The Escapists (Les Maîtres de l'évasion) (The Escapists)
Les tribulations d'un trio d'amis, qui se sont mis en tête de faire revivre un héros de bande dessinée oublié, idole du père du scénariste... Cette bd est directement inspirée par "les extraordinaires Aventures de Kavalier & Clay", roman de Michaël Chabon (Prix Pulitzer Fiction 2001)
Dark Horse Comics
À la mort d'un père dont il n'était guère proche, Maxwell Roth se rend dans la cave de ce dernier, un lieu qui lui était interdit autrefois. Il y découvre une énorme collection de comics mettant en scène « The Escapist ». Des années plus tard, alors qu'il enterre à présent sa mère, Maxwell se lance dans un projet un peu dingue, à savoir relancer la série de comics qu’il a appris à aimer. Pour honorer sa mémoire, le jeune homme rachète les droits du personnage et, avec l'aide de Case Weaver (dessinatrice et de Denny Jones (lettreur), il se lance dans la réalisation des nouvelles aventures du héros de papier. Ils n'imaginent pas ce qui les attend dans le milieu où les puissantes maison d'édition veillent à s'approprier toutes les licences... et encore moins devoir faire face à l'inattendu et phénoménal succès de leur création.
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Date de parution | 13 Mars 2008 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
S'évader - Ce tome contient une histoire complète qui peut se lire indépendamment de toute autre. Elle met en scène des personnages apparaissant dans le roman Les extraordinaires aventures de Kavalier et Clay (2000) de Michael Chabon. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2006, écrits par Brian K. Vaughan, dessinés par Steve Rolston, avec des pages réalisées par Jason Shawn Alexander (pour la bande dessinée dans la bande dessinée consacrée au nouveau Escapist), ainsi que des passages dessinés par Philip Bond, et Eduardo Barreto. La mise en couleurs a été réalisée par Dave Stewart, Matt Hollingsworth, Paul Hornschemeier et Dan Jackson. L'illustration de couverture est l'œuvre d'Alex Ross. L'ouvrage commence par une courte nouvelle en texte (sans illustration), écrite par Michael Chabon, l'auteur du roman originel. Sam Klay (un auteur de comics vieillissant avec la vue basse) participe à une convention de comics à Cleveland, dans l'Ohio en 1986, accompagné par sa femme Rosa Kavalier. Il quitte sa table à la recherche des toilettes et se trompe, ne devant son salut qu'à un jeune enfant appelé Vaughan. L'histoire en bande dessinée commence avec l'enterrement du père de Maxwell Roth, et sa mère qui lui remet la clef de la cave. Dans cette dernière, il découvre une collection d'une vieille série de comics : The Escapist (Tom Mayflower), par Sam Clay (scénariste) et Joe Kavalier (dessinateur). Au lycée, Max Roth se lie d'amitié avec Denny Jones, un grand gaillard qui le protège quand d'autres essayent de s'en prendre à lui pour sa judaïté, ou simplement parce que c'est une cible facile. Roth s'intéresse à la magie au point d'apprendre quelques tours pour se délivrer, et aux comics au point d'envoyer des essais à DC et Marvel, restés sans réponse. Devenu adulte, il devient réparateur d'ascenseur. À la mort de sa mère, il conçoit le projet d'écrire et de publier un comics mettant en scène une nouvelle version de The Escapist. Il utilise son héritage pour racheter les droits à une petite maison d'édition qui ne publiait plus le personnage. Il appelle Case Weaver, une artiste rencontrée lors d'une intervention pour un ascenseur pour dessiner, et Denny Jones pour effectuer le lettrage. L'introduction en prose effectue le lien entre le comics et le roman originel, et constitue également un adoubement par l'auteur dudit roman. Il s'agit d'une histoire touchante, entre un artiste devant faire avec un corps vieillissant et un jeune garçon en butte aux railleries de ses camarades. C'est à la fois rôle et touchant, avec déjà des éléments parlant aux lecteurs de comics, à la fois pour la convention de comics et pour la référence aux Archie comics. le lecteur remarque ensuite que Brian K. Vaughan utilise des dispositifs narratifs sophistiqués. Il commence par évoquer la ville de Cleveland : les images montrent des vues de loin des buildings, pendant que les cartouches de texte évoquent les différents auteurs de comics s'étant installés à Cleveland : Jerry Siegel & Joe Shuster (les créateurs de Superman), Harvey Pekar, Robert Crumb, ainsi que ceux nés à Cleveland comme Brian Azzarello et Brian Michael Bendis. Dans la suite, il évoque régulièrement des spécificités de l'industrie des comics, que ce soit son organisation sur la base d'entreprises détenant les droits des personnages et employant les créateurs dans le cadre de contrat de main d'œuvre, ou que ce soit la popularité du personnage Aquaman à l'époque (= proche de zéro). L'histoire évoque la volonté de Max Roth et de ses acolytes d'être leurs propres patrons, et de travailler dans la branche d'activité qu'ils ont choisie. En cela, les thèmes abordés peuvent parler à tous les lecteurs, mais ils parleront plus à des lecteurs de comics. Au cours des autres épisodes, le scénariste continue à utiliser d'autres dispositifs complexes. Lorsque Max Roth se plonge dans un comics original de The Escapist, le lecteur peut lire les pages en question, mais les phylactères de The Escapist contiennent le flux de pensée de Max Roth. Dans les 4 cases de la page 22, Max Roth s'adresse directement au lecteur pour évoquer sa vie au lycée ; la première case est un crayonné en noir & blanc, la seconde est un dessin encré toujours en noir& blanc, la troisième est habillée par des couleurs unies, et la dernière dispose de couleurs rehaussées à l'infographie pour ajouter du volume. À ce stade, le lecteur a bien compris qu'il s'agit d'un comics qui parle de comics, jouant avec les conventions narratives pour produire des mises en abyme débouchant sur des métacommentaires. Le lecteur peut ainsi repérer les différents niveaux de signification du nom du héros. Il s'appelle Escapist, évoquant la branche de la magie spécialisée dans l'art et la manière de se sortir de pièges physiques, de formes d'emprisonnement, allant de simples menottes à être enchaîné et immergé dans un aquarium. le pratiquant le plus célèbre de ces techniques s'appelait Harry Houdini et a inspiré plusieurs scénaristes pour ses évasions célèbres. Bien sûr, le nom d'Escapist renvoie également à la notion de Escapism, soit le divertissement, ou la littérature d'évasion. À ce titre, Max Roth est à la fois un Escapist, dans le sens où il cherche à s'évader du monde réel peu attirant pour lui, mais aussi un Escapist dans le sens où il souhaite créer du divertissement, des récits permettant à d'autres de s'évader, de se libérer des chaînes du quotidien. le lecteur peut ainsi voir les chaînes du criminel s'opposant à The Escapist, comme celles le retenant au monde réel, l'entravant. Tout au long du récit, le lecteur peut se livrer à ce jeu du double sens. Il est également possible de lire cette histoire comme un commentaire directe sur la profession de scénariste et d'artiste. Les 3 amis souhaitent produire leur propre série, mais ils se heurtent aux mécanismes de la profession. Il faut se faire connaître pour espérer que les libraires commandent des exemplaires au distributeur, sinon le premier numéro sera mort avant même d'avoir été envoyé à l'imprimeur du fait d'un tirage trop faible. Il faut aussi se faire remarquer en se démarquant de la production des deux grands éditeurs historiques que sont DC et Marvel. Il faut accepter la prise de risque qui consiste à investir de l'argent dans un premier numéro sans aucune idée des ventes, sans être sûr de rentrer dans ses frais, sans certitude d'être dans la capacité financière de pouvoir en sortir un deuxième. Il faut considérer l'alternative de travailler dans le cadre d'un contrat de main d'œuvre pour un éditeur plus important, comme une éventualité en cas d'échec. Il est aussi possible d'apprécier cette histoire comme étant celle d'un être humain né à Cleveland, avec le rêve de faire ses propres comics. le lecteur peut alors apprécier un roman qui l'invite à côtoyer un individu sympathique et chaleureux se lançant dans une entreprise créatrice au résultat incertain. Il peut également se livrer aux devinettes de déterminer ce qui relève de l'autobiographie, Brian K. Vaughan étant lui-même un scénariste de comics né à Cleveland, ayant aussi bien travaillé pour DC et Marvel, que créé ses propres séries. D'ailleurs Yorick, le héros de la série Y, le dernier homme , connaissait lui aussi quelques tours de magie. Il est vraisemblable que les quelques éléments biographiques apportent un peu plus de chaleur humaine à Max Roth et de consistance aux différents endroits de Cleveland, comme la statue monumentale de Claes Oldenburg & Cossje van Bruggen. En découvrant ce tome, le lecteur apprécie qu'il ait bénéficié d'une couverture d'Alex Ross. Ce n'est pas toujours un gage de qualité des pages intérieures, mais c'est toujours une belle illustration. En fin de volume, il découvre les couvertures variantes réalisées par Brian Bolland, Frank Miller, James Jean, John Cassaday, Jason Shawn Alexander, Paul Pope, Steve Rolston. Après l'introduction de Michael Chabon, cette liste d'artistes renommés le conforte dans l'idée qu'il s'agit d'un projet haut de gamme. La majeure partie du récit (>80%) est représentée de manière réaliste et descriptive, avec une légère exagération arrondie dans les visages, et un léger degré de simplification dans les environnements. Les 3 principaux personnages (Max Roth, Case Weaver et Denny Jones) ont des visages avenants, sans être parfaits, et savent sourire régulièrement, s'enthousiasmer, prendre plaisir à leur activité. Ce mode de représentation naturaliste ajoute à nouveau un degré de chaleur humaine dans le récit, et le tient éloigné aussi bien de la sinistrose que de l'exagération dramatique. Les dessinateurs donnent des tenues vestimentaires normales aux personnages, changeant en fonction du jour, de leur occupation et des conditions climatiques, allant de décontractées lorsqu'ils travaillent ensemble à créer un épisode The Escapist, à formelles lors des 2 enterrements. Les différents endroits sont rendus avec un bon niveau d'exactitude pour ce qui s'agit des lieux touristiques comme le tampon encreur géant dans un parc de Cleveland. Les artistes aménagent les lieux récurrents de manière détaillées et cohérentes d'une fois sur l'autre. le lecteur peut ainsi examiner les outils de dessin sur la table à dessin dans le coin du salon de la maison de Max Roth, les rayonnages d'un supermarché où se produit un cambriolage, le luxe du bureau de Terry Linklater à comparer avec la table bricolée pour la séance de dédicaces, la disposition fonctionnelle du bureau de l'avocate April Micheaux, le bazar incroyable dans l'appartement minuscule de Case Weaver, ou la disposition géométrique des cloisons ouvertes dans le plateau de concepteurs graphiques où elle finit par trouver un emploi. Les pages consacrées à Max Roth et ses amis donnent donc l'impression d'un monde agréable à vivre, avec une petite exagération le rendant un peu plus simple que le monde réel. Ces pages sont entrecoupées de séquences dédiées à The Escapist. La première séquence consacrée à la série originale fait penser à un hommage aux dessins de Frank Springer, et la seconde à ceux de Gil Kane. C'est assez cohérent avec le roman de Michael Chabon et avec le reste du récit qui amalgame plusieurs artistes réels en 1 seul pour aboutir à Sam Clay. Les séquences montrant la nouvelle version de The Escapist en action (celui créé par Roth, Weaver et Jones) sont dessinées par Jason Shawn Alexander, également auteur complet de la série Empty Zone. Cet artiste utilise des zones noires plus importantes, avec des contours déchiquetés et irréguliers, plongeant le héros The Escapist dans un monde plus noir et plus abrasif. du coup, il se produit une inversion du rapport des 2 mondes, puisque le monde réel des protagonistes semble plus accueillant que celui du superhéros. Cette histoire n'est pas qu'un exercice virtuose de mise en abyme de la création de comics dans la perspective de son historique. C'est aussi une histoire personnelle évoquant des sujets parlant à tout le monde, tel que l'envie d'indépendance professionnelle ou la créativité. C'est également un regard historique sur les comics, une métaphore sur le besoin d'évasion, une profession de foi de l'auteur quant à son ambition narrative, racontée avec des dessins agréables à l'œil sans être naïfs. Un récit exceptionnel. Il est possible donner un prolongement à cette lecture, en se plongeant dans les aventures précédentes de The Escapist, dans les recueils de l'anthologie sortie antérieurement
C'est un titre très ambitieux qui se propose de réhabiliter un vieux super-héros tombé dans l'oubli depuis quelques décennies. Il est question de revisiter le monde du comics en s'inspirant des plus grands comme Eisner, Jack Kirby ou Stan Lee. On entre dans les coulisses du monde des comics de la création d'une oeuvre à son exploitation. J'ai bien aimé le déroulement de ce récit mais un peu moins la conclusion ainsi que l'inégalité dans la partie graphique. On retiendra néanmoins que c'est une brillante mise en scène. On regrettera juste que le super-héros n'est qu'un prétexte à une autre histoire plus intime et plus personnelle avec pour cadre l'impitoyable monde de l'édition. On ne retiendra pas grand chose de ces maîtres de l'évasion car ce n'était pas le thème malgré le titre. Une oeuvre qui se concentre sur une mise en abîme assez magistrale. C'est également un bel hommage aux vieux comics et surtout à la création et à l'imagination.
Un comics qui ne m'a pas du tout intéressé. Cela commence pas mal avec le type qui découvre un super-héros et qui veut en faire des nouvelles aventures, mais ensuite je trouve que cela tourne au n'importe quoi avec les éditeurs qui semblent être prêt au pire bassesses pour éliminer le Maitre de l'évasion de la compétition. J'ai trouvé que c'était lourd et puis les personnages principaux ne sont pas très intéressants. Quant au dessin, j'aime bien comment le dessinateur dessine les super-héros de manière rétro, mais le reste est sans plus. C'est lisible, mais ce n'est pas un style que j'aime particulièrement.
Je ne sais pas comment décrire ce comics. Au fil de la lecture, l'intérêt pour ce récit n'a fait que se renforcer. L'histoire de fond est agréable mais reste relativement banale. En fait, c'est surtout la structure du comics que j'ai adoré. Le dessin participe fortement à cette construction car il change radicalement selon les moments : il y a un dessin relativement universel, limite jeunesse, pour la trame réelle s'apparentant à un roman graphique. Mais il y a également pour représenter le nouveau comics des maitres de l'évasion un superbe dessin réaliste à la colorisation sublime, et pour les passages de vieux comics un dessin suranné à la colorisation d'époque, fade et désuète. Le thème du comics est abordé de façon frontale, on découvre l'envers du décor avec les 3 personnages principaux s'attachant à faire ressortir de l'ombre une ancienne franchise. Tout s'enchevêtre et se recoupe intelligemment, le fond et la forme fonctionnent en symbiose. La lecture est divertissante et plaisante, j'ai passé un excellent moment avec ce titre injustement peu connu.
J'ai acheté cette bd pour un ami, et je pense que sinon, je ne l'aurais jamais lu. D'abord, les histoires de super héros, ce n'est pas vraiment mon truc. Mais bizarrement, je trouve que les extraits de la création de nos jeunes héros est la partie la mieux réussie du bouquin. Les planches sont belles et l'histoire tout à fait convenable. Par contre, le ton un peu plaintif du héros m'a un peu agacé. Comme si les maisons d'éditions étaient des branches actives de la Cosa Nostra et que la vente, même importante, des Maitres de l'Evasion menaçait leur monopole. Ceci entre autres invraisemblances, comme avoir un ami dévoué expert en lettrage et aux épaules larges quand on fait de la bande dessinée et qu'on est plutôt chétif... Enfin, c'est tous ces raccourcis scénaristiques qui plombent un peu l'histoire, à mon sens. Enfin, ça reste tout à fait lisible et distrayant. On peut trouver, sinon une explication, au moins quelques pistes qui nous éclairent un peu sur la passion des bédéphiles américains pour les super héros.
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