Alain Brisant - S.O.S. Bagarreur
Un jeune second s'embarque sur un bateau chargé de sauver les navires en difficultés.
Journal Spirou Les petits éditeurs indépendants Marine moderne
Un jeune second s'embarque sur un bateau chargé de sauver les navires en difficultés. Il devra faire face a l'opposition du capitaine du bateau qui n'apprécie que peu ses méthodes. Le bateau, le Bagarreur, parviendra à sauver un navire en détresse ainsi qu'un autre remorqueur qui aura pourtant manqué aux règles de la marine.
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Date de parution | Juillet 1985 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Wow, quelle aventure, j’ai bien cru que j’allais y rester ! J’avoue que je n’y croyais guère en entamant la BD. Ça commence de manière très technique, au point que je me suis vite dit que Tillieux allait nous livrer un solide reportage sur la vie des gens de mer, mais rien de très captivant. Je ne m’étais jamais autant trompé… Avant de devenir auteur de bandes dessinées, Maurice Tillieux voulait devenir marin, il a même passé l’examen d’entrée dans la marine marchande en cachette après avoir fait une fugue en bateau pour essayer de s’exiler aux États-Unis, ce bougre… C’est dire à quel point le monde de la mer le fascine, et il communique parfaitement cette fascination dans ce petit bijou qu’est S.O.S. Bagarreur. Seule aventure d’Alain Brisant, personnage créé pour l’occasion avec le regretté René Follet, S.O.S. Bagarreur est un modèle de narration et de mise en scène. On sait bien que Tillieux est un des plus grands noms de la bande dessinée, notamment grâce à sa formidable saga Gil Jourdan, mais je ne l’avais encore jamais testé dans le récit réaliste. Il y fait merveille ! Véritable histoire sans héros, mais avec beaucoup d’héroïsme, cette BD met en scène des personnages savamment écrits, jamais lisses et assez complexes. Aucun n’est parfait, pas même le jeune premier, trop impulsif et un peu soucieux d’épater la galerie (même si, à chaque fois, des vies en dépendent). De même, le commandant auquel il s’oppose est lui un personnage pas manichéen pour deux sous, rustre et brutal, mais aussi réaliste et soucieux de la vie de ses hommes. Ainsi, aucun personnage, même secondaire, ne se retrouve réduit à l’état de clichés, et ça va jusqu’aux méchants Anglais, canailles et gentlemen à la fois… Brillant. Grâce à une belle étude de caractères pris sur le vif, Tillieux instaure donc une atmosphère ultra-prenante, qui nous immerge sans peine dans ce milieu rude et difficile des gens de mer. Son récit pourrait menacer régulièrement de tourner à vide, se révélant d’une simplicité biblique (le sauvetage d’un bateau en détresse), et pourtant, il réussit toujours, grâce à l’écriture de ses personnages, à relancer une nouvelle péripétie sans que jamais cette dernière paraisse artificielle. Même si on pourra trouver dans le scénario une ou deux facilités passagères, le tout est d’une cohérence remarquable et démontre un sens du suspense aigu, que même Hitchcock jalouserait… Rarement, j’avais senti mon cœur battre à l’unisson des personnages d’une bande dessinée. Pourtant, ici, j’ai eu les mêmes montées d’adrénaline qu’au cinéma. Chapeau ! Du côté du dessin, René Follet assure à merveille sa part de travail. Son trait de crayon restitue de manière incroyable les traits burinés des rudes marins imaginés par Tillieux. Les visages prennent vie, s’enflamment sous la main experte du dessinateur, tandis que les éléments se déchaînent autour d’eux, et même autour de nous. On est littéralement pris dans ces paysages furieux, dans cet enfer liquide dont il semble impossible de pouvoir sortir. On est mouillé par chaque vague, ébranlé par chaque choc, on entend chaque phrase, chaque engueulade au sein de la tempête. Graphiquement, le dessinateur nous offre donc un travail vraiment splendide, qui accentue encore le réalisme du récit, sans basculer dans le piège de l’hyperréalisme. Stylisé juste ce qu’il faut, on sent que le dessin est d’une grande rigueur, et il est au moins autant responsable que le scénario de l’immense réussite de cette bande dessinée. Je connaissais très peu René Follet, ça m’a donné envie de le découvrir ! Ainsi donc, le talent conjoint des deux artistes donne ici naissance à une grande bande dessinée. Le sens de la narration et de la mise en scène de Tillieux et Follet y touchent à leur apogée, nous faisant passer par un panel d’émotions très large. Et lorsqu’on ressort fatigué de cette éreintante aventure, on n’a étrangement qu’une envie : remonter tout de suite sur le Bagarreur pour de nouvelles aventures avec Alain Brisant… Malheureusement, on ne sera pas exaucé. Pas grave, on relira S.O.S. Bagarreur sans s'en lasser !
Un vieux récit du journal de Spirou que j'ai lu pour le nom des auteurs. C'est un récit réaliste et c'est peut-être un peu trop réaliste car il ne se passe pas grand chose de bien captivant alors qu'on met en vedette un groupe de bateaux chargé de faire le sauvetage d'autres bateaux. C'était un métier que je ne connaissais pas et je pense que cela aurait pu être le point de départ d'une grande aventure, mais c'est tristement réaliste avec aucune fantaisie. Les personnages sont peu attachants et rien ne m'a excité dans ce récit. Il faut savoir que Tillieux a voulu être marin et du coup dans cet album il montre sa passion sauf que moi j'en ai rien à foutre de la vie des marins. Je pense que cela s'adresse surtout aux lecteurs qui aiment la vie en mer. Je trouve ce scénariste beaucoup mieux dans des récits qui mélangent l'aventure, le policier et l'humour. Le dessin réaliste de Follet manque de dynamisme et je préfère le style qu'il va adopter plus tard, notamment dans des séries comme 'Terreur'.
J'ai découvert par hasard cette bande dessinée dans la collection de "vieilleries" de mon beau père. Intrigué par le nom de ces deux "grands noms" de la bd franco belge réunis sur un même album, je m'y plonge. Surprise. C'est vraiment bon. Maurice Tillieux nous livre au scénario un récit réaliste de marine. Le bagarreur est un navire de sauvetage pour bateau en détresse. Déjà j'ignorais l'existence de ces mercenaires indépendants du sauvetage qui risquent leur vie pour sauver celles des autres contre une prime non négligeable : un pourcentage de la valeur des marchandises sauvées. Tillieux a toujours rêvé d'être un marin. Il nous livre un récit de la vie qu'il aurait voulu avoir. On n'a pas ici de héros magnifique à la Gil Jourdan, Bernard Prince etc. Les personnages ressemblent plus à des anti héros. Héroïque mais uniquement pour l'argent. Ils sont même souvent antipathiques. Un récit intense. Concentré en 48 pages. René Follet n' a jamais eu le succès mérité. C'est incompréhensible quand on voit le talent de son coup de crayon. On a ici un style réaliste plus classique que ses derniers albums proches de la peinture ( Terreur, Stevenson etc). C'est très proche de son style sur steve severin ou Valhardi. Un must 4.5/5 PS: réédité bientôt en grand format en noir et blanc et version complète aux éditions de l'élan pour un prix malheureusement bien trop cher.
Longtemps dans le monde de la BD, le héros était un garçon honnête et droit, bien sous tout rapport, qui parcourait le monde en quête d'aventure et qui triomphait toujours de l'adversité. A la fin des années soixante-dix, le héros affiche une personnalité moins lisse, il n'est pas bien différent de Monsieur tout le monde, et a lui aussi des travers. "S.O.S. Bagarreur" est un peu au tournant de ces deux époques. Le "héros", qui n'en est pas vraiment un, ne manque pas de courage et est prêt à tout pour sauver les marins a la dérive, mais c'est aussi quelqu'un de sûr de lui, un peu prétentieux, vantard, qui se fiche pas mal des ordres donnés par sa hiérarchie, c'est à dire le capitaine du bateau sur lequel il navigue. On se rendra compte vers la fin qu'il manque singulièrement de psychologie et affiche même une certaine naïveté. Bref ce n'est pas vraiment un gendre parfait à la "Tintin", et je doute que les revues catholiques d'après-guerre eussent apprécié un tel personnage dans leurs pages. "S.O.S. Bagarreur" est un one shot au scénario écrit de manière rigoureuse par Tillieux et fort bien mis en image par le talentueux René Follet. Une BD pour les nostalgiques de la grande époque du Journal Spirou et des récits d'aventure.
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