Ikigami - Préavis de mort (Ikigami)
Dans un futur proche, sous un régime autoritaire, tous les enfants sont vaccinés à l'entrée de l'école. Un vaccin sur mille contient une micro-capsule qui explosera entre l'âge de 18 et 24 ans, causant la mort de la personne. Tout ça, afin d'apprendre au peuple la "valeur de la vie".
BDs adaptées en film La Mort Les prix lecteurs BDTheque 2009 Les Uchronies Seinen Shogakukan
Dans ce pays, tous les enfants sont vaccinés à leur entrée à l'école. Mais un vaccin sur mille contient une micro-capsule qui explosera entre l'âge de 18 et 24 ans, causant la mort de la personne. Le fonctionnaire Fujimoto a pour mission de délivrer dans sa circonscription l'Ikigami, le préavis de décès annonçant qu'il ne reste plus que 24 heures avant explosion de la capsule. En suivant de près ou de loin le sort des hommes et des femmes à qui il vient annoncer la mort, il en vient à se poser des questions interdites sur la légitimité de cette "Loi pour la Prospérité Nationale".
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Date de parution | 29 Janvier 2009 |
Statut histoire | Série terminée 10 tomes parus |
13/04/2009
| Rody Sansei
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Les avis
Je n’ai que rarement lu d’œuvre aussi contestataire, riche et bien menée dans le petit monde de la bande dessinée et du manga. Cette série sonne comme un cri du cœur de Motorô Mase destiné à ses compatriotes pour les pousser à réagir, à prendre leur destin en main et à lutter contre toute atteinte à la liberté et de faire très attention aux dérives totalitaires. En cela le message porté dans Ikigami est transposable dans n’importe quelle société bien que l’histoire soit ancrée dans le cadre et la culture japonaise. Dès les 40 premières pages on est complètement plongé dans cette dictature de la joie et la bonne humeur qui flirte bon avec « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley où le bonheur est imposé sous peine d’être considéré comme un « dégénéré ». L’auteur a très bien compris les techniques de manipulation des masses utilisées par ces régimes dictatoriaux qui s’approprient les mots, les détournent de leur vrai sens pour endoctriner (ici la doctrine "kokuhan") les humains. Ainsi on parle de la journée de « vaccination de prospérité nationale » pour ce jour de rentrée des classes en CP où les enfants reçoivent leur billet de loterie qui déterminera s’ils vont crever ou non plus tard. Le bonheur est imposé de force par la peur. Une idéologie imposée et obligatoire où cet enseignant annonce que les éléments les plus « séditieux » seront éliminés. Là, on flirt avec « Les monades urbaines » de Robert Silverberg. On pourrait évidemment se dire que cette idée de départ de tuer au hasard des gens pour leur apprendre "la valeur de la vie" est complètement tordue et qu’il est improbable que cette idée soit appliquée un jour dans notre réalité. Oui et non. Non parce que je signale que durant la seconde guerre mondiale le régime nazi a assassiné des millions de juifs et de tziganes, pour quoi ? Pour des idées. Un monde meilleur tout ça… Les idées peuvent tuer ! (lire la postface du tome 1 sur l'administration où chacun fait son boulot de sorte qu'on envoie des gens à la mort sans être "responsable" directement.) Et oui aussi car l’histoire est tout aussi saugrenue que dans un « Battle Royal » mais à la limite on s’en fout car ce n’est pas le propos. Il faut OUBLIER LE PITCH DE DEPART car l’auteur veut nous amener sur une réflexion plus profonde. Evidemment que c’est aussi débile qu’un « Battle Royal » mais ce sont toutes les petites piques de l’auteur qu’il faut repérer et analyser. Mase nous livre une critique acide sur la machine étatique et ses fonctionnaires qui broient des gens pour des concepts absurdes. La loi de prospérité nationale est mise en place pour faire comprendre aux citoyens l’importance de la vie qui ne doit pas être méprisée. A l’origine la loi a été votée pour repousser la criminalité, la délinquance et mettre fin aux guerres nous dit-on. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes, si la criminalité n’augmente pas elle ne diminue pas pour autant. Alors pourquoi continuer ? Là encore, grosse attaque de l’auteur sur le manque de mobilisation des gens qui maintiennent le statu quo, incapables de prendre en mains leur destinée, de dire non, de se rebeller contre le système. Il s’en prend aussi bien aux jeunes qu’aux vieux. Les plus anciens qui ont laissé tomber le combat pour se conformer au système et les plus jeunes qu’il compare à des zombies. On le voit dans cette conversation entre Fujimoto (le personnage principal) et son boss Ichii qui en bon rouage de la machine (extrêmement bien huilée), est bien content que de nos jours les jeunes ne soient plus préoccupés par ce genre de choses et aient définitivement baissé les bras. Pour en revenir à la série en elle-même, le découpage est excellent et l’histoire parfaitement rythmée de bout en bout (de grosses révélations jusqu’à la toute fin pour les plus sceptiques) où on suivra Fujimoto, le fonctionnaire de la mort, le rouage, celui qui délivre l’Ikigami le préavis de mort aux personnes à qui il ne reste plus que 24 heures à vivre. Fujimoto est un personnage controversé, il pense que la loi n’est peut être pas si juste qu’on veut bien le dire mais il ne peut partager ses impressions sous peine d’être un traître à la nation. Suspicions de la hiérarchie, interrogatoires, la gestapo n’a même pas confiance en son personnel. En parallèle on suit les dernières heures de ces condamnés à mort « pour la nation », ces « héros ». C’est dans ces histoires qu’on trouve le meilleur de la série je trouve. Des récits qui ne sont jamais les mêmes, toujours dans le vrais, l’auteur n’épargne personne et ne s’autocensure pas. Qu’est-ce que vous feriez s’il vous rester 24h à vivre ? L’auteur brosse plusieurs portraits qui vous feront couler des larmes si vous avez un cœur d’artichaut. Et si vous avez un cœur de pierre vous penserez quand même que l’auteur est dans le juste. La première est la plus choquante mais réaliste avec cet ancien lycéen tête de turc qui va faire payer ceux qui lui ont pourri la vie, et alors qu’il commençait à peine à se remettre il reçoit l’Ikigami. Terrible leçon : l’Ikigami est cynique et frappe n’importe qui, le fort comme le faible, il n’y a pas de justice. Il y a aussi beaucoup d’histoires émouvantes comme celle au dénouement shakespearien dans le tome 2 « la drogue d’amour pur ». Des histoires qui poussent à la révolte, « sous la peinture une âme » (tome 5) ou le dernier message contestataire d’un artiste tagueur. Une histoire avec un jeune fêlé fasciste qui prend son rôle de vierge à sacrifier sur l’autel de la patrie très à cœur. Freud aurait 2 ou 3 truc à redire sur son cas. Bref, des histoires qui ne se ressemblent pas et jamais répétitives ou lassantes. C’est passionnant de bout en bout. Trop de choses à dire… Un petit mot sur le dessin quand même que je trouve excellent. Les émotions sont très bien retranscrites sur les visages. L’auteur sait parfaitement adapter son dessin à l’ambiance du récit. Dès les premières pages du tome 1 quand la directrice d’école fait son discours de rentrée, elle passe du coq à l’âne : on a des grands sourires et on souhaite une joyeuse année à tous les bambins puis subitement, fond sombre, faciès froid, regard mort : « Parmi vous, certains mourront avant l’âge adulte »… ambiance tendue, regards baissés, ça déconne plus. Une série courte pour conclure (10 tomes), rythmée et qui se tient du début à la fin. Et un vrai et puissant message de l’auteur qui invite à ne jamais se reposer sur ses acquis, rechercher la justice et la désobéissance civile est un devoir lorsque les gouvernements bafouent les droits et la vie de ses citoyens. Oui, un appel à la résistance en résumé. Ce n’est pas pour rien s’il ne retranscrit pas la série dans un futur idéalisé à la « Minority Report » mais à notre époque contemporaine. Il FAUT lire Ikigami.
Quel plaisir! Jusque là je n'étais adepte que de la franco-belge et j'ai choisi Ikigami, Monster et Quartier lointain (grâce aux avis de notre site préféré !) pour me lancer dans le manga. Autant avec les 2 autres je savais ne prendre aucun risque, autant avec Ikigami (seulement 2 avis postés à l'époque) je ne savais pas où j'allais. Bien m'en a pris, et c'est pourquoi je poste aujourd'hui car cette série vaut le détour. Je ne suis pas spécialiste de manga mais l'histoire est cohérente et bien menée, le dessin colle parfaitement à l'ambiance et au scénario et j'ai beaucoup aimé le format de 2 épisodes par histoire. Pour moi le fait que la série s'arrête en 10 tomes est plutôt une bonne chose, les auteurs manga ont parfois tendance à un peu trop s'enflammer et j'ai peur que l'on ait fini par tourner en rond. A découvrir sans hésiter.
Un manga comme je les aime ! De la SF d'anticipation qui dépeint une société qui condamne 0.1% de sa jeunesse pour que le reste de la population redécouvre "la valeur de la vie". Voici une société "bureaucratique totalitaire douce" qui sous couvert de ses couches successives de technocratie et de bonheur à tout prix (surtout économique...) a su rendre normale et acceptée une des choses les pires que l'on puisse concevoir : une peine de mort aléatoire pour des innocents pleinement accepté par sa population. Ou comment mettre en exergue le concept sociologique du monopole légitime de la violence physique par l'État... C'est donc l'histoire d'un de ces jeunes bureaucrates chargés d'aller remettre ces fameux ikigami aux "heureux élus" pour leur signifier qu'il ne leur reste plus que 24h à vivre. Chaque tome nous propose deux histoires mettant en scène les réactions diverses de ces jeunes mis au pied du mur. Passé la surprise de cette terrible idée, on pourrait avoir peur de tourner rapidement en rond. Mais Motorô Mase sait rebondir à merveille, faire évoluer son passeur de témoin (que l'on ne voit d'ailleurs que très peu), et surtout nous pousser vers l'empathie envers chacun de ses personnages. On les comprend. On les plaint. On s'imagine à leur place. On s'interroge à leur place : et MOI, je ferais quoi de ces dernière 24 heures ??? Côté dessin, on retrouve son trait fin et précis, que j'avais apprécié dans Heads, qui donne lieu à certaines planches magnifiques ! Certaines des doubles pages donnent une force au récit ! Et puis le découpage est d'une grande lisibilité. Bref, ça se lit tout seul ! Alors espérons que la suite soit du même tenant et nous donne à lire jusqu'à la lie un grand cru côté manga.
On m'avait dit le plus grand bien de ce manga et pour une fois je ne suis pas déçu, c'est effectivement excellent pour l'instant. Réussir un bon récit d'anticipation, qui parvient à la fois à transporter le lecteur dans un futur proche ou une réalité alternative, tout en proposant entre les lignes un regard critique sur le monde d'aujourd'hui, n'est pas donné à tout le monde. Dans le même genre, je sortais juste de ma lecture de DMZ, qui à mes yeux cumule les tares : personnages sans substance et scénario bateau et mal foutu, prétention, immaturité, absence totale de finesse... Ikigami est à l'exact opposé, sans grosses ficelles ni gros sabots. L'auteur a certes des choses à dire sur la société actuelle, mais ne le fait pas comme un adolescent tout fier de lui qui cherche à faire le malin, il a l'intelligence de comprendre qu'une oeuvre qui prétend se doter d'une dimension supplémentaire par rapport à de la "bête" SF doit d'abord avoir de bonnes bases. Un postulat de départ pas trop invraisemblable, de bonnes intrigues, des personnages auxquels on puisse s'intéresser, il y a tout ça dans Ikigami. Il n'y a pas de gentils, pas de méchants, il y a juste une administration qui brise arbitrairement des vies en frappant à l'aveuglette, des gens qui la servent, d'autres qui la subissent, une majorité qui se sent à peine concernée par tout ça, et un gouvernement qui se félicite des résultats obtenus. Si vous avez déjà eu affaire à un système bureaucratique inhumain, mettons à la gestion de l'immigration en France, vous verrez que toute l'organisation présentée dans Ikigami est parfaitement plausible et réaliste, elle a juste une façon encore plus extrême de broyer ses victimes. Les histoires ne finissent pas toujours horriblement mal puisqu'il y a parfois une petite note d'espoir, mais ça reste tragique (sans être larmoyant) et il n'y a jamais de happy end pourrie genre "Machin échappe à la mort à la dernière minute". Le personnage qui sert de fil conducteur, bien qu'il reste finalement un personnage secondaire des histoires, se révèle particulièrement crédible dans le rôle du fonctionnaire un peu critique de son boulot mais pas assez pour prendre le risque de se rebeller, qui démarre sérieusement puis commence à faire quelques entorses au règlement... Bref, j'espère très fort que les prochains tomes garderont le même niveau de qualité parce que pour le moment, c'est vraiment l'une des meilleures séries que j'ai lues depuis longtemps.
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