La Geste de Gilles de Chin et du dragon de Mons

Note: 3.53/5
(3.53/5 pour 17 avis)

Excellente BD (même si le dessin peut ne pas plaire), à l'humour extrêmement décapant, et cynique à souhait.


Dragons Fantômes

Pourquoi revenir ? Il était parti dix ans auparavant... dix ans à guerroyer en Terre Sainte à trucider de l'infidèle, à mener dans la guerre la quête de l'oubli. Et le temps passe, laissant derrière lui un tas de petites déjections nauséabondes. Alors Gilles est revenu au pays natal y découvrir que celle qui était prête à tout sacrifier pour lui n'avait pas survécu à son départ brutal... Il n'y est pas reconnu, traité comme un étranger, hanté par le fantôme de celle qu'il avait laissé derrière lui, puis embarqué dans une quête contre un dragon. En effet, le mystérieux reptile fabrique des lunettes, instrument diabolique en ces temps d'inquisition. Gilles se retrouve embarqué bien malgré lui dans une lutte contre ce dragon. Mais s'il est le prototype du croisé, de l'homme droit et juste, s'il peut broyer des pierres à mains nues et fendre un homme en deux, il n'est pas la personne la plus stable du monde. En proie à ses souvenirs, au doute, la crise religieuse, mystique et personnelle est là.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution Avril 1989
Statut histoire Série terminée 2 tomes parus

Couverture de la série La Geste de Gilles de Chin et du dragon de Mons © Vents d'Ouest 1989
Les notes
Note: 3.53/5
(3.53/5 pour 17 avis)
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25/04/2002 | ThePatrick
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L'avatar du posteur bamiléké

Contrairement à beaucoup d'aviseurs, je n'ai pas vraiment adhéré à cette série malgré ses qualités. Merci à Pierig de restituer l'origine de cette légende. Ptiluc arrive admirablement bien à créer une atmosphère lourde et marécageuse grâce à ses dessins caricaturaux et brutaux avec une mise en couleurs très brune. Toutefois, je suis beaucoup plus circonspect sur le message qu'il veut transmettre. Le doute métaphysique a traversé les siècles du christianisme et touché nombre de grands mystiques. Mais le positionner en plein Moyen-Âge fantasmé me semble anachronique. De plus, mixer ce récit avec des monstres issus d'un univers de quasi Fantasy est un effet de mélange des genres peu à mon goût. À mon sens, Ptiluc propose une vision biaisée du Moyen-Âge, livrée avec des concepts de pensées plus tardives. En outre, je ne comprends pas pourquoi il incorpore dans son texte des phrases très triviales style "C'est quoi ce cirque." Ce qui amoindrit pour moi la crédibilité de son propos. De la même façon, le personnage loufoque du dragon style "Casimir" amoindrit la force de sa critique. Je reconnais à la série une originalité graphique forte même si je trouve le dessin peu dans mes goûts. En conclusion (assez abrupte), ce n'est pas mon truc.

06/11/2022 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Je n'ai lu que quelques albums de Ptiluc. Je trouve que c'est un auteur intéressant, notamment au niveau de la réflexion, mais jusqu'à présent aucun de ses albums ne m'avaient vraiment captivé. Cela change avec cette série en deux albums qui met en vedette des humains et non des animaux comme c'est souvent le cas avec cet auteur. Le scénario est rempli de questions philosophiques et on a droit à une critique féroce de la religion avec ce Gilles de Chin qui est aveuglé par sa foi et qui ne comprend pas souvent ce qui lui arrive. L'histoire est assez complexe et il faut aimer les histoires où il y a peu d’action et où les personnages parlent beaucoup. J'ai trouvé que c'était un récit intéressant et prenant. Je ne savais jamais ce qui allait se passer ensuite. Le dessin est excellent et j'aime surtout le choix des couleurs. Une très bonne BD un peu différente de ce que l'on voit habituellement.

18/04/2017 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne connaissais de Ptiluc que ses bandes dessinées animalières ayant pour personnages des rats ou des cochons. Ce sont ici des hommes qui se partagent les rôles principaux, à l’exception notoire d’un dragon (d’ailleurs dessiné dans un style « humoristique » qui détonne un peu par rapport au reste des personnages. Même décalage je trouve pour certains dialogues plus familiers au milieu d’un ensemble plus classique : on est dans un moyen-âge de composition). Par contre, on retrouve dans cette série les questionnements métaphysiques, plus ou moins torturés déjà rencontrés dans Pacush Blues ou La Foire aux Cochons par exemple. Gilles de Chin, chevalier de retour de croisades perd ses certitudes et peine à les remplacer par de plus solides, et ses dialogues avec le Sarrasin ne satisfont pleinement aucun des deux. Le dessin des personnages est plutôt bon (même si le décalage de style avec le dragon m’a un peu surpris). Par contre, je trouve le choix des couleurs vraiment excellent, collant bien avec l’ambiance poisseuse, boueuse (pour reprendre l’idée du titre du premier tome). Cela renforce le côté flou (des idées comme de la visibilité de décors souvent vus au travers d’un brouillard). A noter que Ptiluc, au travers des questionnements du héros, nous laisse entrevoir une nouvelle fois son scepticisme vis-à-vis des religions. En tout cas, c’est un diptyque à découvrir

30/12/2014 (modifier)
Par sloane
Note: 3/5
L'avatar du posteur sloane

Je ne suis pas un inconditionnel de Ptitluc. Son dessin ne me convient pas particulièrement. Je dois cependant avouer qu'ici où il dessine de "vrais" personnes il ne s'en sort pas mal, j'aime bien le chevalier à la triste figure. Non, ce que j'ai le plus apprécié dans cette histoire ce sont quelques réflexions concernant Dieu, la foi. Certes ce n'est pas forcément d'une énorme portée philosophique, mais les choses sont plutôt bien amenées. Dommage, à mon sens, que le dragon "Casimir" foute en l'air une partie du propos, en vendeur de lunettes, même si je vois bien, (ah, ah!) la symbolique! Pas accroché plus que ça!

19/10/2014 (modifier)
Par jevy
Note: 4/5

Comme d'autres, je n'avais pas accroché aux rats de Ptiluc ; encore moins à son canard d'Amours Volatiles. Mais la Geste trône dans ma bibliothèque et je la relis toujours avec plaisir . Le tome 1 (que je qualifierai de culte) est absolument génial et la couverture m’avait incité à l’acheter à l’époque (1990 il me semble). Le dessin, les couleurs se prêtent super bien au contexte et à l’époque. Je rejoins Don Lope : le dragon est plus proche de Casimir que de Smaug mais ça lui va bien et ne dénote pas dans l’histoire… « Qui est la bête ?? » entre le preux chevalier et le dragon philosophe, les « fous de Dieu » ou les créatures immondes …Ptiluc a fait son choix avec cynisme et humour. C’est bien écrit, intelligent, parfois « shakespearien » (si si !!) bref : moi j’ai adoré (même si le Tome 2 est légèrement en dessous).

07/12/2013 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Essayons de dire clairement les choses à propos de cette BD. Déjà, faut aimer le dessin de Ptiluc, qui est tout de même pas réputé pour être un chef d’œuvre de beauté. Mais le gros avantage de Ptiluc c'est de savoir toujours bien l'utiliser. Certes, ce n'est pas beau, mais le propos non plus, donc l'accord est parfait. Rien à redire là-dessus. D'autre part, j'ai beaucoup aimé le lien avec la légende dont s'est inspiré Ptiluc (merci d'ailleurs pierig) et la façon dont il va la détourner pour servir son propos. Ce qu'il faut noter, c'est que Ptiluc est un ardent anti-religieux (ce qui transparait dans bon nombre de ses autres œuvres également) et qu'il utilisera n'importe quel prétexte pour poser ses idées et ses convictions, du coup le propos peut être mal pris je pense. Mais c'est selon la lecture. Ptiluc va proposer ici une histoire assez complexe et teintée de philosophie (comme souvent d'ailleurs chez lui), avec une vision du Moyen-Âge totalement subjective dans l'unique but de servir son propos. Bien qu'étant en fac d'histoire, je n'ai pas trouvé cela choquant le moins du monde, car l'intérêt n'est pas de faire une bande-dessinée historique ou à caractère historique, mais d'étaler ses idées. Et c'est celles-ci qui m'ont vraiment plu. Ptiluc attaque à l'acide son personnage principal et va lui faire traverser épreuve après épreuve, mettant à l'épreuve sa foi, ses souvenirs et toute son intégrité. Car le personnage n'est pas intègre. Gilles de Chin est un personnage bien complexe, torturé par des images datant d'il y a dix ans de cela, hanté par une fille, asservi par sa foi exubérante, il est pris dans un étau qui semble sans issue. Mais Gilles n'est pas seul, et un dragon aidé de mal-voyants ainsi qu'un infidèle vont progressivement l'aider à se remettre en question et affronter en face la dure réalité de la vie. Cependant, si le propos de fond semble gentillet, la forme est plutôt trash (en même temps, c'est Ptiluc ...) et très crasseux. Tout le monde il est con, tout le monde il est méchant, c'est moche la vie. Et pourtant .... pourtant de la beauté rejaillit parfois, des rêves et des fantasmes ressortent, on voit apparaitre une lueur d'espoir au bout du tunnel. J'ai trouvé ce récit franchement plaisant et très bien traité. Ptiluc va se faire un plaisir de décortiquer l'âme de son héros jusque dans les tréfonds pour mieux l'aider à ressortir, blessé et meurtri, mais sur la voie de la guérison. D'ailleurs j'ai trouvé assez subtile l'idée du héros mal-voyant qui va retrouver une vue correcte avec les lunettes, un beau symbole du conflit intérieur. Cependant, si ce récit est très bon, il faut noter que Ptiluc insère toujours de son humour, pas forcément des plus subtils et des plus raffinés, qui contraste très nettement avec le récit plus sérieux et sombre. Du coup certaines piques d'humour tombent comme un cheveu dans la soupe en plein milieu d'un passage qui se veut sérieux. C'est franchement dommage, car le récit aurait gagné à être vraiment sérieux de bout en bout. Dans l'ensemble, Ptiluc offre une belle vision de la religion, de la mémoire, de l'identité et de l'intégrité d'un homme. Utilisant à ses fins la période médiévale et une légende locale, il en tire un récit qui sait trouver des idées fortes et des bonnes réflexions. Mais toujours très en subtilité, très peu dévoilé. Le lecteur seul est juge de l'ensemble au final. Un récit qui m'a vraiment contenté, une belle leçon et une morale très intéressante. Un récit sombre et défaitiste, méchant envers l'homme et cruel, misanthrope même, mais l'être humain ne le mérite-t-il pas ? Ceux du récit nous invitent fortement à répondre oui .... En définitif, 4/5 pour le récit qui est loin d'être parfait, mais qui à su très bien combler mes attentes. Un opus à lire !

01/12/2012 (modifier)
Par Miranda
Note: 2/5
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Le dessin est assez plaisant, bien que les décors soient presque inexistants. Les personnages par contre sont très expressifs. Quant à l'histoire, je ne saurais en parler, et bien que j'aie lu ce diptyque il y a un peu plus d'un mois, je n'en garde pas le moindre souvenir, ça ne m'a absolument pas marqué, juste que j'étais déçue à la fin de ma lecture. Je ne me souviens pas non plus avoir vraiment ri, peut-être tout juste souri de temps en temps. Une vraie déception vu le nombre de bonnes critiques. Ça m'a fait le même effet qu'avec Pacush Blues qui m'a mortellement ennuyé aussi. Bds revendues.

29/03/2008 (MAJ le 31/03/2008) (modifier)
Par Dakhan
Note: 2/5

Une réflexion intéressante sur l'homme et sur la religion exprimée de façon très peu intéressante. Le dessin est plutôt moche, très sombre, peu agréable, et l'histoire d'une qualité très discutable. Est-ce un problème de scénario choisi pour l'illustration du discours de l'auteur, ou simplement, est-ce qu'une BD est le moyen idéal pour tenir des propos aussi denses ?

17/11/2005 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Tiens ? J'aurais juré avoir déjà donné mon avis sur cette Bd. Car en effet, je l'aime beaucoup. J'aime le dessin tout en brumes, en grisaille et un peu sanglant aussi de Ptiluc. Et j'aime le côté mélancolie associé à pas mal d'humour noir et une reflexion sur la nature humaine de cette BD. C'est marrant, ça se lit bien, y a une pointe de fantastique avec le Dragon de Mons lui-même, et les dialogues entre le Sarrasin et le Croisé, tous deux des tueurs sans merci mais qui ont chacun bien reflechi sur le sens de la vie, sont bien sympas. Bref, une BD belle, intelligente et drôle.

15/01/2004 (modifier)
Par Perle
Note: 4/5

J'avais découvert P'tit Luc avec Rat's, qui ne m'avait pas franchement emballée... Mais, on me répéta tellement que La Geste était formaidable que je me suis lancée... Et après un périple de plusieurs mois pour dénicher le tome 1, je suis en mesure de vous l'annoncer : effectivement, c'est formidable ! Je passerai vite sur le dessin : le style de P'tit Luc, on aime ou on déteste... Moi, j'adore ! La mise en couleur, ici, est proprement sublime, et fait ressortir habilement l'atmosphère sombre et désenchantée du récit. Le récit justement : noir, cynique, dénonçant la crédulité de l'homme, l'absurdité de la guerre, le statut superficiel, presque pitoyable, du Héros, et le fanatisme religieux... On pourrait croire qu'il ne s'agit là que d'une einième critique facile au cynisme à la mode... Et bien pas du tout ! Les armes de P'tit Luc sont la poésie et l'humour et, si celui n'est pas toujours des plus fins, il est utilisé avec beaucoup d'intelligence... Le premier tome est une pure merveille... Le second est très bien mais selon moi un peu en dessous, plus ordinaire, même si le message passe toujours aussi bien. J'ai en outre été un peu déçue par la fin, qui va à l'encontre de ma philosophie et apporte moins, selon moi, que ne l'aurait fait une conclusion plus optimiste... Mais ceci est très personnel. Je conseille bien sur hautement cette série.

15/01/2004 (modifier)