A bord de l'Etoile Matutine

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 26 avis)

Librement adapté du roman de Pierre Mac Orlan.


1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières Adaptations de romans en BD Gobelins, l'École de l'Image Pirates

Un homme sur la fin de ses jours nous fait la lecture du roman de sa jeunesse. Craignant toujours le couperet de la justice, c’est sur le ton du secret de la confidence qu’il nous raconte sa participation, plutôt en tant que témoin, au monde des gentilshommes de fortune du début du dix huitième siècle...

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 27 Mai 2009
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série A bord de l'Etoile Matutine © Soleil 2009
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 26 avis)
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23/05/2009 | Miranda
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Par Emka
Note: 4/5
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Riff Reb’s pose ici la première pierre de sa trilogie maritime. Inspiré du roman de Pierre Mac Orlan, ce récit nous emmène dans les entrailles d’un navire pirate loin des clichés romantiques habituels. Ici, la mer n’a rien de noble, et les hommes qui la traversent non plus. Riff Reb’s s’empare des mots de Mac Orlan pour peindre un univers sombre, poisseux, peuplé de figures brisées qui errent entre survie, violence et solitude. Pas d’héroïsme ici, juste la vie brute, racontée par un vieux mousse qui, le temps d’un album, vide sa mémoire comme on crache du sel. Le récit avance par fragments, une suite d’anecdotes plus ou moins reliées qui brossent le quotidien des pirates. Cet aspect presque décousu peut frustrer, car on navigue d’une scène à l’autre sans fil rouge évident. Mais dans le fond, c’est aussi ce qui fait la force du livre : la mer est imprévisible, tout comme les histoires qui la composent. Riff Reb’s joue avec cette structure en alternant moments de tension, réminiscences nostalgiques et épisodes glaçants. L’action est souvent reléguée hors-champ, l’auteur préférant montrer les silences, les coulisses, ou les lendemains désabusés. On est loin des grandes aventures de pirates, et c’est ce qui rend cet album aussi singulier. Graphiquement, Riff Reb’s frappe fort. Le trait est détaillé, rugueux, et donne vie à des visages marqués par la fatigue, le sel et la violence. Ces marins sont des trognes, des gueules inoubliables, grotesques et touchantes à la fois. Et puis il y a la bichromie : chaque chapitre a sa teinte, jaune, rouge, vert, bleu, une couleur qui sature les pages et installe une ambiance unique. Riff Reb’s joue aussi avec les cadrages, alternant gros plans, plans larges et compositions théâtrales. Il y a une fluidité et une vraie maîtrise dans sa mise en scène. Le résultat est très bon, même si l’ensemble n’est pas parfait. L’absence de fil conducteur laisse parfois une impression de dispersion, comme si le récit hésitait entre le recueil d’anecdotes et l’histoire d’un personnage central. Mais ce côté fragmenté, presque chaotique, colle aussi au sujet : la vie de ces hommes est faite de petits bouts, de souvenirs qui s’effilochent. Riff Reb’s capte cette mélancolie sans en faire trop, et c’est ce qui m’a plu. Un antimythe efficace. Pas de bravoure ni de gloriole, juste la mer, immense et indifférente, et ces hommes qui s’y perdent. Riff Reb’s réussit à saisir l’humanité dans ce qu’elle a de plus sombre, avec une force graphique qui laisse une empreinte durable. C’est une belle entrée en matière pour sa trilogie, moins aboutie que Le Loup des Mers, mais déjà pleine de caractère.

09/12/2024 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Voilà une adaptation très réussie d’un récit de Pierre Mac Orlan, une histoire de piraterie comme on en lit peu… et pour cause : pas de héros, pas d’abordages tapageurs, pas de personnages extraordinaires. Non, plutôt un journal de bord qui décrit le quotidien bien ordinaire d’un équipage. Divisé en chapitres qui racontent chacun un épisode de la vie finalement assez routinière d’un pirate au 18e siècle, le récit est fluide, bien écrit et sobre. C’est ce qui en fait la force et l’efficacité. Une suite de rencontres, d’événements, de rêves et de désillusions. Pas de héros, pas de trésor (ou si peu…) mais une floppée d’hommes qui traînent leur misérable vie sur les océans. Ajoutons-y une critique de la société de l’époque qui condamne les plus déshérités à une vie de misère et de dangers. Le dessin en bichromie de Riff Reb’s est toujours aussi beau et toujours aussi puissant. On entend craquer le bateau sous le vent, on ressent la terreur des marins épouvantés par les fantômes de leurs victimes et la tension permanente entre eux qui ne demande qu’à tourner en bain de sang… et pourtant, des éclairs d’humanité subsistent. Des vies de pirates racontées crument, sans fard, sans héros, sans beaucoup d’espoir et la puissance de la mer, omniprésente, dont aucun ne peut plus se passer. Un album remarquable.

07/11/2021 (modifier)
Par Solo
Note: 5/5
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Une claque pour le récit, une deuxième pour le dessin. Quelle poignante surprise, quel voyage. Avec Riff Reb's, vogue la galère! Il faut que je lise à tout prix les autres créations/adaptations de cet auteur. Il y a des BD où on comprend tout, où on saisit ce que veut transmettre l'auteur. Du moins on trouve un sens qui nous est propre. Et cette BD, ça m'parle. Tous ces individus qui naissent dans la misère ou qui tombent dedans si violemment qu'ils ne réussiront jamais à remonter la pente. Tous ceux-là, qui ne trouveront jamais leur place dans la société, elle qui les laisse se perdre en mer, dans la brume de leurs pipes et la cécité de leur ivresse. A cette époque, ceux-là pouvaient devenir de viles canailles, dont seul le code des pirates pouvait encore leur permettre de garder une espèce ce dignité. La piraterie, c'est le dernier voyage avant le trépas. Si tu t'éloignes trop longtemps de la mer, la vie ne vaut pas un sou. Et si tu n'es plus pirate, tu n'existes plus. Ils sont cruels oui, mais ils sont aussi humains. Cette mort, ils la rejettent tous aussi longtemps qu'ils leur restent un souffle de vie et un espoir pour retourner à bord de leur navire. On ne trouve plus de beauté chez ces hommes. Elle existe, mais elle est enfouie. Pourtant parfois, elle veut se présenter lorsqu'on l'appelle : un discours de 5 ou 6 lignes sur une mer étoilée (sublime), ce chant si mélodieux qu'il peut briser le plus fort cœur de pirate, ou encore le portrait d'un doux et innocent visage qui leur est tombé entre les mains... Mais non, leur secrète beauté restera bien cachée, ils n'y croient pas et préfèrent se débarrasser de tout ça, soi-disant sans état d'âme. Ils choisissent d'aller jusqu'au bout de leur aventure de misère qui n'indique pas le nord, et courir après leur dernier rêve qui se résumera être en réalité une course à la survie à chaque quinzaine, si ce n'est moins. Le dessin est tellement profond avec ces ombres et ces courbes, ces marins à la trogne pas possible, cette mer qui nous emporte avec eux... Et puis l'écriture, ahhh mais cette écriture ! Je ne sais pas si beaucoup des textes sont tirés du roman. Si oui, c'est la sélection la plus intelligente au monde, si non alors l'auteur possède un talent d'une richesse sans nom. Culte pour moi, et qu'on vienne pas me l'enlever ! C'est mon trésor ! :)

31/03/2021 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
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« A bord de l’Etoile Matutine » était la première brique de la trilogie marine de l’auteur havrais. Certes, pas la plus marquante mais déjà d’une très bonne tenue par rapport à ses deux chefs d’œuvre qui allaient nous transporter par la suite, Le Loup des Mers, l’adaptation de Jack London qui refermerait ladite trilogie, et plus récemment Le Vagabond des Étoiles, également inspiré de l’auteur précité. Cette fois, il s’agit de courts récits d’un autre écrivain, Pierre Mac Orlan. Français et d’une notoriété moindre que London, Mac Orlan a publié de nombreuses nouvelles et était réputé pour ses descriptions des bas-fonds parisiens. Avec ce recueil, il évoque le quotidien de pirates hauts en couleur, assez éloignés de l’image d’Epinal de l’abominable pillard sans foi ni loi, même si bien sûr on n’est pas chez les enfants de chœur. Bien évidemment, on est toujours saisi par le dessin très précis et hyper expressif de Riff Reb’s dans ses ombrés faisant ressortir de façon inquiétante les visages taillés au crochet de nos flibustiers des mers. Si ces tranches de vie peuvent parfois susciter l’effroi, elles nous obligent parallèlement à ressentir de l’empathie pour ces mauvais garçons, qui en embarquant sur ces galions volés, ne faisaient que fuir un système qui ne voulait pas d’eux. La réinsertion sociale ne faisait pas partie du vocabulaire des institutions de l’époque… Bien sûr, pour apprécier pleinement cette œuvre, il vaudrait mieux être fan du format littéraire que sont les nouvelles. Si ce n’est pas le cas (et ça ne l’est pas pour moi qui aime m’immerger dans des récits un peu consistants), on pourra tout de même goûter la qualité de l’écriture, la description d’un folklore lié à une « confrérie » méconnue et souvent diabolisée, comme pouvaient l’être les Indiens durant la conquête de l’Amérique.

13/02/2020 (modifier)
L'avatar du posteur eric2vzoul

Il s'agit d'une histoire de pirates, décomposée en courts chapitres qui racontent chacun un épisode de la vie du narrateur. Devenu vieux, celui-ci se penche, non sans nostalgie, sur les divers épisodes, tantôt épiques, tantôt triviaux, parfois navrants de son passé de gamin perdu devenu pirate par hasard. Un récit d'aventure, un vrai ; merci à Riff Reb's de sortir Pierre Mac Orlan des oubliettes ! Certes, les anecdotes sont assez convenues, on a droit à tous les clichés de la vie à bord et des virées à terre de joyeux pirates, les chapitres sont un peu inégaux, et construisent un ensemble décousu, comme les souvenirs d'un vieillard. Mais le style, teinté d'une noire ironie, est enlevé et le lecteur n'a pas le temps de s'ennuyer. Et surtout, il y a le découpage nerveux de Riff Reb's, au sommet de son art, qui brille dans cette adaptation du roman, et le met en image d'un trait virtuose excellent lorsqu'il s'agit de rendre les ambiances maritimes. C'est de la fausse couleur, réalisée avec du lavis coloré dans des tons tranchés, qui changent à chaque chapitre, mais qui a la puissance d'un noir et blanc profond. Chaque planche mériterait d'être encadrée. Et surtout, cet album constitue le premier volume de la “trilogie maritime” de Riff Reb's, qui inaugure le meilleur pour la suite : Le Loup des Mers et Hommes à la mer vont confirmer le grand talent de l'auteur.

10/07/2016 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
L'avatar du posteur Gaston

J'adore le dessin de Riff Reb's. Quel virtuose du dessin ! C'est un vrai régal pour les yeux ! En revanche, le scénario m'a moins emballé. L'histoire est bonne et la narration dynamique sauf que la seule chose qui fait sortir cet album des milliers histoires de pirates est le dessin magnifique. La plupart des personnages ne sont pas mémorables et certains chapitres m'ont moins intéressé que d'autre. Cela reste une bonne lecture si on aime les histoires de pirates, mais cela ne renouvelle pas du tout le genre.

28/11/2014 (modifier)
Par sloane
Note: 5/5
L'avatar du posteur sloane

Et voilà, on avise, on avise et on en oublie l'essentiel, car oui cette BD est pour moi essentielle. Elle fait partie de mon top 10. Que d'images elle suggère, voilà un récit qui fait voyager. Je vous l'accorde la compagnie n'est pas des plus raffinée, mais quel destin, quelles histoires individuelles. On est assez loin des histoires habituelles où de beaux pirates abordent les navires anglais, ici le quotidien de ces marins nous est décrit sans fard, il nous montre des hommes qui boivent, qui s'ennuient. Un quotidien finalement assez routinier entrecoupé de quelques épisodes marquants mais au bout du compte assez vain. Vers où vont ces hommes? Une hypothétique fortune, l'envie un jour de poser leurs sacs. Dans cette histoire au travers des différentes péripéties, on voit bien que ce qui compte en réalité c'est de naviguer, d'être sur la mer, après le reste importe peu. Le très grand talent de Riff Reb's et avant lui de P. Mac Orlan c'est de nous montrer que ces pirates, ces forbans sont avant tout des hommes, placés certes dans un contexte particulier, et que les actions qu'ils mènent ne sont qu'une fuite en avant. On peut à leur sujet parler de panache mais ce serait oublier la cruauté et le manque de pitié dont ils font preuve. Au talent du conteur vient s'ajouter celui du dessinateur. Quelles planches, mais quelles planches! Peut être parce que je fait du bateau, mais ça parle! (je n'ai pas encore attaqué d'autres voiliers). Case principale de la page 25 et bien d'autres! Tout cela a un grand pouvoir d'évocation. Et puis n'oublions pas ces trognes, les gens sont normaux! Oui alors pour un texte magnifique, intelligemment mis en valeur et pour un dessin et des couleurs juste parfait, je cultissime cet ouvrage. *Je le possède en deux exemplaires, donc un que je prête et je n'ai que de bon retours

22/08/2014 (modifier)
Par Elrik
Note: 3/5

Après avoir découvert Le loup des Mers, je suis un peu déçu car je n'ai retrouvé la même cohérence tout au Long de l'histoire. J'ai trouvé certains passages un peu cliché dans le glauque. Pourtant l'ensemble des dessins est quand même très bien. Une ambiance de pirate cela se laisse lire mais sans plus.

09/06/2014 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

J’ai récemment découvert l’œuvre de Pierre Mac Orlan en lisant son très beau roman "L’ancre de miséricorde", et était curieux de découvrir ce que Riff Reb’s avait pu faire en bande dessinée avec l’univers de cet auteur. Au passage, Riff Reb’s, dont c’est le premier album que je lis, voilà bien un pseudonyme qui évoque pour moi un frère de la côte, allez savoir pourquoi… J’ai bien aimé cette histoire et son traitement. Je ne sais ce qu’il a modifié en adaptant le roman d’origine (que je n’ai pas lu), mais cet album est une réussite. Le dessin d’abord m’a plu, la colorisation aussi. Quant à l’intrigue, mêlant aventures picaresques et dérives plus ou moins oniriques, elle est prenante et nous mène du début à la fin assez vite, on ne la lâche pas. Une bonne BD d’aventure, donc, mais pas seulement. Une bonne lecture en tout cas, que je vous recommande. Note réelle 3,5/5.

10/09/2013 (modifier)
Par fab11
Note: 3/5

Voilà une bd sympathique mais sans plus. Je ne connais pas l'oeuvre de Pierre Mac Orlan, mais cette adaptation ne me motive pas plus que cela pour lire l'oeuvre originale. Riff Reb's nous entraîne à bord du bateau pirate l'Etoile Matutine, où la vie n'est pas rose tous les jours. L'histoire est racontée par le mousse du navire vers la fin de sa vie, car il sera un des rares acteurs de ce récit à s'en être sorti vivant (la plupart des pirates de l'époque ne devaient pas vivre très longtemps). Je suis pourtant un amateur des récits de pirates, mais à mon avis c'est plus une étude ethnologique sur les pirates du XVIII ème siècle qu'un récit d'aventures sur les forbans des mers. A la fin de ma lecture je me suis demandé où étaient les abordages (le récit se déroule toujours après), les poursuites en mer avec les navires royaux, les combats navals etc... L'auteur nous narre de nombreux aspects de la vie de tous les jours de ces bandits sans foi ni loi dont le but principal est de boire du rhum. Malgré tout ce récit reste agréable à lire, les différentes histoires se lisent bien, rapidement et sans que l'on s'ennuie. Par contre les dessins sont très réussis et les couleurs également. A bord de l'Etoile Matutine reste une bd agréable à lire, mais attention pour les fans de piraterie certains peuvent être déçus par la lecture de ce one shot.

13/02/2012 (modifier)