En chemin elle rencontre...

Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 9 avis)

Album collectif sur les violences faites aux femmes.


Académie des Beaux-Arts de Tournai Amnesty International Auteurs africains Collectif Corbeyran Davodeau Denis Lapière Des Ronds dans L’O Douleurs intimes Ecole Emile Cohl École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Féminisme Frédéric Jannin Institut Saint-Luc, Liège La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Renaud Dillies Violence conjugale Violences faites aux femmes

En France, une femme meurt tous les 2 jours et demi sous les coups de son conjoint, environ 70 000 adolescentes de dix à dix-huit ans sont menacées d’être mariées de force, entre 55 000 et 65 000 fillettes ou femmes sont mutilées ou menacées de l’être. Chaque année dans le monde, 5 000 femmes sont tuées au nom de l’honneur, des centaines de milliers de femmes sont victimes de la traite en vue de la prostitution... Pour que les femmes osent parler, pour briser le silence, pour une prise de conscience et de responsabilité, les artistes, femmes et hommes, se mobilisent pour la défense du droit humain. A noter que l'ouvrage a reçu le soutien d'Amnesty International, dont le logo apparaît sur la couverture.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Septembre 2009
Statut histoire Histoires courtes 3 tomes parus

Couverture de la série En chemin elle rencontre... © Des Ronds dans l'O 2009
Les notes
Note: 3.33/5
(3.33/5 pour 9 avis)
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01/09/2009 | Spooky
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Les chiffres sont effrayants. En France, en moyenne, 4000 femmes par mois sont victimes d’un viol, une femme meurt tous les 2 jours et demi sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint, etc. C’est pour informer et lutter contre ce fléau répandu à travers le monde que s’est érigé ce collectif d’auteurs. Porté par Marie Moinard, initiatrice du projet, scénariste de plusieurs récits et éditrice, rédigé avec la caution morale et la participation de Amnesty International et de plusieurs associations, cet album regroupe pas moins de 34 auteurs majeurs de la bande dessinée parmi lesquels Emmanuel Lepage, Kris, Nicoby, Jeanne Puchol, Frédéric Jannin, André Geerts, Charles Masson, Philippe Caza, Daphné Collignon, Denis Lapière, Éric Corbeyran, Damien Vanders, etc..., qui se sont mobilisés pour lutter contre la violence faite aux femmes. Les thèmes abordés sont entre autres : l'excision, le mariage forcé, la traite des êtres humains en vue de prostitution, le crime d'honneur, la lapidation, le viol comme arme de guerre, le viol et les préjugés, le harcèlement sexuel au travail, la violence conjugale, ... Tous ces thèmes sont traités avec force et justesse, de façon prenante et pédagogique. Outre les chiffres égrenés tout au long du bouquin, les récits qui m'ont le plus marqué sont ceux de Amnesty International sur la lapidation de la jeune Aisha Ibrahim Duhulow, 13 ans, mise à mort le 27 octobre 2008 par un groupe de 50 hommes qui l'ont lapidée dans un stade de la ville de Kismaayo en Somalie (l'illustration de René Follet est incroyable), de Denis Lapière sur le viol comme arme de guerre, illustré par Daphné Collignon, et celui de Marie Moinard, Eric Corbeyran et Damien Vanders sur la violence conjugale (20 pages) ; tous trois particulièrement bouleversants... En France, environ 70 000 adolescentes de dix à dix-huit ans sont menacées d’être mariées de force, entre 55.000 et 65.000 fillettes ou femmes sont mutilées ou menacées de l’être. Chaque année dans le monde, 5 000 femmes sont tuées au nom de l’honneur, des centaines de milliers de femmes sont victimes de la traite en vue de la prostitution. Il y a en moyenne 4000 viols par mois en France… Ces chiffres donnent le vertige. Devant ces chiffres et les thèmes développés, les auteurs, par leur talent, arrivent à se faire oublier pour nous laisser seuls face à notre lecture et cette réalité qui nous fait forcément réfléchir… Le livre est rempli d’informations, de données chiffrées, de mots-clés, qui nous apprennent beaucoup de choses et nous permettent de mieux appréhender le phénomène et son ampleur dramatique. Nous ne pourrons plus dire en 2009 que nous ne savions pas… Contrairement à ce qu'écrit le précédent intervenant, cet ouvrage donne des solutions pour tenter de sortir de cet engrenage... notamment en encourageant les femmes à prendre la parole et à se défendre (des adresses d'associations sont données, etc...), les récits n'ont évidemment rien de "cas particuliers" puisqu'ils se basent sur des statistiques (rappelées dans le livre), et "tous les hommes" ne sont pas stigmatisés puisque plusieurs protagonistes positifs (voir dans le récit "Awa" par exemple) sont des hommes et que d'autre part nombre d'auteurs participant à ce collectif sont des hommes !... Tout ceci est donc totalement faux. Un ouvrage indispensable donc, qui aidera peut-être à libérer la parole pour qu’enfin un jour cessent ces violences...

07/10/2009 (modifier)
Par Spooky
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Les violences faites aux femmes sont un véritable fléau. Disséminés dans l’album, les chiffres, plutôt qu’éloquents, sont effrayants : 4 000 viols par mois en France, une femme meurt tous les deux jours et demi en France sous les coups de son conjoint ou de son ex-conjoint, 500 000 jeunes femmes sont enlevées, torturées, brisées psychologiquement chaque année dans le monde pour servir l’assouvissement sexuel des hommes. Depuis quelques années la bande dessinée a quitté –du moins en certaines occasions- ses habituels habits de media de divertissement pour se faire revendicatrice. Sur le sujet des violences faites aux femmes, délicat à plusieurs égards, Inès, sorti en début d’année avait, à défaut d’éveiller les consciences, ouvert un peu le débat dans le microcosme de la BD. Certains medias spécialisés s’en étaient également fait l’écho. Le collectif qui nous intéresse aujourd’hui va plus loin. Initié par son éditrice, Marie Moinard, qui en a également écrit une partie, il nous propose des tranches de vies, presque toutes fictives, mais pour la plupart inspirées de faits réels. Simples illustrations, caricatures, nouvelles illustrées ou réelles bandes dessinées de quelques pages, la diversité des formats va de pair, hélas avec les douleurs intimes racontées : excision, torture conjugale, prostitution, viol collectif… Avec, au centre, un article de presse relatant l’histoire d’Aïsha, cette Somalienne de 13 ans lapidée pour adultère il y a quelques années, alors qu’en réalité elle avait été violée par trois hommes. Une victime parmi des dizaines de milliers d’autres, victime d’un fanatisme religieux aveugle qui confine à la barbarie la plus abjecte. Un ouvrage féministe ? Peut-être. Mais est-ce réellement important ? Je n’ouvrirai pas le débat, n’ayant aucun talent dans l’exercice. Cependant j’ai une petite fille, et je n’ai aucune envie que le sourire qu’elle affiche le matin en se réveillant soit un jour déformé, défiguré par des coups ou des violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Je ne le souhaite à aucune femme ou fille, quels que fussent leurs âges, couleurs de peau, religion, langue, etc. Pour l’aider à construire ce collectif, Marie Moinard a fait appel à de nombreux auteurs de bande dessinée (34 au total), et là encore, la diversité a parlé puisque des auteurs de renom (Caza, Corbeyran, Kris, Lapière, Lepage, qui signe la magnifique couverture du collectif…) côtoient des jeunes (Bauthian, Dillies, Vanders…). Tous ont fourni des travaux d’une grande intensité, prouvant par là-même leur engagement, leur attachement à une cause qui nous touche tous. Il y a de la diversité aussi dans les styles : semi-réaliste pour Swysen, réaliste la plupart du temps... C'est du beau travail, l'ouvrage en lui-même est vraiment de qualité sur le plan graphique. Ma partie préférée reste le récit se trouvant vers la fin, dont je vais vous parler plus en détail. Le recueil se conclut (presque, il y a deux illustrations ensuite) sur une histoire d’une vingtaine de pages, écrite par Marie Moinard et adaptée par Corbeyran pour Damien Vanders ; c’est une histoire qui à elle seule synthétise l’esprit humaniste qui souffle sur le collectif. Cette histoire, en quelques mots, est le témoignage d’une femme qui avait tout pour être heureuse, surtout un fiancé attentionné, lequel un jour où il revient de voyage se met à la frapper, pour des raisons surréalistes ou mystérieuses. Commence alors un processus de désagrégation de soi de la jeune femme, qui en gardera des séquelles toute sa vie. L’engagement de chacun des auteurs est palpable dans ces pages, et nous avons, comme dans l’ensemble du collectif, de la grande qualité. Je ne ferai pas, pour finir, mon curé en prêchant ceci ou cela, c’est à chacun de prendre ses responsabilités et de réfléchir à ses actes, mais ce collectif m’a permis de me rendre compte qu’il suffit qu’une personne soit motivée par une cause juste pour que d’autres la rejoignent afin de faire une œuvre revendicatrice où le talent le dispute à l’authenticité. Certains crieront à l’angélisme, mais tant pis, je veux croire qu’un monde meilleur est possible pour ma petite fille et toutes les autres. Le terme de « culte » ne convient pas à ce type d’ouvrage, à sa place je retiendrai celui d’acte courageux, humaniste et militant.

01/09/2009 (modifier)