Quelques...

Note: 4.25/5
(4.25/5 pour 4 avis)

Sempé ou la magie de la représentation de l’homme, ici une "compilation" de ses meilleur histoires, cataloguées par genre.


L'art de Sempé

Ces dessins sont extraits de plusieurs albums -Beau temps (1999), -Bonjour, bonsoir (1974), -Comme par hasard (1981), -De bon matin (1983), -Des hauts et des bas (1970), -Face à face (1972), -Grands rêves (1997), -Information-consommation (1968), -Insondables mystères (1993), -La grande panique (1966, 1994), -Luxe, calme et volupté (1987) -Rien n'est simple (1962), -Saint-Tropez (1968), -Sauve qui peut (1964), -Tout se complique (1963), -Un léger décalage (1977), -Vaguement compétitif (1985),

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution Octobre 1983
Statut histoire Strips - gags 17 tomes parus

Couverture de la série Quelques... © Denoël 1983
Les notes
Note: 4.25/5
(4.25/5 pour 4 avis)
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23/03/2009 | tolllo
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Présence

Avis sur Quelques sentiments de culpabilité : Et puis surtout, j’en ai marre de tous ces gens, autour de moi, qui ont des problèmes. - Ce tome constitue une anthologie de scénettes et de gags, à partir de plusieurs albums précédents de l’auteur, parus entre 1962 et 1999. Sa première édition date de 2023. Il est l’œuvre de Jean-Jacques Sempé (1932-1922). Il s’agit de dessins en noir & blanc, il comprend vingt scénettes en une ou plusieurs pages. Une femme maigre s’est allongée sur le divan de son psychothérapeute. Elle a enlevé ses chaussures qu’elle a laissées au pied du divan. Elle a les mains jointes sur le ventre. Deux des murs du cabinet sont pourvus d’étagères couvertes de livres. Le bureau comporte une pendulette, un téléphone, des calepins, un calendrier journalier et quelques papiers. Le psychologue a pris place dans un fauteuil confortable, à la tête du divan de manière que sa patiente ne puisse par le voir. Alors que la séance commence, il lui demande ce qu’elle pense de ce divan, tout d’abord. Ou lui a livré le matin même. – Dans une ville avec des gratte-ciels, dans une très large avenue, un homme rendu minuscule par les constructions, marche la tête baissée. À quelques dizaines de mètres de lui, se trouvent une église et un pavillon avec un unique étage, abritant un cabinet de psychothérapeute à l’étage. Le thérapeute s’adresse à l’homme d’église qui se tient lui aussi devant son bâtiment, en lui faisant observer : Ou il a l’impression d’avoir péché, et alors l’homme est pour le prêtre, ou il n'arrive pas à pécher et alors il est pour lui, le thérapeute. – Dans un pavillon, un homme est accoudé à la fenêtre grande ouverte, avec son épouse derrière lui, et les arbres autour de la maison, les étoiles et la Lune brillant dans le ciel. Elle s’adresse à lui en lui faisant observer : L’air est doux, il dit à l’homme : courage. Les fleurs lui disent : courage. Les oiseaux, les étoiles, le mouvement même de la vie, lui disent : courage. Et elle, elle lui dit : va voir un psychiatre. Dans le cabinet d’un psychothérapeute, un homme est allongé sur le divan, et le thérapeute est assis sur une chaise derrière lui, son carnet à la main, en train de lui parler. Le patient est allongé et détendu, les bras le long du corps. Le thérapeute continue de parler, et soudain le patient se raidit. Le discours continue, et le patient semble comme énervé, peut-être en colère. Il se tourne vers le thérapeute, celui-ci étant toujours affable, pour lui faire comprendre qu’il se sent comme poignardé dans le dos. Le praticien lui met une main sur l’épaule pour l’apaiser, mais le patient redit qu’il se sent poignardé dans le dos. Finalement, il se lève et sort, le thérapeute continuant de lui prodiguer des paroles réconfortantes. Un ressort sort de la banquette du divan, étant passé inaperçu des deux hommes. - Dans un autre cabinet, un homme est allongé sur le divan et le psychothérapeute est assis dans un fauteuil au motif assorti à celui du canapé, les mains croisées sur ses jambes. Le patient raconte : Toujours le même rêve : Pelé feinte plusieurs adversaires, il passe le ballon à Platini qui, à son tour, le lui donne dans d’excellentes conditions pour marquer le but. Ce recueil se compose de vingt scénettes extraites de dix recueils : Rien n’est simple (1962), Sauve qui peut (1964), La grande panique (1966), Des hauts et des bas (1971), Comme par hasard (1981), De bon matin (1983), Luxe, calme et volupté (1987), Insondables mystères (1993), Grand rêves (1997), Beau temps (1999). Treize de ces scénettes se présentent sous la forme d’un dessin en pleine page, et deux sont dépourvus de légende. Les sept autres scénettes sont toutes silencieuses et sont en quatre pages pour six d’entre elles, avec entre six et onze dessins, la septième comptant huit pages et quatorze dessins. En 2023, l’éditeur a publié seize autres recueils thématiques des dessins de Sempé : Quelques amis, Quelques artistes et gens de lettres, Quelques campagnards, […], Quelques philosophes, Quelques représentations, Quelques romantiques. Le rabat de la couverture précise que ses dessins sont piochés au travers de quatre décennies. Le lecteur qui est venu pour les gags vient à bout de cette anthologie d’une soixantaine de pages, en moins de dix minutes. Il remarque que douze des récits mettent en scène un individu en train de consulter, allongé sur un divan, cinq femmes, six hommes, un divan vide. L’absence de tout mot, tout texte dans neuf récits sur vingt permet une lecture très rapide, car les dessins sont lisibilité exemplaire. Les textes accompagnant les illustrations s’avèrent brefs et concis, pour une lecture également très rapide. Le lecteur de passage risque donc de trouver ce recueil un peu léger. D’un autre côté, l’art de conteur de Jean-Jacques Sempé invite à prendre son temps, à respecter son propre rythme, à savourer, et aussi à se poser comme le font les personnages sur le divan du thérapeute. D’ailleurs, le premier praticien n’est pas pressé, il préfère commencer par le début, et savoir ce que la patiente pense de son nouveau divan. Le nombre de livres sur les étagères et le fauteuil confortable laisse supposer qu’il prend également le temps de la lecture. Le lecteur novice en Sempé prend le temps de s’attarder pour jeter un coup d’œil au dessin lui-même. De scénette en scénette, il se rend compte qu’il n’est pas en mesure de rattacher tel ou tel dessin à une décennie plutôt qu’à une autre. À chaque fois, l’artiste utilise une plume très fine pour tracer des traits délicats et fragiles, parfois non jointifs, laissant souvent la place pour le blanc, ajoutant à la légèreté. D’ailleurs, pour aller dans ce sens, la forme des livres dans les bibliothèques n’est qu’évoquée, sans aucun titre apparent, parfois réduite à un simple trait vertical pour rappeler un des deux côtés du dos. Tout du long de ces pages, le lecteur peut relever de nombreux autres exemples d’évocations par un simple trait fin : les étages d’un immeuble par un simple trait horizontal, le feuillage des arbres par de de petites et courtes ondulations, un dossier de canapé figuré par un simple trait arrondi derrière le buste des deux personnages assis dessus, un arbre surgissant sur la page avec juste un trait pour un côté de son tronc et des traits en fourche pour les branches, de minuscules ellipses irrégulières pour les feuilles d’une plante verte, etc. Dans le même temps, certains dessins contiennent une multitude d’informations visuelles, tracées avec la même délicatesse. Une dame allongée sur un divan dans un magasin de meubles : une demi-douzaine de canapés de modèle différent, une douzaine de fauteuils de quatre modèles différents, une quinzaine de chaises de nombreuses lampes avec abat-jour, une quinzaine de visiteurs, une cuisine d’exposition. Le dessinateur va au-delà de l’évocation basique d’un espace d’exposition pour le représenter dans une vue générale. En fonction des cabinets de psychothérapeute, ils peuvent être représenter de quelques traits s’il s’agit d’une histoire en plusieurs dessins, ou avec un luxe de détails précis ou esquissés quand il s’agit d’un dessin en pleine page. Les personnages sont représentés avec la même légèreté, voire nonchalance de surface, et la même sensibilité engendrée par de nombreuses heures passées à observer son prochain, à s’essayer à en reproduire la richesse d’une expression de visage, jusqu’à en capturer la justesse. Le lecteur se rend compte qu’il éprouve une sensation de liberté, de pouvoir se promener, et il se rend compte que l’artiste ne trace aucune bordure à ses dessins. D’ailleurs il pense plus à chaque image en tant que dessin, plutôt qu’en tant que case. Il remarque également l’attention portée à la mise en page, une approche aérée, laissant de grandes zones blanches autour de chaque dessin, comme s’ils étaient indépendants, pour inciter le lecteur à les apprécier un par un, installant une distance entre chacun pour aboutir à une sensation de lecture notablement différente de celle d’une bande dessinée traditionnelle, un ressenti effectivement distinct. Capturer l’indicible, les petits riens, les pensées fugaces, les états d’esprit fluctuants : le dispositif du divan s’y prête bien, avec des déclarations inattendues sur une préoccupation saugrenue, ou futile, ou à l’importance relative, parfois une obsession dérisoire. En fonction de l’histoire ou du moment, le lecteur est saisi par la justesse de l’instant montré, ou par la pantomime dont le naturel peut évoquer Sergio Aragonés en moins burlesque. Le lecteur prend la mesure du talent de l’artiste avec cette scénette en dix images : un homme et une femme sont assis côte à côte, avec un espace d’une quinzaine de centimètres entre les deux. Ils sont immobiles tout au long de ce plan fixe, cadré sur leur buste. Une expression de curiosité se lit sur son visage à elle alors qu’elle regarde son mari en coin, sans tourner la tête, alors que son front à lui se barre de rides de plus en plus nombreuses et profondes. Ses rides à lui s’effacent progressivement, et elles apparaissent avec un léger décalage sur son front à elle. Pas un mot, pas un geste, et l’esprit du lecteur se met à vagabonder, à s’interroger, à faire des suppositions, sur le lien qui unit cette femme et cet homme, sur l’investissement émotionnel de la femme qui la fait réagir par mimétisme, et par réaction son absence de réaction à lui, est-ce de l’indifférence, de l’insensibilité ? Autre chose ? Un incroyable échange inconscient présenté à la perfection qui touche le lecteur au cœur, avec de simples traits légers et fragiles. Cette anthologie thématique des dessins de Sempé peut sembler une mise en bouche un peu frugale. D’un autre côté, le lecteur s’immerge intégralement dans la perception du monde exprimée par l’auteur. Des dessins délicats qui montrent des individus dans toute leur banalité, avec prévenance, gentillesse, sans jugement, agrémenté par une touche de poésie, une note d’absurde ou de licence artistique. Un recueil qui offre l’occasion de faire l’expérience du monde vu par Sempé, de déguster les saveurs d’instants fugaces et évanescents. Délicieux.

27/10/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Est-ce que c’est de la bande dessinée ? On pourrait se poser la question en lisant cette série (d’autant plus que Sempé lui-même n’était pas trop amateur de BD je crois)… Mais en fait on s’en contrefiche ! Parce que c’est bon, c’est frais, c’est drôle, et c’est intelligent ! Le dessin est reconnaissable entre tous, presque désuet, minimaliste. Proche de certains dessins de presse, mais la touche de poésie qu’insuffle Sempé distingue son travail des illustrateurs. Il ne commente pas l’actualité, il la transcende, la détourne, la rend respirable : quelle lecture reposante, et qu’est-ce que c’est rassérénant ! Avec ses dessins simples mais efficaces, et avec une économie de moyens incroyable, Sempé réussit quasiment à chaque fois à me faire sourire. Pas d’éclats de rire – mais ce n’est pas le propos ici, mais lire Sempé donne sacrément la pêche ! Une sorte d’humour à qui je ne trouve pas d’équivalent. Et tous les albums de la série, que j’ai lus il y a pas mal de temps (et je viens de relire Quelques meneurs d’hommes ; Quelques manifestants et Quelques jours de congé) se sont révélés d’un niveau équivalent, c'est-à-dire très bons. On est sur les sommets, à respirer l’air pur du talent.

11/04/2014 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Même si je ne les ai pas tous lus, je suis persuadé que quelque soit l'album de cette série que vous preniez, vous y trouverez autant de perles page après page. Car Sempé a un don incroyable pour la mise en page, l'observation de ses prochains et l'humour. Ses illustrations en une page ou ses petites bandes dessinées sont toutes excellemment construites et belles. J'ai une fois de plus été bluffé de me rendre compte sur chaque image à quel point l'oeil est dirigé exactement là où l'auteur le désire : une vue d'ensemble d'abord, puis on se rapproche du sujet, on le parcoure et enfin on tombe sur l'élément humoristique qui donne sa formidable saveur au tout. Dans d'autre cas, tout l'humour est contenu dans le texte qui accompagne et souligne parfaitement l'image. Quoiqu'il en soit, c'est incroyablement efficace et le plus mauvais gag de ces recueils attire au minimum le sourire. C'est beau, c'est tendre et c'est très joliment humain. On sort de cette lecture avec le coeur léger et le sourire aux lèvres.

26/01/2010 (modifier)
Par tolllo
Note: 4/5 Coups de coeur expiré

Avec ses "Quelques" Sempé nous fait une démonstration extraordinaire de son talent : le crayon à la main, il crée un univers poétique entre tous reconnaissable : le monde de Sempé, est familier et intemporel, peuplé d'individus qui nous ressemblent énormément, tiraillés entre des rêves sublimes et un quotidien dérisoire. Il fait là dans chacun de ses albums une représentation du genre humain toutes situations confondues. Des "petites gens" aux plus sophistiqués, simples, philosophes, meneurs d’hommes, passifs, hâbleurs, doux rêveurs, optimistes : le tableau est complet ! Il nous décrit l'Homme dans toute sa splendeur, ses rêveries et ses décadences... Et le fait avec maestria, car c'est un maître, un virtuose des mots bien trouvés en accord parfait avec son trait, qu'on ne peut confondre avec aucun autre ! Si nostalgique parfois, si humain toujours… Contrairement à beaucoup, c'est avec tendresse, avec douceur qu'il fait passer ses messages le plus souvent, même pour dénoncer les plus idiots de nos travers. Douceur, sobriété, intelligence... l’information passe, ne choque pas, mais percute bien ce qui rend cette série si particulière, si unique, si jouissive et si intelligente. J’ai la chance d’avoir chez mes parents une bdtheque qui m'a offert tout gamin des lectures qu'on ne rencontre pas partout. J’ai bien essayé de lui piquer cette série, mais elle s’en est aperçue et j’ai dû, à mon grand regret lui rendre ses ouvrages si magiques qui ont bercé mon enfance et que j’ai appris à comprendre avec les années. Tant mieux ils ont retrouvé la place qu’ils n’auraient jamais du quitter. Personnellement je trouve cette série abordable même pour les plus jeunes. Tout de même pas autant que le petit Nicolas (qui n’est d’ailleurs pas une BD contrairement a ses "Quelques"). Comme vous l’aurez compris, je conseille évidement l’achat de cette série difficile sinon impossible à trouver en occasion mais qui reste abordable neuve et surtout beaucoup plus accessible que sa série grand format très belle mais très chère. Pour tout les fervents adeptes de Sempé il y a aussi ses BD transposées en tout petit format et vraiment pas chères, comme Saint-Tropez qui du très grand format passe de plus de 30 euros à à peine plus de 5. Bon évidement pour 5 € on a le format "livre de poche" au lieu du maxi grand format, mais… chacun fait ses choix. Le juste milieu étant les "quelques". Un indispensable-indiscutable tout de même. 18/20

23/03/2009 (modifier)