Kursk - Tourmente d'acier
Âpre récit de guerre, sur fond d’Opération Barbarossa – attaque lancée par l’Allemagne nazie sur la Russie.
1939 - 1945 : La Seconde Guerre Mondiale Russie [Seconde Guerre mondiale] Front de l'Est
Seconde Guerre Mondiale. Sur le front russe, des soldats allemands sont lancés dans une bataille à laquelle ils ne comprennent pas grand-chose… Ballotté de vagues attaques en replis incertains, auxquels viennent s’ajouter les aléas du climat, chacun essaie de survivre, tout en ne pouvant éviter d’obéir aux ordres. Blessé, le narrateur est brutalement rapatrié, laissant le lecteur dans l’impossibilité de comprendre l’ampleur réelle de cette bataille.
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Date de parution | Mars 2000 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Rien d'étonnant à ce que l'histoire soit du côté allemand, car c'est un ouvrage autobiographique. Dimitri, c'est Guy Mouminoux, alias Guy Sajer, auteur du fameux "Soldat oublié", récit de son passage dans la Wehrmacht de 1943 à 1945 (à 18 ans!). Un témoignage parfois hallucinant sur ce qu'ont vécu les fantassins allemands sur le front russe. Je vous recommande de lire "Le soldat oublié" avant ou après avoir vu la BD. Dimitri a réalisé une autre BD sur cette période : Raspoutitsa en 1989, sur le sort des prisonniers allemands des russes, après Stalingrad. Survivant de l'horreur, Guy Sajer est parti en 2022 à l'âge de 94 ans . RIP.
"Kursk" fait partie des nombreux one-shots historiques de Dimitri, et c'est de tous ceux que j'ai lus, sans doute le plus véridique, le plus réaliste et celui qui sonne le plus vrai. Son héros est confronté à une guerre totale dont la survie ne tient qu'à la cohésion, à la solidarité et à la discipline d'un groupe ; comme dans Kaleunt, le point de vue est allemand, et Dimitri se sert d'un soldat allemand qui décrit tout ce qu'il fait et ce qu'il voit, la narration très bavarde et un peu pesante, est un descriptif amer sur ce front russe qui est vu à travers les yeux de ce soldat balloté par des combats acharnés, car cette bataille de Koursk (ou Kursk) marque le repli allemand et le commencement de la fin dans cette Seconde guerre mondiale. On a coutume de dire que la bataille de Stalingrad marque un tournant capital dans cette guerre, en accréditant le principe de rouleau compresseur des Soviets vers Berlin et affaiblissant considérablement la Wehrmacht, mais je crois que la bataille de Koursk en est un des jalons importants. Le propos et l'idéologie développés rejoignent un peu Kaleunt qui montrait aussi la cohésion d'un groupe, en l'occurrence un équipage de sous-marin, à la différence que comme je le disais dans mon avis, on pouvait être gêné par le parti-pris allemand, en voyant couler les bateaux des Alliés ; ici, avec le front russe, on a un peu moins ce sentiment, mais les Russes faisaient aussi partie des Alliés, et on peut donc trouver dérangeant le trop grand intérêt porté à ces soldats allemands que l'auteur tente de présenter comme n'importe quels combattants qui obéissent à des ordres et qui commettent des atrocités, même s'il essaie de réduire le cliché de la cruauté germanique. Mais en définitive, comme dans Kaleunt, on ressort de cette lecture en constatant que quelles que soient les armées, alliées ou ennemies, tous ces pauvres types se trouvent dépassés par ce conflit et ont perdu toutes leurs illusions. Le dessin est toujours aussi maîtrisé et solide, je le trouve proprement magnifique, c'est sans doute la première Bd de Dimitri que je lis avec un dessin poussé à une telle perfection dans les détails, il fait passer à travers ses images une guerre brutale et d'une violence inouïe, c'est absolument prodigieux. Graphiquement, c'est un coup de maître, je suis un peu plus réservé sur le fond et la narration.
Cette BD est un vrai témoignage historique, le témoignage d’un soldat de l’armée allemande engagé dans la bataille de Kursk en Ukraine sur le front Russe. Un soldat qui ne sait pas vraiment où il est, qui n’a aucune idée des positions stratégiques que seuls les commandants connaissent, qui ne sait même pas ce à quoi il va être confronté ni quelles sont les tailles des armées en présence. Mais un soldat qui va être témoin pendant de très longs jours de l’atrocité de la guerre, de l’abrutissement des soldats exténués, de l’absurdité de cette boucherie où tous se font massacrer et dont personne ne sort vainqueur. On est vraiment plongé dedans, c’est bien raconté, totalement réaliste puisque probablement totalement véridique. Pas de héros, pas d’intrigue complexe, pas de grand final, juste un récit des faits dans leur crudité et leur horreur. Un document historique de très bonne qualité.
Cette BD est, à ce jour, le dernier album de Dimitri ayant pour cadre la seconde guerre mondiale. Ce thème est l’un des sujets favoris de l’auteur dans lesquelles ses scénarii sont majoritairement basés sur des soldats allemands (Kaleunt, Lindeburg) ou japonais (Kamikazes). Cette fois-ci l’histoire se déroule sur le front russe, en Ukraine plus précisément, en compagnie d’un soldat allemand et de son régiment. Je suppose que le scénario débute lors de l’offensive allemande puisque la bataille a pour objectif la prise de « Koursk » (ou « Kursk »). Tout au long du livre, j’ai ressenti de la part de l’auteur une volonté de décrire l’horreur de la guerre. Dans cette BD, il n’y a aucune explication sur le mouvement des troupes russes ou allemandes et aucune date. Tout est centré sur le destin d’un soldat allemand dont le lecteur partage ses espoirs et ses craintes. J’ai un avis mitigé sur cet album, autant le dessin et le thème me plaisent, autant la voix off utilisée par l’auteur tout au long de cette BD m’irrite. Je trouve que cette narration est trop présente et gène fortement le plaisir de lecture. Il est d’ailleurs assez bizarre que Dimitri ait utilisé ce mode de narration car ses autres albums étaient moins « bavards » en voix off et donc, à mon avis, plus plaisants à lire. « Kursk » est finalement une BD de plus qui montre l’horreur de la guerre. Par rapport aux autres BD ayant traité ce thème, je trouve dommage que Dimitri utilise trop la voix off. Ceci a considérablement gêné mon plaisir de lecture. Un conseil pour ceux qui veulent découvrir les one-shots de Dimitri : jetez un coup d’œil sur Kaleunt, Kamikazes ou encore « Lindeburg » qui sont plus agréables à lire que « Kursk ».
Un récit proprement assommant, dans le bon sens du terme : la narration lourde, centrée sur un seul et unique personnage – un soldat allemand qui tue, et voit ses copains se faire tuer – est très efficace… Historiquement très solide, l’œuvre dépasse largement le cadre du récit de guerre ou du documentaire pour se faire dénonciation de la misère humaine provoquée par les conflits, « tourmentes d’acier » dans lesquelles viennent se perdre de pauvres troufions qui n’ont rien demandé à personne, et ne savent vraiment pas ce qu’ils font là… Mais le font quand même. Absurdité de la guerre, conditions éprouvantes (et c’est un euphémisme), mise au pas de toutes les sensations autres que la douleur ou la fatigue, ce bouquin se hisse, à mon avis et dans son genre, au niveau du magistral « C’était la guerre des tranchées » de Tardi. A ceci près que, comme dans « Kaleunt », l’auteur choisit délibérément un point de vue allemand, histoire d’insister sur le fait que les vaincus de ce conflit ont beau l’avoir provoqué par la folie de quelques-uns, beaucoup d’autres l’ont payé de leur chair et de leur sang – quel que soit leur camp.
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