The Red Monkey dans John Wesley Harding
« The Red Monkey dans John Wesley Harding » ou la recherche par les deux héros d'un étrange animal du nom de la chanson de Bob Dylan, sur fond d'aventure policière et de scandale politico-écologique... Sud-Africain, Joe Daly fait partie des jeunes auteurs ayant évolué dans le sillon de ses prédécesseurs de Bitterkomix.
Afrique du Sud Auteurs africains L'Association Les petits éditeurs indépendants Les Roux !
Nos héros sont d’ordinaires mecs plutôt cools partis à la recherche d’un rongeur géant échappé d’une réserve naturelle Mais là, en pleine nuit ils se retrouvent nez à nez avec de sinistres silhouettes aux yeux verts fluorescents. Tout s’enchaine alors : hypothèses fumeuses et enfumées, filature improvisée, combat au sabre, retournement de situation, trahison …
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Date de parution | Février 2009 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Eh bien, c’est un réel coup de cœur que cet album, qui mélange du désuet et du déjanté, dans une intrigue au départ anodine (deux potes partent à la recherche d’un capybara (gros rongeur) échappé d’un refuge (et portant le nom improbable de « John Wesley Harding » !). Et pourtant, j’ai eu du mal au début à me faire au dessin, surtout des visages, figés (comme chez Léo) et avec un air simiesque (renforcé par les pieds de singe d’un des deux personnages principaux !). Mais rapidement je suis tombé sous le charme de cet album. Et d’abord de ses qualités graphiques. Car finalement le dessin est vraiment sympa, très ligne clair, et aussi une colorisation vraiment chouette. L’intrigue elle-même bascule rapidement dans une enquête policière, mâtinée de fantastique. Et là, avec ce dessin et cette colorisation, on ressent l’ambiance « Journal de Tintin ». En effet, les deux tiers de l’intrigue, la partie enquête, est pleine de références à Tintin (manière d’agir, ambiance), voire à Jacobs (le passage nocturne chez Baxter par exemple, ou les hypothèses fantastiques autour du générateur de rayons). Sauf que ce serait du Tintin qui aurait fumé de la Marijuana, les deux potes hyper cool (« frère », « man » sortent de leur bouche comme des volutes de fumée) sont un brin déjantés – et que dire du détective qui les aide ? Par contre, les rebondissements de la fin (par ailleurs un peu trop brutaux à mon goût) se démarquent clairement de l’univers Tintin. De toute façon, même si l’on fait abstraction de ces références, c’est une histoire qui se laisse lire, pas révolutionnaire, mais esthétiquement très agréable. Une lecture que je vous recommande fortement.
Ce Red monkey est encore une fois une "aventure au coin de la rue". J'ignore encore si cette constante de Joe Daly finira par être épuisante mais pour l'instant je ne m'en lasse pas. Ici on est au plus proche de l'auteur : en Afrique du Sud (et notre héros est auteur de comics). Une bonne surprise : l'album est en couleur ! L'ambiance est donc particulièrement réjouissante. Je n'ai en fait pas d'amour particulier pour cet album plus qu'un autre mais suis juste ravi de retrouver cette patte. Et en fait je crois que quelque soit l'histoire j'avais juste besoin de retrouver celui qui la raconte. Et ça fait un bien fou de retrouver cette atmosphère. C'est absolument dingue comme l'auteur parvient à la fois à trouver un tempo soutenu, à créer des tensions, des faits improbables et des émotions fortes. Et paradoxalement à la lecture, le ressenti est toujours d'une sérénité extrême ! Il a cette façon de nous faire partager l'aventure sans panique. Dans un affolement calme, sans coeur qui s'accélère, et sans comique excessif bien que ce soit franchement drôle. En fait il a ce don de nous plonger dans l'aventure avec cette attitude "déconnectée" des enfumés du bocal : certains passages sont carrément chamaniques pour le héros. L'ensemble pourrait l'être pour le lecteur. Et comme à son habitude, l'aventure est initiatique, les questions existentielles n'atteignent jamais un caractère bouleversant, mais restent toujours terriblement justes sous leurs airs faussement absurdes. Et nos paumés qu'on croyait écervelés vont peu à peu révéler la richesse de leur sensibilité. Par dessus tout on retrouve donc des personnages extrêmement attachants, pacifistes, et dont les comportements maladroits sont toujours le reflet d'une amitié forte et sereine, et de relations vraies. Ce qui compte chez Joe Daly ce n'est pas l'aventure physique ou le voyage intellectuel, ni même la destination (Red Monkey est une fiction, "Dongeon Quest" est fantastique). Non ce qui compte dans le voyage c'est d'être aux côtés de l'autre. C'est finalement cette fraternité qui est touchante dans oeuvre de Joe Daly. Et qui en est la fondation. Plus fort encore, le lecteur n'est jamais violenté et partage le temps d'une lecture, cette fraternité hallucinée avec ces héros du quotidien, qui respirent l'humanité, et ... qui s'aiment. N'ayons pas peur des mots, son oeuvre est un hymne à l'amour. A moins que ce ne soit qu'un trip ?
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