Cartland
Angoulême 1988 : Alfred meilleur album pour le tome 8 Après la terrible mort de sa femme indienne, le trappeur Jonathan Cartland est poussé malgré lui dans des aventures dont il ne sort pas toujours indemne... Une saga prenante et humaine, en décalage avec les classiques du western.
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Jonathan Cartland n'est qu'un paisible trappeur jusqu'au jour où sa vie bascule : sa femme Petite Neige, qui vient de lui donner un fils, est assassinée. Passé le goût de la vengeance, Cartland s'engage comme éclaireur de l'armée américaine et part à la découverte des espaces sauvages de l'ouest. Ce western tout à fait particulier est en plus un témoignage qui fait foi d'hommage au peuple indien. Cartland échappe aux conventions du "cow-boy", c'est un personnage qui lutte et doute, apportant ainsi une dimension supplémentaire à cette série. Le rythme de parution depuis 1974 est d'environ un album tous les 2 ans.
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Date de parution | Octobre 1975 |
Statut histoire | Une histoire par tome 10 tomes parus |
Les avis
Ce genre de western archi crépusculaire est typique de ce milieu d'années 70, où à travers ce personnage de trappeur et d'éclaireur, le western n'a plus rien d'héroïque, et se tourne vers la réflexion. Une nouvelle dimension s'ajoute à l'édifice d'un genre qui a été trituré à toutes les sauces à l'écran, puis en BD. Ici, plus rien à voir avec Jerry Spring, mais on note cependant que les concurrents comme Blueberry et Comanche ont su sentir le vent tourner dans cette décennie où Hollywood remettait son genre fétiche en question, car le western en BD suit à la trace le western à l'écran, et la mode du western psychologique a donné de belles séries, c'est le cas ici. Tout commence le jour où l'épouse de Cartland (une squaw Oglala) est massacrée par des pillards. Brisé, il s'engage comme éclaireur pour l'armée : c'est le début d'une longue errance à travers les espaces sauvages. Western humaniste, mais violent parfois, son personnage principal est un anti-héros idéaliste qui regarde les événements se dérouler sans toujours réellement participer à l'action, il adopte une certaine distance et n'est pas le justicier type de l'Ouest, gardant ainsi son individualité. C'est un héros meurtri, au profil introspectif, qui prend au fil des albums une indéniable consistance. Le scénariste étant une femme, elle offre de nombreux portraits de femmes parfois troublantes qui croisent la route du héros ; l'une d'elles connaîtra une véritable déchéance. M. Blanc-Dumont illustre ce beau western tantôt avec vigueur, tantôt avec un trait plus hiératique, mais toujours avec élégance et finesse ; il y assouvit également sa passion des chevaux en dessinant de magnifiques équidés. En tout cas, sur l'ensemble de la série, j'adore son rendu graphique d'une belle pureté. Les scénarios de Laurence Harlé sont très documentés, volontairement lents et baroques, le comble pour un western, mais sources d'atmosphère. Un western très sous-estimé, parce que n'étant pas formaté comme les séries habituelles du genre, je le recommande, c'est une belle collection d'albums à garder et à relire.
Il est des BD, comme des films ou des musiques, qui marquent à jamais votre vie, votre imaginaire. Cartland en fait partie pour moi. J'ai découvert cette série trop jeune, et j'ai mis tout naturellement un long moment avant de me l'approprier. Lorsque je l'ai lue la première fois, elle entrait en concurrence directe avec le lieutenant à la myrtille, et ma capacité de compréhension et de lecture à différents degrés a fait que Cartland a alors perdu le match à plate couture. Me restait en mémoire alors le surnaturel d'une part et les seins lourds du personnage féminin de Silver Canyon. J'ai relu plus tard avec un grand plaisir cette fois cette série et j'y ai trouvé une profondeur psychologique des personnages et des situations que je n'avais pas décelé alors. Ma récente relecture m'amène aujourd'hui à fortement noter cette BD, qui est vraiment un must dans la profondeur et les fêlures de notre héros. Les clichés du western sont ici fouillés, disséqués, pour mieux éviter d'enfoncer les portes ouvertes et nous donner une version plus travaillée des mythes de l'ouest. Graphiquement, même si cela porte le poids des ans et le style graphique typique 70's notamment sur les premiers tomes, on est malgré tout dans la qualité et un travail vraiment bien ficelé, des personnages aux décors. A conseiller à tous, vraiment.
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