulait outrancièrement choquer afin que le lecteur en tire une morale, "Insomnie..." est dénué de message. Les tranches de vie mornes, voire pathétiques, de personnages broyés par leurs sentiments, leurs hésitations ou leur égocentrisme, laissent certes à méditer sur la nouvelle misère morale de la "modernité", mais -et c'est sans doute la limite de l'exercice- cela n'en reste qu'au stade du frémissement. Pour ma part, j'ai particulièrement apprécié l'histoire des deux soeurs jumelles qui se rendent avec leur père à une convention de comics (sic!). Mais si je suis sorti de cette lecture décontenancé et assurément déprimé, je n'en suis pas sorti chamboulé comme avec No comment ou ému comme avec Le Bloc. Il n'empêche que ces nouvelles peuvent valoir leur détour pour leur écriture sobre et délicate. A n'acheter qui si coup de coeur.

27/01/2009 (modifier)

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