Droit du sol
Un regard ultra réaliste et parfois cynique sur le quotidien de l'ile de Mayotte et de ces clandestins qui arrivent quotidiennement
Ecritures L'Océan indien La France d'Outre-Mer Madagascar et ses environs Réfugiés et Immigration clandestine
Résumé tiré de la critique de Yves-Marie Labé dans le monde des livres : Qui connaît Mayotte ? Ce dernier des confettis de l'ex-Empire colonial français, égrené dans l'archipel des Comores, au nord-ouest de Madagascar, évoque des plages de sable blanc, lagon bleu turquoise, tortues marines et pêche au gros... Mais l'envers de ce décor réservé aux mouzoungou (étrangers, qu'ils soient expatriés ou touristes) est un enfer pour beaucoup d'autres. Le titre Droit du sol indique que celui-ci est de plus en plus remis en cause par des Français de "souche" et par des Mahorais, furieux que les clandestins anjouannais, et surtout leurs enfants, puissent bénéficier d'avantages médicaux garantis jusqu'ici par la tolérance de certains et l'humanité d'autres.
Scénario | |
Dessin | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 02 Mars 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
2.5 Je me rends compte que cela fait très longtemps que je n'ai pas lu un ouvrage de cet auteur et vu ce que j'ai ressenti durant ma lecture, cela va sans doute prendre du temps pour que je me mettes à vouloir mieux découvrir son œuvre. L'auteur décrit la situation de l'immigration clandestine à Mayotte et il me semble que la situation a empiré depuis. Dans ce gros album, il y a de bons moments et je ne me suis pas vraiment ennuyé, mais plusieurs passages m'ont vraiment énervé. Je rejoins l'avis de Ro sur le côté manichéen de l'auteur. Il y a des personnages qui ont un coté donneur de leçon qui m'a irrité. C'est simple j'avais envie de les frapper même lorsque j'étais d'accord avec eux. Mention spéciale pour la scène où des habitants noirs qui dénoncent des clandestins à la police sont comparés à des collabos. Ah bon les clandestins vont finir gazés dans des camps de concentration ? Je veux bien croire qu'ils viennent de pays au niveau de vie pourri, mais c'est vraiment au même niveau qu'Auschwitz ? En fait, c'est juste moi où il y a plein d'occidentaux qui ont l'air de croire que le seul niveau de vie acceptable c'est en occident (Mayotte étant français c'est l'Occident donc bien, les autres iles c'est pas la France donc ça doit être super pourri même si on voit jamais ce qui se passe là-bas dans la BD sauf lorsque des clandestins se sauvent). D'ailleurs on entend assez peu tous ces noirs qui ne veulent pas de clandestins chez eux. Je ne dis pas qu'ils ont raison, mais j'aurais voulu qu'on approfondisse un peu plus cet aspect du sujet. Tout est bien calculé pour que l'on aille du coté de l'auteur vu que les salauds égoïstes ont tous des têtes de méchants. Si je vais un jour à Mayotte, je vais savoir tout de suite qui est raciste juste en regardant leur tête ! Et sur la couverture de l'édition que j'ai lue, on voit bien en avant une femme (donc un être faible qu'on doit protéger) pleurer et pas un homme (donc un être fort qui peut se débrouiller tout seul et de toute façon un homme ça pleure pas). Bref, on est loin du travail d'un type comme Joe Sacco qui essaie d'être objectif et montre les deux cotés de la médaille. Pour moi l'immigration, surtout clandestine, mérite des réflexions et malheureusement on tombe la plupart du temps dans des discours simplistes comme ici. Dommage parce que j'ai tout de même aimé découvrir un peu la vie à Mayotte et le dessin est sympathique.
J’ai vraiment bien aimé cet album, plutôt épais, mais qui se lit très bien – et relativement vite. Charles Masson prend vraiment le temps de « présenter » les personnages de son album (fortement imprégné d’une réalité vécue par lui ou certains proches), de leur donner une personnalité, des goûts – fussent-ils désagréables. Ce ne sont pas que des visages ! Et cela rend d’autant plus intéressant se plaidoyer pour la tolérance et l’accueil des gens qui fuient la misère et croient voir en la France – en l’occurrence l’un de ces dominions d’outremer une sorte de paradis, pour réaliser des rêves simples : accoucher, être soigné, vivre. Masson confronte ces exilés à une réalité bien différentes de la devise ou des théoriques valeurs nationales, telles que rappelées et souvent contredites par ceux-là mêmes qui devraient l’incarner. Alors, c’est sûr, la vision de la société « blanche » de Mayotte qu’il donne est quelque peu cynique (avec toutes les nuances du néocolonialisme et du racisme), mais hélas elle est crédible. Et l’album n’est pas si manichéen que ça. J’ajoute que le dessin est vraiment simple et efficace, bon, facilitant la fluidité de la lecture. La fin a failli me décevoir, avec une sorte de happy-end collectif peu en rapport avec le reste de l’album, mais l’épilogue – glaçant et d’une triste noirceur, donne franchement à réfléchir, à l’heure où des dizaines de milliers de migrants risquent leur vie pour atteindre l’un de ces havres de paix fantasmés que sont les Etats-Unis et l’Europe. La lecture de cet album devrait nourrir le débat, souvent ras des pâquerettes (que ce soit dans les médias ou au comptoir du bar du coin !).
A vrai dire, je ne connais pas grand-chose des territoires d’outremer de cette France voisine. D’où : ‘tites recherches sur le Net pour savoir de quoi l’on cause. Ce qui m’a permis d’un peu –je pense- comprendre cette petite –440 pages- brique. Mayotte… un petit bout de terre perdu au milieu de l’Océan indien ; une sorte de petit territoire offrant de nombreuses possibilités pour des gens qui affrontent les dangers dans l’espoir d’y avoir une vie tant soit peu correcte. Seulement voilà : il y a journellement la confrontation des races, des styles de vie originels, du modus vivendi de ces réfugiés comoriens et des « blancs » venus de France et d’ailleurs avec des rêves qu’ils ont parfois abandonnés. J’avoue avoir eu du mal à m’imprégner de cette longue chronique ; surtout que m’était revenu en l’esprit le très beau film de Gillo Pontecorvo –avec Marlon Brando, musique d’Ennio Morricone- qui traitait que faits de même type, bien que dans un passé lointain : Queimada. Alors, oui : Manson donne un solide coup de balais dans nos idées reçues, balance au lecteur une histoire forte et juste MAIS : je n’ai fait que la lire, sans plus. Surtout que le dessin… mais peut-on parler de dessin ?… Masson a vraiment dû y mettre tout son cœur, mais il n’est pas dessinateur et j’ai parfois eu du mal (encore !) à m’y retrouver dans ses personnages. Tout ça pour ?… une histoire qui est quand même une sorte de coup de poing ; mais ce coup ne m’a pas touché. Du tout…
Ca a commencé par des dizaines de pages où je me suis ennuyé car je n'avais d'affinité avec aucun des différents personnages principaux. A tel point que je mélangeais au moins deux d'entre eux. Le dessin, trop peu maîtrisé et similaire pour les visages de certains personnages, ne m'aidait pas et me donnait peu de plaisir à parcourir les planches. Dans ces pages, je n'ai surtout pas aimé la vision de la vie et surtout des relations entre hommes et femmes, se résumant à des échanges intéressés d'argent, de sexe ou alors d'emmerdes quand un couple commence à avoir quelques années. Cette vision trop blasée, matérialiste et insatisfaite de la vie, je l'avais déjà ressentie et elle m'avait déjà déplue dans Bonne santé mais je l'avais alors acceptée car Charles Masson la présentait comme issue de l'horreur au quotidien vécue par les médecins. Ici, j'ai l'impression que tous les personnages sont des médecins et qu'ils sont tous à contretemps du bonheur de vivre. Puis est arrivé le message politique avec ses gros sabots, le message assené avec tellement de manichéisme et de certitude que j'ai franchement été agacé. Sous couvert de conversations philosophiques, sociologiques ou simplement politiques, mal amenées car souvent trop artificielles, entre les personnages, l'auteur affirme sans détour ce qu'il pense et cherche à l'imposer au lecteur. Dans le coin droit du ring, les sarkozystes, les pétainistes collabos, les profiteurs colonialistes et les racistes. Dans le coin gauche du ring, les généreux humanistes qui viennent en "Afrique" pour "donner et pas recevoir", des hommes et des femmes qui ne sont certes pas exempts de défauts (qui est un alcoolique, qui est infidèle, qui est amoureux mais lâche par crainte de perdre sa sécurité) mais ça les rend tellement humains et à même de donner des leçons aux lecteurs. Car, oui, c'est de l'accusation que j'ai ressentie dans le message de l'auteur : soit vous êtes avec lui et vous dites qu'il faut donner, que la France est une terre d'Asile, que l'Etat doit aider tous ceux qui viennent y chercher refuge et que personne ne doit être rejeté, soit vous êtes contre lui et donc à ranger dans l'une ou l'autre des cases du coin droit du ring. Pour assener son message, l'auteur abuse de personnages caricaturaux. Les expatriés y sont de purs porcs immondes sur lesquels on aurait envie de cracher dès la première rencontre. Les policiers et gendarmes sont des feignasses aux faciès et aux comportements de gros singes stupides. Et le seul personnage principal qui ne soit pas de gauche est un romantique idiot qui se révèle colonialiste et rétrograde. A ces personnages détestables, l'auteur oppose des situations chocs de pauvres misérables qui ne demandent rien d'autre que de survivre, d'être soignés par la médecine française, de recevoir le chômage et peut-être même le RMI mais n'exagérons rien, ou tout simplement de partager une portion du "paradis français". Vous autres qui vivez dans l'opulence par le simple fait d'être né en France, vous n'aurez pas le toupet de dire que vous ne devez pas donner une part de votre bonheur au reste du monde, n'est-ce pas ? La seule fois où l'auteur fait preuve d'un peu moins de manichéisme c'est quand il donne brièvement la parole à deux femmes de Mayotte qui affirment qu'elles ne veulent pas de tous ces clandestins et que la population locale souhaiterait qu'ils repartent chez eux, au détriment des bons sentiments des "gentils" français. Mais l'auteur s'empresse de montrer le côté égoïste et égocentrique de ces femmes et on n'entendra plus leur avis par la suite. Subjectivement, j'ai détesté le message politique de l'auteur que j'ai trouvé grossièrement amené et sans aucun contrepoids pour le nuancer. Mes 15 ans de vie d'expatrié en Afrique expliquent probablement cela (après tout, ne m'accuse-t-il pas directement ?) et le fait que je n'estime vraiment pas que la solution de générosité qu'il prône permette de résoudre la situation. Objectivement, j'ai trouvé sa démonstration trop manichéenne et imposée avec trop peu de demi-mesure pour être appréciée. Certes la scène finale fait vraiment mal (n'importe quelle scène impliquant des enfants ferait aussi mal), mais si elle ne sert qu'un message d'accusation faussé (si c'est arrivé, c'est de votre faute, alors levez-vous et battez-vous à mes côtés car ma solution est l'unique possible !), elle manque pour moi son but. Maintenant, politiquement parlant, il y aurait et il y a encore infiniment de réflexion avant de savoir comment résoudre l'intolérable situation des populations défavorisées, mais je doute que ce soit en culpabilisant les lecteurs que cela fonctionne. Je n'ai pas et je ne voterai jamais pour Sarkozy ni plus à droite que lui mais je résumerai ma pensée en disant que je ne suis pas pour autant du même avis politique que l'auteur sur le sujet d'une France Terre d'Asile. Cela ne résoudrait rien à moyen ni à long terme. Je n'ai donc pas pris de plaisir à lire cette BD qui, au contraire, m'a souvent agacé. Mais elle évite la note minimale car elle m'est malgré tout apparue instructive sur une certaine vision de la situation à Mayotte, territoire différent de l'Afrique telle que je la connais car le "paradis français" y est bien plus proche et horriblement plus tentant pour les populations voisines défavorisées, au point de créer une situation vraiment perverse et détestable où l'égoïsme des peuples est quasiment obligé de se révéler.
Mes camarades ont bien posé les enjeux de la lecture de "Droit du sol" ; à cela se rajoute le débat lancé par le Ministre de l'Immigration et de l'identité nationale sur, justement, cette identité nationale. Qu'est-ce qu'être français ? C'est parler la langue française ? C'est naître sur le territoire ? C'est s'intégrer, aller à l'école, trouver du boulot ? Je ne pense pas qu'il y ait de réponse définitive ; mais, à 5 000 ou 10 000 kilomètres de la métropole, le concept même prend toute son importance. A Mayotte, nouveau département, se croise natifs qui essaient de survivre, parfois en vendant leur corps, métropolitains aux motivations diverses, allant de l'humanitaire à la concupiscence la plus crasse. L’atout de Charles Masson est d'essayer de présenter un panorama vaste de toutes ces identités, qui essaient toutes de tirer profit de leur appartenance à la nation française... Avec en toile de fond l'arrivée au pouvoir de Sarkozy et sa conception toute particulière de l'identité française... Masson essaie de nuancer son propos, il n'y a pas de bons ou de mauvais maorais, de bons ou de mauvais métropolitains... C'est bien, mais en plus de nuancer, il aurait bien fait d'approfondir le débat sous-jacent. Des tas de questions sont posées par ce one shot, peu trouvent de réponse, ou du moins de prises de position... Dommage, car l'ouvrage aurait ainsi pu avoir un véritable retentissement, et participer lui aussi au débat... Cependant la lecture fut intéressante, même si j'aurais aimé découvrir un peu plus la culture de Mayotte... Un petit 3,5/5 mérité.
Entre roman graphique et documentaire, cette BD fiction décrit la vie sur une île Française loin de la métropole : Mayotte. Ce pavé de plus de 400 pages se lit facilement. Par le biais de plusieurs personnages, on a une description des contextes politique, social et économique. Le récit est sans compromis, la dernière page étant même l'apothéose de l'horreur. L'auteur décrit les rapports qui unissent les autochtones, les métropolitains blancs et les moins enviables, les clandestins. La liste des sujets abordés est énorme. J'ai trouvé passionnant cette richesse du scénario. Il ne tombe jamais dans la caricature bien au contraire, il reste factuel et se veut le plus réaliste possible. Le dessin N&B m'a plu. Il m'a fait penser à celui de Frederik Peeters dans le trait. Pour continuer la comparaison, la narration y est ici également exemplaire. C'est simple, je n'ai pas trouvé de défaut à cette BD. Le prix peut paraître élevé au premier abord mais en fait le rapport qualité/prix est excellent. Je n'ai pas du tout parlé du contenu car la lecture à l'aveugle n'en sera que meilleure. On passe par tous les sentiments au fil des pages. Ce one shot est d'une richesse rare dans le monde de la BD. A découvrir de toute urgence.
A l'heure des polémiques posées par le film "Welcome" et le référendum sur la départementalisation française de Mayotte, "Droit du sol" de Charles Masson tombe à point nommé. Si le trait sombre et gras de ce pavé de 433 pages tout en noir et blanc n'avait rien d'attrayant à mes yeux de prime abord, l'immersion dans ce quotidien ultra réaliste, souvent sordide, mais aussi plein d'humanité a tout emporté. Moi qui tiquais sur le graphisme, je me suis même surpris à admirer l'expressivité et le rendu de certaines planches. C'est simple, épuré, dénudé, comme les corps de ces clandestins qui nous sont révélés... Corps flottants après le naufrage des barques des passeurs, corps violés pour prix de ce voyage, corps exploités pour sortir de cette misère, mais heureusement aussi corps passionnés, transcendés et corps caressés. Car ce trait si marqué de Charles Masson sert son lourd récit à merveille. Lourd, car c'est dans la mare que fait du bruit ce pavé, comme cet enfant qu'on jette par dessus bord pour éviter une patrouille policière... Moi qui ne connaissais Mayotte, Madagascar et ses environs que par les rares reportages sur lesquels j'avais pu tomber et l'actualité souvent tragique des JT, j'ai pris cette BD en pleine gueule... On croyait le colonialisme éteint, l'esclavagisme abolit... quelle naïveté ! Les personnages dont on nous brosse le portrait m'ont parfois donné envie de vomir... Heureusement, les protagonistes de cette histoire ne vont faire que croiser ces ordures notoires. En effet, on va suivre quatre/cinq personnages principaux à la psychologie complexe (mais pas prise de tête), aux parcours très différents, loin des clichés et qui rendent parfaitement compte du quotidien de cette ile. Car ces métropolitains expatriés pour des raisons des plus différentes, vont être confronté, encaisser et digérer la dure réalité de cette misère et de l'immigration qui en découle de façons différentes. C'est ces tranches de vie si particulières que nous propose Charles Masson, tout en dénonçant de façon intelligente ce qui se joue là-bas et les drames qui se nouent, sans non plus sombrer dans le pessimisme. Une oeuvre forte qui ne peut laisser indifférent.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site