Ibicus
1999 : Prix Canal BD pour le tome 1. Angoulême 2000 : Alph-Art du meilleur album pour le tome 2. Juillet 1993. Faisant les puces, je tombe sur un bouquin de Tolstoï, “Ibicus”, édition de 1926 illustrée de gravures sur bois. Bonne affaire : 3 francs! A la maison, mince, j’avais pas fait gaffe, c’est pas le Tolstoï de “Guerre et Paix”, c’est pas Léon, c’est Alexis ! Allez, en attente : on le lira quand on n’aura rien d’autre ! Trois mois passent, huit heures du soir, j’ai plus rien à lire, je me tape l’incunable. Au petit matin je le repose, fini... Coup de foudre ! La matière est là : c’est décidé, je l’adapte. Mon adaptation est libre, mais j’ai cependant essayé de respecter l’esprit de l’auteur. Ceci dit je m’en fous, c’était un stalinien et il est mort ! De toute façon, les lecteurs pourront toujours comparer avec le roman. PASCAL RABATE
1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Adaptations de romans en BD Angoulême : récapitulatif des séries primées BD à offrir Les meilleures séries courtes Noir et blanc Prix des Libraires de Bande Dessinée Russie Vents d'Ouest
Une Tsigane a prédit fortune et gloire à Siméon Ivanovitch Nevzorof. En février 1917, il aide la chance en dépouillant un antiquaire anglais. Riche, il usurpe le titre d’un aristocrate et s’enfuit à Moscou où, en compagnie de la belle Allotchka et de son nouvel ami Rtichtchev, il mène la vie d’un dandy, ouvre un tripot clandestin et s’adonne à la cocaïne... Mais la révolution éclate ! Allochka morte, Rtichtchev arrêté, Siméon, les poches pleines, disparaît... Il devient propriétaire terrien et croit se poser en Ukraine. Mais l’histoire le rattrape. Mendiant, pillard, Siméon débarque à Odessa pour faire du commerce. C’est alors que des fantômes du passé réapparaissent.... Puis c’est alors l’exil vers la Turquie. Ses ennuis vont-ils s’achever avec l’exil, ou ne font-ils au contraire que commencer...?
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | Juin 1998 |
Statut histoire | Série terminée 4 tomes parus |
Les avis
Pascal Rabaté revisite ici un roman d’Alexis Tolstoï (et pas Léon que Rabaté pensait avoir acheté, belle anecdote) à travers une bande dessinée en noir et blanc d’une grande richesse visuelle et narrative. En suivant les péripéties de Siméon Nevzorof, un anti-héros veule et opportuniste, Rabaté nous plonge dans la Russie révolutionnaire des années 1917-1920, un contexte historique fascinant qui sert de toile de fond à une histoire où l'absurde et le tragique se mêlent. Dès les premières pages, on est frappé par le style graphique de Rabaté. Les dessins, réalisés en lavis, apportent une atmosphère à la fois floue et dense, parfaitement adaptée à l’histoire de Siméon, cet homme qui tente de survivre et de s’enrichir dans un monde en plein chaos. Siméon est un personnage complexe, à la fois pitoyable et fascinant. Opportuniste sans scrupules, il cherche constamment à tirer profit de la situation, même au prix de trahir ou de manipuler ceux qui l’entourent. Pourtant, malgré ses défauts, il est difficile de ne pas s’attacher à lui. Rabaté parvient à le rendre humain, montrant ses faiblesses, ses peurs et ses désirs avec une sincérité qui le rend presque sympathique. Et on peut dire que Rabaté sait y faire. L’histoire progresse par à-coups, à l’image de la vie chaotique de Siméon, balloté par les événements. Ce rythme inégal, bien que déroutant, est l’une des forces du récit, car il reflète l’instabilité et l’imprévisibilité du contexte historique. Si je devais lui trouver un défaut, je dirais que certains passages peuvent sembler répétitifs ou manquer de rythme. Malgré cela, l’œuvre reste captivante grâce à la profondeur des personnages et à la complexité des relations humaines décrites. Je reproche souvent à Pascal Rabaté de faire des demi histoires, ici on est servis en termes de densité. En somme, Ibicus marie à merveille l’intensité dramatique du roman d’origine avec la créativité visuelle de Rabaté. Que l’on soit attiré par le contexte historique, la psychologie des personnages ou la beauté des dessins, Ibicus est une lecture qui vaut le détour et qui, malgré ses quelques longueurs, m'a fait passer un très bon moment.
J'ai décidé de me procurer cette intégrale après l'avoir vue en boutique d'occasion, et le coffret magnifique m'a fait l’œil de manière bien trop insistante pour que je n'aille pas le dénicher. Et je suis content, puisque ça fait des années que j'avais la série en visu. Et c'est franchement très bien ! En fait, je dirais que c'est le genre de série qui vaudrait un bon 3.5, que j'arrondis au-dessus parce que j'ai vraiment pris mon pied à lire les aventures rocambolesques de ce personnage parfaitement humain et complètement faillible. Je pense que c'est un des personnages les plus humains que j'ai lus dans une BD : pas courageux pour un sou, pas volontaire, cherchant la fortune et surtout à sauver sa peau. C'est une personnalité parfaitement humaine, rien de plus, et les lâchetés, méchancetés et coups bas qu'on le verra faire ne le rendent jamais antipathique. Ses aventures sont rocambolesques, mais curieusement crédibles pour un type qui passe dans la révolution Russe, les tourments de la guerre également, mais surtout dans une Russie qui change et évolue. Je n'ai jamais eu l'impression que c'était tiré par les cheveux, mais d'une logique assez ironique. Le tout est servi par le dessin de Rabaté, que j'apprécie à défaut d'aimer. Son utilisation du noir et blanc, ses ombrages et ses personnages passent très bien. Je note d'ailleurs que malgré son style, tout reste lisible et compréhensible. C'est facile de s'y retrouver dans la galerie assez touffue de personnages. Et il arrive parfaitement à retranscrire les mélanges d'ambiance, surtout lorsqu'on passe de la Russie à la Turquie baignée de soleil. Une bonne série d'aventures, rythmée et cruelle, mais aussi drôle et truculente, servi par un personnage moralement trouble, qui tente de sauver sa peau et reste obsédé par le fait de devenir riche. Les quatre tomes sont grinçants, acides, violents, amusants ... C'est de l'aventure, de la vraie !
Lecture de l'intégrale en deux soirées. Je rejoins ceux qui ont dû composer avec le volume impressionnant de cet ouvrage qui nécessite, pour sa lecture, des dispositions particulières : mieux vaut réserver le lit en entier ! C'est une histoire qui se lit très bien. Je n'ai été à aucun moment lassé par les nombreux rebondissements de notre singulier protagoniste. On visite du pays dans une Russie tiraillée et affaiblie durant la première guerre mondiale et les références historiques qui accompagnent le récit sont plaisantes. Côté dessin, c'est sympa mais sans réel attachement pour ma part. Il m'a fallu un peu de temps pour adhérer. De plus, j'ai eu à plusieurs reprises bien du mal pour distinguer les mêmes personnages d'une page (voire d'une case) à l'autre, une fois le chapeau, ou les vêtements enlevés. Les noms russes à rallonge ne facilitant en rien la tâche ! Dans l'ensemble, il se dégage une ambiance froide (noir et blanc oblige) et austère avec des personnages parfois même repoussant (propre à Rabaté car ce n'est pas la première fois que j'ai ce ressenti dans ses oeuvres) mais dont le tout forme, à ma grande surprise, un ensemble cohérent. A lire sans aucun doute ! Note réelle : 3.5/5
Drôle de destin. J'ai lu cette intégrale qui s'avère peu confortable à lire au lit. Cette longue histoire se déroule dans l'Europe de la première moitié du XXème siècle. Elle nous trimbale de rafles en pillages, de cabarets en cellules, de villages enneigés en bateaux sur la mer noire, de chambres d'hôtel en bungalows. On suit les rebondissements du destin de notre anti-héros tantôt avec dégoût, tantôt avec effroi, bousculé mais intrigué par la suite des évènements. L'image, sorte de lavis contrasté où le dessin a été gommé, est à la fois floue et tranchée. On cherche dans la case, le visage oblong d'Ibicus, moustachu ou rasé, tête nue ou chapeauté, mais toujours un peu faux-cul, sa silhouette longiligne, de dos, de profil ou de face.. Il ne cesse de fuir devant ses poursuivants, comme face au lecteur. Les yeux plissés , nous distinguons mal ses motivations, l'appât du gain, la survie, le désir... En tout cas, toute morale a disparu dans ce monde à la sauce russe, l'arbitraire le dispute à la roublardise, on peut s'attendre à être sauvé par son assassin comme à être piégé par son ami. Ici la légèreté habituelle de Rabaté est bien dissimulée, on reconnait parfois au détour d'un croche-patte son coté facétieux, mais plus souvent son plaisir à observer l'humain tout entier, sans jugement. Reconnaissons qu'Ibicus est avant tout un scénario russe, alambiqué et tragique ... Avis aux amateurs !
Que signifie « Ibicus » ? Je n’en sais rien ! Toujours est-il que c’est un roman d'Alexis Tolstoï, celui-ci est adapté par Rabaté qui nous signe une bande dessinée -à mon avis- déroutante. J’ai lu l’intégrale des 4 tomes en une seule traite, il faut dire que la narration m’est apparu très bonne. La présence de nombreuses séquences muettes et la mise en page aérée contribuent à la facilité de lecture. J’y ai apprécié le contexte historique d’« Ibicus ». Le récit débute en 1917, c’est la révolution en Russie et on suit les péripéties de Siméon Ivanovitch Nevzorof. Ce gus est vraiment paumé et il n’a qu’une envie : être riche et profité de la vie… Et surtout, c’est un lâche, il va se retrouver par le hasard des choses et par malhonnêteté détenteur d’un sacré magot… Sauf que, lorsque la révolution éclate, il va se faire balloter à gauche et à droite par des gus peu recommandables et par le contexte horrible de la révolution russe ; bref, comme il est lâche, il est plus spectateur qu’acteur de tout ce qui se passe… Et c’est comme ça que l’on découvrira la Russie et la vie quotidienne des soviets de cette époque. Je peux imaginer aisément que les faits racontés par Rabaté et surtout Alexis Tolstoï sont relativement fidèles à la société russe post-révolution, il suffit de constater la situation actuelle et dramatique de la majorité des pays qui ont eu affaire récemment à des guerres civiles ou autres pour se convaincre de la véracité des évènements relatés dans « Ibicus ». Quant au récit proprement dit, malgré sa très bonne narration, j’avoue ne pas avoir été attaché aux personnages. Déjà que les protagonistes secondaires du récit me sont apparus malsains, alors si le personnage principal est un antihéros égoïste, antipathique, opportuniste… il est facilement aisé de deviner que ce n’est pas avec eux que l’on passera un agréable moment de lecture ! Et l’atmosphère sombre rehaussé encore par le graphisme noir et blanc de l’auteur contribue encore plus à donner de la noirceur aux péripéties de Siméon. Et pourtant, j’aime beaucoup le coup de patte de Rabaté car il est atypique, il a son propre style. Les différents personnages sont facilement identifiables, les décors ne sont pas fouillés mais ils se suffisent pour situer l’action. Au final, à part le contexte historique, je n’ai pas retenu grand-chose de ce récit. Les aventures de Siméon me sont apparues peu intéressantes. D’ailleurs, comme la plupart des personnages sont antipathiques, ça ne fait que ressentir davantage l’ambiance glauque de cette histoire. Reste que la narration est vraiment efficace mais cela n’a pas été assez suffisant pour que j’appréciasse plus que ça « Ibicus ».
J’ai eu un peu de mal à entrer dans cet album (j’ai lu l’histoire dans l’épais album de l’intégrale). La faute au dessin, dans une sorte d’aquarelle aux tons presque délavés. Mais une fois amadoué, ce dessin s’est avéré beau et je l’ai finalement apprécié. Quant à l’histoire, elle se laisse lire très agréablement, et aussi relativement rapidement (car de nombreuses cases sont muettes). On suit avec intérêt le héros (ou anti-héros), bonhomme un peu pathétique, balloté par des événements qu’il prétend (généralement à tort) réussir à exploiter à son profit. L’intrigue se déroule en Russie, durant les Révolutions (et à Istanbul sur la fin), et notre bonhomme est une sorte de parasite, aussi résistant que mauvais. Fuyant (dans tous les sens du terme d’ailleurs), lâche, opportuniste, mais aussi relativement chanceux, arrivant toujours à rebondir, malgré les déboires qui s’abattent sur lui. Je ne sais pas ce que valait le roman ici adapté (pas plus que Rabaté je ne connais cet homonyme du grand Léon !), et ne sais donc pas ce qu’il en a changé. Et on s’en fout en fait. Car cette « mise en image » est vraiment chouette.
Bon c'est pas mal tout ça même si parfois ça tire un peu en longueur mais voilà un héros à la Jack Vance balloté d'événements en événements, ou devrait on dire en soubresauts de la grande histoire. Contrairement cependant aux héros de l'auteur sus nommé notre Siméon ne contrôle rien, ne maîtrise pas un seul morceau de sa vie. Il est tour à tour pleutre, vénal, totalement amoral, bref pas le gars à qui on confierait ses kopecks. Mais ses défauts font qu'on l'aime finalement bien notre gars et qu'on souffre avec lui de la malchance crasse qui s’abat sur lui alors qu'on aurait pu penser que la poisse le quitte enfin. Le fond historique est bien vu, les choses sont parfois trop effleurées mais il ne s'agit pas d'un roman, oups d'une BD sur la révolution russe. Pour ce qui est du dessin je tire mon chapeau à Mr Rabaté, faut maîtriser pour faire quatre tomes en noir et blanc et arriver à ce résultat. Pas question de dire ici qu'on aime ce genre de dessin ou pas, il faut surtout saluer l'ambiance que l'auteur arrive à donner à l'histoire, un joyeux mélange de glauque et de festif et l'expressivité des personnages. Dans le genre c'est pour moi du même tonneau que M. Larcenet sur Le Rapport de Brodeck dans un style certes différent mais ô combien efficace. Une œuvre sans doute pas si facile que ça mais qui se lit avec plaisir tant l'on veut savoir ce qu'il va advenir de notre pauvre Siméon.
Un pavé lu en deux soirées. Graphisme assez unique, hautement original, et à mon sens de très loin le plus réussi de tout ce qu'à pu produire Rabaté. L'histoire est séquentielle ; elle passe régulièrement du coq à l'âne, avec des moments très prenants et d'autres qui se trainent ... Le héros est pour le moins vraiment pas très attachant, voire par moment relativement détestable. Il reste néanmoins le quasi seul fil conducteur de ce long récit. Lecture au final réjouissante pour être entraîné malgré nous lecteur dans cette longue fresque romanesque sur toile de fond historique. En ce qui me concerne, les inégalités de tension dans le scénario, comme le peu de connivence avec le héros, me rend ce récit que partiellement convainquant. Le coup de coeur n'y est pas. Mais l'on vit une belle évasion tout de même à la lecture. Adaptaion et scénario 3,2/5 Graphique 4,3/5
Une BD que j'ai lue il y a de cela des années. Et j'en ai toujours un souvenir intact, c'est l'une des oeuvres qui m'ont fait me tourner définitivement vers la bande dessinée. Chaque planche, que dis-je, chaque case, est un chef d'oeuvre d'expressionnisme (si je puis dire) en noir et blanc. J'aime à l'ouvrir pour en admirer ou faire admirer les planches. L'histoire, fleuve, avec ses nombreux rebondissements nous tient en haleine sur plus de 500 pages. C'est grandiose. C'est une oeuvre que j'ai offerte plusieurs fois, sans déceptions aucune. L'intégrale est à un prix plus qu'honnête (25€, contre 18€ par tome), certes le format est plus petit, mais cela ne gâche rien. Tiens, d'en parler me donne envie de me replonger dans ce pavé.
Je sors de cette lecture avec un sentiment mitigé. D’une part, je m’attendais à un chef d’œuvre mais cette histoire ne m’a pas spécialement marqué. Et si le début m’a vraiment bien plu, j’ai senti une certaine forme de lassitude s’installer passée la moitié du récit, le sentiment de relire encore et toujours la même chose, quand bien même le lieu change. D’autre part, je dois avouer que j’ai lu l’ensemble sans réellement m’ennuyer. Le personnage central est intéressant (lâche, amoral, pleurnichard mais finalement toujours prêt à rebondir) et cette alternance entre chance (en matière d’argent) et malchance (en matière de sérénité) qui l’accompagne tout le long du chemin assure au récit un intérêt sans cesse renouvelé. L’époque est elle aussi intéressante et dote cette histoire d’une solide toile de fond historique. Esthétiquement parlant, c’est… c’est du Rabaté… du Rabaté soigné mais surtout du Rabaté. Il y a une véritable recherche artistique, tant dans le trait que dans les cadrages. Ca plaira… ou non selon votre goût personnel. A titre personnel, je trouve ce trait efficace et stylé mais pas vraiment beau. Par contre, le découpage est excellent dans son genre, surtout si l'on tient compte du fait qu'il s'agit ici de l'adaptation d'un roman ! Il assure une lecture fluide et rapide, aère un récit qui aurait pu devenir rapidement étouffant et régule le rythme de l’ensemble. Voilà ! Pas un chef d’œuvre à mes yeux, car l’émotion manque (du moins, elle m’a fait défaut) mais pas mal du tout quand même… PS : la postface est excellente !
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site