Le Roi invisible
"Barney et la note bleue" a marqué en son temps les amateurs de bd et de jazz. "Le roi invisible" a toutes les chances de renouveler cet exploit.
Jazz Musique
Buenos Aires, 1968. À sa descente d’avion, le grand Duke Ellington surprend la foule de journalistes qui l’attendent en demandant des nouvelles d’Oscar Aleman. Pour le génie musical, c’est une évidence, Oscar Aleman est un musicien incontournable. Il l’a rencontré une fois trente ans auparavant, et ne l’a jamais oublié. Mais ses compatriotes l’ignorent royalement...
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Date de parution | 05 Mars 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Mwouais… maintenant je sais diverses choses d’Oscar Aleman. Orphelin, il s’est retrouvé SDF à 10 ans mais parviendra à se faire un nom grâce à sa passion : la guitare. Ce gars pouvait tout jouer, n’importe quel style musical. Trente ans avant Jimi Hendrix, il jouait avec sa guitare dans le dos. A son époque, il a joui d’une très grande notoriété ; mais il connut plus la gloire que l’argent. Ben voilà… A part ça ?… euh… à vrai dire pas grand chose. Un curieux graphisme au trait baroque mais expressif MAIS AUSSI une colorisation style faux lavis envers laquelle j’ai émis une grimace. Fort peu pour moi. Voilà : je sais à peu près raconter la vie de ce virtuose noir argentin. Mais à qui vais-je la raconter ?…
Presque un an jour pour jour après Carlos Gardel, la voix de l’Argentine, Futuropolis édite une BD consacrée à une autre personnalité d’Amérique latine qui est devenue un grand nom de la musique, le jazz en particulier. Les deux se sont même croisés à une époque… Comme pour la biographie de Gardel, celle-ci m’a laissé relativement froid. L’Argentine me gonfle pas mal, et même si au final une moitié seulement de l’histoire s’y passe, c’est –je crois- le milieu musical qui ne m’intéresse pas plus que ça. Pourtant l’histoire d’Oscar Aleman est loin d’être comme un long fleuve tranquille, il a connu bien des déboires, entre l’abandon par sa famille désespérée alors qu’il était tout gamin à son apprentissage à la fois fortuit et besogneux de la guitare… Aleman, roi invisible du jazz, a croisé et laissé une marque indélébile sur des artistes de son époque : Joséphine Baker, Duke Ellington, Django Reinhardt ou encore Louis Armstrong. Mais ce qui est dommage, c’est que Gani Jakupi ne s’attache pas véritablement à la création d’Oscar, autant qu’à ses rencontres marquantes. Son histoire avant le succès –et non la gloire- est rapidement évoquée, et je trouve ça un peu dommage. Jakupi a un style graphique très particulier, avec ce trait gras qui semble grossièrement coloré, dont je ne suis pas vraiment amateur, mais qui a le mérite de poser des ambiances très différenciées. Bref, un roi invisible qui aurait mérité un hommage plus appuyé, peut-être en deux tomes…
Le roi invisible raconte la vie d'un guitariste qui avait toutes les compétences requises pour terminer parmi les plus grands. Au lieu de cela, il termina dans l'anonymat. On rencontre des artistes dans le milieu de la chanson, du cinéma et même de la bd où l'on sent le génie mais ils ne sont pas reconnus. Il est vrai que certains peintres sont devenus célèbres bien après leur mort. L'art est un milieu parfois très ingrat où l'on oublie des génies et où on élève la médiocrité voire l'imposture. C'était une très bonne idée de départ de raconter le destin d'Oscar Aleman qui était un jazzman de génie, admiré par Duke Ellington, Louis Armstrong ou Django Reinhardt. Et pourtant, ses propres compatriotes argentins l'ignorent totalement ! Oscar Aleman a connu la gloire comme la misère, passant d’un extrême à l’autre, ballotté par les amours et désamours du public. Cet ouvrage est une sorte de réhabilitation. L'auteur nous indique également les causes de cette désaffection qui guette les artistes. On sent que l'auteur a dû faire de nombreuses recherches qui n'étaient pas faciles d'accès. Pourtant, je n'ai pas adhéré du tout. J'ai d'abord eu beaucoup de mal avec ce graphisme étrange. Puis, il y a ces nombreuses bulles bavardes et peu intéressantes qui ralentissent sérieusement le rythme de l'histoire. Et enfin, de nombreux flash-backs nous achèvent dans la compréhension de l'histoire. Il n'en fallait pas plus... C'est un peu dommage.
C’est par hasard que j’ai ouvert cet album, le dessin était tellement différent des standards que je me suis attelé à la lecture. Côté image, ça décoiffe. Le trait est très présent tout comme la couleur, je dirai que l’image est traitée comme une matière, on sent de l’épaisseur au travers des pages. Honnêtement ce n’est pas toujours très lisible et il faut parfois bien suivre le scénario pour comprendre le dessin, mais il y a des codes couleurs pour nous aider, grosso modo à chaque lieu et chaque époque une tonalité majeure d’arrière plan. Côté scénario l’histoire commence avec une phrase d’Ellington. Et puis c’est la grande découverte des différentes étapes de la vie de ce musicien que fut Oscar Aleman. Le tout est conté de manière archaïque, un peu comme si nous devions nous même mettre bout à bout les différentes pièces d’un puzzle. A la première lecture ce n’est pas forcément facile de tout comprendre, le scénario ne nous aide pas ! Pourtant on devine un travail de recherche et de documentation énorme. Je ne saurai dire ce qui est mythe et ce qui est historique, et du coup je n’oserai dire que certaines anecdotes me paraissent un peu trop « faciles », en tous cas Jakupi signe ici une sacré jolie biographie. Etre musicien de jazz à cette époque au milieu des conflits, des courants musicaux, de la mondialisation naissante permet de voir et de côtoyer nombre de milieux, de problématiques et de courants, comme tant d’autres artistes ayant vécu dans l’ombre de ceux qui passaient dans les médias au talent indéniable dont on retrouve les traces de temps en temps Aleman a eu son heure, puis a connu des déboires et finalement a été perdu de vue. Donc voilà c’est un très beau travail d’archive, oui. Mais tout de même que c’est difficile de lire et finalement on a plus ici un documentaire sur la vie bohême dans le jardin musical mondial dans la première moitié du XXème siècle. L’image si présente est parfois sublime mais trop souvent trop noire. Les traits et les couleurs sont très agressifs et n’aident pas à la fluidité du texte et de l’histoire. Le scénario lui-même souffre de trop de coupures et de flashback qui certes donnent l’idée d’enquête, mais c’est fictif puisque de toute façon ce n’est pas le lecteur qui enquête. Bref je ne suis pas sûr que le hachage soit à ce point nécessaire, un peu plus de continuité, n’aurait à mon sens pas nui. J’imagine que plusieurs relectures pourront adoucir cette impression graphique pesante, mais j’avoue que je ne suis pas sûr de vouloir me remettre à la lecture tout de suite… peut être que les fans de jazz de cette époque seront ravi, je pense que la BD est pour eux, une sorte de documentaire en graphique post 1950 sur une légende oubliée. Pour les non initiés, c’est plus dur !
J'étais intrigué par cette BD et l'avis de Iannick m'a aidé à franchir le pas. Je suis très heureux de cette lecture et de cet investissement. Le titre résume bien le récit. On y découvre un guitariste hors norme ayant connu les plus grands blues men. Sa vie fut chaotique, difficile mais rythmée par de belles rencontres. Malheureusement il finit dans l'anonymat le plus complet. Cette histoire bien documentée rend surtout hommage à Oscar Aleman un musicien exceptionnel et le resitue dans l'histoire de la musique du milieu du XXe siècle. Le dessin est déroutant les premières pages mais l'on s'y fait rapidement. Il se révèle efficace et plein de vie. A découvrir de toute urgence. Encore une nouvelle belle BD au catalogue de Futuropolis.
Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre avant de feuilleter « Le Roi invisible », je n’avais pas lu le résumé et, à première vue, la mise en couleurs me rebutait. Seul, le nom de l’éditeur me disait que j’allais certainement lire une bd qui me marquerait (eh oui, j’aime ce que publie Futuropolis). Le récit démarre au Brésil en 1968, Duke Ellington (pour ceux qui ne le savent pas, il fut un des plus grands musiciens de jazz) descend d’un avion et dit devant un parterre de journalistes qu’il veut revoir Oscar Aleman… commence alors une recherche intensive pour retrouver cet homme dont tout le monde ignore qui il est… pourtant, Oscar Aleman est un sacré musicien, plus que ça : un génie ! Franchement, j’ai passé un excellent moment de lecture avec « Le Roi invisible », j’ai été très fasciné par le destin d’Oscar Aleman. Je pense que vous l’avez compris, cet album nous relate la vie de cet homme en intégrant ses étapes les plus importantes : sa rencontre avec Joséphine Baker, comment il a commencé à jouer de la guitare, etc… C’est un important de travail de recherche qu’a mené Gani Jakupi, il a rencontré plusieurs personnes notamment des argentins qui ont plus ou moins connu ou entendu parler d’Oscar Aleman. Pour vous donner une idée de l’intérêt de lire cet album : le lecteur y découvrira un personnage passionnant auquel la vie n'a jamais fait de cadeaux, il y percevra également une époque (1925 – 1950) marquée par l’influence du jazz (et du blues également) sur la vie culturelle parisienne où de nombreux music-halls et de grandes personnalités artistiques (musiciens, comédiens, peintres, etc…) se côtoyaient. Le récit jongle beaucoup sur plusieurs passages de la vie d’Oscar Aleman : ce n’est pas évident au début de suivre cette histoire mais chaque séquence est la plupart du temps colorisée d’un ton unique qui devrait permettre aux lecteurs de bien comprendre le déroulement de carrière d’Oscar Aleman. Au fait, puisque je parle de la mise en couleurs de Gani Jakupi : après un temps d’adaptation, j’ai adoré ce traitement graphique car je trouve qu’il apporte des ambiances parfaitement adaptées aux séquences. Quant à dessin en lui-même, l’auteur emploie un trait épais qui à défaut de finesse donne –à mon avis- beaucoup de vivacité au récit. En conclusion, j’ai beaucoup aimé « Le Roi Invisible ». Gani Jakupi ne fait pas que raconter le fascinant destin d’Oscar Aleman, il m'amène aussi à m'intéresser à cette époque (1910-1950) où Paris devait être –sans chauvinisme- la capitale culturelle mondiale, et surtout l’auteur me donne envie de m’intéresser davantage à ce musicien : c’est très fort de sa part, chapeau l’artiste !
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