Gringo (Guringo)
Dernière oeuvre de Tezuka, "Gringo" est une intrigue politico-financière de haut vol se déroulant en Amérique du Sud...
Amérique du sud Seinen Shogakukan Tezuka
En 1982, dans un monde où la concurrence est féroce, une grande compagnie japonaise nomme Hitoshi Himoto, 35 ans, à une haute fonction dans sa filiale d'Amérique du Sud. Hitoshi qui a du abandonner son rêve de faire une carrière de sumo est conscient de cette promotion exceptionnelle et déterminer à faire son chemin ! Le hic est que ces gisements se trouvent dans une zone contrôlée par les guérilleros dirigés par le terrible José Garcia. Toutefois, entraîné de mutation en mutation suite à la disgrâce de son chef, Hitoshi atterrit dans la république bananière de Santa Luna. Il y découvre un autre monde : dictature, misère, corruption, insurrection. Un peu par hasard, Hitoshi découvre l'existence dans les sous-sols de métaux précieux pour l'électronique. Désormais considéré comme le "gringo", Hitoshi devra faire face à de multiples obstacles pour négocier avec les rebelles l'accès, l'achat et l'export des précieux minerais tout en louvoyant parmi les politiques locaux et sa hiérarchie !
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Date de parution | 20 Mars 2009 |
Statut histoire | Série abandonnée (inachevée avant la mort de Tezuka) 1 tome paru |
Les avis
Que je suis embêté ! Comment dire ? Voilà un auteur porté aux nues par certains, mais sur ce coup là je n'en fais pas partie. Par les dieux que c'est long ! Pourtant je trouvais que ça démarrait plutôt pas mal mais je ne sais pas ce qui s'est passé. Très vite, j'ai trouvé cela d'un ennui, mais d'un ennui ; si bien que le bouquin m'est tombé des mains. Étant d'un naturel ouvert et persévérant j'ai repris ma lecture mais rien n'y a fait. Oui, le choc des cultures annoncé est bien présent, mais franchement cela ne m'a pas du tout passionné (choc des cultures là aussi sans doute). Désolé d'être aussi peu disert mais ce type de manga n'est pas pour moi.
El gringo est dans ce récit un japonais d'âge moyen qui est envoyé par sa société sur le marché sud-américain. Il doit prospecter pour sa compagnie et pour cela il affronte différents dangers locaux. On sent à travers ce personnage tout le sentiment d'infériorité que peut avoir le japonais de sa propre personne vis-à-vis des étrangers. Le protagoniste est d'ailleurs volontairement représenté un peu loser, physiquement de petite taille avec une étrange passion pour le sumo. Il a pourtant des choses dont il peut être fier dans sa vie, à commencer par sa famille. Sans dévoiler le détail de ces péripéties nombreuses et variées - le volume fait plus de 600 pages, je résumerai en disant qu'on ne s'ennuie pas du tout à cette lecture. Cela fait partie des très bons titres de Tezuka pour adultes. Dommage enfin que le tome soit inachevé, Tezuka, absolument dingue de travail, étant décédé avant la fin. D'ailleurs j'ai été réellement surpris d'un épilogue où l'auteur se met en scène lui-même sur son lit d'hôpital considérablement amaigri et continuant tout de même à dessiner. Incroyable.
Je dois dire que j'avais un peu peur de ce pavé, 630 pages à lire alors que je venais de refermer Phénix - L'oiseau de feu qui m'avait déçu. Et pourtant, c'est passé comme une lettre à la poste. On arrive assez vite au bout de cette petite brique. Le scénario est plutôt intéressant. Un japonais "pure souche", qui occupe un poste important dans une filiale japonaise située en Amérique latine, va tomber de Charybde en Scylla et se retrouver confronté à divers dangers comme un pays en guerre civile, une fuite dans la forêt (amazonienne certainement), et d'autres réjouissances dont je vous laisse la surprise. Cette multitude de situations m'a vraiment séduit, et c'est pour moi ce qui fait la richesse de ce manga. Chaque endroit permet de confronter un peu plus le japonais moderne à des peuplades différentes, et, à défaut de le définir, d'en cerner plus ou moins les contours. On pourra également trouver une légère critique sur le Japon isolationniste d'avant la moitié du XIXème siècle en fin d'album, malheureusement inachevé suite à la mauvaise santé de l'auteur. Dans l'attitude d'Himoto, on retrouvera donc le comportement typique du japonais des années 80 comme le voyait Tezuka. Ambitieux, travailleur, respectant scrupuleusement les règlements, ce dernier trait évoquant de la froideur, mais également très emballé lorsqu'il s'agit de sa passion. C'est d'ailleurs via le sumo, sport qu'affectionne particulièrement Hitoshi Himoto, que l'on découvrira pour la première fois ce personnage que l'on croyait éloigné de l'espèce humaine. A l'instar du héros, les autres protagonistes bénéficient d'une humanité qui semble être la marque de fabrique de Tezuka. Salauds finis ou philanthropes, Tezuka rajoute toujours une couche qui rend ses personnages plus profonds que l'on pourrait croire. Quant au dessin, il est typique des dernières productions de l'auteur. Des paysages très soignés et des personnages tout en rondeur, mais qui bénéficient de faciès très expressifs ; et la narration est toujours aussi dynamique. Finalement, c'est encore un bon Tezuka que je trouve. Varié, riche et complexe, Gringo fut une très bonne trouvaille.
Comme souvent, Tezuka a créé, dans ce manga, une galerie de personnages intéressants. Je ne pourrais dire qui est mon personnage préféré parce qu'entre le journaliste, Hitoshi, sa femme, José Garcia, etc, la barre est haute. En effet, chacun des personnages importants a ses qualités et ses défauts. Ils sont terriblement humains. De plus, leurs péripéties sont souvent passionnantes. Malgré tout, je ne mets que 3/5. Pourquoi ? Il y a deux raisons à cela. Tout d'abord, je n'ai pas tout à fait senti les émotions du héros lorsqu'il était humilié. J'étais un peu comme sa femme, je comprenais qu'il souffrait, mais je ne pouvais pas savoir à quel point c'était. Deuxièmement, vous aurez remarqué que j'ai écrit que les péripéties étaient souvent passionnantes et non que les péripéties sont passionnantes. C'est parce que je trouve certains moments peu ou pas captivants SPOILER Par exemple, lorsque les héros s'enfuient dans la forêt ou encore lorsque le héros se prépare à son tournoi de sumo (mais c'est sans doute parce qu'on ne sait pas comme ce tournoi va finir). FIN DU SPOILER. Heureusement, la plupart du temps, j'ai trouvé l'histoire captivante. SPOILER J'ai surtout aimé le village japonais et ses habitants qui montrent une mentalité qu'on retrouve, malheureusement, chez certains japonais. FIN DU SPOILER
Dans l'étendue prolifique de sa production, Tezuka a véritablement le mérite d'être varié et original. Cette fois, il nous présente plusieurs thèmes à la fois. L'Amérique du Sud n'en est pas le principal puisque ce n'est qu'un décor prétexte à présenter des pays et des situations spécifiques pour le héros. Une des autres thématiques est le milieu des affaires et plus spécialement de la prospection commerciale. Tezuka présente cela comme un univers de compétition dangereuse et de nécessaires prises de risque. Un peu caricatural mais assez intéressant. Mais l'essentiel du sujet abordé ici concerne le comportement des japonais et notamment du personnage principal à l'étranger mais également simplement entre eux. Tezuka met le doigt sur certaines spécificités assez justes de la psychologie et de la sociologie japonaise, en tout cas de celle des années 80, date de création de ce manga. Le héros est complexe, pas toujours sympathique mais en tout cas très crédible. Sa psychologie est fouillée et adulte. Par son biais, Tezuka nous permet de comprendre des notions de l'esprit japonais pleines d'intelligence et de bon sens, même si elles ne rendent pas toujours honneur aux japonais eux-mêmes. Tout cela est très instructif, même si l'ensemble est traité avec discrétion, dissimulé derrière des aventures d'affaires relativement prenantes. Le récit est dense, racontant plusieurs intrigues les unes après les autres. Le tout se lit bien mais manque un petit peu d'accroche à mon goût. Comme souvent chez Tezuka, j'ai du mal à trouver sa lecture captivante. Et comme souvent chez lui, il mêle à un récit très adulte quelques touches d'humour parfois un poil grotesques ou de naïvetés un peu désuètes. Ceci dit, j'ai trouvé bien amusante la manie sexuelle du héros. Elle est assez révélatrice du personnage, soit dit en passant. J'ai bien aimé cet album, je l'ai trouvé original et intéressant, mais je ne suis pas sûr de le relire de sitôt.
"Gringo" est potentiellement intéressant à plusieurs titres. Premièrement c'est la dernière oeuvre, dans l'ordre de sa réalisation, de Tezuka. Inachevée suite à la dégradation de la santé de l'auteur, elle constitue en quelque sorte son testament artistique. Cette impression est renforcée lorsqu'on lit la note d'intention de l'auteur, placée en guise de postface par l'éditeur : Tezuka souhaitait réaliser une fresque où un Japonais, attaché aux valeurs traditionnelles de son pays, se retrouve dans des situations très compliquées dans un pays totalement étranger pour lui. Un peu comme dans Lost in translation, mais en plus virulent. Hitoshi Himoto, dont le nom peut se lire "le Japonais" lu dans un autre sens, est en effet une sorte d'archétype nippon, tel que nous, les gaijin, les voyons. Il est hyper-actif, presque drogué par le travail ; obsédé par le profit, il cherche toujours à retirer un bonus sonnant et trébuchant, même dans les situations dramatiques. Complexé par sa petite taille, il compense par une force herculéenne (grâce à sa pratique ancienne du sumo) et une frénésie sexuelle pitoyable. Je l'ai dit, il est aussi attaché aux valeurs traditionnelles nipponnes, telles que le respect entre Japonais, une certaine pudibonderie qui confine parfois au burlesque (cela n'est pas incompatible avec sa frénésie sexuelle, notez bien), mais aussi un courage imprudent. Un archétype du Japonais des années 1980, dynamique en affaires mais englué dans son éducation première. Un passage qui m'a particulièrement intéressé est celui où Himoto et ses proches se retrouvent dans une communauté japonaise perdue dans le temps, isolée au coeur de la forêt sud-américaine. C'est très révélateur de la forte identité isolationniste dont le Japon était l'un des exemples les plus incroyables, jusqu'à la fin du XIXème siècle. Ce personnage typiquement tezukien se débat dans des situations assez ubuesques dans un pays fictif d'Amérique du sud, entre magouilles politico-financières et guérillas un peu dans le style des FARC. Cependant le message n'est pas aussi mordant qu'il aurait pu l'être. Dans la moitié des situations Himoto apparaît finalement assez fade, il a un comportement inutilement sanguin parfois, et cela nuit à la crédibilité de l'ensemble. Lui et ses proches se retrouvent à un moment à traverser la jungle amazonienne (ou son équivalente), mais on n'aperçoit jamais de bestioles, comme des tamanoirs, des mygales, des marsupilamis ou des jaguars... Et malheureusement cette fresque ambitieuse ne connaîtra pas de fin (ce n'est pas un reproche), ce qui rend le propos de Tezuka incomplet. Cependant la préface de Jean-David Morvan livre quelques clés de lecture très utiles. Si vous êtes intéressé par la culture japonaise, et la façon dont elle-même se voit, n'hésitez pas à lire ce pavé de plus de 630 pages.
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