The Fixer
Guide, éclaireur, interprète. Des professions liées à la guerre qui existent au moins depuis que les guerres existent. Avec la forte médiatisation des conflits, commencées à la fin du siècle passé, ces métiers ont pris de plus en plus de poids, si bien que les journalistes anglo-saxons ont créé un nouveau terme pour le définir: fixer.
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Guide, éclaireur, interprète. Des professions liées à la guerre qui existent au moins depuis que les guerres existent. Avec la forte médiatisation des conflits, commencées à la fin du siècle passé, ces métiers ont pris de plus en plus de poids, si bien que les journalistes anglo-saxons ont créé un nouveau terme pour le définir: fixer. Ce mot vient du verbe to fix (littéralement arranger) qui a du mal à trouver un équivalent dans la langue française mais qui exprime bien le rôle multiforme joué par ces hommes. Le fixer est le compagnon, l'intermédiaire et la source d'informations du journalisme free-lance comme du reporter embedded (embarqué avec les troupes) qui ne se contente pas des sources officielles. Un bon fixer a de solides connaissances du terrain, un excellent carnet d'adresses, des contacts partout. Il se tient informé et lit la presse. Il est malin, combinard et sait prendre des risques. Il sait exactement jusqu'à où il peut aller et quand il vaut mieux décrocher pour éviter les problèmes. Des fois, il peut être aussi un peu vantard ou tout simplement assez vénal. De là, la nécessité pour tout journaliste de s'assurer les services d'un bon fixer. Neven, le fixer de Joe Sacco à Sarajevo est un peu tout cela : héroique, généreux, fanfaron, et cupide. Miroir de tout ce que la guerre peut faire aux hommes, pour le meilleur et le pire.
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Date de parution | Mars 2005 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je n'ai pas accroché à cette oeuvre de Sacco. J'adore son trait, il est particulier mais colle bien selon moi au style du reportage illustré. Dans The Fixer, il reste de bonne facture, dynamique et lisible. Rien à redire. Je reste par contre sur ma faim quant au reportage en lui même. Il se perd il me semble dans une prise de position pas assez affirmée pour savoir ce qu'il voulait nous transmettre. Un retour sur le conflit des Balkans, une critique de la société "yougoslave" de l'après conflit, La grille de lecture particulière d'une population "perdue". C'est fouillis, diffus, on n'arrive pas à s'y repérer et surtout je n'ai pas trouvé d'intérêt à toutes ces pistes parce qu'elles restent en surface. Je pense que c'est malgré tout à lire. Je ne peux mal noter le travail de ce grand auteur/journaliste. Mais ce bouquin m'a quelque peu déçu.
Surement le reportage de Joe Sacco que je trouve le moins intéressant jusqu'à présent. Pourtant le sujet n'est pas totalement inintéressant, mais je trouve que le documentaire manque de fluidité compare à d'autres livres de Joe Sacco. C'est un peu dur au début de se retrouver tellement il y a des flashbacks et j'ai vite trouvé que les "mets-toi à la place de Neven' chiant. Je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions durant ma lecture alors que l'auteur montre des trucs franchement dégueulasses ! Heureusement que Neven est quelqu'un finalement d'assez sympathique et intéressant parce que j'aurais pu m'ennuyer. Le dessin est du pur Joe Sacco et j'aime bien quoique je comprenne que son dessin ne plaît pas à tout le monde.
Comme Gorazde, cet ouvrage évoque la guerre de Bosnie qui a eu lieu de 1992 à 1995. L’auteur semble très attaché à ce pays et à ses habitants, et une fois encore dénonce à travers les propos de son « fixer » Neven, l’absurdité d’une guerre dans un pays où les différentes ethnies s’étaient depuis longtemps habituées à vivre ensemble. Neven, né lui-même d’un mariage entre un Serbe et une musulmane bosniaque, avoue avoir choisi le camp bosniaque alors qu’il était nationaliste serbe, sans savoir vraiment pourquoi… Le trait à la Crumb est toujours très précis, parfois au risque d’être un peu chargé, mais il est indéniable que Sacco est un perfectionniste maîtrisant à merveille la technique des croisillons et le noir et blanc. C’est au niveau du récit que je suis plus réservé. Je me suis parfois perdu dans ces allers et retours entre le passé et le présent, et face aux principaux protagonistes de l’histoire. J’ai finalement réussi à retomber sur mes pieds mais il m’a semblé que le tout manquait d’une certaine fluidité. Quoiqu’il en soit, le personnage de Neven peut être attachant malgré ses travers, que l’auteur nous aide à comprendre à travers son parcours difficile. Même si ce récit ne manque pas d’intérêt, j’ai largement préféré « Gorazde ».
Ah Sacco et son trait inimitable !!! Cette BD reportage est étonnante sur bien des points. Elle est basée sur des dires où la majorité des faits sont réels mais certains romancés, inventés ou grossis. L'auteur a la franchise de nous mettre au courant de ses doutes quand les informations ne concordent pas toujours. Son travail n'en demeure pas moins excellent. Il nous livre toutes les informations récoltées chronologiquement, principalement auprès du fixer Neven. Ces faits concernent principalement la région de Sarajevo et ne forment en aucun cas un résumé de la guerre de l'ex-Yougoslavie. Il va falloir vraiment que je me lance sur Gorazde qui attend depuis un an environ dans la bibliothèque... Le dessin m'a surpris sur le sens du détail. Sacco a du en passer du temps sur certaines cases. Tout a globalement été dit dans les avis précédents, mon avis ne ferait que les répéter si je continuais à développer. Mon ressentiment est très bon, j'ai trouvé le travail de Sacco impressionnant sur le fond et la forme. A découvrir de toute urgence, cet auteur vaut le détour.
C'est intéressant de suivre un conflit, aussi complexe soit-il, des yeux d'un reporter journaliste sur le terrain. Ce dernier s'adjoint les services d'un fixer c'est à dire d'un correspondant sur place qui connait toutes les ficelles. A l'heure de la médiatisation de tous les conflits de la planète, c'est une démarche intéressante de se plonger au coeur même du journalisme d'investigation. La lecture a été plutôt difficile en raison de la multitude de personnages évoqués, notamment des généraux bosniaques et serbes ainsi que de nombreux flash-backs qui ponctuent le récit. Cela devient à la fois compliqué et fastidieux. Etait-ce réellement nécessaire de multiplier les portraits des protagonistes qui ont participé à cette guerre fraticide ? Ils se ressemblent presque tous. A la fin, on éprouve beaucoup de confusion en se perdant dans la géopolitique. Pour autant, il y a des aspects du récit qui m'ont plu comme la description d'une atmosphère à Sarajevo qui devait être bien singulière. C'est déjà la ville qui avait été le déclencheur de la Première Guerre Mondiale avec l'assassinat de l'archiduc d'Autriche et de son épouse. Par ailleurs, il n'y a point de dramatisation à outrance. L'auteur semble nous livrer sa vision des choses ce qui implique qu'il occulte beaucoup de faits historiques.
On appelle « fixer » une personne locale, un autochtone qui permet d'ouvrir les barrières aux étrangers, notamment aux journalistes. Comme l'indique le sous-titre de l'album "une histoire de Sarajevo", Joe Sacco parle ici de son fixer à Sarajevo au moment des événements que l'on connaît entre serbes, bosniaques et autres. Il s'avère que le fixer n'est pas toujours très net, il profite un max de la situation et de l'argent qu'il peut se faire sur le dos des différents employeurs qu'il croise. Le dessin est réaliste, le noir et blanc de Sacco j'aime beaucoup.
Une bonne BD, mais qui, je trouve, fait quand même « pièce rapportée » à l’œuvre principale qu’est Gorazde. Alors que cette dernière nous racontait le conflit serbo-bosniaque dans son ensemble, « Le fixer » se concentre sur des petits faits divers, des gens qui profitent de la guerre pour se faire de l’argent, pour servir leurs intérêts personnels. L’auteur y aborde le coté plus underground, moins officiel de la guerre, au travers des témoignages plus ou moins fiables. C’est sympa, bien dans le ton du reste de l’œuvre de Sacco, mais j’ai trouvé ce reportage moins intéressant que Gorazde. A lire si vous avez aimez cette dernière et souhaitez vous pencher sur des détails plus humains (et moins historiques) de ce conflit sanglant.
N’ayant pas bien suivi l’actualité au moment de la guerre de Bosnie, voilà que je la découvre grâce à Joe Sacco qui est à la fois journaliste et auteur de bande dessinée à travers « The fixer », un album génial à tout point de vue. Ce livre a plusieurs niveaux de lectures. D’un côté, on en apprend énormément sur les dessous du siège de Sarajevo et sur les milices paramilitaires, leur importance stratégique dans la défense de la ville, le passé criminel de certain de leurs éléments, etc. D’un autre, on a l’histoire de Neven, un « fixer » qui résout les problèmes des journalistes, mais également un personnage au passé trouble, à la fois criminel et héroïque. Serbe de mère Musulmane, Neven incarne l’ouverture historique et la mixité ethnique de Sarajevo. Son parcours pendant la guerre est emblématique des débats politiques sur la définition de l’identité Bosniaque, devenue progressivement moins multiethnique et plus musulmane. Mais le génie de cet album tient surtout au fait que l’auteur se met également en scène et problématise sa relation avec Neven, en montrant la vulnérabilité des journalistes vis à vis de ce genre d’individu pour trouver leur chemin, résoudre des problèmes matériels, et accéder à de bonnes informations. De son côté, Neven dépend financièrement des journalistes comme Sacco et essaye de leur soutirer autant d’argent qu’il le peut. Malgré cette interdépendance malsaine, Neven et Sacco deviennent amis, ce qui ne facilite pas les problèmes de crédibilité que rencontre Sacco face aux témoignages de Neven. J’ai trouvé cet album parfait – sans conteste une des meilleures BD publiées en 2005. Un chef-d’oeuvre malheureusement passé inaperçu.
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