Leviathan (Jens Harder)
Une baleine de dimensions monstrueuses, la baleine fabuleuse, invincible et mythologique : telle est l'héroïne de cet album inspiré du roman de Melville Moby Dick et de l'œuvre du politologue anglais Thomas Hobbes Leviathan. Elle constitue une métaphore de l'idéologie, de la religion et de l'État. Cinq chapitres la montrent successivement aux prises avec les autres créatures des mers mais aussi avec des plateformes pétrolières et des bateaux tels que la Santa Maria, l'Arche de Noé et le Titanic.
Auteurs allemands BD muette Bichromie Cryptozoologie Les petits éditeurs indépendants Moby Dick Poulpes ! Titanic
Quasiment muet, entrecoupé d'extraits du "Moby Dick" d'Herman Melville et du "Livre de Job", "Leviathan" est un fantastique rêve graphique partant dans tous les sens et à travers les siècles avec en fil rouge les relations difficiles entre les hommes et les baleines depuis les récits bibliques, le moyen-âge, les premiers navigateurs jusqu'aux sous-marins et porte-avions nucléaires. Job et le capitaine Achab croisent des ballets aquatiques de belugas qui seraient mis en scène par Busby Berkeley et le mythique Kraken, ce calmar géant, cauchemar des marins, capable de happer un galion dans ses tentacules. Harder résume toute la chaîne alimentaire du mangeur-mangé et dessine des planches d'une beauté envoûtante, à mi-chemin entre la gravure d'époque et les tableaux ciselés de Valerio Adami. Un long voyage muet en compagnie du Léviathan, monstre mythologique, associé aux grandes catastrophes humaines. Le travail graphique de Jens Harder est époustouflant. Absence d'encrage et de mise en couleur, seuls les traits réalisés aux crayons de couleurs aux tons ternes transpirent à travers toutes ces pages. Le dessin est précis, dynamique, la mise en scène, digne d'un grand opéra, toutes les créatures peuplant les profondeurs océaniques s'anime sous le crayon de Jens Harder. Une grande rigueur dans les illustrations de mollusques, de cétacés et autres créatures aquatiques font de cet album, un petit bijou graphique. Seuls quelques pages en guise de préambule contiennent de courts paragraphes, détaillant les différentes superstitions face au Léviathan au cours de l'histoire humaine. Le trait de Jens Harder évolue en fonction des périodes, si le premier chapitre rappelle les fresques catholiques, celui sur le titanic est résolument moderne et dynamique. Le Léviathan trouve sa place dans ce monde, souvent en tant que prédateur, de créatures marines ou de vaisseaux de guerre, il reflète également l'histoire humaine. Entre survie et destruction gratuite, la créature de Jens Harder se veut miroir de l'évolution de l'homme face à son environnement et son rapport à autrui. Entre conte graphique, expérimentation narrative et essai théorique, Léviathan est une œuvre forte qui aura sans doute du mal à trouver son public, mais qui mérité amplement le détour. Le jeune dessinateur berlinois Jens Harder, membre du collectif ’Monogatari’, signe cet album puissant et visionnaire qui l’impose d’emblée comme un très grand auteu
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Date de parution | Novembre 2003 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C'est un peu par hasard que je suis tombé sur cet album par le biais de la bibliothèque départementale avec laquelle je bosse. En regardant la couverture, je me suis dit "Tient c'est marrant, ça me fait penser à " Alpha... directions"... ". Normal : Leviathan c'est aussi Jens Harder. Restait à plonger sur les traces du monstre pour voir si ce qu'il a dans le ventre est du tenant qu'Alpha... directions. Après quelques pages, premiers constats. Si on retrouve le trait et la colorisation tout en aplats et en monochromes d'Alpha... directions, ainsi que ce goût pour le découpage et la composition de planche élaborées, le coup de crayon n'est pas aussi fin et maîtrisé. Attention, c'est toujours très bon, mais après avoir traversé l'histoire de notre bonne vieille Terre de façon si magistrale, on s'habitue rapidement au meilleur. Il en va un peu de même pour la narration. Si Jens Harder s'amuse déjà dans cet album à saupoudrer ses planches de clins d’œils littéraires, historiques et sur les légendes liées à ce Léviathan, ce n'est pas aussi fin et percutant. La narration s'en ressent d'ailleurs, car ses ellipses et les références plus ou moins évidentes qu'il place rende son récit un peu confus. Au final, une lecture sympa, avec un graphisme qui a du caractère, mais pas encore la finesse qui fait aujourd'hui la renommé de son auteur. A lire plus par curiosité qu'autre chose, ou à réserver aux amateurs de légendes marines.
Ayant été épaté par Alpha... directions, j'ai tenu à découvrir au moins une autre oeuvre de Jans Herder. On retrouve dans Leviathan son goût pour la narration muette, la mise en scène de la nature dans tout ce qu'elle a de grandiose, d'instinctif, de cruel dans sa simplicité. Son graphisme m'apparait cependant moins abouti, moins élégant que dans Alpha. L'encrage y parait plus hésitant, le crayonné moins classe. Certaines cases manquent de clarté et sont difficiles à déchiffrer. J'ai en outre pu de nouveau noter sa moindre capacité à représenter les êtres humains, à l'inverse des animaux et décors naturels où il excelle. Le récit est un hommage, un hommage aux légendes maritimes, à la nature toute puissante et au Léviathan, le Cachalot géant, créature ultime qui règne sur les mers. Après une introduction où seul le naturel est présent, l'auteur met en scène ensuite son cachalot avec divers classiques des récits maritimes, l'invitant à prendre le rôle de Moby Dick, à participer au naufrage du Titanic et autres. Les transitions entre scènes sont assez abruptes, mettant vraiment davantage l'accent sur l'hommage symbolique et métaphorique plutôt que sur une histoire cohérente de bout en bout. Et au final, la Nature reprend ses droits, même sur la plus puissante de ses créatures. C'est beau, surtout si l'on est séduit par le style de Jans Herder. Le récit est cependant parfois un peu abscons, un peu trop symbolique pour plaire à tout le monde. Je lui préfère nettement Alpha... directions même si le style est ici un peu plus poétique.
Avant de lire le premier tome ''Alpha'' de sa trilogie en cours, je tenais à commencer par ce one shot. Comme je m'y attendais, le graphisme en bichromie est superbe. L'auteur a un style qui lui est propre et qui fera sa marque de fabrique. Le récit est muet, mis à part les préambules des chapitres, et demande de la part du lecteur d'une attention importante car les références sont nombreuses, certaines claires, d'autres plus subjectives. Il s'agit d'une oeuvre riche et complexe. Je pense le lire rapidement plusieurs fois afin de saisir toutes les intentions de Harder. Impossible de classer cette BD ailleurs que dans les inclassables, ce projet est tellement particulier. On est à mi chemin entre la BD et l'Art picturale. Je complèterai l'avis au fur à à mesure des lectures car il y aura beaucoup à dire.
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