Alpha... directions / Beta... civilisations
Angoulême 2010 : Prix de l'Audace pour le tome 1 Dans ce livre d’une folle ambition, l’auteur de Leviathan se penche sur les origines du monde. S’appuyant sur une synthèse des connaissances les plus actuelles dans tous les domaines du savoir, il raconte l’histoire de la vie depuis le Big Bang jusqu’à l’émergence des premières civilisations humaines.
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Dans ce livre d’une folle ambition, l’auteur de Leviathan se penche sur les origines du monde. S’appuyant sur une synthèse des connaissances les plus actuelles dans tous les domaines du savoir, il raconte l’histoire de la vie depuis le Big Bang jusqu’à l’émergence des premières civilisations humaines. Passionné depuis le jeune âge par la nature et toutes les formes de vie, Harder donne à voir toutes les procédures et les ruses de l’Evolution : variation, mutation, symbiose, combinaison, convergence, adaptation, etc. Il se plaît à confronter le savoir contemporain avec les croyances et représentations des époques antérieures, souvent naïves ou fantastiques, telles que l’iconographie en porte témoignage. Œuvre d’utilité publique à l’heure où les théories darwiniennes sont remises en cause par un nouvel obscurantisme, cet ouvrage de vulgarisation scientifique, tout en démontrant l’extraordinaire valeur pédagogique de la bande dessinée, s’impose aussi comme une somme artistique impressionnante. (Texte de l'éditeur)
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Date de parution | 19 Janvier 2009 |
Statut histoire | Une histoire par tome (prévue en 4 tomes) 3 tomes parus |
Les avis
Comme le louent beaucoup d'autres contributeurs, il faut saluer le travail de fourmi de l'auteur qui a rassemblé des milliers d'iconogrpahies encyclopédiques ou pop. Tout est original: les couleurs uniformes des pages, le format des ouvrages, hauts mais peu larges, les textes glissés entre les cases... vraiment, c'est unique, rien que pour ça ils méritent l'achat. On peut décider d'apprendre plein de nouvelles choses ou simplement contempler ces assemblages disparates mais parfaitement agencés. Certains peuvent ressentir légitimement de la pédanterie, les postfaces viennent atténuer ce sentiment. Des 2 tomes actuellement parus, Beta m'a le plus impressioné, je me réjouis donc de savoir que civilisations connaîtra une suite.
Alpha...directions Je viens de terminer "Alpha ...directions" et que dire de plus que les précédents commentateurs... Grandiose, monumental, instructif, sublime et renversant. Pourtant, j'ai mis du temps à l'acheter ce pavé, puis à le lire car j'avais une appréhension, même si les avis étaient ici ou là dithyrambiques (mon libraire me l'avait pourtant encensé mais je restais sceptique). Et pff ! A la lecture, quelle claque, mais quelle claque ! Je ne pense pas que ce genre d'ouvrage intéresse le lecteur occasionnel mais les tarés de bd comme moi ne peuvent passer à côté de ce chef d'oeuvre (3 tomes prévus en tout). Et quelle minutie dans le dessin, où se mêlent clins d'oeil (on y voit Tintin à bord de sous marin requin - tiens Moulinsart n'a pas relevé ? - ou encore Mickey, Donald, l'arche de Nöé, bref des anachronismes à tour de pages mais toujours bien placés) et formidables dessins de volcans, de mers gelées, d'un bestiaire formidable, de dinosaures, de flore.... Une approche intéressante de l'histoire de la terre, sujet sur lequel je ne suis guère ni spécialiste ni forcement féru, et qui m'a laissé admiratif de l'auteur. Attention chef d'oeuvre. Beta...civilisations En 2009, j'étais tombé en admiration devant un ovni, intitulé "Alpha...directions". Un projet dément de l'auteur, Jens Harder, de nous présenter l'histoire de l'Humanité. 8 ans après le second volume, "Beta ...civilisations" vient poindre son nez, troisième album d'une série magistrale et ambitieuse qui prendra fin avec "Gamma...visions" prévu pour je ne sais pas quand. Ce pavé de 345 pages, mais que se lit avec avidité, va de l'Antiquité à l'épidémie de Covid. Mais ce que l'on retient surtout, ce sont les cases muettes qui illustrent cette période, cases qui reprennent le plus souvent des tableaux, des images pieuses, des extraits de bd (comme Astérix), des statues etc, bref Jens Harder s'inspire de tout les média pour nous offrir l'histoire du monde. Son dessin est précis, minutieux....un véritable travail d'orfèvre qu'il faut souligner.. Les repères chronologiques en fin de chaque chapitre sont les bienvenus. Et que dire des couleurs presque métalliques qui donnent à cet opus un cachet particulier. Avant de me lancer dans la lecture de ce troisième volume, j'ai évidemment relu les deux premiers.Et à la lecture de ces livres, j'ai l'impression que cette série monumentale est l’œuvre d'une vie. C'est beau, instructif, grandiose, bref indispensable.
Je ne suis plus satisfait par cette série, alors qu'elle me plaisait encore il y a 3/4 ans c'est marrant. (Tome 1 + 2) Le choix de colorisation, le trait gras, le recopiage de différentes sources que je trouve dessiné "à la hâte"... Tout ça ne me plaît pas dans la forme. Je ne vois pas la patte personnelle de l'auteur qui permettrait de trouver le rendu intéressant. Je ne vois qu'un calque sans véritable saveur. Mais bon, ce défaut, je l'ai toujours ressenti. Le découpage des planches, c'est irrégulier et l'ensemble me paraît toujours trop chargé. Et puis pour comprendre les images (oui parce-que je vois ça comme des images moi), franchement je me suis dis "qu'est ce que ça fout là, ça ?". Ça aussi je me l'étais déjà dis dès les premières lectures. Que cette BD reçoive un prix pour l'audace me paraît tout a fait mérité. C'est clair, Jens Harder a attaqué un sacré sujet et a choisi de le traiter d'une façon singulière. C'est tout à son honneur. Aussi je ne critiquerai pas le point de vue ni le choix d'orientation de l'évolution, tout simplement parce-que je suis pas à l'aise du tout sur le sujet et aussi parce-que l'auteur indique lui-même avoir pris parti, sinon l'oeuvre n'aurait tout simplement pas eu lieu. C'est sujet à débat, voilà tout. Je rajoute aussi que je suis le premier intéressé et curieux pour apprendre de nouvelles choses. Là-dessus, en soi, on a un dossier costaud. Peut-être mériterait-t-il une 3eme étoile pour les infos que cette série permet de récolter. Sur la manière par contre, je ne suis plus du tout en phase. Voilà mon opinion : l'auteur s'est pris pour un vulgarisateur scientifique sans être scientifique à la base, mais puisque ça ne suffit ppas,il en profite pour étaler ses connaissances à travers des images iconographiques qui devraient quoi ? Nous faire mieux comprendre le rapport entre le passé et le présent ? Entre le mythe et les faits ? Ma pensée profonde, c'est que l'auteur a trouvé "stylé" d'insérer ses propres images: ça fait complexe et mec vachement cultivé. Et en réalité, je me dis que lui-même ne sait pas ce qu'il faisait. Je ne vois aucune cohérence, juste une succession d'images. Alors au choix: 1- On lâche l'affaire 2- On se coltine les mots et les dates qu'on abordera jamais dans aucune discussion de notre vie, sauf si on veut se la raconter : "ouais t'as vu la période cryptozoïque quand il a représenté les dieux Tlaloc et Poséidon pour annoncer le début de la pluie. C'était genre hy-per puissant! Quand je pense que ça a été annonciateur de la période proterozoïque c'est quand même fou, non?" Plus sérieusement. Je salue l'audace, mais le projet déborde trop d'orgueil. Et quand j'apprends en plus que le tome 3 laissera place au futur... Eh bien moi, cramponné au présent et conforté par ma position, je trouve ça ridicule par avance. Je comprends que ça puisse plaire, c'est novateur et osé, mais chez moi les goûts ont changé.
Pas réussi à finir ce bouquin d'illustration. Tout au long de cette lecture, cela me frappait telle une évidence "mais ce n'est pas une BD!!!" En effet faut voir cela comme une somme de connaissances sur l'évolution à travers le regard de l'auteur. Personnellement, je me suis ennuyé sévère parce que c'est juste indigeste. On ne retient rien de cette succession d'images et de chiffres. J'imagine qu'un bouquin qui veut traiter ce thème se doit à un minimum de pédagogie? Parfois, certaines illustrations religieuses en association avec la vision scientifique m'ont paru intéressantes... Mais largement insuffisant pour éveiller mon intérêt.
L'auteur ne sait pas dessiner. Je suis le premier à discorder des autres avis sur ce point, je crois... mais le dessin est vraiment mauvais. Un emprunt aux encyclopédies visuelles existantes sur le marché, avec de la maladresse en plus. Ça peut donner une impression de spontanéité ou originalité qui n'existe pas. Après, je suis d'accord avec les plus critiques : c'est un mixte qui essaye d'être agréable à tout le monde, évolutionnistes, créationnistes, mystiques, et surtout ce que je conteste le plus : l'idée que la vie a un sens prédéterminé en fonction de l'être humain. En plus, et surtout au second volume, ce qui me dérange c'est la minimisation, voire l'escamotage de la violence arbitraire, sacrificielle, des communautés primitives et premières civilisations : cannibalisme, lynchage, racisme, sexisme ne reçoivent un traitement suffisamment critique, je crois. On nous présente une vision trop naïve de la culture. L'optimisme anthropologique ignore toujours le rôle du bouc émissaire. Bref, c'est trop conventionnel, pas critique ou innovateur. Je suis très repenti d'avoir acheté ces volumes. Et ils sont vraiment chers pour ce qu'ils offrent.
(Après lecture du tome 1, "Alpha... directions") Je viens de terminer "Alpha... directions" et je suis un peu triste... Tout d'abord, parce que j'aimerais bien partager l'enthousiasme général à propos de cette œuvre. Ensuite, parce que l'auteur a accompli une grande quantité de travail qui est gâchée, à mes yeux, par des choix très discutables. Clairement, il y a des points positifs. Globalement, l'intrigue, avec cette histoire de big bang, de formation de la Terre, d'évolution des espèces et tout ça, c'est une super bonne histoire à raconter. Voir toutes les espèces vivantes se développer au fur et à mesure des pages, c'est très chouette. Et on ne peut que saluer l'ampleur du travail accompli, notamment pour dessiner de façon convaincante tous ces organismes vivants. Mais j'aurai trop de points négatifs. Je mentionnerai : - la colorisation, - le réglage inadéquat du curseur pédantisme / vulgarisation, - l'utilisation agaçante des inserts, - les points scientifiquement discutables, - l'ambiance vaguement new age, - l'anthropocentrisme. La couleur tout d'abord. Chaque planche est en noir, blanc et une seule couleur (orange, vert, brun, etc. suivant les époques). Pourquoi ce choix ? Cette remarque est bassement terre-à-terre, mais de mon point de vue, c'est l'aspect de cette BD qui est le plus incontestablement un mauvais choix. Certes, ça rend l'ouvrage agréable à feuilleter, car alors ça fait un effet de dégradé temporel. Mais c'est assez désagréable à lire parce que ça surcharge et « aplatit » certaines planches, surtout celles où la couleur est très présente (pl. 223-224, 317-318 par exemple). Et surtout, ça n'a aucun sens ! Je préfère largement un volcan en noir et blanc plutôt qu'en bleu ou en vert... Donc j'aurais préféré que l'album soit en noir et blanc ou, encore mieux, vraiment en couleurs ! Voir tous ces paysages retraçant les différentes étapes de l'Évolution en couleurs, ça aurait vraiment été la classe. Le deuxième point qui m'a dérangé, c'est que j'ai globalement trouvé cet ouvrage très pédant. On nous balance des tas de mots compliqués, des tas d'œuvres d'arts dont on ne connaît pas l'origine, sans rien nous expliquer de tout ça. Est-ce que l'auteur nous fait partager sa science, ou bien est-ce qu'il étale sa science ? Poser la question, c'est déjà presque y répondre. Mais ça pose aussi une autre question : à qui s'adresse cette BD ? À des gens qui ne connaissent pas (et qui ne vont rien comprendre), ou à des gens qui connaissent ? J'ai l'impression que dans cette BD, on ne peut comprendre que ce qu'on connaît déjà, et encore... Je vais prendre un exemple dans un domaine que je connais un peu, les maths : planche 158, le sens des formules indiquées est non seulement incompréhensible pour les non-matheux, mais même pour les matheux, puisqu'on ne précise pas le sens des variables utilisées. Donc quel est l'intérêt, à part montrer qu'il y a des formules mathématiques et que c'est vachement savant ? Tout au long de l'ouvrage, l'auteur utilise des « inserts », des images qui lui servent en général à relier les événements de la chronologie principale du récit (l'histoire de notre univers puis de notre Terre) avec certains aspects de la culture humaine. Globalement, j'ai trouvé que ce procédé est assez indigeste et perturbe plus souvent la lecture qu'il ne l'éclaire. Déjà, il m'aurait semblé pertinent d'utiliser une charte graphique précise pour distinguer ces inserts du déroulement normal des événements (colorisation différente, forme du cadre, etc.). Là, c'est un peu fatigant à la lecture, parce qu'il n'est pas toujours évident au premier coup d'œil de voir qu'une case est un insert, donc ça demande un instant de réflexion qui limite la fluidité de lecture, simplement à cause d'une maladresse de forme. Ce détail purement technique de narration cause aussi des problèmes pour le caractère informatif de cet ouvrage : par exemple, le mélange d'animaux réels et mythologiques dans les planches 253-254 est assez perturbant car il n'est absolument pas signalé. Ceci rejoint d'ailleurs le fait que cet ouvrage présuppose de solides connaissances chez son lecteur, pour juger à chaque case d'il s'agit d'un insert ou non ; donc c'est juste le contraire de pédagogique. À l'inverse, il y a aussi les inserts qui nous prennent pour des débiles, par exemple : - Pl. 176, toute la page : merci, je sais ce que veut dire le verbe « constuire » ! - Pl. 196, la boîte de thon en conserve : merci, je sais ce que veut dire le mot « poisson » ! Il y a aussi les inserts what-the-fuckesques : - Pl. 27 : que vient faire l'ensemble de Mandelbrot ici ? - Pl. 28 : et le pendule de Foucault là ? - Pl. 31 : et ce champignon atomique ? - Pl. 62 : et cet aimant ? Enfin il y a les inserts complètement hors de propos : Donald attaqué par des créatures marines (pl. 199), les sous-marins morts (pl. 233). Je ne vois pas l'intérêt. Il y a aussi des points scientifiquement discutables et des imprécisions de langage gênantes (en version française en tout cas). S'il y a des biologistes dans la salle et que je dis des âneries, qu'ils n'hésitent pas à me corriger. Pour être bien clair, une précision : je n'ai rien contre le fait que l'auteur fasse des choix. Qu'il privilégie une hypothèse scientifique plutôt qu'une autre pour ne pas alourdir son récit, c'est normal, surtout s'il choisit celle considérée comme la plus probable par les spécialistes. Qu'il simplifie, vulgarise et donne une vision d'artiste, je le conçois aussi. Mais un certain nombre d'imprécisions, voire de fausses pistes pour le lecteur, m'ont dérangé. Voici quelques exemples. - Pl. 97, « l'orchestre des éléments naturels » (sous-entendu : la terre, l'eau, l'air et le feu) : euh, comment dire, Aristote c'est fini quand même. Je sais que c'est mis comme une référence culturelle et non comme un fait scientifique, mais encore une fois, la présentation indiscernable des deux me semble regrettable. - Pl. 98-100 : confusion entre le cycle de l'eau et les mouvements atmosphériques (représentations du vent). - Pl. 109 : l'auteur semble présenter à égalité 3 hypothèses largement répandues dans 99% de la communauté scientifiques (regroupées sous le nom de « soupe primitive ») avec une hypothèse défendue au grand maximum par 1% (la panspermie). Certes il dit bien qu'on ne sait pas (comme toujours en science, en fait), mais présenter ces hypothèses sans mentionner leur différence de crédibilité auprès des spécialistes est déjà, en soi, gênant. - Pl. 140, la vie « résiste au principe de l'entropie » : ben non. D'ailleurs, ce phénomène a un nom : le vieillissement. Et une conséquence inévitable : la mort. - Pl. 148, « La vie sexuée prive certes les organismes de la vie éternelle, mais elle leur donne plus d'autonomie » : je me suis beaucoup interrogé sur la façon de comprendre cette phrase, car elle semble sous-entendre que les formes de vie avant la reproduction sexuée étaient immortelles. C'est faux, bien sûr. - Tels animaux sont les « maîtres » de tel écosystème, ils exercent un « règne incontesté » (à plusieurs endroits de la BD) : ces expressions n'ont pas de sens, ou alors un sens très anthropomorphique. Faut-il comprendre que les prédateurs en bout de chaîne alimentaire seraient les « maîtres » d'un écosystème ? Pourtant ils n'en sont en général ni les animaux les plus nombreux, ni les plus gros, ni ceux dont l'espérance de vie (individuelle ou en tant qu'espèce) est la plus élevée, etc. - Pl. 153 : l'auteur distingue à ce moment les plantes, les champignons et les animaux. À mon avis c'est un très mauvais choix, y compris à l'époque de rédaction de cet ouvrage. Une distinction beaucoup plus pertinente aurait été entre autotrophes (comme les plantes, qui produisent eux-mêmes de la matière organique à partir de matière minérale) et hétérotrophes (qui se nourrissent de matière organique, comme les champignons et les animaux). De manière générale, je trouve extrêmement dommage que dans cet ouvrage, pourtant un peu longuet, il manque certaines grandes inventions de la vie et une explication succincte de leur importance : par exemple les synapses, la digestion externe, le développement différencié des organes d'avant en arrière de l'organisme et l'apparition de l'organisation bouche-anus. Il règne dans l'ensemble de cet ouvrage une ambiance vaguement new age qui m'a perturbé. Ceci est dû essentiellement à une partie des inserts, ceux qui sont à caractère mythologique ou religieux, qui mettent en rapport certains moments de l'histoire du monde avec des grands mythes de diverses civilisations. Qu'est-ce que l'auteur essaie de nous dire ? Première possibilité, c'est un message adressé aux tenants de toutes les fois du monde : regardez, la science n'est pas incompatible avec votre foi, finalement ça dit la même chose, pour peu qu'on sache interpréter les textes sacrés. Mais bof, ce n'est pas très convaincant comme interprétation : en particulier toutes ces mythologies sont complètement anthropocentristes, alors que la science nous apprend précisément que l'homme n'est pas au centre de l'univers. Deuxième possibilité : est-ce que de manière détournée, on essaie de nous montrer qu'il y a une espèce de « connaissance ancestrale » occulte de l'espèce humaine sur les origines du monde ? Voire de nous prouver qu'un ou des êtres supérieurs, par les moyens détournés des mythologies, nous ont enseigné les étapes de la genèse du monde ? Ce n'est pas clair du tout mais dans le doute, cet aspect m'a agacé. Dans le même esprit, présenter les fleurs et les abeilles comme une allégorie de l'attraction universelle (pl. 35), soit ça fait partie des inserts qui nous prennent pour des débiles, soit c'est sous-entendre qu'il y a une espèce de principe essentiel universel d'amour/attraction dont la force de gravitation et l'amour et les petites fleurs seraient des cas particulier. Je veux bien mais, euh, comment dire... Enfin, cet ouvrage est profondément anthropocentrique, même si ça ne se voit pas forcément au premier coup d'œil. Qu'on s'intéresse à la séquence d'événements qui ont menés à notre existence d'humains, après tout, c'est une curiosité bien compréhensible. Mais deux points m'ont dérangé. D'une part, quand on commence à s'intéresser à la Voie Lactée, puis au Soleil, puis à la Terre, sans vraiment de justification, il aurait été bon de rappeler que ce n'est qu'un point de vue d'humain. Ça ne demandait pas de gros changements. Par exemple, pl. 57, au lieu d'écrire "le Soleil", ce qui n'est pas inexact, on aurait simplement pu remplacer par "notre Soleil", ce qui est vrai aussi mais transmet un message de relativisme en plus. Voici d'ailleurs un exemple d'anthropocentrisme caché, pl. 79 : « le système solaire est désormais complet ». Ben non, pas vraiment : il est simplement tel qu'actuellement, c'est-à-dire à l'ère de l'être humain... D'autre part, les inserts, en mettant constamment en relation l'histoire de l'univers puis de la vie sur Terre avec la culture humaine, semblent presque sous-entendre que toute cette histoire a une finalité, qui est l'apparition de l'être humain et de sa civilisation. Évidemment, on pourra contester cette interprétation, mais elle m'a quand même profondément gêné. Voilà voilà, désolé d'assommer tout le monde avec cet avis fort long et malheureusement plutôt négatif. Je ne peux descendre en-dessous de 2 étoiles car le travail est fort sérieux, mais de mon point de vue, cet ouvrage reste comme une grosse occasion manquée.
Quel bouquin mes aïeux ! Difficile d'être original, tant de choses ont été écrites sur "Alpha... directions"... Allons-y sans réfléchir, presque à chaud, puisque ma lecture s'est achevée hier soir. C'est le résultat d'une formidable gageure, qui consistait à raconter l'histoire de l'évolution jusqu'avant l'arrivée de l'Homme, en bandes dessinées, en un tome, sans faire dans le scientifique chiant. Le pari est gagné haut la main ! Je ne saurais dire ce que j'ai apprécié le plus dans cet album : le sujet en lui-même est passionnant, et pour tout dire, l'archéologie et les sciences associées auraient pu être une voie que j'aurais choisie. J'ai encore dans un coin de ma bibliothèque d'adolescents quelques bouquins sur les dinosaures. Il paraît que c'est fréquent à présent, mais à mon époque pas tant que ça. Il est vrai que Jurassic Park est passé par là... C'est d'ailleurs à mon avis le premier coup de génie de Jens Harder : utiliser une iconographie où chacun -ou presque- peut se retrouver. Extraits de films, de comics connus (j'ai été surpris de voir la Mouche de Trondheim, au passage), mais aussi certaines oeuvres d'art, issues de nombreuses époques et de tous les continents. De l'universalité, en somme. Alors bien sûr, pour comprendre un peu plus finement comme la vie est apparue, il faut un minimum d'explications ; les cases sont parfois accompagnées de phrases descriptives, complétées par des résumés chronologiques entre les chapitres. Le dessin est très évocateur, semblant puiser dans différents styles sans qu'il s'en détache véritablement un, même si réaliste est probablement le qualificatif qui convient le mieux en la circonstance, si tant qu'on puisse représenter avec réalisme des époques disparues depuis longtemps. Le tout est complété par un texte de l'auteur sur sa démarche, ce qui éclaire encore plus l'ouvrage. On apprend ainsi qu'il a essayé de puiser dans les découvertes les plus récentes (et ça se voit, rien qu'avec les dinosaures ailés), tout en "arrangeant" certaines choses pour que ce soit plus dynamique, plus spectaculaire peut-être. On en lui en tiendra aucune rigueur, tant la qualité de l'ensemble est immense. Jens Harder poursuit son immense oeuvre sur l'histoire du monde avec le diptyque "Beta...civilisations" consacré à l'histoire des hommes, des temps protohistoriques à nos jours, avec une césure à la date symbolique de l'an 0. Bien sûr, comme il le relève lui-même en postface, le temps s'est considérablement ralenti, puisque de plusieurs milliards d'années on passe à quelques dizaines de millions. Et dans le prochain tome, seulement 200 ans... La recette est cependant la même : dans un patchwork étourdissant d'images (près de 2400 dans le premier tome), rythmé par quelques commentaires factuels, Harder propose donc une iconographie non exhaustive mais remarquablement variée de ces millions d'années. Passent à la moulinette images sacrées, extraits de films, de BD, croquis scientifiques... Chaque grande époque est regroupée par chapitre, introduite par un récapitulatif chronologique. On retrouve dans cette première partie le passage progressif des quatre pattes à la station debout de certains primates, la domestication du feu (passée un peur rapidement il me semble), l'invention de la roue... La vocation de l'ensemble n'est pas encyclopédique, mais à terme, nul doute qu'elle le deviendra. Et toujours ce style très expressif, un peu surchargé de petits traits par moments, mais d'une efficacité exemplaire. Essentiel.
Avis sur ALPHA... directions: Quand on voit l'épaisseur de cette bande dessinée, on prend un peu peur en se disant que cela a l'aspect d'un livre encyclopédique ou pire encore d'un manuel scolaire de physique ou de biologie !!! Je comprends alors la terreur qui peut s'emparer d'un éventuel lecteur. Les critiques étant dithyrambiques, on n'hésite pas à l'emprunter pour voir si celles-ci sont pleinement justifiées. C'est sans doute mon côté voyeur... Le début est certes un peu hard pour le commun des mortels n'ayant pas quelques notions de chimie ou de physique quantique. Cela devient de plus en plus intéressant au fur et à mesure quand il n'est plus question de quarkz, de protons et de neutrons. C'est vrai que l'imagerie est complétée par des clins d'oeil amusant envoyant à l'ère moderne. On voit que l'auteur a voulu éviter un ensemble purement scientifique. J'admets que la réussite de cet ouvrage est totale. L'auteur a le grand mérite d'avoir traité l'origine de l'univers, l'origine de la terre et son évolution ce qui ne devait pas être facile. On s'aperçoit que tout n'est que lutte entre espèces suivie de catastrophes planétaires. La vie a eu beaucoup de mal à s'imposer. C'est presque un miracle qui ne pourra peut-être jamais se produire nulle part ailleurs dans l'univers : d'ailleurs, j'en suis intimement persuadé même si ce n'est pas l'avis de la majorité. Par ailleurs, je préfère nettement ce livre qui explique la naissance de la vie sur terre à La Bible en bd que j'ai lue la semaine dernière. Je ne sais pas pourquoi. ;) Que dire de plus ? Oui, cet ouvrage devrait incontestablement figurer dans les immanquables. Allez, encore quelques avis et ce sera chose faite ! :):::) Avis sur BETA... civilisations: Il a fallu attendre 5 ans pour voir la suite de ce projet titanesque alors que le premier tome a été un succès global. J'ai à nouveau pris plaisir à découvrir le début de l'histoire de l'humanité. Il y a une succession d'images impressionnantes sur 347 pages. L'incursion d'images qui emmène le lecteur à d'autres niveaux comme des ascenseurs m'a paru trop prolifique. C'était un clin d'oeil dans le premier volume mais c'est devenu la marque de fabrique dans le second. L'effet est qu'on a du mal à suivre l'histoire de ces premiers humains. Par ailleurs, la disparition de l'homme de Néandertal n'est pas vraiment trop expliqué. Bon, il faut dire que l'auteur a voulu soigneusement éviter tout débat entre les différents points de vue des scientifiques et des historiens. Il y a encore une part trop importante par rapport aux images religieuses. On sent que la naissance du Christ va faire l'objet d'un grand chapitre car cela a marqué l'histoire des hommes sur la planète. Cependant, ce faisant, il y aura alors un parti pris pour une religion plutôt qu'une autre. En tout cas, c'est une belle odyssée sur les grandes civilisations humaines très bien mise en image.
Tout d’abord, l’objet : un vrai pavé, dans lequel on a plaisir à se plonger, il s’agit d’une véritable expérience immersive. L’ouvrage est par ailleurs inclassable : on pourrait parler de documentaire scientifique voire historique, mais cela resterait incomplet, l’auteur apportant en outre son œil artistique en glissant à bon escient de multiples références dans la chronologie rigoureuse de cette épopée, qu’elles soient en rapport avec l’art, la science ou la religion. Ainsi, les cases se répondent, comme s’il y avait discussion entre les temps primitifs et l’humanité avec ses connaissances, ses croyances, ses mythes, ses questionnements. C’est toujours étonnant, érudit, rafraîchissant, parfois décalé, parfois humoristique (la mouche de Trondheim virevoltant au milieu des sauriens volants, par exemple). Le dessin est remarquablement précis, mais aussi très agréable à l’œil, rehaussé par une belle bichromie dont les teintes désaturées évoluent au fil des pages en parcourant le cercle chromatique. Une page de résumé des principaux événements vient clore chaque chapitre, ce qui n’est pas trop assommant pour les plus réfractaires à la science. C’est un vrai défi auquel a été confronté l’auteur, élaborant quelque chose qui n’avait jamais été fait : mettre en images l’histoire de l’Univers depuis les origines. Qui en effet pouvait imaginer qu’un auteur de BD puisse un jour représenter les premiers instants succédant au Big Bang, le début de l’espace-temps, l’ère de Planck (d’une durée infinitésimale de 10-44 seconde !), les quarks, antiquarks et autres particules subatomiques, etc. Eh bien Jens Harder l’a fait, avec brio et de façon tout à fait originale (voir plus haut). C’est passionnant, fascinant, grandiose. Comme un gosse, on reste tout simplement admiratif devant un tel travail, imaginant la somme d’archives et de documents qu’il a fallu réunir pour produire une telle œuvre. Parallèlement on est saisi de vertige devant le génie de la nature mais aussi en pensant aux périodes immensément longues qui ont été nécessaires aux transformations les plus infimes, si l’on raisonne en temps humain. Incontestablement, on peut parler d’un chef d’œuvre qui fera date. C’est donc avec impatience que j’attends la sortie des deux tomes qui devraient suivre, l’un consacré à l’histoire de l’humanité et l’autre au futur. PS : je salue au passage l’excellente critique de Sejy -------------------- Avis sur "Beta... civilisations - volume 1" Cinq ans. C’est le temps qu’il aura fallu à Jens Harder pour accoucher de ce nouveau volet, qui au départ prévu en une seule parution, fera finalement l’objet de deux volumes. D’emblée il faut bien l’avouer, l’effet de surprise ressenti avec « Alpha… directions » s’est dissipé ici, mais le mode de narration verticale reste très original. L’auteur déroule le récit de l’évolution à sa façon, en établissant au fil des pages des passerelles entre les époques, à l’aide d’une iconographie abondante, populaire ou érudite, ne s’interdisant aucun domaine, de la peinture à la pub en passant par le cinéma, la photo ou tout naturellement la BD. C’est parfois un peu prévisible dans le sens on finit par deviner plus ou moins où Harder veut nous emmener, mais ce dernier garde toujours cette volonté de surprendre le lecteur dans le choix des références, évitant ainsi l’exposé scolaire. Bien sûr il m’est arrivé d’être saisi par le doute, agacé parfois par une certaine redondance, mais au final il faut convenir que le procédé basé sur un dialogue entre les images d’un côté et les époques de l’autre fonctionne à merveille. Et si l’on admet l’idée qu’il s’agit d’une lecture lente, ou plus exactement contemplative, on ne pourra être que fasciné en s’inclinant devant l’ampleur de la tâche. Comme on pourra le voir en annexe, l’auteur sait pourtant rester modeste : « Je n’ai rien inventé (…). Il s’agit plutôt d’un récit de l’évolution – mon récit, avec mes propres axes et fils rouges – comme je pourrais peut-être le faire à mes enfants, mais qui laisse de côté énormément de choses (et en ignore encore plus). » Il revendique par ailleurs son athéisme pour ceux qui seraient tentés d’interpréter son œuvre au vu de leurs propres croyances. Et précise de manière facétieuse à l’attention des fans de mangas : « Si par habitude, tu as ouvert Beta [par la fin], tu es cordialement invité à poursuivre ta lecture dans le sens qui t’est familier (…). A condition de veiller à lire chaque page non seulement de droite à gauche, mais aussi de bas en haut » Pour ce qui est de l’objet en lui-même, l’impression argentée dans des tons alternativement gris, kaki et sépia au fil des pages est du plus bel effet (il faut juste éviter de lire sous la lampe de chevet…), et constitue de fait un argument en faveur de l’édition papier face au numérique. Quitte à héberger des pavés comme celui-ci dans sa bibliothèque, autant qu’ils soient jolis… Et c’est soudain avec horreur que je réalise que si Mister Harder parvient à mener à bien son projet ambitieux, le dernier volet consacré au futur de l’humanité, « Gamma… visions », pourrait ne sortir qu’en 2024 voire 2029 pour la deuxième partie s’il décide de faire une césure comme ici ! On espère ainsi qu’aucun météorite ne viendra s’écraser sur la Terre avant cette date…
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