Appelle-moi Ferdinand
Comment réagir quand on sait que l’on va mourir ? À travers le personnage d’Oscar, homme raisonnable qui, face à ce compte à rebours fatal, décide de prendre sa vie à contre-pied, de s’amuser, mais surtout de régler ses comptes avec sa famille, Hervé Bourhis, Christophe Conty et Christian Durieux signent un récit au plus près du nerf, de la vie. C’est, pour reprendre l’expression de Durieux un véritable « feuilleté d’émotions ».
Cancer Maladies et épidémies Nouveau Futuropolis
Ça ne va pas fort pour Oscar Lehmann. Il se sait atteint d’un cancer, aucun espoir de guérison. Alors pour ses derniers mois, ce père de famille tranquille, cet employé consciencieux, a décidé de se prendre en main. Oscar en a marre d’être raisonnable. Marre de marcher droit, quitte à envoyer paître les fâcheux qui gravitent autour de lui depuis des années. Quitte également à louer une chambre de bonne pour être tranquille, ou retrouver la professeur de français qu’il avait aimé en secret une vingtaine d’années auparavant… Plus de temps à perdre, c’est aussi l’heure de régler ses comptes avec sa famille et surtout avec son père, un peintre célèbre et égocentrique qui l’a étouffé toute sa vie… Mourir sans avoir eu le temps de… Voilà une accélération du temps extrême et irréversible. Qui n’en a jamais éprouvé l’angoisse ? Et qui n’a jamais éprouvé cet affranchissement étrange et ambigu que suscite la perspective de ne plus avoir à rendre de compte ?
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Date de parution | 27 Août 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai déniché cette BD en occasion et je suis assez content de l'avoir lu dans ces circonstances, la BD n'étant pas suffisamment intéressante pour un achat neuf, à mon gout. C'est surtout que le propos de base se développe dans tout les sens, avec cet Oscar qui s'autorise à faire tout ce qu'il a toujours voulu sans se le permettre. Là où le propos est intéressant, c'est qu'il y a quelques retournements de situations qui sont assez surprenants. Je n'ai pas vu venir la fin, que je ne suis pas certain d'avoir compris totalement d'ailleurs. Mais le hic, c'est que j'ai trouvé les rêves de ce monsieur (conduire une voiture de sport, saut en parachute, coucher avec son ancienne prof ...) très matérialiste et surtout dans une logique qui ne me correspond pas. Peut-être est-ce plus représentatif de certaines vies, mais j'ai tellement peu l'image de ce genre de fantasmes face à d'autres que j'ai eu du mal à rentrer en empathie avec le personnage principal. D'autant qu'il semble peu enclin à communiquer avec sa famille, ce qui me le rends plus antipathique. La relation qu'il a avec sa femme par exemple la met dans un mauvais rôle mais je trouve que ça fait très unilatéral. Je vois bien que c'est voulu mais ça ne rend pas le personnage principal sympathique, je ne le vois même pas dans un rôle de victime ici. Bref, c'est un petit souci personnel que j'ai avec ce genre d’œuvre qui pose des bonnes questions dans une histoire qui n'est pas en reste et à un réel intérêt, mais qui a le défaut d'être très classique dans les envies de ce monsieur, qui ne m'est pas très sympathique de par sa façon d'être. D'avoir un tel père n'en fait pas un saint pour autant. Le dessin est assez bon, curieusement simple et précis, avec une colorisation qui marche plutôt bien, surtout dans les passages où la couleur s'invite un peu plus. Ça colle bien au récit et l'ensemble est très vite lu (peut-être un poil trop vite, d'ailleurs). Je recommande tout de même, d'autres que moi s'y retrouvent plus et surtout seront plus en empathie avec ce personnage. C'est un peu moins ma came, mais je reconnais les qualités.
Oscar Lehmann est atteint d'un cancer sans espoir de guérison. Pour ses derniers mois de vie, il a décidé de se prendre en main. Excédé d'être raisonnable, il envoie paître les fâcheux qui gravitent autour de lui, loue une chambre de bonne, retrouve le professeur de français qu'il avait aimé en secret il y a vingt ans et se décide - enfin ! - de régler ses comptes avec son père Ferdinand, célèbre peintre égocentrique qui l’a toujours étouffé. Dommage qu’il faille un cancer en phase terminale pour donner un bon coup de pied à la routine, mais quand le moment est venu, il faut y aller ! Et il va se lâcher le bougre ! Vivre pour mieux mourir ! C’est pas mal. J’ai pris du plaisir à suivre la fin de parcours tête brulée d’Oscar qui souhaite se libérer des contraintes qui l’ont minées toute une vie durant. Ca pue la vengeance à plein nez mais ce n’est qu’à ce prix qu’il pourra partir en paix. Perso je n ai pas vu la fin arrivée. Plutôt bien d’être surpris par un dénouement inattendu sur les dernières pages ! Le graphisme est simpliste sans fioriture avec des décors très dépouillés. Les personnages sont expressifs. Un clin d’œil rigolo, le ciel est toujours bleu sans aucun nuage. Pour la colorisation, on a fait au plus simple. Bien évidemment, ce récit vous amène à s’interroger sur ce que vous feriez si vous saviez que vous alliez mourir bientôt. Et vous, vous feriez quoi pour mourir sans regrets et sans remords hein ? Beau sujet de discussion. A découvrir.
Le postulat est intéressant mais la bd pêche sans doute par son côté excessif. Oscar n’a plus beaucoup de temps à vivre et il compte bien combler toutes les frustrations engrangées tout au long de sa vie bien rangée. Le fait de reporter sur les autres l’échec de sa vie n’aide pas à éprouver la moindre compassion, ni même un quelconque intérêt, envers ce personnage amorphe que le cancer va réveiller subitement. Oscar est le seul responsable de sa vie insipide. Bref, il aura été égoïste jusqu’au bout. Au moins, avec sa mort, il libère ses proches d’un poids. J'ai par contre bien apprécié le découpage qui accompagne le changement de comportement d'Oscar jusqu'au point de non retour. Côté dessin, c’est bien dans la veine "roman graphique" avec un trait qui rappelle par moment celui de Tom Tirabosco (le côté gras en moins).
Que faire lorsque les médecins diagnostiquent un cancer, et qu’ils ne vous accordent que quelques mois à vivre ? Partant de ce postulat, cela peut partir vers le délire total, comme dans l’excellent film « Un jour sans fin » - ce qui est parfois le cas d’Oscar. Mais Oscar va aussi et surtout tenter de mettre à profit les quelques jours qui lui restent, dans un compte à rebours macabre, pour « faire le point » et vivre la vie qu’il n’a en fait pas vécu, étant resté tristement « normal », trop raisonnable pour se lier vraiment avec ses filles, renouer avec son père, et satisfaire – dans tous les sens du terme – sa femme. On suit donc Oscar à la découverte de lui-même, en même temps que ses proches, qui suivent, étonnés, sa « libération ». Comme pressenti depuis le début, l’histoire finit mal, avec une douloureuse révélation en fin d’album et de vie pour Oscar, qui n’aura en fait jamais su qui étaient réellement sa femme et son père… C’est une histoire qui se laisse lire facilement, qui est bien menée, avec un parti pris de calme finalement plaisant. C’est la triste, mais belle et brève naissance à lui-même d’un mort en sursis. Note réelle 3,5/5.
Cette bd est un roman graphique qui part d'une idée de base toute simple : qu'est-ce que pourrait faire un homme qui se sait condamné par le cancer sans espoir de guérison ? Regretterait-il ses choix de vie comme père de famille tranquille et employé modèle ? Irait-il au fond de ce qu'il n'a jamais pu réaliser, par exemple des fantasmes inassouvis, ou passerait-il simplement du temps avec ses filles ? Ou bien commettrait-il des actes hautement répréhensibles motivés par la jalousie et la rancoeur ? C'est l'heure du bilan ! Cela nous renvoie également à nos propres interrogations sur le déroulement de notre vie et des choix qu'on opère. Sans vouloir dévoiler le fin mot de l'histoire, je dirai que je n'ai pas été convaincu par la direction prise. Cela laisse un goût amer et beaucoup de mélancolie. Ce n'est sans doute pas le genre de lecture qui m'apporte du bien-être. A quoi bon alors ? C'est clair que les auteurs ont évité l'écueil du mille fois déjà vu. Pour les amateurs de ce genre de récit triste et morose mais mené avec un certain brio. On aura tout de même compris qu'il faut prendre le temps pour vivre !
Et bien là, je viens de me prendre une bonne claque dans le coin de la tronche ! Ce genre de sujet, j’en suis fan. Le gars qui arrive à un grave tournant de sa vie et qui se remet en question, quand le récit est bien mené, m’interpelle à chaque fois. Et le récit est très bien mené. Une structure stylée, découpée en multiples chapitres. Un mot en guise de lien entre ces différents chapitres. Et si vous vous amusez à reprendre ces mots et à les juxtaposer, c’est le résumé d’une vie qui apparaît. Le personnage central est touchant. Il ne s’agit ni d’une pauvre victime ni d’un beau salaud. Juste un humain avec ses faiblesses, ses envies et ses certitudes. Le dessin de Durieux est parfait pour ce genre de récit. On est bien loin d’ « Avel », bien plus proche des « Gens honnêtes » (dans le sujet aussi d’ailleurs). Le trait est simple, dépouillé, expressif, précis, efficace … et superbement rehaussé par une colorisation en couleurs directes qui adoucit l’ensemble pour le rendre presque cotonneux. Et puis arrive un final auquel je ne m’attendais pas. Une surprise, et une bonne ! Dans un genre où les fins sont souvent fort convenues, celle-ci fut pour moi une bien chouette claque dans la tronche de mes certitudes. Formidable !
Simple, efficace, tranchant : "Appelle-moi Ferdinand" est redoutable dans son genre ! L'histoire de ce personnage condamné est en effet terriblement bien menée. Un découpage en chapitres, un dessin gras et lavis rehaussé de couleurs contrastées pour bien mettre le doigt sur le fil conducteur du récit : la narration coule de source jusqu'à sa fin tragique. Et tout coule autour de ce personnage central. Vous feriez quoi, vous, si vous vous saviez condamné ? Et c'est là que le personnage énerve, tout en créant en même temps sa profondeur... Car oui, il est aimable quand il se dit qu'il lui faut apprendre à faire du vélo avant de partir ! Mais à côté de ça, l'égoïsme de ses comportements est confondant. La dépression qui semblait le ronger avant qu'il ne sache à quoi s'en tenir est toujours là, latente et révélatrice de sa vie ratée... Et la fin devient une évidence, tout en rebondissant sur le personnage abject de son père... Bref, une brochette de personnages bien sentis, traités graphiquement de la plus belle manière qui nous donne au final une BD de grande qualité : à lire !
Voici un ouvrage au sujet fort : se sachant condamné, un homme décide de vivre comme il l’entend. Comme il l’entend, ou plutôt comme il n’a jamais eu le droit de faire. Envoyer bouler ses collègues, tagger dans l’ascenseur du bureau, tromper sa femme avec une prostituée de luxe, sauter en chute libre, s’acheter des costumes chers, coucher avec sa prof de lycée, voler, tuer… Il était raisonnable, le voila devenu amer et vengeur : ce monsieur va se venger sur la vie et les autres de sa propre fin et essayer de réaliser tous les fantasmes qu’il a en tête. Toujours à la limite, il va retrouver son père, mais se retrouvera lâche au moment d’agir. Comme un clin d’œil il se mettra à la peinture comme son père, sa relation à autrui évoluant, il est plus libéré, plus ouvert. Plus incontrôlable aussi plus le récit avance... Et puis la goute d’eau qui fait basculer et anticipe la chute arrive, inéluctable, comme une bouée pour en finir avec un monde qu’il a hâte de quitter. Côté dessin le graphisme se fait en noir et sépia avec quelques touches de couleurs de-ci delà afin de mettre en valeur un accessoire. La lecture est agréable malgré certains dessins et arrière plans parfois légers. La vie familiale est bien rendue (dans son cadre), on y croit. Les touches de couleurs sont pertinentes mais sont peut-être un peu trop évidentes : le lecteur n’a pas d’effort à faire tout lui est montré surtout ce qui doit être mis en avant à un instant donné. L’ensemble est réalisé comme une pièce de théâtre, par actes et en scènes généralement closes. Au final je suis partagé, car cet homme est pour moi l’exemple du parfait con. Il m’a énervé tout le long du récit avec son comportement de revanchard individualiste gâté. Mais je ne doute pas que certains humains à un moment de leur vie avec la maladie soient dans cette situation et dans ce registre de pensée. Sans me faire prêtre, je dirais que s’ils étaient un peu moins égocentrés, ils n’en voudraient pas à la terre entière… Sur le même sujet je ne saurais que conseiller la pièce de théâtre « la vie sinon rien » d’Antoine Rault qui prend le même postulat de départ mais évolue vers un tout autre registre, beaucoup plus humain, beaucoup plus intelligent, même si l’issue finale n’est dans tous les cas pas la guérison… Alors bravo pour ce récit qui m’a révolté et dont j’ai détesté le personnage principal, lorsque j’ai commencé la notation je voulais mettre 1, car vraiment je n’ai pas aimé. Mais en écrivant, je me rends compte que ce n’est pas l’équipe scénariste / auteur que je n’aime pas mais le personnage qu’ils ont créé. Du coup ils ont plutôt réussi ! Mais tout de même ils n’ont montré que cette version profondément à la mode, mais profondément égoïste alors que d’autres alternatives étaient possibles à envisager ; ne serait ce que dans l’entourage du personnage qui a mon sens ici n’est pas crédible. Au final leur travail est donc pas mal, bien qu’un peu mâché et prévisible : le personnage n’évolue pas il reste dans sa révolte infantile égoïste. A lire, mais pensez à aller voir « la vie sinon rien », c’est vraiment autre chose au niveau de l’évolution psychologique du personnage au cours de la maladie…
Que faire lorsque l’on apprend que l’on est condamné à court terme ? Voila toute l’intrigue de ce one-shot bouleversant, qui m’a fait penser au film Deux jours à tuer, avec l’excellent Albert Dupontel. Oscar, lui, a décidé de faire exploser sa routine, ses économies durement gagnées et ses habitudes aussi bien familiales que professionnelles. Certaines réactions apparaissent assez jouissives, d’autres par contre le poussent à commettre des actes complètement fous, voire même violents. Ce qu’il souhaite avant tout chose, c’est faire de nouvelles expériences, rattraper le temps perdu, se sentir libre sans aucune contrainte ou compte à rendre. Pourtant des comptes, il en a aussi à régler et il n’a plus rien à perdre, donnant parfois la sensation d’avoir définitivement sombré dans la folie. Au fil de ses diverses expériences, il découvrira des surprises pour le moins déplaisantes. La fin de cette histoire par contre n’offre guère de surprise, tant on comprend très vite la conclusion qui sera donnée à ce récit. La narration est vraiment une réussite, la lecture est des plus fluides et une fois commencée on ne lâche plus l’histoire jusqu’à son dénouement dramatique. Le dessin simple et expressif correspond parfaitement à l’ambiance mélancolique qui se dégage du récit. Les couleurs au ton sépia, rehaussées par endroit de teintes vives bleues, jaunes ou rouges sont du plus bel effet, et accentuent encore plus le charme qui se dégage de ces planches. Et vous, comment réagiriez-vous ?
Plus je lis les bouquins de Christian Durieux, plus je les aime. Et même si je n'ai pas trop apprécié La Maison d'Éther, cette fois-ci, c'est un peu mieux. Le récit, écrit par Hervé Bourhis et Christophe Conty, est humain, tout simplement humain. Nous suivons les derniers jours d'Oscar Lehmann, atteint d'un cancer en phase terminale, qui décide de faire voler en éclats sa vie terne et sans relief. Claquer son pognon, se payer la meilleure prostituée du coin, tuer celui qu'il exècre, telles sont par exemple les expériences qu'il tente. Si j'étais dans sa situation, que ferais-je ? Probablement des choses un peu extrêmes, bien sûr. Et vous, que feriez-vous ? C'est à cette aune qu'on mesure l'universalité d'un bouquin : si cette question, vous pouvez vous la poser. Le dessin de Durieux est expressif, colorisé de façon remarquable avec ces aplats de couleurs disséminés dans les tons sépia. L'encrage est assez épais, mais la relative épure des décors en fait ressortir la pureté. Cette BD ne manque donc pas de qualités. Mais pourquoi seulement un 3/5 (un 3,5/5, en réalité) Eh bien parce qu'elle ne m'a pas fait vibrer plus que ça. Je n'ai pas eu de prise de conscience à sa lecture, car la question qui en est au centre, je me la posais déjà (rassurez-vous, je ne suis pas en phase terminale d'une maladie...).
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