Le Sang du flamboyant
1949, à la Martinique. Au cours d'une veillée mortuaire, Gélus le Conteur évoque la légende d'Albon, intendant du domaine "Belle-Étoile", qui, depuis 1942, défrayait la chronique et perturbait les notables et les administrateurs locaux.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale 1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Caraïbes La France d'Outre-Mer Le Colonialisme Les années (A SUIVRE) Vu au cinéma
1949, à la Martinique. Au cours d'une veillée mortuaire, Gélus le Conteur évoque la légende d'Albon, intendant du domaine "Belle-Étoile", qui, depuis 1942, défrayait la chronique et perturbait les notables et les administrateurs locaux. Surprenant la liaison coupable de Delorme, son patron, avec sa femme Gracieuse, Albon a tout d'abord tiré un coup de feu sur son épouse, corrigé son maître avant de mettre le feu à l'habitation et de s'enfuir dans la forêt. Mobilisant la gendarmerie coloniale, Albon tient tout le monde en échec pendant sept années. Une milice privée se joint aux forces de l'ordre; mais deux innocents sont tués accidentellement tandis que le fuyard est insaisissable. Aidé par la population, mais en particulier par Elia, ancienne serveuse à "Belle Étoile", et Gélus le Conteur, le rebelle acquiert bientôt la réputation de sorcier, surtout après sa rencontre avec l'Homme Guinée, mi-sage, mi-magicien. En 1949 cependant, acculé par les forces coloniales et la soif de vengeance de Delorme, Albon se suicide. Mais une nuit la légende renaît; et Albon chevauchant la monture de l'Homme Guinée, entraîne Delorme, l'ennemi de toujours, vers sa destinée...
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Date de parution | Septembre 1985 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Cet album est l’adaptation d’un film (que je n’ai pas vu), dont l’intrigue se déroule dans les Antilles françaises, durant les années 1930. La société coloniale des planteurs français se comporte encore avec sa main d’œuvre noire comme si l’abolition de l’esclavage – un siècle plus tôt ! – n’avait pas eu lieu. C’est d’ailleurs un énième abus d’un planteur qui pousse le personnage principal, Albon (contremaitre noir) à se révolter : l’album est ensuite essentiellement axé autour de la traque de cet homme par les autorités. C’est un album relativement épais, mais qui se lit assez vite. Toutefois, on le lit aussi sans enthousiasme excessif. En effet, j’ai trouvé le rythme très lent, cela manque de dynamisme, de surprise. Comme toujours, le dessin d’Auclair est vraiment très bon. Ici dans un Noir et Blanc classique et très beau. Qui se passe très bien de la couleur, pour jouer sur les contrastes de lumière, et qui est aussi réussi pour les gros plans, les visages, que pour les paysages et plans larges. Contrairement à Agecanonix, j’ai quand même davantage accroché à cet album qu’à Bran Ruz.
C'est un récit âpre, typique des "romans A Suivre" qui parut dans ce magazine en 1984, peu après Bran Ruz, il ne m'avait pas attiré à l'époque. On y retrouve donc un dessin fabuleux, toute la splendeur du noir & blanc façon Auclair, un style presque photographique de toute beauté, avec de nombreux jeux d'ombres et de clair-obscurs. Ce dessin est mis au service d'un récit édifiant sur la condition des Noirs en Martinique dans les années 40, l'histoire d'une révolte d'un contremaître d'un grand domaine exploitant la canne à sucre, et sa fuite devant les autorités. L'histoire est intéressante, la narration est plus linéaire que celle de Bran Ruz qui était plus lourde mais que j'avais préférée car plus concerné par le sujet ; ici, la narration tire un peu en longueur, le sujet ne me captive pas assez, et je finis pas m'assoupir légèrement... Ceci dit, c'est du beau travail, les dérives du colonialisme sont aussi condamnables dans ces terres exotiques que l'esclavage dans les plantations américaines du XIXème siècle. A noter qu'il s'agit de l'adaptation dessinée d'un film réalisée en 1980 par F. Migeat.
Cette couverture que je trouve affreuse a failli me faire passer à côté d'un récit de très belle facture. Il s'agit d'un récit historique, mettant en scène un personnage ayant vraiment existé en Martinique, une sorte de Robin des Bois anti-colonialiste qui a échappé à toutes les poursuites des autorités françaises de 1942 à 1949. Le dessin d'Auclair est, comme toujours chez lui, très soigné, très détaillé. Quoiqu'assez classique et un peu trop réaliste à mon goût, il est indéniablement beau. De la belle ouvrage où l'auteur a mis tout son coeur et sa technique. Un tel dessin aurait vraiment mérité plus belle couverture à mes yeux. Le récit est très intéressant. Il nous plonge dans les Antilles durant le régime de Vichy. Très loin des turpitudes de la guerre, la Martinique vit encore en pleine colonisation. Les noirs sont désormais ouvriers payés mais certains propriétaires terriens abusent d'eux comme ils l'auraient fait d'esclaves un siècle plus tôt. Qui plus est, la justice va évidemment dans leur sens, et c'est contre elle et contre ces profiteurs coloniaux que va se dresser Albon, noir instruit qui va devenir le symbole de la rébellion individuel, le "marron" qui se cache dans les hauteurs et peut à tout moment venir terroriser les blancs. A cela, les auteurs ajoutent en outre une dimension un peu mystique, proche du vaudou, transformant Albon en un avatar d'Ogoun Ferraille, dieu du fer et de la guerre venu venger le peuple arraché à l'Afrique, même si la vengeance d'Albon se porte plus précisément sur son ancien patron, les deux hommes se vouant une haine mutuelle et mortelle. Très beau graphisme et histoire instructive mais la narration manque un peu de piment. Le récit coule sans éveiller plus de la curiosité chez le lecteur que je suis. Je n'ai pas su être transporté et il s'en est fallu de peu que je m'ennuie par moment. La fin est en outre logique et réaliste puisqu'elle est conforme aux faits historiques (à l'épilogue près, probablement) mais j'aurais aimé quelque chose de plus fort, de plus captivant. C'est mon seul regret et ce qui m'empêche de mettre une note supérieure à cet album.
Le sang du flamboyant est une très belle histoire. Presque un conte, une légende de la Martinique. Elle relate l’histoire d’un homme qui en 1942, se retourne contre le système post (il faut le dire vite) colonial en place. Pas gratuitement, pas pour faire une histoire, pas pour devenir un symbole de résistance contre l’établi ou une figure de proue de l’insurrection d’un peuple. Simplement parce qu’il a été trompé par son patron, propriétaire de l’exploitation de cannes à sucre dans laquelle il est le contremaître respecté et il va se venger. A partir de là, Albon, va devenir l’homme à abattre de la Martinique de 1942 à 1949. Il va incarner la lutte contre le pouvoir en place et l’autorité excessive des blancs. Il va alors se mener une chasse à l’homme que l’on va suivre sur tout le territoire au cours de laquelle, Albon aidé par la population va faire d’importante rencontre comme celle de l’homme Guinée. D’un point de vue scénario, le tout est admirablement mené. L’histoire nous est présentée par Gélus sous la forme d’une légende racontée une nuit à une assemblée, là pour entendre les aventures d’Albon. Le tout est dynamique, l’alternance des scènes ou Gélus conte et celle on ou est plongé dans la vie d’Albon se succède avec finesse. On est littéralement plongé dans l’ambiance créole de l’époque. Tout fonctionne. Concernant le graphisme, c’est détaillé, travaillé. Je pense que l’on aime ou pas, mais on est dans un style très réel avec beaucoup de détail. Ça manque parfois d’un peu de lisibilité et il faut se pencher sur la case pour tout percevoir. Quoiqu’il en soit, le tout est à mon gout très réussi. Une merveilleuse narration de l’aventure d’un homme dont le destin s’est emparé et qui est devenu une sorte de symbole pour un peuple.
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