La Vengeance d'une femme

Note: 3.43/5
(3.43/5 pour 7 avis)

Cet album est l’adaptation de la nouvelle éponyme de Barbey d’Aurevilly (issu du recueil les diaboliques)


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Adaptations de romans en BD Emmanuel Proust Éditions Maisons closes et prostitution

Paris, fin du 18ème siècle, Robert de Tressignies flâne dans les boulevards et voit une femme, une femme légère dit on qui lui rappelle une présence ou une rencontre passée. La passion monte, et l’élan sexuel est fort. Après le climax notre libertin est attiré par un médaillon avec un portrait que porte la belle aux allures aristocrates. C’est alors qu’elle va lui raconter son histoire : elle, la femme ayant épousé cet aristocrate espagnol, va être courtisée et connaitre un amour platonique plus fort que ce qu’elle n’aura jamais connu. Par devoir elle prévient son mari, par vengeance il le tuera devant ses yeux de manière féroce et d’une violence inouïe. Elle quittera les lieux et pour se venger choisira de se prostituer à Paris. Dans un salon quelques temps plus tard Robert apprend que son aventure est morte, il est bouleversé par la vie de cette femme, elle qui poursuivra sa vengeance jusque sur son tombeau.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Mars 2009
Statut histoire One shot (Adaptation de Barbey d'Aurevilly) 1 tome paru

Couverture de la série La Vengeance d'une femme © Emmanuel Proust Éditions 2009
Les notes
Note: 3.43/5
(3.43/5 pour 7 avis)
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08/04/2009 | roedlingen
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L'avatar du posteur Noirdésir

Avis mitigé après la lecture de cette adaptation d’une nouvelle de Barbey d’Aurevilly (que je n’avais pas lue avant). D’abord l’aspect graphique, que j’ai trouvé très bon, agréable, jouant sur les nuances de gris (pour une histoire finalement assez noire). Le début de l’album est d'ailleurs presque digne d’un Curiosa, lorsqu’il met en valeur la plastique de madame de Sierra Leone (mais c’est plus chaste ensuite, ce n’est clairement pas un album érotique). Pour ce qui est de l’intrigue, je dois dire que si le texte se laisse lire, l’histoire en elle-même n’est pas si originale que ça, et n’offre que peu de surprises. Au final, un bel objet (beau travail éditorial), mais dont j’attendais peut-être un peu plus. A lire tout de même.

09/09/2015 (modifier)
Par GiZeus
Note: 2/5

Avant de commencer cet avis, je signale que je n'ai pas lu l'oeuvre originale. Voilà c'est dit. Je n'ai pas été ému par l'histoire de cette femme. Je n'ai pratiquement pas ressenti d'intérêt pendant la lecture ni d'attachement pour les personnages. J'ai trouvé le récit d'un calme olympien. Pourtant Aphrodite était de la partie (de jambes en l'air). En effet, la narration manque cruellement de rythme, les dialogues ne sont pas légion et la mise en page est très classique, une planche accueillant au maximum 4 cases. Je lui reproche notamment des personnages manquant cruellement de psychologie. La première partie aurait pu être chargée de plus de tension, de joutes verbales. Au lieu de ça, Lilao préfère nous amener le plus rapidement possible à découvrir l'histoire de cette femme. Son histoire, parlons en. Le début fait évidemment très cliché (faut dire que Lilao adapte un roman du XIXème aussi), mais au lieu de se coltiner une énième Princesse de Clèves, on a une femme qui cède volontiers à ses passions. Pour se venger de son mari qui lui a fait une jolie crasse (je vous laisse découvrir), elle décide de se faire serrer le boulon par tous les tournevis qui passeront à proximité. J'ai plutôt aimé ce passage. Mais cela ne suffit pas pour rattraper les défauts de cette BD, en cause des personnages trop creux, une narration trop plate à mon goût et des dialogues pas vraiment percutants. Heureusement que les dessins rehaussent quelque peu le niveau, avec ses jolies teintes nuancées de noir et blanc qui retranscrivent plutôt bien les années 1800.

10/10/2009 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

J'ai bien aimé la vengeance d'une femme par le moyen non conventionnel utilisé pour arriver à ses fins. J'avoue avoir été intrigué par la phrase suivante au dos: "en libertinage, le mauvais goût est une puissance"... La couverture est très suggestive. Pourtant, il ne sera point question de scènes vraiment osées dans le corps de l'histoire entre ce jeune aristocrate et cette belle prostituée. C'est un peu dommage car cela risque de faire fuir le lecteur timide ou de décevoir un lectorat plus téméraire. L'esthétique de l'objet m'a tout de suite attiré. Les cases sont immenses et l'histoire se lit avec aisance. Le graphisme avec cette imagerie très XIXème siècle colle parfaitement à l'atmosphère de cette histoire tragique. C'est noir, mélancolique et sombre. Tout ce que j'aime dans le romantisme !

10/08/2009 (modifier)
Par Ems
Note: 4/5

Ce one shot en marge de la production actuelle. Il s'agit avant tout d'une très belle BD sur la forme : EP nous offre un grand format, un dos toilé et une très belle couverture. Le cahier n'est pas en reste : le dessin N&B est tout simplement somptueux et bien mis en valeur par de grandes cases. En prime, la version écrite du récit est proposé en fin de BD. Quand en plus on sait que la BD a 92 planches, je trouve que les 19,90 euros ne sont pas volés ! (auxquels beaucoup de librairies appliqueront les 5% de rabais) La narration est fluide malgré l'omniprésence des voix off. L'ensemble est aéré et les dessins s'apprécient à leur juste valeur. Il ne s'agit pas d'une BD érotique comme pourrait le suggérer la couverture mais d'une histoire de vengeance comme l'indique bien le titre. Celle ci est particulière car elle passe par un renoncement de soit afin d'opposer ce qu'il y a de plus vil à la haute société. En effet, suite à l'assassinat de son amant, elle s'enfuit et se prostitue afin de salir le nom de son mari, celui ci étant de la haute noblesse espagnole. La lecture de l'ensemble est relativement rapide, l'histoire dramatique est bien traitée. Au final je retiens surtout l'objet et le visuel de ce one shot. Cette collection Atmosphères chez EP m'intéresse de plus en plus.

08/05/2009 (modifier)
Par Miranda
Note: 3/5
L'avatar du posteur Miranda

Note 2,5. L'œuvre originale est excellente, le style de Jules Barbey d'Aurevilly est une pure merveille, ses phrases sont envoûtantes, il nous mène dans son univers avec grâce et facilité, sans jamais nous y forcer. Pour ce qui est de l'adaptation, même si graphiquement l'auteur reste fidèle aux descriptions de Barbey et aux sentiments qu'il veut faire passer - il reprend souvent des passages de l'histoire - et que son très beau noir et blanc met bien en valeur le récit, la force narrative de la plume du premier auteur ne ressort pas forcément ici. De plus l'histoire de cette femme ne m'a pas vraiment touchée, et ce, quel que soit le support employé pour nous raconter sa vengeance. Ce sont des récits d'un autre temps, avec des coutumes anciennes qui me paraissent tellement désuètes et inutiles. Se faire du mal à soi-même pour se venger me fait plutôt penser à une âme faible, - tout comme ses amours platoniques - qu'elle reprenne le dessus est ce que j'attendais d'elle, qu'elle vive pour déguster sa vengeance, sinon à quoi bon ? Je serai indulgente envers cette adaptation car elle nous montre au moins les us et coutumes de l'époque et une mentalité bien différente de la nôtre.

29/04/2009 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Spooky

Magistral ! Le grand public connaît peu l'apport de Jules Barbey d'Aurevilly à la littérature romantique du XIXème siècle, pourtant celui-ci est déterminant. Seuls les étudiants en Lettres ne l'ont pas oublié, ou presque... Lilao nous permet de combler cette lacune en adaptant l'une des nouvelles extraites du recueil les Diaboliques. Et le résultat est magistral. Je l'ai déjà dit ? Comment qualifier autrement un one shot maîtrisé quasiment de bout en bout, qui nous propose un récit implacable, d'une efficacité redoutable et doté en plus d'une atmosphère à la fois sensuelle et délicate ? Lilao réussit son adaptation sur tous les plans : il a su extraire la substantifique moelle de la nouvelle du maître du dandysme, saisir l'atmosphère très particulière de l'époque de Louis-Philippe. Aucun élément n'est obscur, la vengeance de cette femme est parfaitement assimilée par le lecteur. Un travail d'orfèvre au niveau de l'adaptation. Au niveau graphique, c'est une découverte de grande valeur : alternant les scènes sensuelles avec les passages plus traditionnels (conversations, décors, naturels ou pas), Lilao est un dessinateur extraordinaire, qui fait très peu d'erreurs d'anatomie, et sait installer de belles ambiances en intérieurs, mais aussi quelques scènes extérieures. Son noir et blanc est d'un réalisme remarquable. Mon gros coup de coeur du moment.

23/04/2009 (modifier)

L’adaptation d’une nouvelle est toujours un exercice délicat, reprendre Barbey d’Aurevilly était un sacré pari. LILAO le relève en extrayant les passages qu’il considère décisifs du récit. L’édition est d’excellente facture avec de nombreuses explications qui viennent agrémenter l’adaptation graphique elle-même. Le dessin est en noir et nuance de gris, tout en atmosphères, en douceur, en nuances, en courbes. Les textes sont en dessous des dessins ce qui donne la sensation du roman illustré. Côté scénario, il est incassable, en prenant les passages forts et en réalisant les enchainements de façon habile LILAO exprime toute la puissance du récit. Tantôt érotique avec une beauté du début de tome qui mêle sensualité et sexualité. Ici l’amour pourtant vénal et grossier est représenté avec tant de finesse que c’est beau et non vulgaire. Toute la tenue de la femme, ses positions sensuelles mais pas aguicheuses la rendent mystérieuse inaccessible et captivante. L’histoire qu’elle raconte ensuite est rendu avec toute son horreur avec une tension crescendo qui aboutit à cette scène inouïe qui scellera le début de sa déchéance volontaire. Enfin la chute qui se fait dans des salons pour hommes parisiens et se conclut sur le tombeau est magistrale dans son implacabilité, dans la volonté de la femme ayant été au bout de son châtiment. Amour, Eros, idéal, violence, châtiment, auto destruction, devoir, illusion, manipulation, charisme, rapport de la femme à l’homme, libre arbitre : tous ces thèmes surgissent des planches et de l’histoire pour nous intégrer et nous mettre en position de comprendre cette femme. Nous sommes nous même avec Robert de Tressignies, d’abord épanoui par l’eros puis transporté par l’agape devant le drame que cette femme raconte. Comme lui aussi la fin nous bouleversera et nous aussi irons nous recueillir devant le tombeau de cette femme dont la situation ne nous empêchera pas d’avoir de l’admiration. Brillamment mis en planches, ce scénario prend ici une expression graphique très réussie grâce à la fluidité des planches et la justesse des nuances. LILAO accomplit un merveilleux travail et s’il avait lui-même écrit l’histoire cet album aurait mérité la note maximale tant à chaque instant le lecteur est captivé. LILAO livre ici son premier ouvrage, attention talent, je lui prédis un très grand avenir au moins en dessinateur… A posséder et lire comme un bijou tant l’exercice d’adaptation est réussie.

08/04/2009 (modifier)